Manfred Overmann Introduction à la linguistique http://www.ph-ludwigsburg.de/ht

Manfred Overmann Introduction à la linguistique http://www.ph-ludwigsburg.de/html/2b-frnz-s-01/overmann/baf5/introling.doc http://www.ph-ludwigsburg.de/html/2b-frnz-s-01/overmann/baf3/3m.htm Je tiens à remercier tout particulièrement Henriette Gezudhajt du département d’études françaises de l’Université de Toronto qui m’a autorisé à utiliser ses documents pour la construction de ce dossier Sources : http://www.linguistes.com/ [Henriette Gezundhajt] Les grands courants en linguistique I La Linguistique et ses écoles Il faut savoir que la linguistique regroupe un certain nombre d'écoles qui ont toutes en commun d'avoir le langage comme objet d'étude mais qui n'abordent pas forcément les problèmes du même point de vue. Les linguistiques internes sont des disciplines autonomes. On y trouve les linguistiques structurales proprement dites (fonctionnalisme, distributionnalisme, générativisme reliés au structuralisme à des degrés divers) et les linguistiques *énonciatives qui en découlent. Certaines linguistiques dites internes se suffisent à elles-mêmes alors que d'autres sont associées à une discipline différente (sociologie, ethnologie, psychologie, neurologie...). Par exemple, la sociolinguistique étudie la langue comme révélateur sociologique.... II Historique : Avant 1916 on s'occupait surtout de linguistique historique (philologie). Saussure était à l'origine un spécialiste de l'indo-européen. En 1875, il avait publié un ouvrage diachronique sur les voyelles de l'indo-européen. En 1916, deux de ses étudiants publient le « Cours de linguistique générale » (1916) De 1930 - 1975 on constate l'hégémonie du structuralisme Les linguistiques énonciatives apparaissent en 1956 avec « La nature des pronoms » de Benveniste et n'ont cessé d'évoluer depuis. * Un énoncé est le produit d’un énonciateur au cours d’un acte d’énonciation dans une situation donnée. III L'objet du structuralisme La linguistique structurale est un courant qui réunit un groupe d'écoles dans lesquelles la langue est étudiée comme un système doté d'une structure décomposable. 2 Le langage est découpé en plusieurs niveaux, et chacun est étudié par une discipline qui lui est propre : Articulation - phones Phonétique (Description des unités sonores de base) Phonèmes (36 en Français) Phonologie (Étude du rôle des sons dans le système linguistique) Syllabe (quelques centaines) Morphologie (Étude de la structure grammaticale des mots) Mots (environ 50 000, mais la liste n'est pas exhaustive) Lexicologie (Étude des vocabulaires composant le lexique d'une langue) Propositions Sémantique (Étude de la signification) Phrases (nombre illimité) Syntaxe (Étude des combinaisons et des relations entre les formes qui composent la phrase) Énoncés (nombre illimité) Énonciation et pragmatique (Étude de la production et de la reconnaissance langagière par des énonciateurs dans une situation donnée) 3 LES DOMAINES DE LA LINGUISTIQUE A. Représentation statique Les éléments constitutifs du langage son mot phrase LEXICOLOGIE GRAMMAIRE nature fonction et arrangement* forme sens forme des mots** fonction et arrangement des mots PHONÉTIQUE PHONOLOGIE MORPHOLOGIE LEXICALE SÉMANTIQUE MORPHOLOGIE GRAMMATICALE SYNTAXE *Arrangement des sons dans la chaîne parlée **Variation de la forme des mots dans la phrase B. Représentation dynamique phonème composition morphème mot décomposition phrase Forme/ Expression PHONOLOGIE MORPHOLOGIE SYNTAXE Contenu/ Sens SÉMANTIQUE « Deuxième articulation » « Première articulation » Au niveau de la première articulation, l’énoncé s’articule en unités douées de sens dont les plus petites sont les morphèmes (ou monèmes) ; au niveau de la deuxième articulation, chaque morphème s’articule en unités dépourvues de sens dont les plus petites sont les phonèmes. (A. MARTINET, « La double articulation du langage », dans Éléments de linguistique générale, A. Colin, 1960. 5 Les concepts de base de la linguistique Pourquoi étudier la langue? Quand on y pense, on constate que le langage humain est un phénomène assez extraordinaire. Par le simple fait de faire bouger les cordes vocales d'une certaine façon, nous pouvons influencer une autre personne d'une manière prévisible. Très souvent, les énoncés que nous entendons et que nous prononçons sont nouveaux pour nous: c'est la première fois de notre vie que nous les utilisons. Par exemple, si vous considérez l'ensemble des phrases que vous avez lues jusqu'ici dans ce manuel, il est très probable que presque toutes sont nouvelles pour vous. Pour le dire autrement, les langues se caractérisent par l'ouverture et par la créativité. Mais en même temps, en comparant les différentes langues entre elles, nous constatons des traits communs essentiels partagés par toutes. Les paramètres de l'ouverture semblent donc fixés de façon assez sévère. Autre aspect surprenant: malgré le fait que nous connaissons tous des milliers de mots (et des millions de phrases possibles), nous arrivons à trouver, très rapidement et sans même y faire attention, les mots et les phrases nécessaires dans notre communication de tous les jours. Ceux qui apprennent une langue étrangère peuvent mesurer l'écart entre les difficultés qu'ils ont dans les premières années de l'apprentissage d'une autre langue et leur utilisation quotidienne de leur langue maternelle. Non seulement avons-nous la capacité de manipuler un nombre énorme de mots et de phrases, mais nous pouvons aussi ajuster notre utilisation de la langue pour tenir compte du contexte. Par exemple, il arrive parfois qu'on ne comprenne pas un mot qu'on entend ou qu'on lit. Malgré cela, le plus souvent on arrive à combler de telles lacunes au moyen du contexte. Ou encore, dans une situation où il est difficile d'entendre l'autre personne (musique forte, machines bruyantes) nous faisons les ajustements nécessaires pour que la communication fonctionne. Et ce n'est pas tout: il n'existe pas deux personnes qui parlent de la même façon. C'est même l'existence de ce genre de variation qui nous permet d'identifier notre interlocuteur au téléphone, par exemple. Mais malgré ces divergences interindividuelles, nous comprenons la plupart des phrases que nous entendons. Malgré la richesse de nos capacités linguistiques, il n'existe jusqu'à présent aucune grammaire complète d'aucune langue humaine. Nous savons comment parler, mais dans l'ensemble, nous avons beaucoup de difficulté à expliciter ce que nous savons. C'est justement la tâche de la linguistique: rendre explicite ce que nous savons sur la langue. Les points de vue normatif et descriptif La linguistique est l'étude scientifique du langage humain. Cette définition très générale appelle un certain nombre d'explications et de distinctions. Considérons les phrases suivantes: 1. J'ai mis la tasse sur la table. 2. Mes ami est là. 3. Elle a septante-trois ans. 4. On a pris une autobus. Ça a coûté quinze piasses. 5. Fais pas ça! 6. Où est la tasse que j'ai mis sur la table? 7. Bébé dodo. 8. Elle est assez cute. 9. C'est une professeure de linguistique à Montréal. 10. ARRIVE DEMAIN. AMITIES. PAUL. 11. l'école [kel l] Selon un point de vue strictement normatif (c'est-à-dire du point de vue des dictionnaires et des grammaires de ce qu'on appelle le français standard), toutes les phrases sauf la première seraient fautives. Exercice: Trouvez les 'erreurs' et expliquez dans quel contexte on utiliserait chacun des exemples précédents. Par contre, à part la deuxième phrase, qu'en principe aucun francophone ne prononcerait en connaissance de cause, toutes ces phrases se disent dans la francophonie, dans un contexte ou dans un autre. Il faut admettre dès le début que ce qu'on appelle le français `standard' ou le français `normatif' ne représente qu'une très petite tranche du français. Tout un ensemble de dimensions viennent compliquer ce tableau. Comme toute autre langue, le français varie selon la région, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction des locuteurs, le registre, le genre, la situation et le médium (langue orale ou langue écrite), pour ne nommer que ces facteurs. En même temps, une langue se renouvelle constamment, au moyen de créations internes et d'emprunts à d'autres langues. La grammaire normative d'une langue fixe des principes pour la communication écrite soignée, mais n'a pas beaucoup à dire sur les autres variétés. Et pourtant, toutes les sortes de variation présentées ci-dessus existent, et ont existé depuis bien longtemps. Il faut donc en tenir compte. Pour le faire, la linguistique se sert de l'approche descriptive, qui consiste à relever et à décrire les variations d'usage dans une communauté, sans porter de jugements a priori sur leur acceptabilité. Notez bien cependant que cela n'implique pas l'absence de jugements de valeur dans une communauté linguistique. Chaque registre, chaque région a ses normes, et tout écart est vu comme 'bizarre' par les locuteurs: on dira que la personne qui a un parler trop soigné 7 qu'il (ou elle) "parle comme un livre", ou dans le cas de la prononciation, qu'il (ou elle) "a un accent". La linguistique tiendra compte des jugements de la sorte, puisqu'ils indiquent les limites de chaque variété linguistique. Mais aucun linguiste ne rejetera une variété linguistique pour des questions de norme. Expérience: Trouvez un cas de conflit entre variétés linguistiques que vous avez vécu. Qu'est-ce qu'on a dit ou fait qui a mis en valeur le conflit? Quelle dimension linguistique était en jeu dans le conflit? Sources des données linguistiques Les données linguistiques proviennent d'une variété de sources, principalement l'observation et les corpus. L'observation Tout autour de nous, on se sert de la langue. Le plus souvent, ce qui nous intéresse, c'est le contenu de ce qu'on dit ou écrit. La forme particulière nous intéresse moins. Expérience: Pour vous convaincre du statut secondaire de la forme dans la communication quotidienne, écoutez quelqu'un qui parle, en personne, à la radio, ou à la télévision. Au bout de uploads/s3/ intro-ling.pdf

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