Naissance de l’esthétique Cours n°1 : On va s’interroger sur la question de l’a
Naissance de l’esthétique Cours n°1 : On va s’interroger sur la question de l’autonomie de l’art. Nomos c’est la loi, l’autonomie c’est donc ce qui se donne sa propre loi. On va prendre une perspective historique et se pencher sur l’histoire des idées. Il va par exemple falloir se mettre dans la peau d’un homme du XIXème afin de comprendre certaines idées par exemple mais si cela reste intrinsèquement impossible. Il nous faut faire ça car le passé est l’origine de ce que nous sommes. On cherche à s’intéresser sur la pertinence de ces idées passées et mêmes si ces réflexions ne sont pas parfaitement actuelles elles peuvent nous intéresser. La question de l’autonomie de l’art est d’actualité : c’est par exemple la question de la censure actuelle de certaines œuvres parce qu’elles ne correspondraient plus à nos valeurs. Le problème est qu’on a là une réflexion morale sur l’art, or cela est-il pertinent ? L’art est-il donc autonome et par conséquent n’a qu’à répondre au tribunal de l’art ? Par exemple avant on ne pouvait pas montrer 2 amoureux qui s’embrassaient dans un film alors qu’aujourd’hui cela nous parait désuet. Mais la censure reste présente : en témoigne Matzneff, Polanski etc… Saint-Augustin (354-430) : ils se posent la question du rapport entre l’objet beau et le sujet qui le trouve beau. Les choses sont belles donc elles procurent du plaisir. La beauté est dans l’objet artistique. « Si la question m'était posée de savoir si les choses sont belles parce qu'elles procurent du plaisir, ou bien alors si elles procurent du plaisir par le fait qu’elles sont belles, voici ce que […] je répondrais : elles procurent du plaisir parce qu’elles sont belles. » De vera religione Saint Thomas (1224-1274) : nous aimons une chose parce qu’elle est belle et bonne (dimension affective et morale). « Une chose n’est pas belle parce que nous l’aimons, mais nous l’aimons parce qu’elle est belle et bonne. » Sur les noms divins Les 2 plus grands théologiens du christianisme sont d’accord sur cette question. L’avantage de cette position est qu’elle donne une dimension objective à la beauté car c’est une qualité de l’objet. On pourrait être critique et dire que la beauté vient au contraire de notre regard. Cette position a le problème de favoriser le subjectivisme et ses problèmes (impossible de disputer de la beauté). Tout le débat résulte donc dans le fait que sur la beauté de certaines choses les gens ne sont pas d’accord (ex : Jeff Koons et l’art contemporain plus généralement) tandis que sur d’autres il semble tout de même exister un consensus (ex : la pyramide du Louvre). Au XVIIIème on a un mouvement de bascule qui fait qu’on rompt avec la position de Saint Augustin : l’art viendrait de nous, de notre œil. Le Beau ne vient pas d’une qualité intrinsèque de l’œuvre. C’est l’avènement de l’esthétique. Mais dès lors comment éviter la dissolution de l’expérience de la beauté dans une particularisation sans fin ? Chez Kant on a la même question : comment le jugement esthétique peut être subjectif et à la fois universel ? Barthez est un médecin et un idéologue. Livre édité en 1807. « La beauté est une qualité relative et secondaire (…) qui n’a d’existence que dans le sentiment ». Ce sentiment est à sa façon une chose réelle (par opposition à Saint Augustin qui ne voyait de beauté réelle que dans l’objet). Nous sommes dès lors à l’époque du sensualisme : relation entre l’être humain et les choses extérieures. Addison considère que la question ne peut être résolu qu’à partir du concept de goût. Il faut s’arranger pour que le bon goût l’emporte. Il s’agit que l’élite soit éclairée. Il faudrait une forme d’éducation au goût. L’art doit se rendre conforme au goût. L’objet doit se plier à mon plaisir. Ce ne sont pas les académies de peinture qui doivent dire comment l’on doit peindre mais plutôt le public qui doit dicter ses lois. Ce renversement de l’esthétique est parallèle à un renversement social : les règles du marché avec l’offre et la demande qui émergent mettent en avant le fait que c’est désormais la demande qui décide. (Voir doc). Cela s’oppose à l’esthétique des règles (dont parle Addison dans son texte et qu’il critique) qui dit qu’il faut des règles pour produire quelque chose de beau (cela se retrouve dans la peinture avec l’Académie des Beaux-Arts qui choisit les œuvres que l’on expose ou non → Ex : Cézanne qui se fait refuser l’exposition de ses œuvres au début de sa carrière). Or cela revient à dire que le Beau est encore du côté de l’objet, comme si c’était une de ses qualités. Baumgarten expose que le « goût est le jugement des sens ». Vision très sensorielle de la beauté. Diderot expose qu’il donne des jugements sur la peinture alors qu’il n’est pas peintre ni amateur. Le savoir-faire académique de la peinture était dans les mains des peintres et des amateurs. On a une légitimation du point de vue individuel sur l’art. Il dit simplement ce qu’il pense. Son expérience a un sens à être partagée. Salon de 1767 : « Au reste, n’oubliez pas que je ne garantis ni mes descriptions, ni mon jugement sur rien ; mes descriptions, parce qu’il n’y a aucune mémoire sous le ciel qui puisse rapporter fidèlement autant de compositions diverses ; mon jugement, parce que je ne suis ni artiste, ni même amateur. Je vous dis seulement ce que je pense ; et je vous le dis avec toute ma franchise » Saint-Yenne critique lui aussi la notion de règles. On peut prendre l’exemple de la querelle du Cid avec la règle des 3 unités d’une pièce. Rousseau évoque une démocratisation de la politique que l’on peut relier par analogie avec cette démocratisation de l’art : c’est parce que je ne suis pas politique ou lié à ce milieu que je peux juger. La naissance de l’individualisme va donc de pair avec la naissance de l’esthétique (on est au 18ème siècle). On n’a plus besoin d’être un expert d’art pour juger d’une œuvre. (Voir doc) Cassirer (historien du XXème qui parle de cette histoire). (Voir doc). 1er texte de Cassirer : Le projet cartésien était un projet qui avait pour objectif de tout investir (les sciences mais pas que), dont l’art. Dans l’idée de réglementation, on ne veut pas poser artificiellement des normes, on veut découvrir en un sens les « lois de la beauté » comme le physicien qui cherche à établir les lois physiques. Il y a un double sens dans le mot « loi » : décision arbitraire (fermer les cafés à 22 h) / ce qui est dans la réalité (loi physique). Selon Descartes la réalité est rationnelle, or nous sommes aussi rationnels, donc nous pouvons comprendre le monde. Les lois fixées ne le sont donc pas arbitrairement, elles sont conformes à la nature. La réalité correspond à ce que je pense rationnellement. On doit donc imiter les Grecs parce que les Grecs avaient su comprendre la nature. La statue grecque nous donne par exemple l’idéal du corps humain. Cours n°2 : La perspective cartésienne tend à rationnaliser l’art et sa production (une poétique = texte qui nous dit comment faire qqch de beau). De leur point de vue, ce n’est pas la question de la tradition mais de la « bonne méthode » pour atteindre le Beau. Il faut comprendre la nature pour bien la représenter telle qu’elle est. On cherche des lois inhérentes à la réalité, comme le scientifique. 2ème texte de Cassirer : Le passage de Descartes à Newtown dont parle Cassirer fait référence au passage du rationalisme à l’empirisme (Hume → Revoir De la norme du goût). La beauté en perdant son objectivité perd aussi son universalité. On va donc désormais chercher une universalité du côté du spectateur et non plus de l’objet. Il faut cette universalité pour ne pas tomber dans une dissolution de la beauté : chacun dit ce qui est beau et il est impossible d’en discuter. Plusieurs réponses vont être données à ce problème mais selon des perspectives différentes : - On peut prendre une perspective sociale et dire qu’un certain groupe social devient le bon juge pour le beau. - Hume va aborder ce problème en définissant qui peut être le « bon juge » selon différentes règles empiriques. - Kant va aborder ce problème de façon philosophique dans Critique de la faculté de juger. Kant produit une pensée anthropologique, c’est-à-dire qu’il s’appuie sur ce qu’il constate dans les comportements humains. On passe de la recherche de règles pour l’esthétique à la recherche de règles pour la conscience esthétique. L’esthétique n’est pas ce qui nous sépare mais ce qui nous réunit comme en témoigne l’émoi commun devant une même scène de film. On a un partage des émotions devant une œuvre d’art. Du Bos, Réflexions (voir doc) : Raisonnement tout à fait novateur. « Il juge sans uploads/s3/ litterature-et-philosophie-cours-1.pdf
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- Publié le Jan 27, 2022
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