1 SOMMAIRE QUELQUES ÉLÉMENTS DE PRÉSENTATION ..................................

1 SOMMAIRE QUELQUES ÉLÉMENTS DE PRÉSENTATION ............................................................................... 2 L’improvisation pour créer un spectacle Typologie de l'improvisation LES ORIGINES DE L’IMPROVISATION .......................................................................................... 5 DÉCOUVRIR LES FONDAMENTAUX DU THÉÂTRE...................................................................... 8 Les règles : la règle essentielle est celle du OUI Improviser pour découvrir l’espace, le corps, le jeu avec les autres, le groupe ENTRER DANS UN SPECTACLE, UN TEXTE DRAMATIQUE PAR L’IMPROVISATION .............11 Saison 2014-2015 IMPROVISER NE S’IMPROVISE PAS… Par Catherine Le Moullec, coordonatrice académique théâtre 2 QUELQUES ÉLÉMENTS DE PRÉSENTATION Vous trouverez ici quelques précisions sur les règles à faire respecter dans une improvisation et un éventail des pistes possibles. Il s'agira pour chacun de s'en emparer en fonction de ses objectifs pédagogiques : lire un texte ou créer une nouvelle forme théâtrale. Nombre de compagnies aujourd'hui revendiquent l'improvisation comme principe de création, d'écriture et de jeu sur le plateau. Les metteurs en scène contemporains aiment recourir à cet état particulier du comédien improvisateur pour éviter les « rails », le côté trop « assis » d’une mise en scène ou du jeu d’un comédien. L'improvisation est l'outil privilégié des collectifs dans la création d'un spectacle, parfois en collaboration avec un auteur. Un des premiers, Philippe Caubère, a créé ses longs monologues à partir d’improvisations... On met en avant aujourd'hui les écritures de plateau et dans nos ateliers les improvisations de nos élèves sont souvent à l'origine de l'écriture de nos formes finales. L’improvisation pour créer un spectacle Exemple du « Collectif D'Ores et déjà » : leurs spectacles Notre terreur et Le Père tralalère ont été créés à partir d’improvisations autour de lectures de textes très divers (par exemple pour Notre terreur, Michelet, ou les discours des députés révolutionnaires). À partir d’une trame précise, la compagnie a créé sa forme puis improvisé tous les soirs avec le désir de ne surtout pas figer le spectacle. Chaque représentation était donc différente, variant dans la durée jusqu’à une quinzaine de minutes ! Ce principe de création et d’improvisation crée une présence incroyable des comédiens au plateau. Sylvain Creuzevault, dans un entretien publié dans la revue en ligne Agôn (revue de l'ENS Lyon) explique pourquoi il prend le risque de l'improvisation, un choix à la fois poïétique et politique. Autre exemple : la Cie « Les Chiens de Navarre », qui avec son chef de file Jean-Christophe Meurisse, refuse « un théâtre figé, élitiste et poussiéreux ». En 2005, il réunit huit comédiens de sa génération venant des écoles de théâtre, de l'université, du cirque, de la danse qui partagent une même envie de faire du théâtre autrement, de raconter des histoires autrement, de jouer autrement. « Comme metteur en scène, Jean-Christophe nous laisse la plus grande liberté, témoigne le comédien Jean-Luc Vincent. Il nous invite à la désobéissance, à surtout ne pas faire ce qu'on a appris, à nous jouer des codes, à exprimer notre singularité et à ne jamais nous installer dans la routine.» En danse, Boris Charmatz a créé le spectacle Flip book, qui raconte 50 ans des chorégraphies de Merce Cunningham. Les danseurs de Charmatz ne reprenaient pas les chorégraphies de Cunningham, mais s'en imprégnaient, en observaient les images et improvisaient à partir de ces chorégraphies. On voit donc que l'improvisation (comme la performance dans les arts plastiques) est au cœur des problématiques et enjeux du théâtre contemporain et que l'expérimenter avec nos élèves est indispensable pour leur permettre d'apprécier les processus de création et les formes d'aujourd'hui. Citations « Ma place est celle d'un chef d'orchestre qui accompagne et soutient l'écoute des acteurs solistes », dit Jean- Christophe Meurisse. À la fin d'une période de travail qui peut durer des mois, il retient un canevas de quatre à cinq pages qui sera, sur la durée, le garde-fou des comédiens. Car ceux-ci continuent d'improviser chaque soir, cherchent à se laisser surprendre par l'inconnu, guettent leurs partenaires... (Extrait d’un article de Télérama, février 2014) Boris Charmatz, lui, dans un article de la revue Agôn, "Danser contre des fantômes" évoque l'improvisation- archéologie : « Elle peut être entièrement nourrie et guidée par un travail de mémoire. Au lieu d’essayer de faire du nouveau, on peut se laisser flotter au gré d’une mémoire (ici sensorielle et littéraire) pour donner libre cours à 3 l’improvisation. Dès lors, l’improvisation n’est pas un instantané posé sur la page vierge mais, au contraire, une archéologie au présent… » À nous donc d'expérimenter l'improvisation avec nos élèves pour créer avec eux une forme théâtrale (inspirée d'un spectacle vu ensemble, d'un texte dramatique partagé et étudié collectivement, d'un dossier de présentation d'une création, ou de thématiques liées à leur quotidien) dans laquelle ils puissent se reconnaître et s'engager en vrais créateurs. Règles de l’improvisation proposées par Christophe Tournier (300 exercices d’improvisation et d’exploration théâtrale, et le Manuel d’improvisation théâtrale, ces deux ouvrages aux éditions de l’eau vive) :  accepte ! : ne dis jamais non, oui et ...  écoute ! : aie l’œil à tout  percute ! : n’anticipe pas, rebondis  anime ! : privilégie le geste à la parole  construis ! : avance, reste simple, sois précis  joue le jeu ! : accompagne les autres, joue le groupe, respecte les procédés de jeu  prépare ! : mets-toi en condition  innove ! : sois agile mentalement, cultive ta spontanéité  amuse-toi ! : passionne-toi, ne te censure pas  ose ! : expérimente, essaye TYPOLOGIE DE L'IMPROVISATION Les consignes d’une improvisation doivent être précises tout en restant ouvertes, on peut expérimenter des :  improvisations libres ou sur canevas (cf. les canevas ou lazzis de la commedia).  improvisations à contraintes : on peut imposer un nombre de joueurs, un registre, ou une référence (à la manière de…). C’est le ressort des matchs d’improvisation.  certaines improvisations permettent de mettre les élèves en train, de travailler les aléatoires d’une situation (toutes les façons de dire « Non » à quelqu’un par exemple, tous les possibles de la scène d’affrontement). Elles vont enrichir les possibles du jeu (du point de vue du rapport entre les personnages), des intonations (de l’ordre à la supplication), des rythmes ; elles se rapprochent de l’exercice de style qui pourrait être proposé pour n’importe quelle scène de théâtre où il y a conflit, et celles-ci sont nombreuses !  les improvisations stylistiques (jouer la situation « en Rap », « en comédie musicale », « en film muet ») sont d’ordinaire utilisées pour élargir la palette de jeu des élèves ; lorsqu’on travaille une scène, elles peuvent « décoincer » une interprétation qui reste figée, n’évolue plus. Elles permettent alors de prendre de la distance, du recul, et même si elles s’éloignent du propos du texte, on pourra y revenir ensuite en ayant élargi les possibles du jeu!  certaines improvisations cherchent à mettre les élèves dans un certain état, une énergie corporelle particulière avant de travailler la situation précise d’une scène. Elles peuvent obliger à prendre en compte un espace large ou restreint, un rythme excessivement lent ou syncopé dans les déplacements, obliger à l’immobilité ou à l’agitation. 4 EXEMPLE : Travailler l’épuisement des corps pour permettre une véritable écoute du texte, un accueil des mots et rien que des mots et donc s’exprimer différemment. L’urgence et l’essoufflement vont favoriser la justesse de l’interprétation (ouvrent des portes en modifiant le phrasé et la voix). Le corps devient prioritaire dans l’effort et permet d’utiliser d’autres voies que l’intellect pour dégager des émotions. Cette technique du « lâcher-prise » permet d’obtenir des résultats parfois plus rapides qu’un long travail d’explicitation du sens. Plus que la mise en valeur de la situation et des enjeux, il s’agit ici de travailler la justesse de l’interprétation. L'improvisation, au cœur du travail de création théâtrale nous permet donc d'explorer les fondamentaux du jeu, les textes (thématiques, personnages et situations) et leur mise en scène, le théâtre comme art, son histoire, son vocabulaire et ses composantes, tout en offrant à nos élèves un espace pour se connaître, aller à la rencontre des autres, s'exprimer et créer. 5 LES ORIGINES DE L’IMPROVISATION L'improvisation fait partie de l'histoire du théâtre et a sans doute toujours existé. Le premier format connu de théâtre improvisé est peut-être la comédie atellane qui se jouait à Rome au IIIe siècle av. J.-C. On peut aussi évoquer les joutes oratoires (dialectica) qui existaient au Moyen-Âge et étaient utilisées pour la formation des étudiants à l’université même si elles n’étaient pas spectacle (outil d'enseignement de la rhétorique par les jésuites). Improviser c'est donc entrer dans l'histoire d'un art et nous verrons que c'est aussi un outil pratique pour découvrir le théâtre... En France, c'est au XVIe siècle que l'improvisation acquiert ses premières lettres de noblesse avec la Commedia dell'arte. Improvisation partielle des textes mais fortement encadrée (entravée ?) par les canevas et les personnages types. Dans les années 50 à Chicago, Paul Sills, inspiré par les travaux de sa mère, Viola Spolin (qui développe ces jeux dans ses cours de théâtre pour enfants) a créé un genre de "Commedia moderne" uploads/s3/ improviser-ne-s-x27-improvise-pas.pdf

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