1 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon Table des matières
1 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon Table des matières 03 Biographie 15 Œuvres phares 42 Importance et questions essentielles 54 Style et technique 62 Où voir 64 Notes 69 Glossaire 72 Sources et ressources 76 À propos de l’auteur 77 Copyright et mentions 2 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon Louis Nicolas (1634-après 1700), qui passa onze ans en Nouvelle- France en tant que missionnaire jésuite, est l’auteur d’un manuscrit illustré connu aujourd’hui sous le nom de Codex canadensis – l’un des trésors du début de l’art colonial de la région. Intrépide voyageur et linguiste de talent, Nicolas s’intéressa spécialement à l’histoire naturelle et à l’ethnographie durant son séjour comme missionnaire. Ses dessins des plantes, des animaux et des peuples autochtones sont admirables et par leur sujet et par leur style, et sont loin des tableaux religieux et des portraits qui dominaient la peinture en Nouvelle- France durant cette période. 3 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon GAUCHE: Collège jésuite à Tournon-sur-Rhône, Imprimeries Réunies de Nancy, collection de J. Malet. DROITE: Giovanni Capassini, Portrait du cardinal de Tournon, 16e siècle, huile sur bois, 18,1 x 14,2 cm, collection privée, Avignon. LA VOCATION MISSIONNAIRE Louis Nicola1 est né le 15 août 1634 à Aubenas, dans l’Ardèche, région du Sud-Ouest de la France2 et fut baptisé le 4 septembre3. On ne sait pas grand- chose de sa vie avant son entrée dans la Société de Jésus à Toulouse le 16 septembre 1654, quelques mois après la mort de sa mère. Avant cette date, il a pu fréquenter une de ces écoles gratuites établies par les jésuites dans toute la France pour instruire les enfants pauvres mais motivés. Novice chez les jésuites, il suivit pendant dix ans leur curriculum mettant l’accent sur la « grammaire » (entendez la langue parlée et écrite) et la philosophie (d’Aristote telle qu’interprétée par saint Thomas d’Aquin, plutôt que les théories de Francis Bacon ou de René Descartes qui intégraient les découvertes scientifiques contemporaines)4. Durant cette période, il enseigna aussi la grammaire pendant quatre ans à Saint-Flour (1656-1660) puis un an à Puy-en-Velay (1661), avant de faire des études de philosophie à Tournon-sur-Rhône, en 1661-1663, école fondée par François de Tournon (voir figure). On ignore où Nicolas a appris à dessiner. Peut-être avait-il simplement développé un talent naturel, ce qui expliquerait le style naïf des illustrations du Codex canadensis5. Pour ne donner qu’un exemple de ce que nous avançons ici, voyez la page 51 du Codex consacrée à « La petite chouette » au « chatuant » et à une « autre chouette ». Son intention était certainement plus scientifique qu’artistique et il faut le comparer à d’autres naturalistes, dont par exemple Conrad Gessner (1516-1565), plutôt qu’aux grands artistes de son temps. Considéré comme naturaliste, malgré son manque d’apprentissage, il est arrivé à fournir énormément d’information dans ses dessins et ses écrits. Les jésuites formèrent un ordre religieux catholique, attaché au pape, opposé à la Réforme en Europe et intéressé par l’éducation. Ayant l’ambition de convertir le monde entier au catholicisme, ils se firent missionnaires et au dix- septième siècle, on les retrouve en Chine ou au Brésil, et en Amérique du Nord. Certains des missionnaires jésuites en Chine, comme les pères Matteo Ricci, Johann Adam Schall von Bell et Ferdinand Verbiest, firent sensation quand, utilisant leur connaissance en astronomie, ils prédirent les éclipses du soleil ou de la lune. C’était pour eux une façon d’attirer l’attention sur de grands mystères, les mystères de la foi chrétienne. Dans le même but, les missionnaires apprirent les langues autochtones et se familiarisèrent avec les coutumes des peuples à convertir. 4 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon GAUCHE: Louis Nicolas, La petite chouette, Codex Canadensis, page 51, s. d., encre sur papier, 33,7 x 21,6 cm, Gilcrease Museum, Tulsa, Oklahoma. DROITE: Une représentation du hibou dans Conrad Gessner, The History of Animals (Historiae Animalium), 1555, vol. III, p. 742. La carrière de Louis Nicolas fut sous l’ordre des jésuites de 1654 jusqu’à environ 1678. Ses supérieurs l’encouragèrent à faire avec diligence son travail missionnaire, tout en lui laissant beaucoup d’initiative. Nicolas ne fut pas toujours très obéissant au sein de cet ordre très hiérarchique, préférant suivre ses inclinations naturelles. Ses professeurs à Tournon l’avaient jugé de talent très moyen, plus habilité aux travaux manuels qu’aux poursuites intellectuelles. Il n’avait pas encore fini ses études, qu’en 1661, il écrivait au supérieur général de la société, le père Giovanni Paolo Oliva, pour lui demander d’être envoyé comme missionnaire au Canada. Trois ans plus tard, on lui accordait sa demande. 5 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon Page titre de la Relation de ce qui s’est passé en la Nouvelle France en l’année 1637, par le père Paul Le Jeune. Portraits des missionnaires jésuites Matteo Ricci, Johann Adam Schall von Bell et Ferdinand Verbiest dans la Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie Chinoise, 1735, par Jean Baptiste du Halde. UN JÉSUITE EN NOUVELLE-FRANCE Les jésuites sont en Nouvelle-France à partir de 1611 avec pour mission de convertir les Autochtones à la foi chrétienne. Dans ce but, ils explorèrent plusieurs régions en rayonnant à partir de Québec, apprenant les langues locales, et étudiant les us et coutumes des différents groupes rencontrés. Leurs membres devaient être forts physiquement, capables de parcourir de longues distances en canot et à pied dans le but d’établir leurs missions à l’intérieur des terres. C’était un travail exigeant, mais ils étaient motivés par leur croyance qu’ils sauvaient ainsi les âmes de la damnation éternelle. On peut suivre en détail leur activité missionnaire grâces aux Relations des jésuites, publiées à Paris entre 1632 et 16726. Le peu que l’on sait à propos des activités missionnaires de Louis Nicolas, mis à part ce qu’il en dit dans ses propres écrits, vient des Relations et du Journal des jésuites. Les Relations étaient rédigées par les supérieurs des jésuites, au Québec ou en France, en se fondant sur les rapports individuels des missionnaires. Elles sont de précieux témoignages sur les langues, les guerres, la nourriture, les déplacements, et les croyances des peuples que les jésuites souhaitaient convertir. Le Journal, quant à lui, rapportait les déplacements des missionnaires7. Malgré ses lointains et périlleux voyages dans toute l’Amérique du Nord, Louis Nicolas n’est brièvement mentionné que trois fois dans les Relations. Ces volumes ne s’intéressaient qu’aux efforts missionnaires de ses membres, et non à leurs intérêts scientifiques. Louis Nicolas, lui-même dans ses propres écrits, donne l’impression d’avoir été plus intéressé par l’observation de la nature que par la conversion des âmes. 6 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon Âgé de trente ans quand il arrive en Nouvelle-France en mai 1664, Nicolas est d’abord installé à la résidence des jésuites, à Sillery, près de Québec, où il doit terminer ses études de théologie et apprendre la langue algonquine8. En novembre 1666, il maîtrisait cette langue et était envoyé en territoire algonquin, au nord de Trois-Rivières, pour y combattre l’alcoolisme et convertir les Autochtones. Il revient à Québec en mars 1667 pour y prononcer ses derniers vœux en mai de la même année9. À cette époque, la Nouvelle-France, tout juste fondée depuis 56 ans, était témoin d’importants développements politiques, économiques et sociaux, sous l’influence de deux ambitieux personnages : l’intendant Jean Talon et l’évêque François de Montmorency-Laval. La plupart des tableaux qu’on pouvait voir en Nouvelle-France étaient importés de France. Mais, en 1670- 1671, Claude François, dit le frère Luc (1614-1685, entré chez les récollets en 1644), peintre et architecte, fit un séjour de quatorze mois en Nouvelle-France. À titre d’architecte, il fit alors les plans d’une partie de l’Hôpital général, du Séminaire de Québec et de la chapelle de son ordre, mais aussi en tant que peintre, il fit plusieurs tableaux d’églises et des portraits. GAUCHE: Claude François dit le frère Luc, Portrait de Jean Talon, 1671, huile sur toile, 72,7 x 59,3 cm, collection du Monastère des Augustines, Hôtel-Dieu de Québec. DROITE: Claude François dit le frère Luc (attr. à), Portrait de Monseigneur François de Montmorency- Laval, premier évêque de Québec, vers 1672, huile sur toile, 86,4 x 71,1 cm, Musée de la civilisation, collection du Séminaire de Québec. 7 LOUIS NICOLAS Sa vie et son œuvre de François-Marc Gagnon GAUCHE: Louis Nicolas, Portrait d’un homme de La Nation des Noupiming = dach = irinouek, Codex canadensis, page 9, s. d., encre sur papier, 33,7 x 21,6 cm, Gilcrease Museum, Tulsa, Oklahoma. DROITE: Gravure dans les Historiae canadensis seu Novae Franciae Libri Decem, 1664, p. 76. À la différence du frère Luc, Louis Nicolas était missionnaire et il concentra ses efforts artistiques sur la nature qu’il observa et les Autochtones qu’il rencontra (voir en guise d’exemple, parmi de nombreux autres, le Portrait of a Man of the Nation of the Noupiming-dach-iriniouek (Portrait d’un homme de La Nation des Noupiming = dach = uploads/s3/ louis-nicolas-sa-vie-et-son-oeuvre.pdf
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- Publié le Jul 25, 2022
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