Chapitre 3, partie A : Ecriture des consonnes Dans ce qui suit, je vais introdu

Chapitre 3, partie A : Ecriture des consonnes Dans ce qui suit, je vais introduire l'alphabet syriaque (écrit dans ses trois variantes dialectales) conjointement avec l'alphabet hébreu (écrit en lettres dites "carrées"), alphabet qui me servira en fait pour écrire l'araméen dans ses diverses variantes historiques ou dialectales (sauf le syriaque). § 3-1 : Introduction à l'alphabet syriaque L'alphabet syriaque, comme les alphabets araméens et hébraïques, comporte 22 lettres et jusqu'à 28 sons, et il se lit de droite à gauche. Voici comment se présente l'alphabet syriaque (ou syro-araméen). Il faut noter d'emblée qu'il peut s'écrire avec trois scripts légèrement différents. Tableau 3-1a : Scripts syriaques. Deux formes sont données ici pour trois lettres (k, m et n), dont la forme change selon qu'elles sont en position finale (formes de gauche en estrangela : k, m et n ) ou non (formes de droite associées). Source : www.ancientscripts.com Des trois scripts, le plus ancien est le script estrangela. C'est dans ce script, développé à partir du 2ème siècle avant notre ère, que les plus anciens manuscrits (en particulier bibliques) ont été écrits. Les deux autres scripts syriaques dits nestorien et jacobite/serto sont dérivés du script estrangela et se sont formés après la séparation de l'Eglise de l'Orient en factions rivales au 5ème siècle de notre ère. Je montre ci-dessous le début de l'évangile de Jean (source : www.wikipedia.com sous "syriac alphabet"). Figurent ci-dessous, de haut en bas, une même phrase utilisant les trois scripts non-vocalisés jacobite, nestorien et estrangela. On notera leur ressemblance. Attention : comme pour la majorité (mais pas toutes) des langues sémitiques, ces trois lignes se lisent … de droite à gauche ! Voici un exemple d'antique écriture manuscrite en estangela1. Ceux qui connaissent déjà le syriaque reconnaîtront dans ce passage deux extraits bibliques de l'histoire de Joseph (à droite : Gen.37:20-23, et à gauche : Gen.37:26-28) issus du plus ancien manuscrit daté de la Peshitta Ancien Testament (464 ap. J.-C. : British Museum, Add. MS. 14425). Pour compléter le premier Tableau 3-1a ci-dessus, assez succint, en voici un second que j'ai scanné du livre de Muraoka (2005) où l'on retrouve les trois scripts avec toutes leurs formes (isolées : "Unattached", initiales : "Joined to the left", centrales : "Joined to the right and left", et finales : "Joined to the right"). Un tableau équivalent se trouve dans le livre d'Arayathinal. 1 Pour ma part, je trouve que le script estrangela est le plus esthétique des trois, particulièrement comme ci-dessus dans sa forme arrondie dite d'Edesse. C'est donc dans ce magnifique script que seront écrits (le plus souvent sans vocalisation) les tableaux et portions de textes que l'on trouvera plus tard dans cette grammaire de syriaque. Tableau 3-1b : Scripts syriaques. On notera les différentes formes données à certaines lettres (à nouveau, surtout les kaf, mim et nun) suivant leur position dans un mot. Source : Muraoka (2005). § 3-2 : Prononciation & translittération des consonnes Voici maintenant une présentation très détaillée des consonnes de l'alphabet syriaque (estrangela), avec les consonnes équivalentes en hébreu. Les lettres sont ici nommées selon leur appellation syriaque (1ère colonne à gauche). Les noms hébreux correspondants sont très proches : aleph, beth, gimmel, daleth, etc. Ce tableau est aussi l'occasion pour moi de présenter mon système de translittération de ces mêmes consonnes. Tableau 3-2a : Alphabets syriaque et hébreu. Translittération et prononciation des consonnes adoptée dans la présente grammaire. Certaines consonnes ont deux formes : en milieu (droite) et fin (gauche) de mot. Note spécifique pour l'hébreu : Pour ce qui est spécifiquement de l'hébreu, il y a une lettre supplémentaire, la lettre syn, qui s'écrit comme la lettre shyn, mais avec un point sur le sommet gauche : s. Cette lettre sera translittérée ainsi : ç, pour faire le pendant de la lettre shyn translittérée c ou sh (suivant le contexte). Une chose est maintenant à signaler, à la vue du Tableau 3-2a : certaines lettres ont une double prononciation (b, g, d, k, p, t), dualité qui est indiquée par un point au dessus ou au dessous de la lettre (détails dans le Tableau 3-2b ci-dessous). Tableau 3-2b : Double écriture des six consonnes explosives begad-kepat. Il est intéressant de noter que le passage d'une begad-kepat dure (b g d k p t) à sa forme spirantisée (bh gh dh kh ph th) correspond au passage d'une forme explosive (i.e. air bloqué puis relâché) à une forme continue (i.e. passage continu de l'air) de la même consonne. Cette spirantisation transforme un alphabet consonantique de 22 lettres en 28 sons distincts. Note : Le script syriaque estrangela ressemble beaucoup au script hébreu ashuri. En fait, le script hébreu dit carré n'est pas original à la langue hébraïque mais a été emprunté … à l'araméen ! § 3-3 : Prononciation détaillée des consonnes syriaques Voici maintenant une description détaillée de chacune des lettres de l'alphabet syriaque (prononciation & translittération). Des compléments seront apportés après la présentation qui suit des voyelles. Lettre alaph ( ^ ) Autrefois, le alaph syriaque s'entendait comme un coup de glotte. C'est la coupure de son qu'on remarque en français avant un h aspiré (ex. dehors). En français, ce h aspiré interdit la formation d'une liaison : les haricots (en deux mots) et non pas lézarico. Avec le temps cependant, le alaph ne s'est plus prononcé en syriaque, comme le h muet français (ex. les hommes = lézome). Cette lettre sert alors de support à une voyelle. En particulier, quand un mot commence phonétiquement par un son voyelle (ex. français armoire), cette voyelle initiale est portée par la consonne alaph dans la mesure où, en araméen, on ne notait au départ que les consonnes. Voici comment je noterai un alaph portant une voyelle (ex. ^a → â, d'où la notation ^ de cette lettre). En abordant plus précisément les voyelles, je donnerai d'autres cas particuliers. Prononciation de ^ : en.wikipedia.org/wiki/Glottal_stop Lettre beyth ( b / v ) Le beyth fait partie des six lettres (b, g, d, k, p, t) notées en bleu dans le Tableau 3-2a ayant un prononciation dite ‘dure’ (b, comme dans bille) et une prononciation dite ‘douce’ ou spirantisée (bh = v comme dans ville). La règle de base (cette règle aura ses exceptions) est qu'une consonne est spirantisée après une voyelle : père se dit âvà (son doux), avec la variante familière suivante : âbà (prononcer abba, i.e. papa; son dur) pour lequel on constate que le doublement de la consonne en durcit le son (règle générale). Les règles précices régissant la 'dureté' ou 'douceur' des six consonnes résumées sour le vocable de begad-kepat seront précisées plus bas. Note : En français, on a un phénomène analogue (dur / doux). Ainsi, le p est spirantisable (ph) et se prononce alors comme f. De même, la prononciation de la lettre c est également modifiée par la présence d'un h : cf. récif et chétif. Par analogie donc, dans le système de translittération, le h en italique (non gras) sera utilisé pour noter la spirantisation (prononciation douce). Ainsi, le b doux sera noté v, et très rarement bh. Note : bh est prononcé v comme dans vague en syriaque occidental et w comme dans week-end en syriaque oriental. En lettre finale, cela devient un son 'ou' en syriaque oriental : kthaw = kthaou (ici donc, une seule syllabe et une diphtongue finale aou). Prononciation de b : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_bilabial_plosive Prononciation de bh : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_labiodental_fricative Lettre gamal ( g / gh ) Le gamal fait également partie des six lettres (b, g, d, k, p, t) ayant un prononciation ‘dure’ (ici, g, comme dans gare) et une prononciation ‘douce’ ou spirantisée (gh, comme dans rare, avec un r 'parisien' ni roulé ni raclé). Prononciation de g :en.wikipedia.org/wiki/Voiced_velar_plosive Prononciation de gh : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_velar_fricative Lettre dalath ( d / dh ) Le dalath fait partie des six lettres (b, g, d, k, p, t) ayant un prononciation ‘dure’ (d, comme dans dire) et une prononciation ‘douce’ ou spirantisée (dh, comme dans l'anglais this ou that). Prononciation de d : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_alveolar_plosive Prononciation de dh : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_dental_fricative Lettre hé ( h ) Cette lettre n'a pas d'équivalent en français, langue qui ne prononce pas le h (cf. prononciation du alaph). Elle se prononce plutôt comme un h fortement aspiré, et donc comme le h anglais dans high par exemple. Prononciation de h : en.wikipedia.org/wiki/Voiceless_glottal_fricative Lettre waw ( w / u ) Cette lettre se prononce comme dans week-end. Non vocalisée en début de mot, elle sera prononcée we comme dans whu = wehou (une syllabe). Prononciation de w : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_labio-velar_approximant Lettre zayn ( z ) Cette consonne se prononce comme notre z de zèbre. Prononciation de z : en.wikipedia.org/wiki/Voiced_alveolar_fricative Lettre heyth ( H ) Il s'agit d'une consonne gutturale sans équivalent français dont le son est intermédiaire entre le hé ( h ) et la prononciation allemande dure de Bach ou celle de la prononciation espagnole de notre lettre j (jota). On a désormais une deuxième paire de lettres associables : uploads/s3/ consonnes.pdf

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