L’Actualité Poitou-Charentes – N° 45 90 Le travail des jours ’est certain, il f

L’Actualité Poitou-Charentes – N° 45 90 Le travail des jours ’est certain, il faut la science et la patience d’une fleur pour faire éclore une broderie or et des yeux d’ange pour une broderie blanche. De rares qualités cultivées par les brodeuses de l’Atelier du bégonia d’or à Rochefort et Broder au fil d’or Sylvie Deschamps Marc Deneyer Eric Dessert - Coll. ARPE C enseignées au lycée professionnel Gilles Jamain depuis 1961. Créé en 1995 avec le soutien de la ville par Marie-Thérèse César, proviseur du lycée, l’atelier promeut et pérennise une tradition qui s’inscrit à Rochefort, depuis plus d’un siècle, en lettres d’or. Dirigé par Sylvie Deschamps, jeune maître d’art, l’atelier est composé d’anciennes élèves hautement qualifiées. Sa clientèle est constituée d’amateurs éclairés, de musées et de grands couturiers. Depuis 1998, d’étroites complicités se sont nouées avec des artistes pour la réalisation d’œuvres brodées. Ainsi ont été réalisés les livres de mouchoirs brodés de Marie-Ange Guilleminot. Yves Sabourin, chargé de mission pour les textiles au ministère de la Culture, et trois artistes sont engagés dans de nouvelles créations alliant l’atelier et le lycée : les keffiehs de Mona Hatoum, aux motifs brodés avec des cheveux, les soutiens-gorge enflammés d’or de Sylvie Fleury et le rayon végétal de Martine Aballéa, foulard associant l’or à des fibres nouvelles et fluorescentes. Un fil d’or qui pourrait bien «orler» le contour d’un musée européen de la broderie... à Rochefort. D. Truco e village d’Angles-sur-l’Anglin a compté jusqu’à 350 ajoureuses, ces femmes – ni brodeuse, ni dentellières – qui travaillent la toile de lin et la toile métisse. Elles sont L ajoureuses parce que, en tirant les fils, elles créent des jours dans la toile, ce qui forme la base des motifs. Environ 200 heures sont nécessaires pour réaliser une nappe. Aujourd’hui, l’atelier de l’Association pour la sauvegarde et le rayonnement des jours d’Angles, dirigé par Maïté Chevreau, ne compte que deux ajoureuses. Le cadeau de protocole est une de leurs spécialités, de fait, puisque les principales commandes émanent de l’Elysée, de la Région Poitou-Charentes et du Département de la Vienne. Services de table, mouchoirs, napperons... sont ainsi disséminés dans le monde et témoignent de ce patrimoine vivant. Mais pour combien de temps ? Ce métier d’art n’est sanctionné par aucun diplôme. Depuis 1997, la création de la catégo- rie «jours à fils tirés» au concours du meilleur ouvrier de France assure malgré tout une recon- naissance par les professionnels. Peut-être manque-t-il aussi aux jours d’Angles une réalisation prestigieuse ? Il y a une quinzaine d’années, l’artiste Jean-Pierre Pincemin avait dessiné un service de table. «Des milliers d’heu- res de travail, trop coûteux...», disait-on à l’épo- que. Peut-être était-ce trop tôt ? J.-L. T. uploads/s3/ savoir-faire-sylvie-deschamps-les-ajoureuses.pdf

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