La place du chant pour le saxophoniste de jazz Travail réalisé pour l’obtention
La place du chant pour le saxophoniste de jazz Travail réalisé pour l’obtention du Bachelor of Arts HES-SO en musique Louis Billette de Villemeur, saxophone Professeur d’instrument : Robert Bonisolo Coordinatrice du travail : Angelika Güsewell HEMU - Haute Ecole de Musique de Lausanne 1 Abstract Ce mémoire est issu d’un travail de réflexion sur les liens entre le chant et le saxophone. J’ai lu sur le sujet, et suis allé à la rencontre de mon ancien maitre André Villéger ; son interview apporte un éclairage à différentes questions soulevées tout au long de ce mémoire. Le lien chant-saxophone est abordé sous trois angles différents : D’un point de vue physique : la plupart des organes nécessaires pour le chant étant également indispensables au saxophoniste, je montre par des exemples pratiques les possibles utilisations à l’instrument de l’emprunte physique du chant. Du point de vue du phrasé en jazz : à l’écoute d’enregistrements allant des années 1920 aux années 60, je propose une brève analyse des différents phrasés dans la perspective du rapport voix-instrument. Du point de vue intérieur : je cherche à savoir comment le passage par le chant peut permettre de s’exprimer plus pleinement à l’instrument, et d'être plus créatif lors de l’improvisation. Mots clefs : Empreinte vocale - justesse - phrasé - imagination Table des matières : introduction - 1 1. Utilisation de l’appareil vocal au saxophone ................................................................. 2 " 1.1. L’appareil respiratoire .............................................................................................. 2 " " 1.1.1. Inspiration et expiration au repos ............................................................. 2 " " 1.1.2. Adaptation de la respiration au chant et au jeu instrumental .................... 5 " 1.2. Les cavités de résonance .......................................................................................... 6 ! 1.3. Le larynx, cordes vocales ......................................................................................... 8 2. Le chant et l’interprétation instrumentale en Jazz ...................................................... 10 ! 2.1 Origines du jazz : Le rapport au chant ...................................................................... 10 " 2.2. L’évolution du phrasé .............................................................................................. 12 ! ! 2.2.1 : Lester Young ............................................................................................ 12 " " 2.2.2 Langage parlé, conversation et be-bop ...................................................... 12 " " 2.2.3 Free Jazz .................................................................................................... 14 " 2.3. Spécificité du saxophone dans le passage du chant à l’instrument ......................... 15 3. Le chant intérieur ............................................................................................................ 17 " 3.1. Enrichir l’imagination mélodique ............................................................................ 17 " " 3.1.1 : La tradition ............................................................................................... 17 " " 3.1.2 : Apprendre en chantant ............................................................................. 18 ! 3.2. L’improvisation : prise de parole instrumentale ....................................................... 19 " 3.3. Un équilibre entre imagination et connaissances ..................................................... 21 Conclusion ............................................................................................................................ 23 Références ............................................................................................................................. 24 Annexe .................................................................................................................................. 25 Introduction Justesse, son, phrasé, style, musicalité, le saxophoniste de jazz cherche en permanence à améliorer la qualité de son jeu, trouver une voie musicale propre, trouver une voix à son instrument. On dit souvent d’un bon jazzman qu’il «chante» avec son instrument, pour dire qu’il parvient à exprimer avec son instrument une voix intérieure, dans une mélodie qu’il partage avec le monde extérieur. L’instrumentiste accède alors à une sensation libératrice, et l’auditeur peut être touché par un aperçu sonore du coeur de l’homme. Pour parvenir à faire du saxophone cet outil de transmission, le chant n’est-il qu’une métaphore ou peut-il se révéler également un outil concret ? Comment le chant peut-il améliorer le jeu du saxophoniste Jazz ? Nous examinerons cette question en profondeur, en cherchant les points communs physiologiques entre la pratique du chant et du saxophone dans une première partie. Dans une deuxième partie, nous analyserons l’influence du chant sur la pratique du jazz instrumental, et particulièrement au saxophone. Dans une troisième partie, nous nous intéresserons à l’improvisation comme «prise de parole instrumentale». Méthode : Mon travail portant en partie sur la tradition orale dans le Jazz, il m’a paru naturel d’aller à la rencontre d’une personne qui m’a elle-même transmis cette tradition. Pour tout dire, les enseignements d’André Villéger m’ont largement inspirés pour le choix de ce sujet. Il enseigne le saxophone, mais des chanteurs viennent aussi le voir pour ses connaissances en jazz et son expertise sur la respiration. A Paris, constatant que beaucoup d’excellents musiciens l’avaient eu comme professeur, je suis allé le voir à mon tour. Il m’a beaucoup parlé de la prise de conscience du corps, de la respiration, et du chant ; sur ce dernier point il était très exigeant : chanter thèmes et solos par coeur, juste et avec le bon phrasé, sans penser au nom des notes. Je ne suis allé le voir que quatre ou cinq fois, mais sa méthode m’a beaucoup marqué. Le seul cours de saxophone où on ne fait que respirer et chanter! Quatre ans plus tard, à l’occasion de ce mémoire, aller de nouveau à sa rencontre m’éclairera sans doute sur notre sujet, et sur bien d’autres choses. « L’instrument, comme son nom l’indique, ne doit être qu’un instrument. L’instrument de quoi ? De sa pensée » (André Villéger)1. 1 1 Extrait de l'interview d’André Villéger. 1 : Utilisation de l’appareil vocal au saxophone Il m’a semblé naturel de débuter cette recherche sur les liens voix-instrument par une approche pragmatique, concrète, avant d’aborder des aspects plus subjectifs, relevant du domaine artistique. Je souhaiterais tout d’abord comprendre ce qui se produit concrètement dans notre corps au moment de chanter ou de jouer. Dans cette partie, nous nous intéresserons donc au fonctionnement de l’ «appareil vocal» lors du chant, et lors du jeu à l’instrument. « On utilise le terme d’appareil vocal pour désigner l’ensemble des organes qui permettent à l’homme d’émettre des sons » (Cornut, 1986, p. 3). Les trois parties de l’appareil vocal sont : - l’ appareil respiratoire (soufflerie), - le larynx (vibrateur) - les cavités de résonance Nous étudierons séparément chacune des parties de l’appareil vocal, en se posant la question de savoir comment elles sont utilisés quand nous chantons, et quand nous jouons du saxophone. Si les mêmes mécanismes corporels sont utilisés par la pratique du chant et celle du saxophone, nous chercherons à savoir quelle influence la pratique de l’un peut avoir sur l’autre. 1.1 : L’appareil respiratoire Lorsque nous inspirons et expirons, quelles parties du corps sont mises en mouvement, quels muscles entrent en jeu, à quels moments? L’enjeu est ici de comprendre comment respire-t- on, et quelles différences existent entre la respiration courante, la respiration en chantant, et en jouant d’un instrument. Cela nous permettra de comprendre ce que l'expérience vocale peut apporter au saxophoniste au niveau de la gestion de son air. 1.1.1. inspiration et expiration au repos Comprendre dans les grandes lignes le fonctionnement de l’inspiration et de l’expiration au repos me paraît une étape indispensable avant d’aborder son adaptation au chant ou au saxophone. 2 ` Image 1 : Schéma de l’inspiration et l’expiration « Tout acte respiratoire comporte deux temps : l’inspiration et l’expiration (...). Ces deux processus sont la résultante d’une lutte entre des forces musculaires actives et des résistances élastiques qui s’opposent à ces forces » (Cornut, 1986, p. 4). L’inspiration serait le résultat de la «force musculaire active» du diaphragme : « Le mouvement inspiratoire se caractérise par un agrandissement de la cage thoracique dans toutes ses dimensions, d’où une dilatation du poumon (...). Le muscle diaphragme représente la principale force musculaire inspiratoire » (Cornut, 1986, p. 4). Quand à l’expiration, elle serait un mouvement de résistance élastique : Les structures élastiques de la cage thoracique (poumons, côtes) peuvent être assimilées à des ressorts qui ont été étirés hors de leur position d’équilibre pendant l’inspiration. Lorsque les forces inspiratoires cessent, ces structures tendent à reprendre leur position de repos. (...) Le mouvement expiratoire se produit d’abord d’une manière purement passive. (Cornut, 1986, p. 4) La respiration calme est donc principalement due au muscle diaphragme. L’inspiration est la résultante de l’action de ce muscle. L’expiration se fait de manière passive, elle est le résultat des résistances élastiques, non des forces musculaires. La cage thoracique est étirée par la force du diaphragme lors de l’inspiration, et reprend sa position de repos lors de l’expiration. Comprendre ce mécanisme est évidement important pour tout instrument dépendant du souffle. Lors de mon entretien avecAndré Villéger, nous avons évoqué ce point : 3 A.V : « La moitié des jeunes musiciens, et même des plus vieux, pensent que l’on doit faire remonter le diaphragme. Ils n’ont pas compris que le diaphragme remonte oui, mais quand il se relâche. »2 Comme les battements du coeur, ce mouvement se produit de manière instinctive de la naissance à la mort. Néanmoins, nous avons parfois la respiration bloquée, le souffle court. Même au repos, nous n’inspirons et n’expirons pas toujours de la meilleure manière. Une meilleure prise de conscience du mouvement du diaphragme, de l’étirement et de la détente de la cage thoracique, est possible. Cette prise de conscience aura pour but de mieux respirer, donc forcement mieux chanter et mieux souffler dans le saxophone. A.V : « Pour la respiration, un exercice de yoga, le demi pont, permet de découvrir ce qu’est le diaphragme, sentir physiquement ce que c’est. Tout le monde sait qu’il y en a un, mais on ne sait pas où il est, comment il est attaché, comment il fonctionne. » Cet uploads/s3/ me-moire-louis-billette.pdf
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- Publié le Aoû 05, 2022
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