Musique baroque Instruments de musique baroque sur une table par Baschenis (Col

Musique baroque Instruments de musique baroque sur une table par Baschenis (Collection : Musées royaux des beaux-arts de Belgique) Le baroque couvre une grande période dans l’histoire de la musique et de l'opéra. Il s’étend du début du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays. De façon nécessairement schématique, l’esthétique et l’inspiration baroques suc- cèdent à celles de la Renaissance, apogée du contrepoint et de la polymélodie, et précèdent celles du classicisme, naissance d'éléments discursifs et rationnels, comme la phrase musicale ponctuée comme dans l'architecture. Les « figures » musicales baroques sont soutenues par une basse continue très stable. Nous pouvons dire que nous sommes à la jonction entre contrepoint et harmonie. Le mot « baroque » vient vraisemblablement du portu- gais barroco qui désigne des perles de forme irrégulière. Il fut choisi pour qualifier, au début de façon péjorative, l’architecture baroque venue d’Italie. Le mot n'a été uti- lisé pour parler de la musique de cette époque qu'à par- tir des années 1950 (en 1951, création de « L'Ensemble Baroque de Paris » par le claveciniste français Robert Veyron-Lacroix). Toute connotation péjorative a dispa- ru depuis lors, et le terme tend davantage maintenant à désigner la période de composition que le caractère de l’œuvre. 1 Temps et lieux L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de Claudio Monteverdi (1567-1643), L'Orfeo (1607), et se termine avec les contemporains de Johann Sebastian Bach, de Georg Friedrich Haendel et d'Antonio Vivaldi. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Georg Philipp Telemann (1681-1767), du fait de leur longévité, composent leurs dernières œuvres dans les an- nées 1760 mais, bien avant cette décennie, les composi- teurs plus jeunes se sont tournés vers un nouveau style. Groupe de musiciens. Les Cinq Sens : L’Ouïe, Eau-forte d'Abraham Bosse vers 1638. Au cours de la période baroque, la musique instrumen- tale s’émancipe et naît véritablement : elle ne se contente plus d’accompagner ou de compléter une polyphonie es- sentiellement vocale ; si elle emprunte encore, au début du XVIIe siècle, ses formes à la musique vocale, elle ne tarde pas à élaborer ses propres structures, adaptées à leurs pos- sibilités techniques et expressives. Les deux pôles de la musique baroque sont l’Italie et la France, dont les styles sont fortement opposés malgré des influences réciproques. Cette opposition était telle que beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres provenant de l’autre. Le style italien se diffusa largement hors d’Italie. La France est sans doute le pays qui résista le plus à cette domination, sous l’influence de Jean-Baptiste Lully (Italien naturalisé français), ceci jusqu’à la Querelle des Bouffons, au mi- lieu du XVIIIe. Par ailleurs, la France a suivi avec retard le mouvement européen d’évolution de la musique vers le style dit « classique » illustré notamment par Haydn et Mozart. D’autres foyers existent et participent au mouvement en y apportant leurs spécificités : les Pays-Bas et l’Allemagne du Nord (le stylus fantasticus, le choral), l’Angleterre (l’art de la variation), un peu l’Espagne. Une synthèse appa- raît dans la musique allemande, qui emprunte à ces diffé- rents courants et culmine dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Elle existe aussi, de façon beaucoup moins accom- plie, chez quelques autres dont Johann Jakob Froberger (musicien « européen » par excellence), Georg Muffat, 1 2 3 REDÉCOUVERTE DES ŒUVRES BAROQUES Savoyard devenu Autrichien après avoir étudié en France et en Italie, François Couperin (les Goûts Réunis). Quant à Georg Friedrich Haendel, son œuvre relève plus de l’as- similation personnelle de chaque style que d’une véritable synthèse : il sait composer comme un Allemand du Nord, comme un Italien, comme un Français, et crée même le nouveau genre de l’oratorio en anglais. 2 Les caractères de la musique ba- roque Le style baroque se caractérise notamment par l’impor- tance du contrepoint puis par une harmonie qui s’enrichit progressivement, par une expressivité accrue, par l’im- portance donnée aux ornements, par la division fréquente de l’orchestre avec basse continue, qui est nommé ripieno, par un groupe de solistes qui est le concertino et par la technique de la basse continue chiffrée comme accompa- gnement de sonates. C’est un style savant et sophistiqué. Le luth jouit d’une grande vogue au XVIIe siècle. Le Joueur de luth, du Caravage (1595). Le style baroque exprime aussi beaucoup de contrastes : les oppositions notes tenues/notes courtes, graves/aiguës, sombres/claires (un accord majeur à la fin d’une pièce mineure)... ou encore l’apparition du concerto (de l’ita- lien concertar « dialoguer ») qui met en opposition un soliste au reste de l’orchestre (le tutti), l’opposition entre pièces d’invention (prélude, toccata, fantaisie) et pièces construites (fugue) ne sont que des exemples. Le classicisme, plus tard, aura pour ambition de « revenir à la nature ». La confrontation de ces deux idéaux trouve une de ses illustrations les plus célèbres dans la véhémente « Querelle des Bouffons » qui confronte, en France vers 1740 la tragédie lyrique à la française et l’opéra-bouffe italien (Rameau contre Rousseau). De nombreuses formes musicales sont créées pendant cette période d’un siècle et demi : certaines y atteignent leur apogée (par exemple : la suite, le concerto gros- so…) pour ensuite tomber dans l’oubli, d’autres connaî- tront une fortune qui durera bien au-delà de la fin du ba- roque : l’opéra, la sonate (qui engendrera la symphonie), le concerto de soliste. La période baroque est aussi un moment important pour ce qui concerne l’élaboration de la théorie musicale. On y passe progressivement des tonalités de la polyphonie (tons ecclésiastiques du plain-chant) à la gamme tempé- rée et aux deux modes majeur et mineur légués à la pé- riode classique. On aura entre-temps inventé et expéri- menté de nombreux tempéraments et posé les bases de l’harmonie classique. Des instruments s’effacent, d’autres apparaissent ou prennent leur forme définitive, pendant que la facture fait de nombreux progrès et que les tech- niques d’exécution se stabilisent et se codifient. Il s’agit donc, à tous égards d’une période très féconde. 3 Redécouverte des œuvres ba- roques 3.1 Interprétation de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle Beaucoup d’œuvres de cette époque, notamment les plus marquées par le contrepoint, ont connu une longue éclipse de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. L'œuvre de Haendel a survécu en Grande-Bretagne après sa mort, principalement à travers son œuvre la plus célèbre, le Messie, grâce aux concerts de son assistant Christopher Smith, les éditions disponibles, et surtout le soutien de Georges III lors des commémorations tenues à Westminster Abbey en 1784. Le Messie de Haendel com- mencera à se répandre en Allemagne du Nord. A Vienne, le baron Van Swieten, admirateur de Bach et Haendel, commandera des arrangements, entre autres du Messie à Mozart pour être donnés en concert. Ce dernier arran- gera aussi des œuvres de Bach. Bach a été quasiment oublié de sa mort (1750) jusqu’en 1829, qui voit le re- tour (initié par Félix Mendelssohn) de la Passion selon Saint Matthieu dans le répertoire, après un siècle de dé- laissement. À la suite de cet événement, l’intérêt s’accroît pour les musiques du passé qui semblaient devoir ne ja- mais revenir au répertoire. Cependant, certains musico- logues se lancent dans la compilation et l’édition critique des œuvres de grands compositeurs tels Bach, Haendel, Rameau, Couperin… Les instruments ont évolué, et cer- tains ont disparu ; le clavecin ressuscité au début du XXe siècle sous l’impulsion notoire de Wanda Landowska ne ressemble plus guère à celui des grands facteurs parisiens du XVIIIe siècle ; les violes ont cédé la place depuis long- temps. Au sein de la Schola Cantorum, Vincent d'Indy fit œuvre de restaurateur de la musique ancienne et baroque, de Palestrina, Bach, Monteverdi à Gluck, Corelli, Des- touches. Les « Concerts historiques » de la Schola Can- torum (qui attiraient l'élite artistique de Paris, de Léon Bloy à Debussy) révélèrent quantité d'œuvres anciennes 3.4 Depuis 1950 3 que l'on ne jouait plus. C'est dans ce contexte que Wanda Landowska tint une classe de clavecin rue Saint-Jacques. 3.2 Renouveau de l’interprétation au XXe siècle 3.3 Avant 1950 Le XXe siècle baroque commence en 1904, lorsque Albert Schweitzer fait paraître un livre intitulé « J.S. Bach, le musicien-poète ». S'ouvre alors une ère nouvelle, où la musique baroque n'est plus seulement étudiée dans son architecture certes géniale, mais aussi dans la beau- té de la ligne, la vérité du dessin, et dans tout ce qu'elle est capable d'émouvoir. C'est d'ailleurs en étudiant J.-S. Bach que le nom de Vivaldi apparaîtra, par transcription de concertos interposés. Malgré les travaux de recherche et de compréhension de tout le patrimoine musical de l'Europe baroque entrepris par nombre de musicologues, notamment les Français André Pirro et Marc Pincherle ou l'Italien Giuseppe Torrefranca, la diffusion de cette musique restera finalement assez confidentielle jusqu'en 1945. Parallèlement, en ce début de XXe siècle, quelques mu- siciens passionnés s’efforcent de retrouver les principes d'interprétations en cours à l'époque baroque. Sous l’im- pulsion également uploads/s3/ musique-baroque.pdf

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