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This création is licensed under a Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported License. Quand l’internaute se fait producteur ou quand l’objet musical se veut communautaire MARC KAISER Doctorant ED Arts & Médias Laboratoire CIM Sorbonne Nouvelle Paris III Chercheur Associé Département de l'Audiovisuel BNF marc.kaiser.1(arobase)gmail.com Mots clés : labels participatifs, communauté web 2.0, sociologie de la production, « scène », sentiment identitaire Résumé : À partir de l’exemple des « labels musicaux communautaires », il s’agit de réfléchir d’une part aux processus de construction identitaire et, d’autre part, à la portée heuristique du concept de « scène » dans l’approche communicationnelle de la musique. La « scène », comme terrain d’analyse, expose l’objet musical dans une perspective interactionniste et dévoile des espaces culturels dans lesquels apparaissent des communautés aux dynamiques propres. Dans le cas de ces labels participatifs qui se veulent « communautaires » et « équitables », ces activités culturelles sont envisagées comme de véritables espaces publics dans lesquels s’expriment des « conflits de définition ». Ainsi les internautes peuvent-ils miser sur des artistes auxquels ils croient et avoir le sentiment de contribuer au changement d’un modèle de production. Assistons-nous à une réelle transformation dans la production d’objets marqueurs d’identité ou à un simple miroitement ? S’intéresser à la production musicale, en Sciences de l’Information et de la Communication, permet d’interroger d’une part les processus d’élaboration des œuvres d’art et, d’autre part, les mécanismes identitaires lors de situations de communication spécifiques. Le fait de réfléchir en particulier à la participation d’internautes dans la production d’objets marqueurs d’identité amène à penser les médiations en œuvre et le rôle de ces objets. Que ce soit dans le sport, dans le cinéma ou dans la musique, de nouvelles formes de contribution ont effectivement vu le jour1. L’internaute est au centre des décisions, ses choix et ses avis comptent, il appartient à une communauté virtuelle distincte qui défend certaines valeurs. Mais comment fonctionnent ces « communautés web 2.0 » ? Que représente ce « fans business » ? Que signifient ces relations dans une perspective communicationnelle ? Que signifie leur engagement ? Quelles sont les portées de ces objets marqueurs d’identité ? Dans le cadre de notre communication, nous nous proposons d’étudier trois labels musicaux qui se qualifient comme étant « communautaires » ou « participatifs » : SellAband, MyMajorCompany et NoMajorMusik (futur BuzzMyBand2). Il s’agit, dans un premier temps, de comprendre leurs fonctionnements et de confronter les différents modèles alternatifs de production musicale qu’ils proposent. A travers une sociologie n’étant pas uniquement centrée sur l’artiste mais également sur « la manière dont les industries culturelles prennent part à la constitution des œuvres qu’elles défendent, leur permettant de voir le jour et de toucher le public » (GUIBERT, 2006 : 33), nous chercherons à comprendre ce que signifie ces pratiques pour les internautes. Une telle démarche révèlera, dans un second temps, la pertinence du concept de « scène » comme terrain d’analyse pour exposer la musique dans une perspective interactionniste à travers l’ensemble des activités qui la compose : de la performance aux pratiques médiatiques, du local au global, de l’artistique au social. La « scène musicale », définie comme espace culturel, et plus largement la « scène culturelle », perçue comme espace public, permettra enfin de caractériser ces activités culturelles et de réfléchir aux processus de construction identitaire en musique. 1 En Angleterre, les internautes peuvent devenir actionnaires d’un club de football (MyFootballClub). En France, les internautes ont la possibilité d’accompagner les producteurs indépendants dans le développement, la production et la distribution de leurs films (Touscoprod). En France tout comme à l’étranger, les internautes sont invités à participer, selon différents modèles, à la production et/ou à la diffusion de musique (MyMajorCompany, NoMajorMusik, Spidart, Akamusic, ProduceMyLive, SellABand, Slicethepie, etc.). 2 Au moment de la rédaction de cette communication, NoMajorMusik change de nom pour devenir BuzzMyBand pour, selon le communiqué de presse du 26/09/09, « redéfinir le concept en positif et non plus seulement dans la revendication (…) et remettre l’accent sur ce qui est la base du fonctionnement de notre concept : la production et la promotion communautaire ». I. Les labels communautaires : quand l’internaute se fait producteur de musique Le constat est le même depuis plusieurs années maintenant : le marché du disque est en crise et le nombre de vente de CD ne cesse de baisser3. De nouveaux modèles de productions musicales ont vu le jour, notamment ceux s’appuyant sur la collaboration d’internautes formant des « communautés web 2.0 ». Sur la même base que les sites de réseau social, il s’agit de replacer l’internaute au centre des interfaces d’utilisateurs et de favoriser les interactions, car « le web 2.0 est résolument relationnel » (GUILLAUD, 2005). Mais dans un but bien précis : aider les musiciens à se produire. Quelle place les internautes occupent-ils au sein de ces labels autoproclamés « communautaires » ? Et comment fonctionnent-ils ? Et quelles valeurs défendent-ils ? I.1. Trois exemples de labels « participatifs » D’un côté, les artistes s’inscrivent sur les différents sites afin de créer leurs pages personnalisées et mettre en ligne leurs créations sonores. Le développement d’une certaine « culture d’appartement » (DONNAT, 1990 : 6) dans la création est également visible chez les musiciens qui ont la possibilité de produire des œuvres de qualité, notamment grâce aux homes studios. De l’autre, les internautes s’inscrivent pour devenir les actionnaires d’une maison de disques selon des mécanismes divergents. Ils créent une page « profil » et peuvent miser de l’argent sur un artiste auquel ils croient tout en espérant, lors de l’exploitation de l’œuvre, un retour sur investissement. Ils se regroupent alors, selon Le Robert, au sein d’une communauté dans la mesure où ils forment « un groupe social dont les membres ont des biens, des intérêts communs ». Nous avons choisi de prendre pour exemple 3 labels dits communautaires aux particularités spécifiques : SellABand (SAB), crée en 2006, est davantage tournée vers le monde anglophone et se veut être une « plateforme » de production reposant avant tout sur les fans. MyMajorCompany (MMC) propose depuis 2007 un nouveau genre de maison de disques alors que NoMajorMusik (NMM) s’est positionné au même moment dans une logique du développement durable. Le premier constat que nous pouvons dresser du Tableau 14 (placé en annexe) est que MMC se défini comme étant « un label à part entière », pour devenir « la maison de disques de demain », c’est-à-dire que les internautes participent financièrement à la production, à la distribution et à la promotion d’un album, contrairement à SAB et NMM qui ont un autre type 3 « Sur les 8 premiers mois de l’année 2009, il s’est vendu 36,5 millions de CD audio (dont 34,5 millions d’albums et 2 millions de singles) pour un chiffre d’affaires de 466,3 millions d’euros TTC (dont 459 millions d’euros pour les albums et 7,3 millions d’euros pour les singles). La décroissance du marché du CD audio, sur la période, s’élève à -12,7% en volume (dont -10,7% pour les albums et -36,1% pour les singles), et -13,8% en valeur (dont -13,1% pour les albums et -42,7% pour les singles) », Source : Observatoire de la musique/ Gfk. 4 Tableau comparatif des caractéristiques de chaque label (Slogan, Positionnement, Partenariats, Distribution, Promotion, Durée du contrat, Type de contrat, Portée, Réalisateurs-partenaires, Nombre d’artistes/d’internautes inscrits), des artistes (Sélection, Production, Somme à atteindre) et des internautes- producteurs (Dénomination, Revenus d’exploitation Actionnariat, Récompenses, Durée de la rémunération, Nombre de ventes pour récupérer les mises, Portée symbolique) de fonctionnement. Il y eut d’ailleurs, à la création du label, une sélection d’entrée basée sur une « valeur artistique notable » des œuvres. S.Istolainen, un des fondateurs de MMC, souhaitait soutenir les artistes qui cadraient « avec le style "mainstream" » (COCHARD, 2009). Mais ce n’est plus le cas : n’importe quel artiste peut s’inscrire et créer une page personnelle dans le but de se présenter et faire connaître ses œuvres, une « sélection label » favorisant certains musiciens. L’internaute-artiste doit ensuite espérer convaincre les « producteurs » d’investir jusqu'à 100 000€ afin de signer un contrat d’enregistrement et d’exploitation. Ces derniers doivent faire preuve de flair pour trouver la perle rare et espérer gagner de l’argent, la musique étant leur affaire5. Un contrat de distribution exclusif a notamment été signé avec Warner. Grégoire, le premier artiste produit par MMC après seulement 2 mois d’existence, aurait vendu plus de 600.000 copies depuis la sortie de son album et reste au moment de cette communication parmi les meilleures ventes d’album6. Les modes de fonctionnement chez SAB et NMM diffèrent : dans le premier cas, les « believers » financent seulement l’enregistrement d’un album tandis que dans le second, les « partenaires » soutiennent la création et la promotion d’un seul titre7. Le vocable utilisé ne fait plus directement référence à l’industrie mais davantage à des pratiques alternatives : « freedom of music », « an alternative to the traditional music industry uploads/s3/ marckaiser-communicationcimeos-cc 1 .pdf
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- Publié le Sep 08, 2022
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