L’impressionnisme au fil de la Seine 1er avril - 18 juillet 2010 dossier pédago

L’impressionnisme au fil de la Seine 1er avril - 18 juillet 2010 dossier pédagogique L’impressionnisme au fil de la Seine 2 A l’occasion de la première édition du festival Normandie Impressionniste, le musée des impressionnismes Giverny organise une exposition qui se veut essen- tiellement didactique.L’exposition réunit cinquante-cinq tableaux peints sur les bords de la Seine, issus de collections publiques et privées. L’ensemble de ces peintures retrace l’histoire de l’impressionnisme et du post-impressionnisme, d’Eugène Boudin à Henri Matisse. Cette manifestation compte de nombreux chefs d’œuvres comme ceux d’Édouard Manet, Pierre-Auguste Renoir, Claude Monet, Camille Pissarro, Alfred Sisley ou Gustave Caillebotte. Mais, outre les artistes cités ci-dessus, elle présen- tera également des tableaux d’artistes moins célèbres qui ont accompagné la naissance ou le développement de l’impressionnisme, comme Armand Guillau- min, Henri Rouart ou Maximilien Luce. La première salle sera consacrée au pré-impressionnisme : la Seine du Havre à Paris vue par Jean-Baptiste Corot, Johan Barthold Jongkind, Stanislas Lépine, Eugène Boudin, ainsi que Monet, Renoir, Sisley et Pissarro avant 1874. La deuxième section illustrera les travaux et les activités économiques liés à l’existence du fleuve. Les grands ports (Le Havre, Rouen et Paris), le transport et le traitement des marchandises seront évoqués. Puis, viendra une section dédiée à l’avènement des loisirs, corollaire de l’indus- trialisation. Les promenades dominicales, les guinguettes, les déjeuners en plein air, les baignades, le canotage et les régates sont à la mode. La Grenouillère à Croissy, les restaurants Fournaise à Chatou et la Sirène à Asnières, ou encore l’Île de La Grande Jatte deviennent les hauts lieux de l’impressionnisme. Enfin, une salle sera consacrée aux lieux de villégiatures et aux résidences d’ar- tistes sur les rives de la Seine. Citons Caillebotte qui achète en 1881 une proprié- té au Petit-Gennevilliers où il s’installe définitivement en 1887. Quant à Claude Monet il habite d’abord à Argenteuil en 1871, Vétheuil en 1878, Poissy en 1881, avant de choisir définitivement Giverny en 1883. En 1912, Pierre Bonnard de- vient son voisin lorsqu’il achète « Ma Roulotte » à Vernonnet, où il séjournera jusqu’en 1938. L’exposition se terminera par un choix d’œuvres fauves : André Derain et Mau- rice de Vlaminck peignent la Seine à Chatou et à Bougival. Henri Matisse l’ob- serve depuis son atelier du quai Saint-Michel à Paris, comme Albert Marquet et Othon-Friez au Havre. L’impressionnisme au fil de la Seine 3 Si les tableaux impressionnistes évoquent aujourd’hui un univers qui nous paraît délicieusement nostalgique, c’est que nous oublions qu’au XIXe siècle le pa- nache de vapeur d’une locomotive, la hardiesse graphique d’un pont métallique ou la présence d’un bateau - mouche étaient des nouveautés. Aux yeux des te- nants du paysage composé classique, l’intrusion de la vie moderne est vécue comme une atteinte à la beauté. Elle n’était guère plus prisée des paysagistes réalistes qui souhaitent exprimer l’enracinement, la pérennité des valeurs natio- nales. A l’inverse, la plupart des impressionnistes regardent et peignent le monde contemporain sans états d’âme. Ils ne se posent ni en juges, ni en cen- seurs, mais en observateurs attentifs d’un paysage en pleine mutation. De Fontainebleau au Havre, la Seine est alors au cœur de la modernité. L’univers du travail y est déjà très présent, avec ses ports ou ses usines, mais le fleuve reflète aussi les plaisirs d’une société qui découvre les loisirs. Les impression- nistes observent ces changements avec la même ardeur qu’ils apportent à ana- lyser le passage des heures et des saisons à la surface du fleuve. Certains, comme Camille Pissarro, Alfred Sisley ou Armand Guillaumin, décrivent surtout le monde du travail. D’autres, Claude Monet et Auguste Renoir surtout, privilé- gient l’évocation des joies dominicales. Souvent, travail et loisirs se mêlent inti- mement dans leurs œuvres, car c’est la vie même qu’ils peignent. Nombreux choisissent de s’éloigner des villes pour vivre ou séjourner au cœur des sites qui les inspirent et privilégient la Seine. De Bougival à Giverny, d’Argen- teuil à Vétheuil ou à Vernon, ils font la célébrité des sites qu’ils ont élus. 1. Introduction L’impressionnisme au fil de la Seine 4 Au cours des années 1860, Camille Corot séjourna souvent à Mantes. Depuis la fin du 12e siècle, la ville est dominée par la cathédrale gothique Notre- Dame. Ce tableau intitulé Mantes, la cathédrale et la ville vues à travers les arbres, le soir, a été entièrement interprétée en atelier. Ici, le réalisme de l’architecture de la ville n’en exclut pas moins certaines liber- tés de l’artiste prises à l’égard des éléments topographiques. Les arbres situés à gauche et à droite de la composition, ainsi que les feuillages forment un véri- table écran devant la ville de Mantes que vous distinguez au loin. L’agencement et le contraste des couleurs – un premier plan dominé par des tonalités de brun, de gris et de vert – et la luminosité de l’arrière plan – accen- tuent la profondeur de l’œuvre. Ce choix de mise en scène se retrouve dans de nombreux tableaux de l’artiste. La lumière poétique du crépuscule, les jeux subtils des reflets du ciel et des arbres dans l’eau dormante confèrent à l’ensemble une dimension mélanco- lique. Ce tableau montre au premier plan une jeune femme au bonnet rouge occupée à la cueillette du gui au bord de l’eau. Cette note éclatante de vermillon a une signification précise pour Corot. Voici ce qu’il déclarait : « Il y a toujours dans un tableau un point lumineux ; mais il doit être unique. Vous pouvez le placer où vous voudrez : dans un nuage, dans la réflexion de l’eau ou dans un bonnet ; mais il ne doit y avoir qu’un seul ton de cette valeur. » Camille Corot ( 1796 - 1875 ) Mantes, la cathédrale et la ville vues à travers les arbres, le soir ou Mantes, la cueillette du gui, vers 1860-1865 Huile sur toile, 42,7 x 55,8 cm Reims, musée des Beaux-Arts 887.23.2 ©Reims, musée des Beaux-Arts Photo C. Devleeschauwer L’impressionnisme au fil de la Seine 5 Eugène Boudin ( 1824 – 1898 ) Le Bassin de l’Eure au Havre, 1885 Huile sur toile, 65 x 90 cm Évreux, Musée d’Art, Histoire et Archéologie 7859 © Évreux, Musée d’Art, Histoire et Archéologie / Photo J.-P. Godais Fils de marin, Eugène Boudin naît à Honfleur. En 1835, sa famille s’installe au Havre et très tôt les vues portuaires occupent un place privilégiée dans son œuvre : de Rotterdam à Anvers, du Havre à Honfleur, de Dieppe à Fécamp, de Trouville à Portrieux, ou encore de Camaret à Bordeaux. De 1885 à 1889, il dépeint à plusieurs reprises, sous des angles différents et dans des conditions variables, l’activité du port du Havre, où il a grandi. Le Bassin de l’Eure au Havre montre des navires en rangs serrés, les voiles fer- lées ou déployées, par un temps gris où le soleil transparaît derrière les nuages. Boudin s’attache à transcrire les effets atmosphériques. Dans ses Curiosités Es- thétiques, Charles Baudelaire, séduit par les « beautés météorologiques » des études de ciel de Boudin présentées au Salon de 1859, les avait qualifiées de « prodigieuses magies de l’air et de l’eau ». Il faut rappeler que Boudin et Monet se sont rencontrés au Havre et ce dernier n’hésitait pas à affirmer que c’est grâce à Boudin qu’il était devenu un vrai peintre. Le Havre avait inspiré à Claude Monet Impression. Soleil levant, conservé aujour- d’hui au musée Marmottan Monet à Paris tableau fondateur du terme « impressionniste », baptisé lors de la première exposition du groupe des Im- pressionnistes, en 1874. La facture fluide de cette vue du port du Havre au lever du soleil, avait suscité les critiques de Louis Leroy, qui avait déclaré : « Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture ! Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette ma- rine-là ! ». Eugène Boudin ( 1824-1898 ) Le port du Havre, bassin de la Barre, 1888 Huile sur bois, 32 x 41 cm Paris, musée d’Orsay, legs de James N.B. Hill, 1978, RF 1978-19 © RMN (Musée d’Orsay) / Photo : Jean-Gilles Brizzi L’impressionnisme au fil de la Seine 6 Alfred Sisley ( 1839 – 1899 ) La Seine à Bougival, 1873 Huile sur toile, 46 x 65,5 cm Paris, musée d’Orsay, œuvre récupérée après la se- conde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, MNR 208 ©RMN (Musée d’Orsay)/Photo: Hervé Lewandowski En bordure de Seine, entre Port-Marly et Chatou, Bougival, qui offre une image plus pittoresque de la campagne qu’Asnières, affectée par l’industrialisation et l’urbanisation, est très apprécié des impressionnistes. Pendant le siège de Paris, Alfred Sisley s’installe à Louveciennes, où il réside jus- qu’en 1874, avant d’emménager trois ans plus tard, à Marly. Dans les années 1870, la machine hydraulique, entre Bougival et Port-Marly, est le thème de plusieurs peintures de Sisley. Ici, l’artiste tourne le dos à la fameuse Machine et choisit de peindre, uploads/s3/ dossier-pedagogique-exposition-impressionnisme-seine-musee-giverny 1 .pdf

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