Anonyme. La Lumiere sortant par soi-mesme des Tenebres. Poëme sur la compositio
Anonyme. La Lumiere sortant par soi-mesme des Tenebres. Poëme sur la composition de la Pierre. André Cailleau. Paris. B. des Ph. Ch. Tome III. 1741 . Avertissement au lecteur. Le format de ce document est une photocopie texte, c'est à dire est exactement conforme à l'original, au caractère près. Ainsi la pagination, le nombre de lignes par page et le nombre de caractères par ligne est respecté, permettant ainsi une recherche facile des références citées par d'autres auteurs. Seules les pages blanches sont supprimées pour faciliter la lecture. Les éventuelles erreurs d'orthographe, de numéro de page, etc... du document sont en principe identiques à l'original. Cependant malgré le soin apporté à la mise en texte de cet ouvrage, il peut subsister des différences par rapport au texte original. En effet la procédure de création de ce fichier texte, à partir du livre original, nécessite un grand nombre d'opérations délicates, laissant place à d'éventuelles erreurs. En cas de doute, prenez le soin de vérifier sur le texte original du livre papier. (C) Copyright 2014 by Jean Pierre Donabin. Mail: p.nybanod@orange.fr 322 LA LUMIERE L A L U M I E R E SORTANT PAR SOI-MESME D E S T E N E B R E S. P O E M E Sur la Composition de la Pierre des Philosophes, traduit de l'Italien, avec un Commentaire. ============================= C H A N T P R E M I E R. I. E Cahos ténébreux étant sorti comme une Masse confuse du fonds du Néant, au prémier son de la Parole toute puissan- te; ont eût dit que le désordre l'avoit pro- duit, & que ce ne pouvoit être l'Ouvra- ge d'un Dieu, tant il étoit informe. Tou- SORTANT DES TENEBRES. 323 tes choses étoient en lui dans un profond repos, & les Elémens y étoient confon- dus, parce que l'Esprit Divin ne les avoit pas encore distinguez. II. Qui pourroit maintenant raconter de quelle maniére les Cieux, la Terre & la Mer fûrent formez si légers en eux-mê- mes, & pourtant si vastes, eu égard à leur étenduë? Qui pourrait expliquer comment le Soleil & la Lune reçûrent là haut le mouvement & la lumière, & comment tout ce que nous voyons ici bas, eut la Forme & l'Estre? Qui pourroit enfin com- prendre comment chaque chose reçut sa propre dénomination, fut animée de son propre esprit, &, au sortir de la Masse impure & inordonnée du Cahos, fut ré- glée par une loi, une quantité & une me- sure. III. O vous du divin Hermès les Enfans, & les Imitateurs, à qui la Science de vo- tre Pére a fait voir la Nature à découvert; vous seuls, vous seuls sçavez comment cette main immortelle forma la Terre & les Cieux de cette Masse informe du Ca- hos; car votre grand Oeuvre fait voir clairement que de la même manière dont 324 LA LUMIERE est fait votre Elixir philosophique, Dieu aussi a fait toutes choses. IV. Mais il n'appartient pas à ma foible plu- me de tracer un si grand tableau, n'étant encore qu'un chetif Enfant de l'Art, sans aucune expérience: Ce n'est pas que vos doctes Ecrits ne m'ayent fait apercevoir le véritable but où il faut tendre; & que je ne connoisse bien cet Illiaste, qui a en lui tout ce qu'il nous faut, aussi bien que cet admirable Composé, par lequel vous avez sçu amener de puissance en acte la vertu des Elémens. V. Ce n'est pas que je ne sçache bien que votre Mercure secret, n'est autre chose qu'un Esprit vivant, universel & inné, le- quel en forme de vapeur aërienne descend sans cesse du Ciel en Terre pour remplir son ventre poreux, qui naît ensuite parmi les Souphres impurs, & en croissant pas- se de la nature volatile à la fixe, se don- nant à soi-même la forme d'Humide radi- cal. VI. Ce n'est pas que je ne sache bien en- core, que si notre Vaisseau ovale n'est SORTANT DES TENEBRES. 325 scellé par l'Hiver, jamais il ne pourra retenir la vapeur précieuse, & que notre bel Enfant mourra dès sa naissance, s'il n'est promptement secouru par une main industrieuse & par des yeux de Lincée, car autrement il ne pourra plus être nourri de sa prémiére humeur, à l'éxemple, de l'homme, qui après s'être nourri de sang impur dans le ventre maternel, vit de lait lorsqu'il est au monde. VII. Quoique je sache toutes ces choses; je n'ose pourtant pas encore en venir aux preuves avec vous, les erreurs des autres me rendant toujours incertain. Mais si vous étes plus touché de pitié que d'en- vie, daignez ôter de mon esprit tous les doutes qui l'embarrassent; & si je puis être assez heureux pour expliquer distinctement dans mes Ecrits tout ce qui regarde votre Magistére, faites, je vous conjure, que j'aie de vous pour réponse: Travaille hardiment, car tu sçais ce qu'il faut sça- voir. 326 LA LUMIERE ============================= CHANT DEUXIE'ME. Que le Mercure & l'Or du vulgaire ne sont pas l'Or & le Mercure des Philo- sophes, & que dans le Mercure des Phi- losophes, est tout ce que cherchent les Sages. Où l'on touche en passant la pra- tique de la prémiére Opération que doit suivre l'Artiste expérimenté. STROPHE I. Q l'Ecole d'Hermès, se trompent, lors ue les Hommes, peu versez dans qu'avec un esprit d'avarice, ils s'attachent au son des mots. C'est ordinairement sur la foi de ces noms vulgaires d'Argent vif & d'Or qu'ils s'engagent au travail, & qu'avec l'Or commun ils s'imaginent, par un feu lent, fixer enfin cet Argent fugitif. II. Mais s'ils pouvoient ouvrir les yeux de leur esprit pour bien comprendre le sens caché des Auteurs, ils verroient claire- ment que l'Or & l'Argent vif du vulgaire sont destituez de ce Feu universel, qui est le véritable Agent, lequel Agent ou Es- prit abandonne les Métaux dès qu'ils se trouvent dans des Fourneaux exposez à la violence des flammes; & c'est ce qui fait SORTANT DES TENEBRES. 327 que le Métail hors de sa Mine se trouvant privé de cet Esprit, n'est plus qu'un Corps mort & immobile. III. C'est bien un autre Mercure, & un au- tre Or, dont a entendu parler Hermès; un Mercure humide & chaud, & toujours constant au feu. Un Or qui est tout feu & tout vie. Une telle différence n'est-elle pas capable de faire aisément distinguer ceux-ci de ceux du vulgaire, qui sont des Corps morts privez d'esprit, au lieu que les nôtres sont des Esprits corporels tou- jours vivans. IV. O grand Mercure des Philosophes! c'est en toi que s'unissent l'Or & l'Argent, après qu'ils ont été tirez de puissance en acte: Mercure tout Soleil & tout Lune; triple Substance en une, & une Substance en trois. O chose admirable! Le Mercu- re, le Souphre & le Sel me font voir trois Substances en une seule Substance. V. Mais où est donc ce Mercure aurifique, qui, étant résout en Sel & en Souphre, devient l'Humide radical des Métaux, & leur Semence animée? Il est emprisonné 328 LA LUMIERE dans une prison si forte, que la Nature même ne sçauroit l'en tirer, si l'Art indu- strieux ne lui en facilite les moyens. VI. Mais que fait donc l'Art? Ministre in- génieux de la diligente Nature, il purifie par une flamme vaporeuse les sentiers qui conduisent à la prison. N'y ayant pas de meilleurs guide ni de plus sûr moyen que celui d'une chaleur douce & continuelle pour aider la Nature, & lui donner lieu de rompre les liens dont notre Mercure est comme garotté. VII. Oüi, oüi, c'est ce seul Mercure que vous devez chercher, ô Esprits indoci- les! puisqu'en lui seul vous pouvez trou- ver tout ce qui est nécessaire aux Sages. C'est en lui que se trouvent en puissance prochaine & la Lune & le Soleil, qui sans Or & Argent du vulgaire, étant unis en- semble, deviennent la véritable Semence de l'Argent & de l'Or. VIII. Mais toute Semence est inutile si elle demeure entiére, si elle ne pourrit, & ne devient noire; car la Corruption précède toujours la Génération. C'est ainsi que procéde SORTANT DES TENEBRES. 329 procéde la Nature dans toutes ses Opéra- tions; & nous qui voulons l'imiter, nous devons aussi noircir avant de blanchir, sans quoi nous ne produirons que des Avor- tons. ============================= CHANT TROISIE'ME. On conseille ici aux Alchimistes vulgaires & ignorans de se désister de leurs Opé- rations sophistiques, parce qu'elles sont entiérement opposées à celles que la véri- table Philosophie nous enseigne pour faire la Médecine universelle. STROPHE I. O moyen de l'Art, étes sans cesse par- Vous! qui pour faire de l'Or par le mi les flammes de vos charbons ardens; qui tantôt congelez, & tantôt dissolvez vos divers Mêlanges en tant & tant de maniéres, les dissolvant quelques-fois en- tiérement, quelques-fois les congelant seu- lement en partie; d'où vient que comme des Papillons enfumez, vous passez les jours & les nuits à rôder autour de vos Fourneaux. II. Cessez uploads/s3/ the-light-coming-out-of-the-darkness-french-commentaire-de-bruno-de-lansac-17.pdf
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- Publié le Jan 24, 2022
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