ROCZNIKI HUMANISTYCZNE Tom LXIX, zeszyt 8 – 2021 DOI: https://doi.org/10.18290/

ROCZNIKI HUMANISTYCZNE Tom LXIX, zeszyt 8 – 2021 DOI: https://doi.org/10.18290/rh21698-4 ARACELI GÓMEZ FERNÁNDEZ^ NOMS COMPOSÉS ET AUTRES PHRASÈMES : FONCTIONNEMENT DISCURSIF DANS LE DOMAINE SPÉCIALISÉ DU SPORT COMPOUND NOUNS AND OTHER PHRASEMES: DISCURSIVE FUNCTIONING IN THE SPECIALISED FIELD OF SPORT A b s t r a c t This paper focuses on the study of compound words and phrasemes in French and Spanish in the field of sport. The studies carried out in this field tend to fall within the field of specific sports practices, such as football. But the world of sport is concerned with other disciplines (team, individual, group sports) where new terms are asserted in turn. Our analysis was carried out from a lexical point of view, following the principles of Explanatory and Combinatory Lexicology (Mel’čuk et al., Introduction), and from a parallel French-Spanish corpus. It comes from sports magazines and covers several disciplines and areas such as nutrition, health and training exercises. We analyse the most representative compounds and phrasemes, and provide the paraphrases with which they are associated, and which appear in the magazines. The result of this analysis reveals the limit between compounds and phrasemes. Key words: compound noun; phraseme; language of sport; specialised language; Explanatory Combinatorial Lexicology. INTRODUCTION La phraséologie est le phénomène qui étudie des syntagmes de la langue très variés, entendant par syntagme toute combinaison d’unités lexicales qui sont liées par des dépendances syntaxiques. Ces unités lexicales sont perçues comme ARACELI GÓMEZ FERNÁNDEZ – Associate Professor, Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED), Department of French Philology; address for correspondence: Paseo de la Senda del Rey 7, 28040, Madrid ; e-mail: aragomez@flog.uned.es; ORCID: https://orcid.org/0000- 0002-2163-4999. 40 ARACELI GÓMEZ FERNÁNDEZ des groupements préconstruits dans la langue et « à force d’être répétés, ils ar- rivent à recevoir un caractère usuel et à former même des unités indissolubles » (Bally 66). Cette notion d’idée indissoluble sera reprise par (Grévisse 95) et évolue vers une image unique : le nom composé « évoque dans l’esprit non les images distinctes répondant à chacun des mots composants mais une image unique ». Traditionnellement les composés ont été exclus de la phraséologie. Ils posent des problèmes en raison de leur statut pas stable en tant qu’unités simples ou polylexicales. Le phénomène de la composition s’est déroulé principalement entre la gram- maire et le lexique et plus précisément entre la morphologie et la syntaxe. La composition a été définie depuis longtemps par opposition à d’autres concepts comme la dérivation et la juxtaposition. Il faut remonter à Darmesteter en 1874 qui consacre trois chapitres de son ouvrage au rapport entre les mots composés et la juxtaposition et qui pose les principes de formation des mots-composés et les différents modes de combinaison parmi les noms. 1. COMPOSITION : UNE UNITÉ NOUVELLE, UN SIGNIFIÉ UNIQUE Pour définir ce qu’est un nom composé, les linguistes ont pris comme point de référence la définition de la notion de composition. Ceci a fait objet de nombreuses discussions et a donné lieu à un foisonnement des définitions à partir de la morphologie, de la sémantique, de la syntaxe et même de l’ortho- graphe1. Benveniste (« Formes nouvelles » 90) définit la composition « quand deux termes identifiables pour le locuteur se conjoignent en une unité nouvelle à signifié unique et constant », ce qui lui fait s’interroger sur la diversité de noms composés et à propos de leur origine commune. Les deux termes doivent être donc reconnus par le locuteur. La notion de référent joue ici un rôle essentiel. En 1967 il parle de synapsie pour décrire « un groupe entier de lexèmes, reliés par divers procédés, et formant une désignation constante et spécifique » (Benveniste, « Formes nouvelles » 91) et introduit un joncteur, à ou de, pour relier les deux mots du composé. Ex : salutation au Soleil ou moulin à paroles. Cependant, on observe que ce type de noms composés sont plus proches des locutions compte tenu de leur lexicalisation. La même année, 1 Les lexies composées ont été écrites de manière systématique avec un trait d’union, ce qui a fait penser à tort qu’en l’absence du trait d’union, le groupe de mots ne pouvait pas être une lexie composée. De nos jours, il existe de lexies composées telles que boisson de l’effort ou des locutions telles que point de côté qui partagent un même patron : Nom commun + Préposition + Nom commun. NOMS COMPOSÉS ET AUTRES PHRASÈMES 41 F. de Saussure traite l’analogie et, à différence de l’agglutination, pour lui, elle « suppose des analyses et des combinaisons, une activité intelligente, une intention » (244). À ses yeux, « c’est aux créations analogiques seules qu’il faut réserver les termes de composés et de dérivés » (Saussure 244). Il faut noter que, lors de la définition de la composition, les linguistes ont eu recours à d’autres concepts tels que la dérivation ou l’analogie. Composition et dérivation sont deux mécanismes morphologiques qui construisent de nouvelles lexies suivant des patrons spécifiques de composi- tion. Polguère intègre dans la définition de composition l’idée d’enchaîne- ment, ce qui implique en quelque sorte une combinatoire : « un mot-forme est formé par composition lorsqu’il résulte de la concaténation – c’est-à-dire de la juxtaposition linéaire – de plusieurs mots-formes ou radicaux » (Lexicologie 95). Cette définition va au-delà d’une accumulation d’affixes dans le radical. Jusqu’à présent, nous avons constaté que la plupart des définitions repérées sur la composition ont un point en commun : la composition crée une nouvelle unité avec une signification unique. Ce petit parcours que nous avons tracé sur la définition de mot composé à partir de celle de composition se rapporte au domaine de la diachronie. Ensuite, nous allons voir qu’en synchronie la composition se rattache à la néologie. 2. LA COMPOSITION EN SYNCHRONIE : LA NÉOLOGIE Nous avons vu plus haut que la composition est un mécanisme qui produit de nouvelles lexies composées dans un domaine historique. Dans cette pers- pective, « la composition, au sens large, consiste en la création d’un nouveau mot par association de plusieurs mots existants à l’état libre (ou d’éventuels allomorphes) ou formants savants » (Sablayrolles 46). En synchronie, un tel processus de création est réalisé à travers la néologie donnant lieu à de nou- velles lexies ou avec un nouvel emploi de lexies déjà existantes. Elle renvoie principalement à la catégorie nominale. Pour le reste des catégories du dis- cours l’on emploie le terme locution. Toutes les deux se différencient par leur structure interne : morphologique pour la lexie composée et syntaxique pour la locution. Dans le processus de la néologie, les normes de création sont transgressées en faveur de nouvelles formes jugées déviantes par rapport à la norme. Ces nouvelles formes naissent faisant preuve d’une très forte créati- vité. Parfois, elles s’installent dans la langue, parfois leur durée de vie est plus courte. Mais, ce qui est incontournable c’est qu’au moment actuel les nouvelles lexies composées proviennent des faits néologiques : 42 ARACELI GÓMEZ FERNÁNDEZ On voit comment, partie des règles très contraignantes, la composition des mots s’est libérée au profit de la néologie. Il n’est plus possible aujourd’hui de dire que la morphologie lexicale du français est une entrave à la créativité. Ce point de vue puriste est dépassé par les faits, et il faut accepter qu’une langue vivante change de normes. Préface de Le Petit Robert (XIV). 3. FIGEMENT, COMPOSITIONNALITÉ SÉMANTIQUE ET PHRASÉOLOGIE Lorsque l’on parle de composition en linguistique on a affaire à deux types de composition bien différents, à savoir, une composition morphologique et une composition sémantique. La première, l’on a avancé dans sa structure définitionnelle, a lieu quand un mot-forme s’attache à un autre mot-forme de façon à construire une lexie composée avec les caractéristiques d’un mot unique, comme c’est le cas de sport-médicament. La deuxième indique qu’il s’agit d’une combinaison de mots avec un sens qui ne peut pas être déduit à partir des sens de leurs composants, comme c’est le cas de salutation au Soleil ou point gâchette. Cette interprétation du principe de non-compositionnalité sémantique (Gross, Les expressions) renvoie au concept d’opacité avec des défi- nitions enchaînées en cercle vicieux. Il est nécessaire de ne pas confondre la compositionnalité avec l’opacité, qui implique des degrés. Il est plus cohé- rent de parler de la compositionnalité à partir de l’encodage, autrement dit, à partir de règles associées à des unités lexicales, comme le fait la Théorie Sens-Texte2, pour qui : « un segment linguistique S est dit ‘sémantiquement compositionnel’ si son sens est la somme du sens des signes linguistiques qui le composent et du sens porté par le mode de combinaison de ces signes dans S. » (Polguère « Non-compositionnalité »). Ceci dit, la compositionnalité d’un segment ne tient compte que des composants sémantiques de sa défini- tion et de celle de ses constituants. Ces deux types de composition ont en commun le fait que leurs sens ne sont pas déductibles à part entière à partir des sens de leurs composants. Le sens de sport-médicament est ‘le sport uploads/s3/ noms-composes-et-autres-phrasemes-f-2.pdf

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