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HAL Id: hal-00770185 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00770185 Submitted on 8 Jan 2013 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Musique et globalisation: musicologie-ethnomusicologie Jacques Bouët, Makis Solomos To cite this version: Jacques Bouët, Makis Solomos. Musique et globalisation: musicologie-ethnomusicologie. Harmattan, 283 p., 2012. <hal-00770185> Musique et globalisation : musicologie - ethnomusicologie COLLECTION MUSIQUE-PHILOSOPHIE dirigée par Makis Solomos, Antonia Soulez, Horacio Vaggione Des philosophes le reconnaissent maintenant : la musique est plus qu’un objet à penser, elle suscite l’analyse, offre à la pensée constructive un terrain d’investigation où le geste compositionnel mobilise la pensée conceptuelle, où les notions musicales configurent des possibilités de relations. Paradigme à questionner, la musique s’impose à l’oreille philo- sophique. De leur côté, les musiciens n’ont rien à craindre de la force du concept. Penser la musique selon ses catégories propres réclame dès lors une approche philosophico-musicale. DÉJÀ PARUS Formel/Informel : musique-philosophie. Makis Solomos, Antonia Soulez, Horacio Vaggione Musiques, arts, technologies. Pour une approche critique. sous la direction de Roberto Barbanti, Enrique Lynch, Carmen Pardo, Makis Solomos L’écoute oblique. Approche de John Cage Carmen Pardo Salgado Esthétique de la sonorité. L’héritage debussyste dans la musique pour piano du XXe siècle Didier Guigue À PARAÎTRE Manières de faire des sons. sous la direction de Pascale Criton, Antonia Soulez, Horacio Vaggione Ecrits. Jean-Claude Risset Le montage chez Xenakis. Benoît Gibson Musique et globalisation : musicologie – ethnomusicologie sous la direction de Jacques Bouët, Makis Solomos Actes du colloque Musique et globalisation Université Paul Valéry – Montpellier 3, Rirra21, Cerce Octobre 2008 Mise en page: Renaud Meric © Paris, L’Harmattan, 2010 INTRODUCTION MUSIQUE CONTEMPORAINE ET MUSIQUES LOCALES Le monde a déjà connu par le passé l’expansion considérable de certaines cultures que l’on pourrait être tenté aujourd’hui de nommer « globalisation » : le mon- de hellénistique, l’empire romain, l’installation arabe sur le pourtour méditerranéen au Moyen-Âge, la conquête de l’Amérique par les Espagnols… Le processus qui se fait jour actuellement sur la planè- te entière est-il du même ordre ou s’en distingue-t-il par des aspects particuliers ? Plusieurs anthropo- logues répondent positivement, en insistant sur le fait que, pour la toute première fois, l’humanité tend à se déterminer entièrement à partir du couple global/local1. Par ailleurs, les modifications qui atteignent l’art, depuis quelques années, dans les sociétés occiden- tales, semblent bien souvent un baromètre des progrès et des formes d’une globalisation dont LES MUSIQUES LOCALES, LA MUSIQUE CONTEMPORAINE ET LA GLOBALISATION Je ne cacherai pas que lors- qu’il m’a été proposé de me char- ger du volet ethnomusicologique de ce colloque et de convier par conséquent des ethnomusicologues à dialoguer avec des musicologues sur le problème de la globalisation, j’ai eu beaucoup d’hésitations et de craintes. Dans un premier temps, ce sont les divergences implicites entre nos deux disciplines qui m’ont donné à réfléchir. Aux yeux de certains musi- cologues du patrimoine écrit, en effet, la réutilisation des richesses anonymes de l’oralité à des fins de création individuelle semble ne poser aucun problème déontolo- gique. Le créateur qui mise sur l’hybridation des cultures pour produire une œuvre d’art ne sau- rait être tenu pour responsable et encore moins coupable de l’aban- don des traditions locales par les populations qui en sont porteuses. 1 Cf. Marc Abelès, Anthropologie de la globalisation, Paris, Payot, 2008. 6 Makis Solomos – Jacques Bouët personne n’est en mesure de prévoir l’issue. La marchandisa- tion de plus en plus poussée du domaine artistique semble parfois justifier la prophétie de la mort de l’art, à moins qu’à cette postu- re ne soit préférée l’utopie d’un enrichissement de la diversité culturelle, dans la lignée des pen- seurs du global village. Entre ces deux pôles d’inquiétude et d’espoir, les tendances ne cessent d’osciller. Enfin, qu’en est-il des musiques africaines, sud-américaines, asiatiques, etc., ces musiques qu’on appelle locales, traditionnelles, extra-européennes, etc. ? Subis- sent-elles une uniformisation ou, pire, sont-elles en train de dispa- raître ? Résistent-elles à la globa- lisation ? Plusieurs ethnomusico- logues estiment que, non seule- ment, elles survivent, mais qu’elles savent aussi tirer profit de la globalisation et que, même parler de résistance continue à relever de l’européocentrisme car c’était comme si l’on supposait que les hommes et les femmes d’autres continents que l’Europe et l’Amérique du nord ne pou- vaient que subir passivement l’Occident. Le présent livre est formé des actes d’un colloque intitulé Musique et globalisation, qui eut lieu à l’Université Paul Valéry - Montpel- porteuses. Il conçoit parfaitement que le processus de disparition des musiques locales puisse être accéléré par leur « décontextualisation » au sein du concert public, mais c’est là un effet pervers dont il n’a pas à se préoccuper. Que les populations locales souffrent d’exclusion et vivent des moments difficiles dont la globalisation peut être l’une des causes premières est une chose secondaire et extra-musicale qui ne concerne pas directement le com- positeur ni le directeur artistique dont les métiers ne consistent pas à faire de l’action sociale. Or, précisément, la plupart des ethnomusicologues estiment qu’il est de leur devoir de créer les conditions pour que les musiques locales n’évoluent pas dans le sens d’une dégradation. Cette déontolo- gie n’est pas à leurs yeux secondai- re, mais fondamentale. Comme la biologie évolutive l’a maintes fois démontré, la mise en déséquilibre d’un écosystème est le plus sou- vent vécue comme un drame so- cial. Élément constitutif d’un éco- système en équilibre fragile, une musique locale est toujours vio- lemment perturbée par la globalisa- tion et son cortège d’intrusions et de manipulations plus ou moins indélicates ou brutales. Sa dégrada- tion peut alors devenir galopante, Introduction 7 lier 3) en octobre 2008 et qui fut organisé par les centres de recher- che RIRRA21 et CERCE. Ce colloque constituait la suite d’un autre colloque, intitulé également Musique et globalisation, qui venait de se dérouler au Centre de do- cumentation de la musique contemporaine et à la Cité de la musique, à Paris. Ce premier colloque, organisé par la revue Filigrane. Musique, esthétique, sciences société, souhaitait étudier le sujet dans sa plus grande généralité – abordant à la fois des questions musicologiques, sociales, politi- ques… – en réunissant un vaste panel de musicologues, ethnomu- sicologues, compositeurs, philo- sophes, sociologues… Les actes de ce colloque paraissent, égale- ment chez l’Harmattan, sous le titre Musique et globalisation. Une approche critique. Les actes du colloque de Montpellier ont, eux, reçu le titre Musique et globalisation : musicologie - ethnomusicologie, car, à l’inverse du premier, ce second colloque po- sait la question de la globalisation selon un axe bien particulier. En effet, en le projetant, Jacques Bouët et moi-même, nous nous sommes donnés une consigne très simple : chacun devait inviter des spécialistes de son champ – ethnomusicologues pour lui, et ses usagers coutumiers finissent par la délaisser, dupés qu’ils sont par les attraits illusoires des substi- tuts mal adaptés proposés par la société industrielle avancée. D’où l’impossibilité de trai- ter la question de l’hybridation avec la désinvolture coutumière. Il est vrai qu’une musique locale promue sur la scène globale par la création musicale écrite « meurt moins » que si elle disparaissait dans l’oubli définitif avec la généra- tion qui en est porteuse. Il est vrai aussi que rien en ce monde n’est éternel et que l’image de musiques locales ancrées pour l’éternité dans leur écosystème relève de l’utopie. Mais l’hybridation n’est pas non plus – loin s’en faut – une panacée, d’autant qu’elle a pour enjeu le prestige du créateur-manipulateur plutôt que celui des musiques ainsi manipulées. En revanche, la découverte patiente des logiques cognitives permettant une pérennisation sans dégradation des pratiques musica- les locales est de l’ordre du possi- ble et, face à cette exigence, les discussions sans fin sur la meilleu- re façon de faire œuvre savante à partir de l’artisanat musical de l’oralité peuvent apparaître bien futiles sinon oiseuses. La vie du compositeur et ethnomusicologue roumain Constantin Brailoiu est 8 Makis Solomos – Jacques Bouët musicologues spécialisés dans la musique contemporaine ou dans des musiques populaires occiden- tales actuelles pour moi – en les invitant à traiter de la question de la globalisation dans leur domaine. Eu égard aux spécialistes de la musique occidentale récen- te, il est évident qu’on espérait une réflexion sur les relations de cette dernière avec les musiques non européennes. Les interven- tions ont répondu à cette attente, ce qui est logique, étant donné que la musique moderne a donné lieu à d’innombrables rencontres avec les musiques non européen- nes depuis déjà plus d’un siècle. Ainsi, Claude Debussy s’inspire du gamelan balinais pour contester un ordre musical, la tonalité, que, au même mo- ment, l’Occident commence à imposer au monde uploads/s3/ musique-et-globalisation-musicologie-ethnomusicologie-jacques-boue-t-makis-solomos.pdf

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