xv La Revue musicale (1920-1940) La Revue musicale est publiée de 1920 à 1940 à

xv La Revue musicale (1920-1940) La Revue musicale est publiée de 1920 à 1940 à Paris. Sa parution reprend sporadiquement après la Seconde Guerre mondiale en 1946, puis à nouveau régulièrement de 1952 à 19911. Cet index annoté se limite à la première période de publication de la revue entre les deux guerres. Entre 1920 et 1940, La Revue musicale aura un format constant ; le numéro imprimé fera 19,5 cm par 25,5 cm, et comptera en moyenne 96 pages pour un numéro régulier et 128 pages pour les numéros spéciaux. À cela s’ajoutent les planches hors-texte ainsi que les suppléments musicaux. La revue était imprimée en deux tirages : le premier et le plus important en nombre, sur un papier de qualité ordinaire, le second, dit de luxe, sur un papier « pur fil » et dont chaque exemplaire était numéroté. Le tirage de luxe était exclusivement réservé aux abonnés. Une fois par année, la revue publiait une table des matières de l’année précédente. Le rythme de publication est mensuel jusqu’en 1940 avec cependant une interruption estivale qui varie de un à trois mois. De 1920 à 1931, la revue fera paraître ainsi onze numéros par année, puis de 1932 à 1936, dix numéros et enfin, de 1937 à 1940, neuf numéros. La revue compte au moins 1300 abonnés2 et le tirage global atteindra environ 3000 exemplaires3 par numéro régulier. Le tirage des numéros spéciaux était plus élevé, mais, dans l’état actuel de nos recherches, nous n’avons pas de données plus précises à ce sujet. Bien que la diffusion de la revue ait été considérable, cet aspect constitua toujours un souci d’importance pour son fondateur. La revue possède de nombreux abonnés à l’étranger, autant en Europe qu’en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Fondée en 1920 à l’initiative du musicologue Henry Prunières (1886-1942) – avec un comité de direction formé d’Albert Doily4, Gaston Gallimard5 et Prunières lui-même, La Revue musicale avait comme objectif de soutenir les transformations profondes du mouvement musical de l’époque tout en publiant des études à caractère historique. Le soutien que devait apporter la nouvelle publication au développement de la musique s’appuyait sur la volonté de son fondateur d’instruire les lecteurs mélomanes, volonté qui repose alors sur un mouvement général du 1 La revue sera publiée après la Seconde Guerre mondiale par les Éditions Richard-Masse. En 1991, la revue cesse ses activités, mais le fonds est racheté par les Éditions Hermann à Paris. 2 D’après Henry Prunières cf, La Revue musicale (novembre 1929, vol. 10, no 98), p. 92. 3 Dans une lettre à Léon Vallas datant du 30 mai 1920 (Fonds LV, Ms Vallas, Bibliothèque municipale de Lyon), Henry Prunières explique qu’il planifie la publication d’un total de 36 000 exemplaires de la revue par année. À l’époque, il est prévu que la revue publie au moins onze numéros annuellement. On arrive ainsi à un chiffre d’environ 3000 exemplaires par numéro. 4 Albert Doily sera l’imprimeur de La Revue musicale. 5 Gaston Gallimard (1881-1975) est engagé en 1910 comme gérant de la Nouvelle Revue française (NRF). Actif dans le milieu culturel, il s’occupera, entre autres, du Théâtre du Vieux-Colombier. En 1918, il fonde avec son frère Raymond, les Éditions Gallimard qui soutiendront désormais la NRF, ainsi que La Revue musicale durant un temps. En 1920, Prunières a besoin d’un soutien financier et d’une infrastructure d’édition. Il réunit les fonds nécessaires et signe une entente, grâce a Gaston Gallimard, avec les éditions de la NRF pour que sa revue puisse être prise en charge en ce qui a trait au service d’abonnement et de gestion administrative. L’entente commerciale entre la NRF et La Revue musicale cessera en 1926 au moment où Prunières décide d’administrer lui-même sa revue. La Revue musicale xvi développement des connaissances musicales en France6. La revue s’adresse autant aux musiciens, aux mélomanes qu’aux amateurs d’art en général. Malgré de graves problèmes de santé qui s’intensifient à la fin des années 1930, Prunières dirigera sa revue jusqu’en novembre 1939. Il sera secondé jusqu’en 1936 par le critique musical André Cœuroy7, rédacteur en chef, puis par le compositeur et musicographe Robert Bernard8 qui agira comme rédacteur en chef et codirecteur de 1937 à 1939. En décembre 1939, ce dernier est nommé directeur de la revue jusqu’à la guerre. Bernard reprendra la direction de la revue à partir de la fin des années 1940. Prunières sera considéré comme un grand spécialiste de la musique française et italienne du XVIIe siècle. Il étudiera l’histoire de la musique avec Romain Rolland à La Sorbonne de 1906 à 1913, date à laquelle il soutient une thèse de doctorat sur l’« opéra italien en France avant Lully ». Outre sa thèse, publiée dès 1913, le musicologue dirigera à partir de 1930 le projet d’édition complète des œuvres de Lully, qui ne sera achevé qu’après sa mort. Il publiera aussi une biographie du compositeur français ainsi que plusieurs articles sur différents sujets en rapport avec le XVIIe siècle. Cet intérêt marqué pour la musique du passé se traduira dans La Revue musicale par la place privilégiée qu’occupera le sujet de la musique ancienne. Cependant, Prunières ne limite pas son projet de revue à une orientation strictement musicologique. L’« ami de Stravinsky, Alban Berg, Milhaud et le biographe de Monteverdi et de Lully »9 conçoit La Revue musicale comme un projet fédérateur des disciplines en relation avec la musique, comme la danse10 et la littérature, des styles, des genres et des orientations esthétiques de plus en plus divers. Cette conception fédératrice et interdisciplinaire se retrouve annoncée dans le sous-titre même de la revue lors de sa fondation : « Revue mensuelle internationale d’art musical ancien et moderne ». Le numéro régulier de La Revue musicale comporte deux grandes sections. La première rassemble les articles de fond dont le nombre variera en fonction de leur longueur, mais on compte généralement de cinq à six articles par numéro pour un total d’environ soixante pages. 6 Voir Michel Duchesneau, « La Revue musicale (1920-1940) and the Founding of a Modern Music », Music’s Intellectual History : Founders, Followers and Fads, edited by Zdravko Blažeković and Barbara Dobbs Mackenzie, New York, RILM (RILM Perspectives), 2009, p. 743-750. 7 Jean Belime (1891-1976), dit André Cœuroy. Critique musical et musicologue français, élève de l’École normale supérieure de Paris où il passera l’agrégation d’allemand. Il suivra aussi des cours d’écriture musicale en Allemagne avec Max Reger. Il dirigera la section musicale de la Société des nations entre 1929 et 1939. Très actif dans la presse musicale, il écrira plusieurs ouvrages importants à l’époque dont un livre sur le jazz en collaboration avec André Schaeffner (1926), un Panorama de la musique contemporaine (1928) et un Panorama de la radio (1929). 8 Compositeur et musicographe, Robert Bernard (1900-1971) est d’origine suisse. Après des études en composition à Genève, il sera maître de conférences à la Schola Cantorum et critique musical. Il collabore de plus en plus régulièrement à La Revue musicale avant d’en devenir le rédacteur en chef. Il publiera, entre autres, des biographies de Franck, Aubert et Roussel ainsi qu’un ouvrage intitulé Les tendances de la musique française moderne (1930). 9 « Hommage à Henry Prunières », brochure de La Revue musicale, 1953, p. 18. 10 Au sujet de la danse dans La Revue musicale, voir Marie-Noëlle Lavoie, « Dance in Henry Prunières’s La Revue musicale : Between the Early and the Modern », Music’s Intellectual History : Founders, Followers, & Fads, edited by Zdravko Blažeković and Barbara Dobbs Mackenzie, New York, RILM (RILM Perspectives), 2009, p. 761-772. Préface xvii Les sujets abordés dans la première partie sont extrêmement variés et leurs auteurs, nombreux. On trouvera fréquemment dans la revue des articles sur des questions d’esthétique11, de répertoire et d’interprétation tant en ce qui concerne la musique ancienne que la musique contemporaine. Prunières, particulièrement sensible à l’internationalisme, portera une attention soutenue aux débats musicaux qui ont lieu en France comme à l’étranger. La revue présente un nombre important d’articles qui non seulement tracent un portrait remarquable du milieu musical et des idées qui y circulent, mais intègrent la création musicale dans le contexte international et approfondissent des questions de langage et d’esthétique comme la modernité, la polytonalité, la réception de la musique de Schönberg, le néoclassicisme, l’influence du jazz ou encore l’impact des développements technologiques comme le disque, le cinéma et la radio sur la création musicale. La Revue musicale constitue également une source remarquable d’articles sur les compositeurs contemporains (Dukas, Debussy, Hindemith, Ravel, Satie, Stravinsky, Caplet, Roussel, Milhaud, Honegger), tout comme elle offre à ses lecteurs des articles substantiels sur la musique ancienne, contribuant ainsi à la connaissance et au développement du goût du public pour ce répertoire. C’est pourquoi plusieurs articles sont consacrés à l’édition de musique ancienne, à la publication de correspondances et de textes, et à l’étude historique de compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles (Boieldieu, Mouret, Rameau, Lully). Cet effort marqué influencera considérablement les nouvelles générations de compositeurs des années 1920 et 1930, uploads/s3/ la-revue-musicale-l-x27-histoire-de-cette-revue-1929-1940.pdf

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