87 La ponctuation française Apparus au xvie siècle et complétés par la suite, l
87 La ponctuation française Apparus au xvie siècle et complétés par la suite, les signes de ponctuation per- mettent de traduire l’articulation précise du sens de la phrase. Pour s’exprimer clairement il est nécessaire d’y porter une grande attention: une virgule mal pla- cée peut changer complètement le sens d’une phrase; par exemple: Cet homme est paresseux, comme vous il va me falloir sévir. Cet homme est paresseux comme vous, il va me falloir sévir. Chaque langue possède ses propres particularismes de ponctuation. LE POINT termine la phrase. • En fin de phrase, on ne met pas de point final après le point d’exclamation, le point d’interrogation et les points de suspension: ces trois signes de ponctua- tion jouent déjà, en plus de leur propre rôle, celui de point final. LA VIRGULE sépare les parties d’une proposition ou d’une phrase, à la condition qu’elles ne soient pas déjà réunies par les conjonctions et, ou, ni. Le renard, sentant la présence du chien, s’en retourna sans bruit. Le renard sentit la présence du chien et s’en retourna sans bruit. Le renard craignait la présence du chien ou celle du maître. Le renard ne sentit ni la présence du chien ni celle du maître. • Elle sépare les énumérations: Le renard esquiva le chien, le maître, le piège et l’appât empoisonné. • Elle isole les mots mis en compléments détachés: Le renard, rusé comme tout, sut évaluer les dangers. • On ne met jamais de virgule avant une parenthèse, un tiret ou un crochet. Deux constructions de phrase sont possibles: 1. La phrase est constituée de deux propositions: Le renard sut évaluer les dangers (il faut dire que cet animal est ruséB). Dans cette construction, le «i» de «il» est minuscule et le point final de tout cet ensemble vient après la paren thèse fermante. • On aurait également pu construire la phrase avec un tiretC: Le renard sut évaluer les dangers – il faut dire que cet animal est rusé. • Ou simplement avec une virguleD: Le renard sut évaluer les dangers, il faut dire que cet animal est rusé. 2. Le texte entre parenthèses est une phrase indépendante: Le renard sut évaluer les dangers. (Il faut dire que cet animal est rusé.) Dans cette construction, nous avons deux phrases normalement constituées, chacune avec sa capitale initiale et son point final, la seconde ayant la parti- cularité d’être entre parenthèses E. Comme dans toute phrase entre paren- thèses, le point final vient avant la paren thèse fermante. ¦ ¦ 1. Les paren- thèses marquent la pause la plus forte. 2. Les tirets marquent une pause moyenne ou poétique. 3. Les virgules marquent la pause la plus faible. 4. L’enchaînement des démonstrations amène à interférer sur plusieurs signes de la ponctuation. 88 La ponctuation française • On ne coupe jamais le sujet de son verbe par une virgule. On n’écrit pas: Le renard, imaginant déjà une poule grasse entra dans le poulailler. ni: Le renard imaginant déjà une poule grasse, entra dans le poulailler. Par contre, le sujet et son verbe peuvent être séparés par une proposition (ou davantage) encadrée par deux virgules. On revient alors dans le cas des virgules faisant ojce de pauses faibles de la page précédente: Le renard, imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines, entra dans le poulailler. On aurait également pu écrire (pause forte): Le renard (imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines) entra dans le poulailler. On aurait encore pu écrire (pause moyenne ou poétique): Le renard – imaginant déjà une poule grasse, se pourléchant déjà les babines – entra dans le poulailler. • «etc.» est toujours précédé d’une virgule et d’une espaceB : Rusé, le renard évita le chien, le maître, le piège, etc. LE POINT D’INTERROGATION termine toute phrase interrogative de style direct: – Quelle heure est-il à présent? LE POINT D’EXCLAMATION • termine toute phrase exclamative: – Il est midi plein! – Il est donc temps de se mettre au travail! • suit les interjections, comme: Ah! Oh! Enfin! Hélas! Eh bien! etc. • dans une suite d’interjections semblables, il ne ponctue que la dernière: Oh! là, là! Hé hé! LE POINT-VIRGULE détache nettement des idées partielles; il marque nettement la fin d’un enchaî- nement. Il est particulièrement précieux pour composer un raisonnement, un portrait, un récit. Ce n’est pas l’intelligence qui manque au renard; il est observateur, il sait attendre le meilleur moment; les hommes s’en méfient depuis la nuit des temps; que de contes n’a-t-on écrits à son sujet. 1. Etc. Voir également page 58 89 LE DEUX-POINTS introduit une explication, une citation, un discours, une énumération: Il lui rendit ses biens: son chapeau, son épée et ses métaux. Jakin et Booz répétèrent: «Soyez attentifs au travail!» LES POINTS DE SUSPENSION Ils sont toujours au nombre de trois: tapez le caractère … et non trois points successifs … Les points de suspension marquent: • une suppression: Il allait vérifier que la grosse porte à double battant soit fermée… • un sous-entendu ou une interruption: (dans ce dernier cas, on les met entre crochets) Il allait vérifier que la grosse porte […] soit fermée et le gros verrou tiré. • Placés en début de texte: ils sont suivis d’une espace normale: … C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre. • Placés en fin de mot à l’intérieur d’un texte, ils sont collés à la dernière lettre et suivis d’une espace normale: C’est alors que… «l’étranger» sortit de l’ombre. • Remplaçant un mot: ils sont précédés et suivis d’une espace: C’est alors que … sortit de l’ombre. • En fin de phrase, ils viennent collés à la dernière lettre: C’est alors que l’étranger sortit de l’ombre… • On ne met pas de points de suspension après «etc.» On ne compose donc pas: etc… ni etc.… (etc. + …) ni etc. … [Etc., voir aussi page 58.] LES GUILLEMETS Les guillemets français sont des doubles chevrons horizontaux. Ils sont particu- lièrement visibles et élégants, et font partie de nos particularismes culturels ty- pographiques. Ils viennent légèrement décollés du mot (ou des mots) qu’ils en- cadrent, par une espace fineB. Exemple : En réalité «Renart» est le nom propre donné à l’animal appelé «gou- pil» dans le Roman de Renart, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature fran- çaise du Moyen Âge. «Renart», devenant nom commun, a remplacé «goupil» et, au fil du temps, le «t» final s’est transformé en «d». L’anglais utilise des guillemets ouvrants ayant la forme de virgules retournées, et des guillemets fermants ayant celle de deux apostrophes. Ils viennent accolés aux mots: “The English quotation marks. ” ¦ 1. Voir explica- tions page 93. 90 La ponctuation française Pour mettre entre guillemets un texte venant à l’intérieur d’un autre texte déjà entre guillemets, l’anglais utilise les guillemets simples: “Types were originally copied from ‘manuscript letters’ written with broad-nobbed pens or quills. ” Pour des raisons pratiques, les informaticiens, au début de l’informatique, ont utilisé les guillemets simples (quote) et doubles (double quote), en forme de tirets verticaux (ce qui est une absurdité typographique), venant accolés au mot: "Types were originally copied from 'manuscript letters' written with broad-nobbed pens or quills." Ces guillemets ouvrants et fermants sont les mêmes. [Voir aussi page96.] Dans la mesure où votre logiciel le permet, utilisez les guillemets français même pour les travaux «décontractés», le Multimédia, les sites Web [voir p. 110], etc. Ne pas le faire serait un non-sens culturel concernant notre langue. Le français utilise les guillemets anglais doubles pour mettre en valeur un texte venant à l’intérieur d’un autre texte déjà entre guillemets français: «À l’origine, les caractères typographiques ont repris les formes des “lettres manuscrites” réalisées au calame ou à la plume d’oie.» Vous trouverez cette introduction sur les guillemets peut-être un peu longue, mais c’est un point sur lequel bien des gens se posent des questions. On utilise les guillemets pour rapporter une citation, un dialogue [voir ci-des- sous: Jeanne leur a dit…] ou pour mettre en valeur un mot ou un groupe de mots [voir page précédente l’explication concernant le mot «renard»]. (Ne pas confondre l’usage des guillemets avec celui de l’italique: voir p. 68). Le point final vient avant ou après le guillemet fermant, en fonction de la construction du texte entre guillemets: «Jeanne leur a dit que dimanche ils sont invités à la fête.» Jeanne leur a dit que «dimanche ils sont invités à la fête». Jeanne leur a dit: «Dimanche, vous êtes invités à la fête.» Jeanne leur a dit: «Dimanche, êtes-vous invités à la fête?» Le point final (ou son équivalent) venant à l’intérieur des guillemets n’est pas doublé, c’est-à-dire qu’on ne le porte pas une seconde fois après le guillemet fer- mant B. On n’écrit donc pas: Jeanne leur a dit: «Dimanche, vous êtes invités à la fête.». Jeanne leur a dit: «Dimanche, êtes-vous invités à la fête?». ¦ ¦ ¦ ¦ 1. Selon les règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Certains codes typo préconisent le contraire. Si cette uploads/s3/ regles-de-lecriture-typographique-du-francais-by-yves-perrousseaux-z-lib-org-87-92.pdf
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- Publié le Sep 10, 2021
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