HAL Id: halshs-01588217 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01588217 Pre
HAL Id: halshs-01588217 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01588217 Preprint submitted on 15 Sep 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’Art africain aujourd’hui Florence Bouvry To cite this version: Florence Bouvry. L’Art africain aujourd’hui. 2017. halshs-01588217 Florence Bouvry Janvier 2007 : Commande d’un Texte pour la revue Ancrage non publié. L’ART AFRICAIN AUJOURD’HUI1 Florence Bouvry -2006/2007-2 « Tout art est sophistiqué faute de quoi il est un heureux hasard » 3 Au XXème siècle parce que les artistes européens comme Picasso, Derain, Breton ont révélé les qualités artistiques des objets africains, l’Occident4 va leur accorder une valeur esthétique. En 19845 les objets de l’ « Art Primitif » sont dignes de figurer aux côtés des œuvres des artistes les plus prestigieux de nos sociétés en une confrontation des différences et des similarités mais la critique occidentale ne peut leur attribuer la primeur ! Laissons la parole à Sally Price6 : « L’idée que l’on se fait dans le monde occidental de la qualité des choses détermine la relation entre les « originaux « et leurs « copies « où les premiers ont plus de légitimité et de valeur (…) Si on s’intéresse au couple Picasso/ Art Primitif, le génie artistique de Picasso a permis, aux yeux des Occidentaux, à sa « copie » de surpasser l’ « original » dont il s’est inspiré. Du fait que les deux sont exposés au Museum of Modern Art, ils sont reconnus comme des chefs-d’œuvre artistiques mais d’une certaine manière la reproduction du Picasso se voit attribuer le rôle de l’original tandis que le masque africain est une excellente exécution secondaire dont le statut dépend de ces affinités avec un chef-d’œuvre(..) ». Si l’on vous dit artistes contemporains africains ? On pense d’emblée à des artistes issus de l’Afrique noire. Mais il faudrait aussi parler de l’Afrique blanche, des Afriques7…. Pour ce qui est de l’Afrique noire, on pense bien sûr à Ousmane Sow8, Chéri Samba9, difficile d’en nommer d’autres. La communauté noire africaine est très importante en France. Pour autant, l’art africain contemporain (actuel) ne dispose d’aucun lieu tandis que d’autres cultures sont représentées à Paris : La maison de l’Amérique latine, la maison de la culture du Japon etc. Cette vacance et la quasi absence de textes sur l’art actuel en Afrique ont suscité le besoin de comprendre pourquoi aujourd’hui encore l’art d’Afrique fait l’objet de si peu de discours critiques. Comme l’écrit Stéphane Eliard10 : « Certes la réflexion esthétique est portée par des auteurs comme Olu Oguibe, Salah Hassan, Yacouba Konaté, Appiah Kwame, Simon Najmi, défendue par une presses spécialisée: Revue Noire etc. Mais ils sont trop peu présents dans la presse artistique généraliste ». Est-ce parce que le débat, comme pour les Arts Premiers, continue à renvoyer à la question : doit-on accorder la préséance à l’esthétique ou privilégier la mise en contexte des productions africaines ? Est-ce parce que les discours critiques fondés sur la théorie esthétique occidentale11 sont incapables d’en rendre compte ou est-ce encore ce regard condescendant occidental qui justifierait que la pensée esthétique se penche si peu sur les œuvres contemporaines de l’Afrique ? Pour tenter de circonscrire le regard occidental porté sur les pratiques artistiques africaines et sur les objets « folkloriques » du XXème siècle notre réflexion s’échafaudera à partir des objets « fétiches » du XIXème siècle entrés au Louvre. Nous saluons la victoire qui marque l’issue d’un combat d’un siècle sur l’arrogance et les préjugés: Le Louvre devrait accueillir certains des chefs-d’œuvre exotiques dont l’aspect n’est 1 Seuls les arts plastiques seront abordés. 2 Depuis cet article écrit en 2006-2007, la vision sur l’art africain contemporain commence à se déplacer : nous en voulons pour preuve l’exposition Art/Afrique à la fondation Vuitton 26 avril-4 septembre 2017. 3 F. Willett : l’art africain, éd. L’univers de l’art 1990. 4 Idem note 7. 5 William Rubin, Primitivism in 20th century art, the museum of modern art, New York. 6 Sally Price: Arts primitifs. Regards civilisés, éd. Énsb-a, Paris 1995. 7 C’est le titre d’une exposition 8 Sculpteur sénégalais qui a exposé à Paris et à Bordeaux : La bataille de Little Big Horn aux Etats Unis. 9 Peintre congolais. Exposition à la Fondation Cartier, Janvier-mai 2004. 10 Stéphane Eliard : L’art contemporain au Burkina Faso. L’Harmattan, 2003. 11 Ce qui sous entend essentiellement l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord. Florence Bouvry Janvier 2007 : Commande d’un Texte pour la revue Ancrage non publié. pas moins émouvant que celui des beaux spécimens de la statuaire occidentale. Le vœu de Guillaume Apollinaire12 est enfin sur le point de se réaliser : L’art des « sauvages » - l’objet « fétiche » est entré au musée des Arts Premiers. L’art élaboré de la colonisation à l’indépendance « Améliorons l’art indigène- L’invention de l’artiste moderne. » Les expériences coloniales ont été déterminantes. La France considérait que son plus beau cadeau adressé à ses colonies était l’assimilation des valeurs françaises. Le « moderne » est arrivé en Afrique avec le colonialisme visant à « améliorer l’indigène ». Nouveau type de civilisation tentant de balayer tous les ordres sociaux antérieurs. Dans l’Afrique noire des années cinquante au fur et à mesure que le goût de l’art traditionnel africain se répand dans les classes moyennes du monde, les Européens ayant dans l’idée de formater à la fois l’art traditionnel et ses producteurs mettent en place des écoles, des ateliers artisanaux et des coopératives pour alimenter « en série » des objets à l’usage des occidentaux qui en font une très large exploitation. Ce sont d’authentiques créations artistiques qui émergent de ces ateliers. Les objets sortent de leur « ritualisme » pour se marier à d’autres fonctions. D’après Roger Somé13 « cet art qui n’est plus soumis à la religion et devient accessible à tous inaugure l’entrée de l’Afrique noire dans l’âge de l’esthétique. Il pourra être jugé esthétiquement. » Aussi pourquoi refuser de juger ces créations comme étant de l’Art et les confiner dans la catégorie artisanat ? Selon Jean Hubert Martin14 « On veut bien appeler de l’Art des objets que l’on engrange dans nos musées à condition qu’ils soient pré-coloniaux car c’est génial, c’est pur, authentique! Mais il faudrait accepter que ce qui a été fait même avec l’influence des blancs n’a pas été que de l’artisanat, de la répétition de modèles vidés de sens et de production d’aéroport ! Q’un certain nombre de ces cultures ont continué à vivre, à avoir des expressions artistiques ». L’Europe bannit quelque part tout ce qui ne lui ressemble pas et qu’elle ne comprend pas. Par ailleurs les Européens vont créer un enseignement artistique sur le modèle de l’Art occidental réservé à une élite qui se développe dans des écoles d’art, établies dès 1937 rivalisant avec le système d’apprentissage traditionnel. On invente en Afrique « l’artiste moderne » la notion de l’artiste centré sur lui-même, la célébration de l’artiste. C’est la mise en place d’un concept occidental : l’Art pour l’Art. Les « meilleurs » étudiants les plus aisés sont envoyés à l’étranger parfaire leurs études dans les écoles d’Art les plus prestigieuses toujours dans cette vision de l’assimilation des valeurs occidentales. On attend de ces étudiants qu’ils incarnent l’élite africaine cultivée et qu’ils représentent en même temps une Afrique fondamentale. Ces artistes utilisent les méthodes et les techniques de l’Art Moderne de ce fait s’ajustent facilement sur l’Art occidental. Ils sont les meilleurs des pays d’Afrique : le Ghanéen Kofi Antuham, l’Africain du Sud Gerad Sekoto, l’Angolais Viteix, le Sénégalais Iba N’diaye etc. et ont exposé comme artistes professionnels dans des galeries, des musées et des manifestations internationales. L’ambiguité des Européens réside dans ce qu’ils font tout pour que ces artistes africains assimilent le concept d’Art Moderne occidental tout en les enfermant dans une catégorie à part, une catégorie ethnique, l’Art Moderne–Africanisme. Ce qui est novateur ne peut être que d’essence et d’origine occidentales : Les œuvres modernes des artistes africains ne peuvent être qu’un avatar de l’Art occidental attendu que c’est une importation, une situation fabriquée de toute pièce par les Européens dispensant ainsi la critique d’art occidentale de toute analyse esthétique sur ces œuvres d’Art Moderne africaines et/ ou parce que d’après Philippe Peltier15 « la critique d’art occidentale a longuement ignoré(…) les œuvres créées par les non occidentaux. Elle n’a eu ni l’envie ni le souci d’aborder des créations qui puisent leurs 12Guillaume Apollinaire s’en inquiétait dès 1909. 13 Roger Somé opus déjà cité.. 14 J. Hubert Martin. le Monde 25/26 06.2000 à propos de l’exposition Partage d’Exotismes. 15 5ème biennale d’art contemporain de Lyon. Partage uploads/s3/ florence-bouvry-art-africain-contemporain-2007.pdf
Documents similaires
-
25
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 07, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2463MB