LES EXTENSIONS VERBALES E N GH:JMALA? GabrielMba Université d e Yaoundé 1 Camer

LES EXTENSIONS VERBALES E N GH:JMALA? GabrielMba Université d e Yaoundé 1 Cameroun Le présent article traite des extensions verbales en gh:,m'1il?, langue bamiléké des grass- fields du Camerollll. Nous y avons relevé deux suffixes verbaux (-•ra et -ta) et avons essayé d'étudier les fonctions sémantiques pouvant exister entre les formes simples et les formes dérivées. Le suffixe -ta est 'pluralisateur' tandis que le suffixe -•ra ajoute la notion de la personne à la forme simple du verbe. Un ensemble de sept formules se sont avérées efficaces pour cerner les multiples sens des formes variées. The present article deals with verbal extensions in Ghom'1il?, a Bamiléké language from the Grassfields of Cameroon. Two suffixes have been identified and as well as a set of semantic func- tions existing between the simple and derived fonns. A set of seven formulae have proven useful in handling the numerous meanings of the different fonns. O . INTRODUCTION Le gh:>mala? est une langue bantu d u groupe grassfield-est, couvrant les départements d e la Mifi, d u Koung-Khi e t des Hauts plateaux d e l'Ouest Cameroun. Elle regroupe un ensemble d e dialectes entre lesquels l'intercompréhension est bel e t bien établie bien que variant d'un groupe d e dialectes à l'autre. Beaucoup d'études linguistiques ont é t é entreprises jusqu'à ce jour sur le caractère bantu d u gh:>mala? e t partant des autres langues grassfields (Guthrie 1948, Stallcup 1980, Voorhoeve 1980, Leroy 1977, Dieu e t Renaud 1983.) Les travaux d u GTBG (Groupe travaillant sur le Bantu des Grassfields) relèvent une distinction e n grassfield ouest e t est. Le gh:>mala?, à l'instar d u m:xlumba, d u yemba, d u fe?efe?e e t d u ngyamoo:>IJ fait partie d u sous- groupe bamiléké central. L' Atlas linguistique d u Cameroun (Dieu e t Renaud 1983:360, 362) exprime la situation d u gh:>mala? ainsi qu'il suit: (1) mambiloïde bantou 1 bantou des grassfields _____ -....... grassfields-ouest bamileke central /\ =======--- 920 930 940 9 5 1 ngombale magaka ngomba ngyamb:>:>IJ 952 960 yemba gh:>mala? Le gh:>mala? selon Dieu e t Renaud s e subdivise en gh:>mala? sud avec trois dialec- tes (le Batie, le Bapa e t le Badenkop ), e n gh:>mala? centre avec quatre dialectes (le Bahouan, le Bandjoun, le Bayangam e t le Baham), e n gh:>mala? nord avec deux dialec- tes (le Bafoussam et le Baleng), e n ngamba avec cinq dialectes (le Bameka, le Bamougoun, le Bafounda, le Bansoa e t le Bamendjou). Dans la présente étude, les données ont été tirées d u parler d e Bandjoun, dialecte considéré comme reférence pour toute l'unité langue (Domche 1984; Domche e t Hat- field 1991). 78 Journal of West African Languages :XXVI.l (1996/97) De plus, nous allons nous inspirer d'une étude sur les extensions verbales en yemba, étude entreprise par Harro (1989:239-{)9). Le yemba, faut-il le rappeler, est une langue assez proche du gh:>mala? comme le révèle la classification linguistique. Nous emprunterons donc à Harro les sept formules qui permettent de décrire l'existence ou la non existence du verbe simple, le rapport sémantique entre le verbe simple et le verbe dérivé, l'apparition ou non du sens général de la dérivation (± SG) dans le verbe dérivé. Si le verbe dérivé provient du verbe simple, s'il y a identité de sens ou tout simplement différence de sens les notations suivantes seront respectivement utilisées: -. = et :z. 1 1. LE VERBE EN GH)MALA? Les verbes en gh:>mala? se subdivisent en deux grands groupes: les verbes à ton haut et les verbes à ton bas. Les tons portés par les verbes subissent des modifications selon les modes et les aspects signifiés. (2) VERBES A TON HAUT ha donner pé prendre 1am mordre VERBES A TON BAS kwà porter sà couvrir de terre là prendre Quel que soit le groupe du verbe, il connaît deux formes appelées grossièrement forme simple et forme prénasalisée ou encore première et deuxième forme. En fait, la première forme qui est la forme la plus simple du verbe apparaît notamment à l'impératif. C'est aussi la forme de l'aspect accompli. La deuxième forme se rencontre à l'inaccompli. Les deux formes diffèrent par un mécanisme d'alternance consonan- tique assez régulier selon que le verbe est à initiale occlusive ou mi-occlusive sourde, à initiale fricative sonore ou à initiale nasale ou fricative sourde (Nissim 1972:93-8) Pour les verbes à initiale nasale ou fricative sourde la première et la deuxième forme restent identiques. (3) lERE FORME 2E FORME mi déranger mi ga? porter ga? nS chasser nS sS fendre sS ha donner ha fé sucer fé Pour les verbes à initiale fricative sonore, la deuxième forme du verbe commence par l'occlusive ou la mi-occlusive correspondante. (4) lERE FORME 2E FORME vî? gh3 zà activer le feu aller être amer bvî? g3 dzà Les verbes à initiale occlusive ou mi-occlusive sourde quant à la première forme sont précédés à la deuxième forme par une nasale homorganique. 1 Abréviations dans cet article: lNF: infinitif; NEG: négation; NV: non-verbal; PPR: présent progressif; REL: relatif; RES: résultatif; SG: sens général; V-nya: verbe dérivé e n -nya; V-b: verbe dérivé en -ta; > : devient; •: non existant; = : identique; ௭ : totalement différent. Les extensions verbales en gh:>mala? 79 (5) lEREFORME 2E FORME ké appeler gké té enlever nté pé prendre bé pfti mourir mpfti tsaà peser dzaà (6) lEREFORME 2EFORME cyà passer shyà ti dormir di mm blesser dtim mm faucher nmm La présence de la nasale modifie parfois la consonne suivante, soit dans le sens de la constriction, soit dans le sens de la sonorisation dom et ntum correspondent aux 2e formes des verbes mm 'blesser' et mm 'faucher, désherber'. Les deux sens sont maintenus distincts dans la langue pour ce qui est de la 2e forme sans qu'apparemment aucune explication so.it donnée. Mais, nous postulons pour le moment qu'il s'agit d'une différence régie par l'usage d'un complement +animé pour dtim et -inanimé pour nmm. Tout locuteur de la langue après dtim n'utilisera qu'un complément animé (personne, animal) et après nmm un complement inanimé (herbes). Le radical verbal se présente sous la forme C 1V (C 2) . Si toutes les consonnes peuvent figurer en position initiale du radical verbal, certaines seulement peuvent figurer en position finale (p, k, m, g, ?) (7) pap réchauffer pak arranger tam tirer dessus tag creuser pu? battre L a base verbale. Leroy (1982:125) définit la base verbale comme étant la partie lexi- cale d'une forme verbale. Bien que cette définition ait été produite alors qu'elle travail- lait sur les extensions verbales en mankon, elle reste valable pour le cas du gh:>mala?. Ainsi donc, la base verbale peut être simple ou dérivée comme le constate aussi bien Harro (1989) en yemba. L'infmitif. A l'état actuel de nos recherches, l'infinitif en gh:>mala? se rend par le préfixe na plus la base verbal qui est la forme de base ou la forme nue du verbe, suivie d'un ton flottant bas (') porté par la voyelle finale de la base. (8) Verbes à ton haut PREFIXE RADICAL TON FLOTTANT INFINITIF na pfci napfâ manger na ha nahâ donner na té natê enlever na pu napû enrouler (9) Verbes à ton bas PREFIXE RADICAL TON FLOTTANT INFINITIF na 1 3 nal3 pleurer na sà nasà enterrer na kwà nakwà porter na 53? nas3 venir na sàm nasàm couvrir 80 Journal of West African Languages XXVI.l (1996/97) L e nom verbal. Le nom verbal est structurellement conforme à l'infinitif. Son sens équivaut à •t•action de' ou •te fait de'. (l0)RAD1CAL NOM VERBAL pé napê le fait de prendre sa nasâ le fait de couper tam natâm l'action de tisser 1 3 nal3 l'action de pleurer ghàm naghàm l'action d'attraper kwà nakwà l'action de porter Le nom verbal apparaît dans plusieurs types de constructions dans la langue. En voici quelques exemples: (ll)Comme sujet dans un énoncé non verbal natsû ywa te? ka pûg manger chose beaucoup N E G être"bon NV Manger beaucoup n'est pas bon. (12)néfâ? pùg travailler être"bon NV Travailler est bon. (13)Après un adjectif shyâ ha i pug nanwâ eau RES il être"bon boire NV L'eau, elle est bonne à boire. I Le fait de boire de l'eau est bon. (14)Dans les phrases à futur proche pya wa ta nto? n.Skwa pà? nous P P R jusqu'à commencer construire maison Nous sommes en train de construire une maison. (15)En fonction complément après les verbes attendre, savoir, apprendre, être en mesure de, être capable de, vouloir, aider, pouvoir, voir wap w.S byap nay é ils P P R attendre voir lui NV Ils attendent de le voir. (16)pya w.S danya n.Sgh;,m nous P P R apprendre parler NV gh;,mala? gh:>Inala? Nous apprenons à parler le gh:>mala?. (17)2 zhy.S n.Skê il savoir lire NV ywa chose Il sait lire quelque chose. Les extensions verbales en gh mala? (18)pô pa ka WUIJ JJku? enfants mes NEG encore être nagh:, shya aller eau N V Mes enfants ne sont pas uploads/s3/ grammaire-gomala-digit.pdf

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