The Project Gutenberg EBook of Lettres intimes, by Hector BerliozThis eBook is
The Project Gutenberg EBook of Lettres intimes, by Hector BerliozThis eBook is f or the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoev er. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gu tenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.orgTitle: Let tres intimesAuthor: Hector BerliozRelease Date: November 27, 2011 [EBook #38150] Language: French*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LETTRES INTIMES ***Pro duced by Chuck Greif and the Online DistributedProofreading Team at http://www.p gdp.net (This file wasproduced from images available at the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) LETTRES INTIMES CALMANN LÉVY, ÉDITEUR OUVRAGES DE HECTOR BERLIOZ FORMAT GRAND IN-18 A travers chants 1 vol. Correspondance inédite 1 vol. Les Grotesques de la musique 1 vol. Les Soirées de l'orchestre 1 vol. Mémoires, comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre, 1803-1865 2 vol. Coulommiers.—Typ. Paul BRODARD. HECTOR BERLIOZ ———— LETTRES INTIMES AVEC UNE PRÉFACE PAR CHARLES GOUNOD PARIS CALMANN LÉVY, ÉDITEUR ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES 3, RUE AUBER, 3 — 1882 Droits de reproduction et de traduction réservés TABLE PREFACE Il y a, dans l'humanité, certains êtres doués d'une sensibilité particulière, qui n'éprouven t rien de la même façon ni au même degré que les autres, et pour qui l'exception devient la règle. Chez eux, les particularités de nature expliquent celles de leur vie, laq uelle, à son tour, explique celle de leur destinée. Or ce sont les exceptions qui mène nt le monde; et cela doit être, parce que ce sont elles qui payent de leurs luttes et de leurs souffrances la lumière et le mouvement de l'humanité. Quand ces coryphées de l'intelligence sont morts de la route qu'ils ont frayée, oh! alors vient le tr oupeau de Panurge, tout fier d'enfoncer des portes ouvertes; chaque mouton, glor ieux comme la mouche du coche, revendique bien haut l'honneur d'avoir fait triom pher la révolution: J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine! Berlioz fut, comme Beethoven, une des illustres victimes de ce douloureux privilèg e: être une exception; il paya chèrement cette lourde responsabilité! Fatalement, les exceptions doivent souffrir, et, fatalement aussi, elles doivent faire souffrir. Comment voulez-vous que la foule (ce profanum vulgus que le poète Horace avait en exécration) se reconnaisse et s'avoue incompétente devant cette petite audacieuse d e personnalité qui a bien le front de venir donner en face un démenti aux habitudes invétérées et à la routine régnante? Voltaire n'a-t-il pas dit (lui, l'esprit s'il en fut) que personne n'avait autant d'esprit que tout le monde? Et le suffrage universe l, cette grande conquête de notre temps, n'est-il pas le verdict sans appel du sou verain collectif? La voix du peuple n'est-elle pas la voix de Dieu?... En attendant, l'histoire, qui marche toujours et qui, de temps à autre, fait justi ce d'un bon nombre de contrefaçons de la vérité, l'histoire nous enseigne que partout, dans tous les ordres, la lumière va de l'individu à la multitude, et non de la mult itude à l'individu; du savant aux ignorants, et non des ignorants au savant; du so leil aux planètes, et non des planètes au soleil. Eh quoi! vous voulez que trente-si x millions d'aveugles représentent un télescope et que trente-six millions de brebis fassent un berger? Comment! c'est donc la foule qui a formé les Raphaël et les Mich el-Ange, les Mozart et les Beethoven, les Newton et les Galilée? La foule! mais el le passe sa vie à juger et à se déjuger, à condamner tour à tour ses engouements et ses répu gnances, et vous voudriez qu'elle fût un juge? Cette juridiction flottante et cont radictoire, vous voudriez qu'elle fût une magistrature infaillible? Allons, cela e st dérisoire. La foule flagelle et crucifie, d'abord, sauf à revenir sur ses arrêts pa r un repentir tardif, qui n'est même pas, le plus souvent, celui de la génération cont emporaine, mais de la suivante ou des suivantes, et c'est sur la tombe du génie qu e pleuvent les couronnes d'immortelles refusées à son front. Le juge définitif, qui es t la postérité, n'est qu'une superposition de minorités successives: les majorités sont des «conservatoires de statu quo»; je ne leur en veux pas; c'est vraisemblablement l eur fonction propre dans le mécanisme général des choses; elles retiennent le char, ma is enfin elles ne le font pas avancer; elles sont des freins,—quand elles ne sont pas des ornières. Le succès contemporain n'est, bien souvent, qu'une question de mod e; il prouve que l'œuvre est au niveau de son temps, mais nullement qu'elle doive lui survivre; il n'y a donc pas lieu de s'en montrer si fier. Berlioz était un homme tout d'une pièce, sans concessions ni transactions: il appart enait à la race des «Alceste»; naturellement, il eut contre lui la race des «Oronte;»—et Die u sait si les Oronte sont nombreux! On l'a trouvé quinteux, grincheux, hargneux, q ue sais-je? Mais, à côté de cette sensibilité excessive poussée jusqu'à l'irritabilité, il eû allu faire la part des choses irritantes, des épreuves personnelles, des mille reb uts essuyés par cette âme fière et incapable de basses complaisances et de lâches courbe ttes; toujours est-il que, si ses jugements ont semblé durs à ceux qu'ils atteignaie nt, jamais du moins n'a-t-on pu les attribuer à ce honteux mobile de la jalousie s i incompatible avec les hautes proportions de cette noble, généreuse et loyale natur e. Les épreuves que Berlioz eut à traverser comme concurrent pour le grand prix de Rome furent l'image fidèle et comme le prélude prophétique de celles qu'il devait rencontr er dans le reste de sa carrière. Il concourut jusqu'à quatre fois et n'obtint le pri x qu'à l'âge de vingt-sept ans, en 1830, à force de persévérance et malgré les obstacles de toute sorte qu'il eut à surmonter. L'année même où il remporta le prix avec sa cantate d e Sardanapale, il fit exécuter une œuvre qui montre où il en était déjà de son développement rtistique, sous le rapport de la conception, du coloris et de l'expérience. Sa Sym phonie fantastique (épisode de la vie d'un artiste) fut un véritable événement musical, de l'importance duquel le fanatisme des uns et la violente opposition des autres peuvent donner la mesure. Quelque discutée cependant que puisse être une semblable composition, elle révèle, dans le jeune homme qui la produisait, des facultés d'invent ion absolument supérieures et un sentiment poétique puissant qu'on retrouve dans tou tes ses œuvres. Berlioz a jeté dans la circulation musicale une foule considérable d'e ffets et de combinaisons d'orchestre inconnus jusqu'à lui, et dont se sont emparés mêm e de très illustres musiciens: il a révolutionné le domaine de l'instrumentation et, s ous ce rapport du moins, on peut dire qu'il a «fait école». Et cependant, malgré des tri omphes éclatants, en France comme à l'étranger, Berlioz a été contesté toute sa vie; en dépit d'exécutions auxquelles sa direction personnelle de chef d'orchestre éminent et son infatigable énergie ajoutaient tant de chances de réussite et tant d'éléments de clarté, i l n'eut jamais qu'un public partiel et restreint; il lui manqua «le public», ce tout le monde qui donne au succès le caractère de la popularité: Berlioz est mort des reta rds de la popularité. Les Troyens, cet ouvrage qu'il avait prévu devoir être pour lui la source de tant de chagrins, les Troyens l'ont achevé: on peut dire de lui, comm e de son héroïque homonyme Hector, qu'il a péri sous les murs de Troie. Chez Berlioz, toutes les impressions, toutes les sensations vont à l'extrême; il ne connaît la joie et la tristesse qu'à l'état de délire; comme il le dit lui-même, il est un «volcan». C'est que la sensibilité nous emporte aussi loin dans la douleur que dans l a joie: les Thabor et les Golgotha sont solidaires. Le bonheur n'est pas dans l' absence des souffrances, pas plus que le génie ne consiste dans l'absence des défaut s. Les grands génies souffrent et doivent souffrir, mais ils ne sont pas à plaindre; il s ont connu des ivresses ignorées du reste des hommes, et, s'ils ont pleuré de trist esse, ils ont versé des larmes de joie ineffable; cela seul est un ciel qu'on ne p aye jamais ce qu'il vaut. Berlioz a été l'une des plus profondes émotions de ma jeunesse. Il avait quinze ans de plus que moi; il était donc âgé de trente-quatre ans à l'époque où moi, gamin de dix-neuf a ns, j'étudiais la composition au Conservatoire, sous les conseils d'Halévy. Je me so uviens de l'impression que produisirent alors sur moi la personne de Berlioz et ses œuvres, dont il faisait souvent des répétitions dans la salle des concerts du Cons ervatoire. A peine mon maître Halévy avait-il corrigé ma leçon, vite je quittais la clas se pour aller me blottir dans un coin de la salle de concert, et, là, je m'enivrai s de uploads/s3/ lettres-intimes.pdf
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- Publié le Mar 28, 2022
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