UNIVERSITE PARIS 8 – VINCENNES-SAINT-DENIS U.F.R 1 ARTS, PHILOSOPHIE, ESTHÉTIQU
UNIVERSITE PARIS 8 – VINCENNES-SAINT-DENIS U.F.R 1 ARTS, PHILOSOPHIE, ESTHÉTIQUE N° attribué par la bibliothèque |__|__|__|__|__|__|__|__|__|__| THÈSE DE DOCTORAT pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS 8 Discipline : Esthétique, Sciences et Technologies des arts Spécialité Arts plastiques et Photographie Présentée et soutenue publiquement par Mariina BAKIC LE PERFORMATIF DANS L’ART CONTEMPORAIN Directeur de thèse: Jean-Louis Boissier JURY M. Daniel Danétis, Président Mme Bernadette Dufrene M. Nicolas Thély M. Jean-Louis Boissier Résumé Quand dire c’est faire— la théorie des actes de langage de John L. Austin opère loin du cadre concerné par la discipline de cette recherche. Le performatif est une qualité du langage ordinaire, tandis que l’art un artifice des moins ordinaires. Pourtant, à travers la lecture spécifique aux œuvres de l’iconographie de cette thèse, il se révèle que la lecture actée possède des qualités performatives, qui sont mobilisées par la possibilité d’inscription de cette lecture à l’œuvre. Nous cherchons dans les qualités verbales des formes- se concentrant davantage sur les installations interactives- des expressions où cette performativité s’exprime d’une façon particulière. Le regard posé sur ces dispositifs analysés a des attributs actés et fait appel à de nombreuses dimensions de l’énonciation, tant dans l’expression de la déictique que les postures spécifiques qui s’imposent à la lecture. Cette thèse explicitera la spécificité sémiotique de ces situations, où le regard performé engendrera des interprétations qui relèvent autant du jeu que de la cognition. THE PERFORMATIVE IN CONTEMPORARY ART. ABSTRACT How to do Things with Words- the theory of speech acts by John L. Austin works outside the box defined by this research. Performative utterances are characteristic of ordinary language, whereas art is everything but an ordinary artifice. Yet it seems that the acted reading of the artwork studied in this research does have performative qualities, made possible by the inscription of the reading in the artwork. We will focus upon shapes at work in verbal events and we will take a special interest in interactive installations through which this performativity expresses itself. The way these objects will be observed involves many dimensions of the enunciation, as much in deictic expressions as in specific attitudes required for the reading. This research will clarify the semiotic specificity of these situations, where the performed observation will generate interpretations which are as much a matter of game as of cognition. MOTS-CLÉS Performatif, interactivité, arts numériques, installation, interface, énonciation, déictique, perception audiovisuelle, lecture, écriture. DISCIPLINE Esthétique, Sciences et Technologies des arts SPECIALITE DOCTORALE Arts plastiques et Photographie Université Paris 8 2, rue de la Liberté 93200 Saint-Denis France Remerciements 1 Je tiens avant tout à exprimer ma gratitude envers Jean-Louis Boissier, que je suis fière et reconnaissante d’avoir pu sui vre depuis mon arrivée dans le monde universitaire. Mer ci pour tout l’enseignement, le soutien, l’inspiration et l’in fluence, qui résonnent fort dans toute cette thèse de doctorat. Je veux remercier Liliane Terrier, ma tutrice, de m’avoir relue et corrigé, pour ses encouragements, les discus sions et les idées motivantes, qu’elle a partagé avec moi. Merci au jury, à madame Bernadette Dufrene, mon sieur Daniel Danétis et monsieur Nicolas Thé ly, d’avoir accépté de se pencher sur ma recherche. Toute ma reconnaissance infinie à Jean-Michel Géridan pour m’avoir soutenu, aidé, encouragé et motivé, relue tant de fois, inspiré et influencé depuis toujours, portant ainsi sa contribu tion inestimable à ce doctorat. Et merci à Lazare, qui à sa façon particulière et précieuse, a forgé ce travail, parvenant à me dé montrer concrètement l’application de certaines de mes thèmes. 1 Introduction 2 Dans une recherche de structure interprétative, performer le regard, agir par la lecture, m’est apparue comme un véritable enjeu, lorsque les supports et les contextes artistiques se multiplient, se digitali sent et ainsi, se rattachent davantage aux corps de leurs lecteurs. Avec un certain esprit barthésien, la confrontation du spectateur et du support a été placée au centre de cette investigation, dont l’ambition est d’éclairer les actions réciproques qui entretiennent l’influence de l’un sur l’autre. Performer cette relation, c’est fon damentalement la transformer par la formulation d’un énoncé et signifier par cette transposition un basculement. Quand dire c’est faire : le performatif de John Langshaw Austin, dé crit avec autant d’humour que de précisions exigeantes, comporte de nombreuses clauses et examens que mon iconographie aurait du mal à réussir. Pourtant, le performatif austinien est au centre de cette recherche qui, cependant, opère très loin du terrain défini par son inventeur, qu’est le langage ordinaire, où l’importance du contexte est accrue. Même si le contexte artistique a tout d’un ar tifice, cette thèse défend l’idée que regarder et se placer en tant que spectateur d’une œuvre, provoque des attitudes ordinaires au sens linguistique : des attitudes, qui nous animent face au langage, quel que soit le médium de celle-là. INTRODUCTION 3 Dire que l’acte de regarder est une performance— dans le sens où l’entend l’histoire de l’art de la fin du 20e siècle, ou même au sens plus banalisé comme dans le langage sportif ou financier— ce se rait sans doute parodier l’activité interprétative d’une œuvre d’art. Mais, lorsqu’une interactivité intervient dans cette situation, il y a énonciation — parfois malgré nous les spectateurs — et qui de vient performative lorsqu’elle est assumée par l’inscription véri table du spectateur dans l’œuvre. Cette inscription, nous pouvons l’observer dans les œuvres non-linéaires et interactives ou dans un corpus d’œuvres se consommant par l’intervention du spectateur, à l’instar de Plight (1958- 1985) de Joseph Beuys. Cette dimension d’inscription m’a permis d’attacher l’esthétique interactive aux fonctions de l’énonciation, de la lecture et de l’écri ture. Qu’une influence de Roland Barthes résonne dans cette mo tivation n’est pas un secret ; Barthes lui-même rêvait d’une simul tanéité ou d’une superposition de ces actes— de l’écriture à voix haute et de pouvoir écrire sa lecture. L’interactivité des œuvres plas tiques saurait-elle proposer une issue à cette utopie ? C’est en tout cas l’idée qui a été gardée tout au long de cette recherche. Si l’écriture et la plasticité n’ont pas de sémantique identique, je me suis permis— par mon attachement aux fonctions graphiques— d’en traiter certaines comme s’agissant de mêmes cas linguisti ques. Peut-être en me permettant trop de libertés terminologiques et des interprétations peu académiques d’un linguiste amateur ; je l’ai fait, avec la conviction que, pour ces nouvelles esthétiques à la INTRODUCTION 4 dimension actée, la transposition d’un vocabulaire décontextua lisé pouvait expliciter certaines opérations physiques et mentales qui entrent en jeu. Une de ces figures en question est l’intersubjectivité. Elle explore la relation pronominale et son impact, même charnelle ou méta physique, que j’utilise ici pour affirmer la performativité en tant qu’affaire de deux unités et notre capacité identificatoire face à la sémiologie d’objets interactifs, mais aussi la place à laquelle nous situent les écrans, qu’il s’agisse de projections cartographiques, iconiques ou perspectivistes. La place du corps lecteur est alors explorée et déplacée allégoriquement ou optiquement, tandis que l’interactivité est capable de faire déplacer le spectateur, devenant dans certains cas même une tête de lecture mobile. Un art à essence déictique Deiknunai : montrer, signifier ce qui est à voir. L’art est sans doute le dispositif déictique par excellence. Montrer : c’est aussi acter la différence et la distance qui me sépare d’autre chose ou d’autrui. Cette distance est plus synthétique et relative lorsque ce pointa ge est adressé à l’écran, où ce geste est désormais devenu presque anodin et banal. Mais pourtant, pointer, c’est l’un des premiers per formatifs, et pas seulement ; c’est là que réside les prémisses de la langue ! L’interactivité parvient aussi à remodeler notre conception de nous-même en tant que spectateur/ lecteur, lorsqu’une possibilité jouable se propose. Alors, l’intersubjectivité fait appel à une empa INTRODUCTION 5 thie dans l’identification à l’écran, suggérant que performer la lec ture peut engendrer d’autres aspects de plaisir, de l’interprétation, même dans le sens musical du terme : du jeu. Ce jeu qui œuvre dans la relation est inséparable de l’énonciation, que j’ai traitée en tant que contexte préparatif au performatif. Il est sémiotique– évidemment !, esthétique- toujours !, mais il a l’action comme qualité exceptionnelle : une dimension dont les caracté ristiques sont également multiformes. Vers un médium du performatif ? À travers mon iconographie, il ne semblera pas plus facile d’iden tifier ou de reconnaître de prime abord une œuvre performative, puisque cette qualité n’est même pas garantie par un médium, telle la possibilité interactive de celui-ci. Cette aspérité tient sa difficulté dans les mêmes raisons que celles de l’énonciation per formative. Le performatif dans l’art est lui aussi une forme, mais qui ne saurait dessiner en entier son objet. Il se laisse transporter par d’autres systèmes sémantiques qu’il emprunte afin d’agir sur l’œuvre ou son lecteur. Les voies qu’emprunte l’énonciation dans l’art sont multiples. Hors la voix, la lecture-écriture sait véhiculer savamment de la performativité. Mais qu’arrive-t-il lorsque les voies sont bouchées, lorsqu’un trouble travaille l’émission des signaux ? La perception audio-visuelle a des vertus capables de restituer le signe incom plet uploads/s3/ bakic-le-performatif-dans-lart-contemporain.pdf
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- Publié le Dec 15, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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