Exposé d’Art médiéval L3 Sarah Heulin Camille Lallia Charles V et Jeanne de Bou
Exposé d’Art médiéval L3 Sarah Heulin Camille Lallia Charles V et Jeanne de Bourbon Introduction Ces deux statues proviennent du décor du Louvre, de la salle des Antiques du roi, avant 1692. Elles sont réalisées en pierre (Charles V= H. 1,95 m ; L, 0,71 m ; Ép. 0,40 m/ Jeanne de Bourbon : H. 1,94 m ; L. 0,50 m ; Ép. 0,44 m). Aujourd’hui elles sont entreposées dans la Galerie Richelieu du Musée du Louvre, et sont numérotées RF 1377 et 1378. Elles figurent parmi les oeuvres les plus célèbres de la sculpture médiévale française. Au XIVe siècle on assiste à un grand renouveau des arts figuratifs notamment grâce au mécénat royal. Charles V, de la dynastie des Valois, porte un grand intérêt à sa librairie et montre un rôle nouveau du prince dans la création littéraire. L’épanouissement de l’art courtois entre le XIIIe et le XIVe siècle est visible, mais dès 1364 on observe un changement radical de style sous l’égide d’artistes tels que Beauneveu et en lien avec la politique de Charles V : on a besoin d’affirmer le pouvoir royal et pour cela on choisit une figuration qui n’est plus fantasmée mais réaliste. On représente les vrais traits des personnages royaux pour qu’ils soient identifiables de tous. Ce choix artistique se retrouve beaucoup dans l’art funéraire de cette époque, qui pratique le principe de la division des corps («dilacetario corporis ») entre coeur entrailles et ossements, chaque gisant est différent pour chaque sépulture, permet multiplication des cérémonies pour honorer la personne royale. Cette révolution stylistique fait prévaloir la conception monumentale : ampleur des drapés, retenue des gestes, expressionnisme des visages, tous ces éléments vont influencer la conception plastique du XVe siècle. Dans son Histoire de Charles V, Michel Pintoin énonce qu’on attendait du successeur de Charles V, Charles VI, qu’il suive l’exemple du règne donné par son père («rerum gerendarum regulam imitandam »). Cette indication témoigne de l’importance du règne de Charles V. Aussi Jacques Legrand, le religieux augustin, rappela un jour au dauphin « de genitore suo ad propositum faciens mencionem ») que Charles V avait levé de lourds impôts, mais que cela avait servi la grandeur du royaume. Les statues du couple royal on été réalisées de leur vivant, ce qui est rare à l’époque, et c’est grâce à cette redécouverte du portrait réaliste que leur identification et datation est facilitée. Une grande douceur se dégage de ces statues qui témoignent d’une part de ce renouvellement des questionnements artistiques liés au portrait royal (I) et d’autre part de la volonté de Charles V de rappeler son auctoritas royale (II). I. Le portrait du couple royal comme témoin du renouveau dans la sculpture médiévale au XIVe siècle. On verra que ces deux portraits sont caractéristiques de ce renouveau (A.). Il s’agira de les replacer dans leur contexte artistique (B), avant de les comparer avec d’autres œuvres à l’effigie du couple princier (C). A) Description de portraits au doux modelé Le visage du roi et de la reine sont souriants avec un modelé très soigné. Leurs yeux en amandes sont légèrement écartés, leurs arcades sourcilières fondues, leurs lèvres ourlées à peine pincées, limitées par des fossettes ou des commissures. = personne n’est d’accord pour l’attribution mais on peut y reconnaître le talent de Jean de Thory. La différence avec les statues des Célestins est le vieillissement des personnages, qui laisse penser que les statues venaient d’une porte orientale du Louvre détruite en 1660 selon J. Baudoin. Grand sens de la densité plastique associé à une « vérité psychique et psychologique » des deux portraits. Un air d’intelligence et de clémence se dégage de celle du roi, son grand nez caractéristique. Il est vêtu d’une longue cotte et d’un ample surcot (son habit de prédilection plutôt que les vêtements écourtés qui étaient à la mode à l’époque, en effet cet habit était plus chaud et le roi était frileux (condition maladive tout au long de sa vie). Jeanne : visage et posture peu élégante, visage à l’expression placide mais attachante. Elle porte l’habit en vogue : tresses repliées et enrubannées ; cotte ajustée à la taille et un surcot très échancré sur les épaules auquel est rattachée une longue jupe ample et froncée ; ceinture et boutons orfévrés. Globalement la posture du roi est décontractée, il est en appui sur sa hanche gauche, cela est mis en valeur par le drapé qui se plisse souplement à cet endroit, accompagnant aussi le mouvement du tissu soulevé par ! sur ! 1 5 la main gauche du roi tandis qu’il tient contre lui une maquette miniature de l’édifice dont il est le donateur. Ensuite, ses épaules sont relâchées, allant de paire avec le col évasé de sa tenue. L’expression de son visage est emprunte de bonhomie et de sagesse. La reine elle semble plus réservée mais plutôt sereine. Son visage est légèrement relevé, et elle semble en appui sur sa jambe droite au vu des drapés souples ici aussi. Ce portrait du roi semble conforme à la description physiognomique et psychologique du roi par Christine de Pisan, qui le décrit comme un personnage qui « donnoit largement », mais avec discernement. Les gens de sa cour « estoient richement vestus », mais lui, au milieu d’eux, était « tout temps vestu en habit royal », si bien que « tout homme, estrangier ou autre», pouvait «savoir et cognoistre... lequel de tous estoit le roy». En outre selon elle il rendait la justice avec « libéralité et sage largece » en ayant évité le vice de « foie largece ». Physiquement, elle le dépeint comme « un peu longuet, au grand front et large, aux sourcils en archets, au nez assez haut et la bouche non trop petite » = sa physionomie a joué en sa faveur puisque très particulière, ainsi il était facilement représentable car reconnaissable On pourrait penser que la recherche de ressemblance dans le portrait est due a un regain d’attention pour l’individu en art médiéval mais ce n’est pas le cas : le portrait ressemblant est certes redécouvert au XIVe siècle mais reste timide par rapport à ceux de l’antiquité, c’est pas un intérêt général pour la figure humaine mais plutôt une volonté de représenter les personnages de la famille royale de façon à ce qu’il soient identifiables. Pour autant la ressemblance est construite selon le procédé de la représentation ad vivum (on prélève directement l’emprunte du visage du souverain à la cire de son vivant). C’est en effet ce procédé qui a le plus permis la maitrise du portrait et trouve son apogée sous Charles V. Par contre les historiens, comme Giesey en 1960, émettent des réserves quant au recours à cette époque aux masques mortuaires utilisés aussi pour des portraits avant le XVe siècle. B) Des portraits à l’attribution et à l’identification difficile Les imagiers « franco flamands » de 1360 à 1430. Sont qualifiés ainsi à cause de leur origine, la région du bord de la Meuse, du nord de la France et du fait qu’ils étaient francophones. La cour de Charles V pendant son règne 1364-1380) les attire à Paris. Ils sont souvent spécialisés dans la taille de l’albâtre. Leur région d’origine leur procurait en effet une facilité d’accès aux matériaux tels que le marbre noir de Dimant, le marbre bis de Tournai l’albâtre d’Avesnes. Jean de Thory : importante place chez les imagiers « franco-flamands », il est de l’entourage de Beauneveu. Il reçoit des commandes de Charles V et de nombreux autres personnage royaux tels que Valentine Visconti. Ce serait lui qui aurait reçu la commande pour toutes les statues dont celle du couple royal = pas de confirmation de cette théorie mais semble plausible selon Erlande-Brandenburg. Ce dernier considère que c’est Guilhermy qui démontrait la véritable origine de ces statues ; question importante si on veut comprendre le rôle qu’elles ont joué ; et s’était aperçu qu’il s’agissait des mêmes que celles qui figuraient au Musée des Monuments français de Lenoir et qui se trouve désormais au Louvre. Un compte de 1364 mentionne que Jean de liège travaille sous la direction de Guy de Dammartin à la grande vis du Louvre, pour la réalisation des statues du roi et de la reine = autre hypothèse d’attribution Comparaison avec la tête de Bonne de France, fille de Charles V. Conservée au Musée Mayer Van den Bergh d'Anvers. C’est la petite fille de Charles V morte en 1360, et enterrée avec sa sœur aînée, dans l'église de l'abbaye cistercienne Saint-Antoine-desChamps à Paris. . L’épitaphe dessiné Gaignières l’indique d’ailleurs. Il l’a sans doute commandée au lendemain de son avènement, en même temps qu'il faisait faire par André Beauneveu les tombes de ses grands-parents, de son père et de lui-même. On sais aujourd’hui que l’artiste est Jean de Liège. A l’époque de nombreux artistes ont réalisé des statues pour la vis du Louvre : Jean de Saint-Romain, Jean de Launay, Jean de Liège, Jacques de Chartres, Guy de Dammartin. Aucune n'a survécu. uploads/s3/ charles-v-et-jeanne-de-bourbon.pdf
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- Publié le Mar 21, 2022
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