Achile & Polixene Q Academie Royalle de Musique Q Jean-Baptiste Lully, & Pascal

Achile & Polixene Q Academie Royalle de Musique Q Jean-Baptiste Lully, & Pascal Colasse I.r [1632 - 1687] - II.e [1649 - 1709] musiques de Jean-Baptiste Lully [l'Ouverture & Acte I] & Pascal Colasse [qui termine l'oeuvre suite à la mort de Lully] Tragedie en Musique en I Prologue & V Actes representée pour la premiere fois par l'Academie Royale de Musique le 7 Novembre 1687 livret de Jean Galbert de Campiston Prologue Acte I Acte II Acte III Acte IV Acte V Prologue les personnages du Prologue Mercure Melpomene, Muse de la Tragedie Terpsicore, Muse de la Musique Thalie, Muse de la Comedie Jupiter Troupe de Genies qui suivent Melpomene Troupe de Genies qui suivent Terpsicore Troupe de Genies qui suivent Thalie Le Theatre represente un lieu propre à donner des spectacles, & qui peut convenir à la Tragédie & à la Comedie; ce lieu n'a plus la magnificence qu'il paroist avoir eû autrefois il est mesme presque rétruit & ruiné. On y voit Melpomene, Terpsicore & Thalie sans auncune suite. Mercure descend du Ciel. Mercure Scavantes Soeurs, arbitres de la Scene, Quel accident funeste a fait cesser vos Jeux ? Ie ne voy plus icy vôtre appareil pompeux, Et ie ne reconnois qu'à peine, Thalie, & Melpomene; Et vous dont les charmans Concerts, En ces lieux autrefois, railonnoient dans les Airs; Quelle trouble, ou quelle indifference Cause aujourd'huy vôtre silence ? Melpomene Ignorez-vous, que le plus grand des Rois Etandant chaque jour ses conquête Et signalant son bras, par de nouveaux Exploits A negligé nos plus superbes Fêtes ! Thalie Depuis ce fatal moment, Nos Spectacles privez de leur magnificence, Ne sçauroient plus avoir l'éclat & l'adrement Qu'ils ne devoient qu'à sa presence. Terpsicore La tristesse regne en ces lieux, Nous rougissons de ne pouvoir lui plaire; Helas ! ne sçaurions-nous rien faire Digne de paroître à ses yeux ? Melpomene, Thalie & Terpsicore Helas ! ne sçaurions-nous rien faire Digne de paroître à ses yeux ? Mercure Terminez vos regrets, que vôtre souleur cesse. Dans vôtre sort Jupiter s'interesse; Et veut icu revoir, dés ce même moment Un spectacle charmant, Qu'un chagement favorable Redonne à ces tristes lieux Tout ce qu'ils ont eû d'aimable: C'est l'Ordre irrevocable Du Souverain des Dieux. Ce lieu desert & détruit reprend tout d'un coup sa premiere magnificence Melpomene Vous, secourables Genies, Ni necessaires à nos Jeux, Hâtez-vous, secondez nos voeux; Venez, & prêtez-nous vos graces infinies. Melpomene & Terpsicore Animez d'une ardeur nouvelle, Venez remplir nos desirs, Et faites que nos plaisirs Doivent leur charme à vôtre zéle. Le Choeur de Genies Animons d'une ardeur nouvelle, Venons remplir vos desirs, Et faisons que vos plaisirs Doivent leur charme à nôtre zéle. Thalie Vous qui sçavez si bien, par une heureuse adresse Calmer les noirs chafrins, bannir les soins fâcheux, Favorisez mes Soeurs, & mêlez dans leurs Ieux Quelques traits de vôtre allegresse. Melpomene, Terpsicore & Thalie Que nos Ieux vont avoir de charmes ! Tous nos chants vont inspirer l'Amour, Venez tous, rendez-luy les armes, Il est doux dans cet heureux sejour. Que nos Ieux vont avoir de charmes ! Tous nos chants vont inspirer l'Amour. Ce n'est plus le temps des allarmes, Les Plaisirs sont enfin de retour. Que nos Ieux vont avoir de charmes ! Tous nos chants vont inspirer l'Amour. Mercure Iupiter va paroitre. Redoublez vos efforts pour plaire à vôtre Maître. Le Choeur Iupiter va paroitre. Redoublons vos efforts pour plaire à nôtre Maître. Dans ce moment Jupiter paroist dans son Char Jupiter Il ne manque aux apprêts de la Fête nouvelle, Que Mercure à fait préparer, Que le choix du Heros qu'on y doit celebrer, Le soin de le choisir auprés de vous m'appelle. Renouvellez dans vos Jeux Le souvenir de l'invincible Achile, Et rappellez dans une Cour tranquile, L'Histoire & les Comabts de ce Guerrier fameux. Melpomene, Terpsicore & Thalie Renouvellons dans nos Jeux Le souvenir de l'invincible Achile, Et rappellons dans une Cour tranquile, L'Histoire & les Comabts de ce Guerrier fameux. Jupiter Consacrez tous vos Jeux au plus grand Roy du monde, Formez sur luy tous les Portraits De vos Heros les plus parfaits, Sa valeur, sa bonté, sa sagesse profonde, Vous prêteront d'innimitables traits. Le Choeur Consacrons tous nos Jeux au plus grand Roy du monde, Sa valeur, sa bonté, sa sagesse profonde, Vous prêteront d'innimitables traits. Consacrons tous nos Jeux au plus grand Roy du monde. Haut de page Acte Premier les personnages de la Tragedie Achile, Roy de Thessalie Patrocle, Amy d'Achile Diomede, l'un des Chefs de l'Armée des Grecs Venus Arcas, confident d'Achile Agamemnon, Roy de Mycene & d'Argos, Chef de tous les Grecs Priam, Roy de Troye Andromaque, veuve d'Hector fils de Priam Polixene, fille de Priam Briséis, Princesse prisonniere d'Achile Junon La Hayne, la Discorde, la Fureur, l'Envie Les Graces, les Amours, & les Plaisirs qui suivent Venus Troupe de Chefs & de Soldats Grecs Suite de la Discorde Troupe de Troyens Troupe de Troyennes Troupe de Thessaliens Le Theatre represente l'Isle de Tenede, ou Achille s'est retiré auprés de ses Vaisseaux, depuis sa querelle avec Agamemnon Scene premiere Achile, Patrocle Patrocle Non, je ne sçaurois plus me taire, Ie vous dois un conseil sincere; Ne rougissez-vous point d'un indigne repos ? Quand les grecs agitez de mortelles allarmes, Implorent à genoux le secours de vos armes, Contre Hector, aprés vous, le plus grand es Heros. Tantôt ce guerreur terrible, Des Grecs épouventez, embrase les Vaisseaux; Tantôt de son bras invincible, Fait rougir de leur sang, & la terre & les eaux, Il court de victoire en victoire, Chaque jour, le bruit de sa gloire, Va remplir l'Univers & vole jusqu'à vous, Des honneurs qu'il obtient, n'estes vous point jaloux ? Achile Ie vois avec plaisir les pertes de la Grece, La valeur d'Hector m'a vangé, Le fier Agamemnon connoitra sa foiblesse, Et se repentira de m'avoir outragé. Patrocle Dequoy sert à ce Roy coupable D'avoir osé vous ravir Briséis ? Son attentat reçoit un digne prix, Et pour luy Briséis paroist inexorable, Quand un rival puissant vient troubler nos amours, Si l'objet de nos voeux luy resiste toûjours, Est-il de plus douce vengeance Que de voir ce rival aimer sans esperance ? Achile Connois mieux les raisons de mon juste courroux, Ce n'est point seulement par un dépit jaloux, Que je refute aux Grecs un secours necessaire, Ils ont marqué trop de mépris pour moy, Ils m'ont laissé subir la violente Loy Que leur Chef temeraire. Non, jamais leurs malheurs ne sçauroient m'émouvoir, Leurs Vaisseaux embrasez, leurs Troupes figitives; Leur Camp détuit, tout leurs Rois sans pouvoir, Leurs corps épars sur ces sanglantes rives Seroient encor des objets impuissans, Pour suspendre un moment la fureur que je sens. Patrocle Eh bien ! d'un oeil content regardez nos allarmes; Mais quand vous nous meprisez tous, Du moins accordez moy ces armes Que Vulcain prepara pour vous; I'irai combatre Hector, & me combler de gloire, Ie remporteray la victoire, Où j'expireray sous ces coups. Achile Qu'oses-tu proposer Dieux ! que viens-je d'entendre ? Ie commence à trembler pour la premiere fois, Quand je songe au combat que tu veux entreprendre. Patrocle Au nom d'une amitié qui fut toûjours si tendre, Permettez moy d'imiter vos exploits. Ie connois les perils où mon dessein m'engage, Tout semble m'annoncer les fers ou le trepas; Mais si j'en croy mon courage Ce superbe ennemy ne triomphera pas. Achile D'une vaine terreur je n'ay plus l'ame atteinte, Va combattre; le Ciel prendra soin de ton sort, Puisque ton coeur est sans crainte, Ton bras ne sera que trop fort. Patrocle Ie cours assurer ma memoire, I'ay tous les sentimens & les soins des Heros; Non, les jours les plus doux passez dans le repos Ne valent pas un jour marqué par la victoire. Scene II. Achile Achile, seul Patrocle va combattre ? & j'ay pû consentir Qu'il courût aux dangers qui menacent sa vie ? Ah ! je devois l'empécher de partir, Hélas de qu'els regrets sa mort seroit suivie ? Si le sort irrité pour accabler mon coeur Le faisoit expirer sous le fer d'un vainqueur. Prevenez justes Dieux, mon desespoir funeste ! Cet amy genereux, est le seul qui me reste, Conservez ses jours par pitié ! On m'a privé de l'objet que j'adore, Ce seroit trop d'horreur de me priver encore De l'objet de mon amitié. Scene III. Achile, Diomede Diomede Ne repondrez-vous point aux desirs de la Grece ! Il faut qu'en sa faveur vôtre colere cesse, Elle ne peut sans vous triompher des Troyens; En vain nous assiegeons leur Ville, Nos Dieux sont moins forts que les siens, Sa prise est reservée à la valeur d'Achile. Achile De quel employ vous chargez-vous ? N'esperez pas de flechir mon courroux, Diomede, je veux achever ma vengeance: Vos Rois & vos Peuples ingrats, Auroient encor pour moy la même indifference, S'ils n'avoient besoin de mon bras. Diomede Quoy ! leur prompt repentir ne peut vous satisfaire ? Achile Ils ont uploads/s3/ campistron.pdf

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