Ce qui est en partage CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR DE MUSIQUE ET DE DANSE D
Ce qui est en partage CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR DE MUSIQUE ET DE DANSE DE PARIS 2022-2023 Saison Christine Sun Kim, The Sound of Temperature Rising Non-Stop Forever, Los Angeles, USA, 2020 5 Julie Calbert, lumière / 1, série 29xlumière, 2020 SOMMAIRE 1 SECONDE AVANT LE BIG BANG Éditorial d’Émilie Delorme LA FABRIQUE DE L’ÉMANCIPATION Dialogue entre le philosophe Jacques Rancière & Émilie Delorme MUSIQUE DES TÉNÈBRES Portrait du chef d’orchestre Sébastien Daucé LES OMBRES DU CIEL Dialogue entre le chorégraphe Noé Soulier & Cédric Andrieux POUR QUE LES MICK KELLY PUISSENT RÉALISER LEUR RÊVE Récit de l’autrice Penda Diouf PRÉSENT COMPOSÉ Portrait de la compositrice Unsuk Chin OBJET SONORE Entretien avec le guitariste Thomas Gaucher SABLES MOUVANTS Entretien avec les chorégraphes Johanna Faye & Saïdo Lehlouh VI E ET MORT DE L’IMAGE Dialogue entre l’autrice Pauline Peyrade & Marie-Jeanne Serero PORTFOLIO Guido van der Werve DIDON RETROUVÉE Entretien avec le chef d’orchestre Leonardo García Alarcón ÉNÉE SUR LA ROUTE Portrait du metteur en scène Marc Lainé LES JAZZ BOYS NE PRENNENT PAS LE TRAIN Improvisation de l’auteur Marcos Caramés-Blanco CORPS ET ÂME Portrait du chorégraphe Yong Geol Kim DIALOGUE INTERCONTEMPORAIN Dialogue entre le compositeur Tobias Feierabend & le chef d’orchestre Oscar Jockel TOUTES DIRECTIONS Portrait du chef d’orchestre Alain Altinoglu I REMEMBER YOU Entretien avec Riccardo del Fra S’ACCROCHER AU RYTHME DU MONDE Portrait de la chorégraphe Mathilde Monnier JOUER / DIRIGER Entretien avec le pianiste François-Frédéric Guy PORTRAIT DE L’ARTISTE EN CHERCHEUR Portrait de l’accordéoniste Jean-Etienne Sotty PORTFOLIO Idris Khan LES NOMS DU COMMUN Réflexions de la sociomusicologue Hyacinthe Ravet PLATEAU 1 Entretien avec Alexis Ling et Denis Vautrin PORTFOLIO Ferrante Ferranti AGENDA / SAISON 2022 - 2023 SOMMAIRE 6 8 14 19 26 32 38 42 50 56 60 65 72 78 82 88 93 100 104 110 114 116 120 126 133 7 6 1 SECONDE AVANT LE BIG BANG #ÉDITO propres artistes et son propre public. Ainsi l’autrice Penda Diouf explique avoir vécu 14 ans dans le quartier du Conservatoire sans jamais oser en franchir le seuil. C’est pour quoi – outre accueillir et accompagner au mieux nos étudiant·es et notre public – il est nécessaire de nous demander comment guider celles et ceux qui passent devant le bâtiment sans en passer la porte. Comment guider ces passant·es – nous qui sommes des passeur·ses – pour leur permettre de trouver l’entrée qui leur correspond ? Com ment ouvrir grand les portes pour que notre institution – selon l’expression de Penda Diouf – soit traversée par le monde ? Comment nous tenir au plus proche des enjeux sociétaux au moment même où la crise politique, écono mique, climatique et migratoire n’a de cesse de nous rappeler à quel point nous sommes interdépendant·es et interconnecté·es ? L’art n’a rien d’un sanctuaire qui se tiendrait à l’écart du monde. Comme le suggère le performeur et vidéaste Guido van der Werve, dont nous reproduisons le travail dans ces pages, la musique et la danse font partie du monde et le percutent parfois de plein fouet. C’est fort·es de cette conviction que nous vous présentons cette saison artistique, dou blée de cette publication dans laquelle nous avons eu à cœur de réunir des voix d’artistes, de chercheur·ses, de journalistes, d’étudiant·es et de professeur·es pour penser aujourd’hui la création, l’héritage, la transmission. Parce qu’il est nécessaire d’ouvrir de nouveaux espaces à l’imaginaire, nous leur avons adjoint des photographes et des plasticien·nes. Cha cune de ces voix est essentielle. Chacune de ces voix est libre. Ainsi, Penda Diouf encore, arpentant nos couloirs, confronte l’institu tion au miroir de Mick Kelly, personnage d’un roman de Carson McCullers, adolescente qui rêve d’être un jour cheffe d’orchestre sans que ses origines modestes ne lui permettent de réaliser son rêve… Dans le concert de ces voix que nous accueillons et qui s’ancrent profondément dans notre époque, nous n’avons pas cherché à taire les discordances : j’ai la conviction qu’il nous faut entendre les contradictions, intégrer au cœur de notre institution bicentenaire cet espace de liberté qui lui permette de continuer à évoluer. Je songe souvent au décret du 14 juin 1946 qui a séparé le Conservatoire de Paris en deux entités distinctes : le Conservatoire d’Art Dramatique et le Conservatoire de Musique et de Danse. Sans doute, l’un des dangers, en les séparant du théâtre, est-il de priver la musique et la danse de ces outils irremplaçables que sont le texte, la parole et le récit. Nous savons que la crise qui frappe aujourd’hui le secteur culturel est également une crise des récits. Aussi avons-nous à cœur de dialoguer avec cette part manquante – dramaturges, metteur·ses en scène, toutes celles et tous ceux qui mettent en récit –, d’œuvrer pour que, par la musique et la danse, cette saison artistique contribue à inventer de nouveaux récits pour raconter notre monde. Je remercie nos partenaires qui rendent ces projets possibles, au premier rang des quels la Cité de la musique - Philharmonie de Paris, la Maison de la radio et de la musique, l’Opéra national de Paris, l’Ensemble intercontemporain, la Grande Halle de la Villette, le CN D, Chaillot - Théâtre national de la danse, le Théâtre du Châtelet, le Festival d’Automne à Paris. C’est une responsabilité que d’écrire la suite d’une histoire commen cée il y a plus de deux siècles. Je tiens à saluer l’engagement inconditionnel de celles et ceux – professeur·es, étudiant·es, agent·es – qui s’y dédient chaque jour et participent à cette aventure collective. Ensemble, nous avons rêvé et conçu cette saison. Puisse-t-elle toucher nos spectateur·rices fidèles comme celles et ceux qui n’ont jamais franchi nos portes. Émilie Delorme, Directrice Il y a trois portes au Conservatoire : la première, située sur l’avenue Jean- Jaurès, est l’entrée principale que passent chaque jour nos quelque 2 000 étudiant·es, professeur·es et agent·es administratif·ves. La deuxième, sur le côté du bâtiment qui ouvre sur le parc de La Villette, est la sor tie des artistes qu’ils et elles empruntent chaque soir à l’issue des répétitions et des spectacles. Car c’est l’une des spécificités de notre maison que de réunir sous un même toit formation et création, d’être à la pointe de la recherche internationale en musique et en danse tout en proposant une saison riche de 350 événements artistiques entiè rement gratuits. Dans cette circulation, dans ce mouvement quotidien qui voit entrer des étudiant·es et sortir des artistes, je perçois le sens même de notre mission : accompa gner les étudiant·es, leur offrir pour quelques années un cocon privilégié au sein duquel ils et elles peuvent grandir et se développer pour devenir les artistes qu’ils et elles sont. Loin d’exclure l’exigence ni l’excellence, la gratuité est une invitation doublée d’une promesse : promesse d’ouverture à tous les publics, invitation pour ces jeunes artistes à l’expérimentation, à la prise de risque, à l’acceptation des doutes et des questionne ments qui les animent aujourd’hui et qui se mueront demain en leur plus grande force. Demain, le talent de ces artistes éclatera au grand jour, ils et elles se répandront dans toutes les directions de l’espace pour se produire sur les scènes les plus prestigieuses du monde. Pour l’heure, ils et elles sont déjà ici, tout comme l’univers, l’instant d’avant le Big Bang, est concentré en un point. La saison que nous vous présentons se situe l’instant d’avant ce Big Bang artistique. La troisième porte est l’entrée du public que franchissent les spectateur·rices pour venir assister aux spectacles : j’aime à penser que cette lente maturation, cette mystérieuse alchimie qui transforme les étudiant·es en artistes accompli·es, nécessite le concours du public. Comme l’affirme le philosophe Jacques Rancière, créer ne saurait se réduire à la transmission d’un message, pas plus qu’ap prendre, à la reproduction d’un savoir. Il se joue dans ces actes singuliers quelque chose d’iné dit et d’inouï qui nous modifie profondément. Le public est un agent essentiel de la création : son travail actif d’interprétation contribue à la réalisation même de l’œuvre d’art. En avril dernier, le classement mondial du QS Performing Arts a distingué notre Conservatoire au quatrième rang des meil leures écoles d’art du spectacle. Ce résultat nous honore et nous encourage à poursuivre notre action sans pour autant nous aveu gler. Dans l’article qu’elle consacre aux noms des salles du Conservatoire, la sociomusico logue Hyacinthe Ravet pose la question de la frontière entre l’intérieur et l’extérieur de l’institution. Sans doute la plus grande qualité d’une maison comme la nôtre est-elle aussi son principal danger : se suffire à soi-même, fonctionner en vase clos, fabriquant ses 1 seconde avant le BIG BANG 9 8 #RÉSONANCE PROPOS RECUEILLIS PAR SIMON HATAB Stephen Vitiello, Empire State Building recording tests, circa 2003 Jacques Rancière, pour amorcer ce dialogue, nous aimerions partir de la réflexion que vous développez dans Le Maître ignorant, paru en 1987 uploads/s3/ cnsmdp-saison-2022-23.pdf
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- Publié le Jan 25, 2022
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