1 Mémorandum Pour une structuration du Cinéma et de l’Audiovisuel Conformes aux

1 Mémorandum Pour une structuration du Cinéma et de l’Audiovisuel Conformes aux aspirations du Royaume et aux attentes des populations Exposé par Latif Lahlou Président de la CNPF Mars 2017 2 Mémorandum Prologue Chaque peuple est conduit à forger et à structurer une identité propre qui découle de ses pratiques et de ses valeurs. Ce qui lui permet d’appréhender le réel avec des outils intellectuels et des modes d’expression adaptés. Actuellement, grâce à la volonté de Sa Majesté le Roi de doter le pays d’institutions démocratiques et sociales avancées, le Maroc connaît une période de développement multidimensionnel censé répondre aux besoins et aux aspirations de sa population ainsi qu’aux exigences de la modernité. Les cinéastes, au vu de ce contexte stimulant, ne peuvent que s’inscrire dans cette démarche en affirmant leur détermination à contribuer à leur niveau au renouvellement d’une création culturelle et artistique digne de la civilisation millénaire du pays, en particulier à travers le cinéma qui reste l’art le plus populaire de notre époque. Dans ce cadre, la fiction cinématographique et audiovisuelle constitue pour nous l’expression la plus appropriée pour accompagner et interroger les mutations qui travaillent notre société, en proposant aux spectateurs des regards nouveaux sur l’évolution des pratiques sociales et des mentalités ainsi que sur les rapports des citoyens vis-à-vis de la modernité, de la démocratie et du vivre-ensemble. Aussi, espérons-nous que notre production pourra contribuer à enrichir la réflexion des spectateurs et leur imaginaire et, en même temps, à les inciter à développer leur esprit critique pour mieux appréhender la réalité du pays et du monde. À notre humble avis, il va de soi que cette fiction ne peut se déployer que dans un contexte de liberté d’expression favorable à la création artistique et digne de notre démocratie afin qu’elle puisse défricher de nouvelles thématiques et de nouveaux espaces et avoir l’opportunité de participer à l’aspiration collective pour un monde meilleur. Nous sommes parfaitement conscients que les efforts consentis en faveur du cinéma ont déjà réussi à faire de notre pays l’un des plus grands producteurs du 3 Monde arabe et Africain, ce dont nous sommes pleins de gratitude. Toutefois, nous nous permettons de relever que les chaînes nationales de télévision ne répondent pas tout à fait à l’effort général et demeurent en deçà de nos aspirations et de celles de la société en général. En effet, on assiste aujourd’hui à un phénomène qui se développe comme une gangrène et qui se manifeste par une recherche obsessionnelle de la rentabilité financière et une soumission inconditionnelle à l’audimat, attitude qui nous semble inconséquente au regard des orientations politiques et culturelles du pays. Il suffit à tout un chacun de regarder attentivement notre petit écran pour constater que les programmes de fiction qui y sont dispensés ne brillent guère ni par leur originalité, ni par leur audace, ni non plus par leur finesse, tant au niveau du contenu qu’au niveau de la forme. Bien au contraire et ce, qu’il s’agisse de téléfilms, de séries ou de sitcoms, la plupart des programmes diffusés privilégient le mélodrame insipide et conventionnel ou le comique troupier qui ne s’embarrasse pas des préjugés éculés principalement sur les femmes et les paysans. Quand on tient compte de l’énorme influence que la télévision exerce sur le public, on est parfaitement en droit de se préoccuper des dégâts du petit écran sur le discernement de ce public ainsi que sur l’évolution psychologique et émotionnelle de nos enfants. Ceci dit, les problèmes relatifs au cinéma et à l’audiovisuel marocains n’ont pas cessé depuis longtemps d’être débattus sans que des solutions adaptées leur soient apportées par les instances de tutelle. Celles-ci semblent, en effet, manquer de vision cohérente susceptible de contribuer au développement et à la défense de la culture nationale. Au lieu d’être à l’écoute des professionnels du secteur, elles s’arrogent au contraire le droit de réglementer et de légiférer sans concertation réelle avec eux, ce qui a abouti à l’instauration d’une bureaucratie excessive et d’une atmosphère de suspicion délétère. Code du cinéma Afin de remédier à cette situation pernicieuse, les cinéastes proposent ci-après un programme global visant, d’une part, à sauvegarder et à protéger les acquis existants et, d’autre part, à créer un environnement attractif favorable tant à la création et qu’à son financement. Il s’agit d’un plan de restructuration, dédié en 4 particulier au cinéma, qui s’articulera autour de dispositions législatives et financières audacieuses pour parvenir à un développement global et harmonieux pouvant, ainsi, concerner l’ensemble du secteur, qu’il s’agisse de la production, de l’exploitation et de la distribution ou qu’il s’agisse également de la formation des cadres et des techniciens, des infrastructures, sans toutefois oublier la diffusion de la culture cinématographique auprès du public, destinataire ultime de l’opération. Dans ce but, et pour procéder à une réorganisation complète du secteur cinématographique avec toutes ses composantes, il nous semble pertinent et salutaire d’élaborer et d’instaurer un code du cinéma et d’en faire le fer de lance tant juridique qu’économique pour assurer au secteur une évolution continue permettant à la création cinématographique de se déployer en toute liberté dans le cadre de structures économiques et financières incitatives, innovantes et harmonisées. Ce code consistera en un train de lois et règlements traduits avec la rigueur et la cohérence nécessaires pour doter le secteur de dispositions légales lui permettant de se pérenniser en se développant pour créer de l’emploi et de la richesse économique et culturelle. Nous donnons ci-après les grandes lignes des chapitres avec leur contenu qui doivent constituer l’ossature du code du cinéma marocain. Le Fonds d’Aide Ici un rappel historique s’impose : La production cinématographique de fiction remonte aux années 1960 avec la réalisation de quelques films produits par l’État. La production indépendante, elle, n’a démarré qu’à la fin des années 1970 grâce, en particulier, à la création d’une formule incitative appelée « Fonds de soutien ». Cette avancée relative a été la conséquence de la mobilisation de l’association professionnelle des cinéastes, créée dès 1967, qui a su convaincre les responsables de cette nécessité. Certes, ce Fonds de soutien, régi à l’époque par une commission désignée par le directeur du Centre cinématographique marocain, a permis la production de quelque 25 longs-métrages mais l’expérience a vite démontré son inadaptation par rapport aux exigences professionnelles. En effet, les aides octroyées ont été très insuffisantes et n’ont pas pu garantir le minimum de qualité artistique souhaitée. C’est la raison pour laquelle il a suscité de nombreuses critiques plus 5 ou moins fondées, bien que parfois malveillantes, notamment de la part de voix mal informées. Face à ce constat, les cinéastes n’ont pas tardé à réclamer la refonte du fonds et l’augmentation de ses ressources pour faire face à l’évolution rapide des coûts de production, ce qui a abouti au milieu des années 1980 à lui substituer un nouveau mécanisme dénommé « Fonds d’aide » et dont la répartition a été confiée à une commission indépendante cette fois-ci du Centre cinématographique marocain et constituée exclusivement de représentants des chambres cinématographiques professionnelles. Quoi qu’on en dise, cette réforme a permis l’éclosion d’un certain nombre d’œuvres qui ont réussi pour la première fois à « réconcilier » le public avec son cinéma. Pour preuve, il suffit de rappeler que le nombre des spectateurs a connu pendant cette période une augmentation spectaculaire, en dépassant les 40 millions par an. Cependant, comme il fallait s’y attendre, la libération des énergies des cinéastes s’est progressivement heurtée au manque de dynamisme du fonds. En effet, les ressources limitées de celui-ci n’ont pas pu accompagner l’évolution des coûts devenus de plus en plus importants et qui ont fini par constituer un handicap insurmontable face aux ambitions légitimes des professionnels. De nouveau, il a fallu revoir la copie et procéder aux ajustements nécessaires. Ainsi, au milieu des années 1990, et après de nombreuses concertations avec les instances de tutelle, une nouvelle réforme a réussi à augmenter substantiellement les ressources du fonds mais elle a procédé, en même temps, au changement de la composition de la commission d’octroi des aides. Celle-ci, auparavant constituée exclusivement de représentants des chambres professionnelles, est composée désormais uniquement de ce qu’on a appelé la « société civile », ce qui a été considéré comme une solution boiteuse dans la mesure où ses nouveaux membres ne peuvent pas tous prétendre à la qualité d’experts dans ce domaine technique-artistique spécifique. Faut-il rappeler qu’ailleurs, notamment en Europe, que ce sont les professionnels du cinéma qui siègent dans ce genre de commissions, sans que cela suscite la moindre opposition, ni la moindre suspicion ? Ensuite, dans un souci supplémentaire de transparence, les cinéastes ont proposé la transformation de l’aide octroyée à fonds perdus, comme auparavant, en une 6 Avance sur recettes pour donner lieu, en cas de succès public d’un film, au remboursement au moins d’une partie de l’avance octroyée. Cependant, cette mesure censée alimenter progressivement la cagnotte du fonds commun afin que les recettes d’un film puissent profiter aussi aux autres, comme cela est le cas en France, par exemple, mais son application a été uploads/s3/ memorandum-def.pdf

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