Bac 2019 Washington Épreuve de philosophie Série S Sujet 1 : Avons-‐nous besoi
Bac 2019 Washington Épreuve de philosophie Série S Sujet 1 : Avons-‐nous besoin d’art ? C’est, si on n’associe pas « l’art » ici à un art comme celui du menuisier ou du forgeron, donc à tout savoir-‐ faire, toute forme d’habileté permettant d’atteindre efficacement une fin (art de l’artisan) qu’un premier problème apparaît, car justement ce qui distingue l’art (de l’artiste), c’est qu’il n’est pas comme l’artisan dans une production utilitaire (répondant à une fin vitale ou pratique) mais dans une création libre qui peut même n’avoir d’autres raisons d’être que d’amener à l’être une œuvre ou une installation ou happening, de matérialiser une idée. De même on associe souvent l’art au plaisir et au désir auquel on oppose le besoin non choisi, nécessaire et contraignant. Et pourtant, il y a art depuis qu’il y a humanité, ce qui laisse penser qu’il y a une nécessité de l’art et il y a dans la création comme dans la contemplation de l’art, quelque chose dont certains ne peuvent se passer. Le problème est alors de réfléchir à quelle forme de besoin répond l’art, s’il ne s’agit pas d’un besoin vital. Est-‐il possible qu’on ne puisse se passer de quelque chose qui ne répond pas cependant à nos besoins vitaux? Un deuxième problème apparaît si on est attentif au « nous ». Il se peut que certains individus puissent se passer d’art (les philistins vulgaires comme les qualifie Hannah Arendt ou ceux qui n’ont pas le loisir d’y avoir goûté ou d’y goûter, pris dans l’urgence vitale) mais dans l’idée de « nous » il y a l’idée de communauté, voire d’humanité. Dès lors se pose la question de la place de l’art non pas pour chacun, mais pour l’humanité en général. On peut ici penser au lien étroit entre art et culture, et aussi à la notion de monde, chez Arendt , que l’art constitue en échappant justement à la logique de la vie biologique, la vie soumise aux besoins. Si on peut être individuellement indifférent à l’art, pouvons-‐nous nous en passer en tant que communauté, l’humanité peut-‐elle en faire l’économie ? On pouvait enfin s’interroger sur la nature de ce « nous » et un troisième problème pouvait apparaître : si l’art a eu une place prépondérante à une certaine époque, peut-‐être qu’aujourd’hui, il est devenu superflu parce qu’il n’est plus ce qu’il a été (beaux-‐arts, caractère énigmatique ou déstabilisant de l’art contemporain) ou parce que nous ne sommes plus ce que nous avons été : « l’art est mort » selon Hegel parce que la philosophie peut désormais dire ce qu’il s’efforçait de rendre sensible ; l’art n’a plus sa place dans une société dominée par la technique et la science, dans un monde où la beauté est partout, dans chaque objet, design oblige… Plan possible : Il était donc peut être maladroit de construire son plan en deux premières parties : une sur l’artisanat (et sa nécessité, homme prométhéen, gagne-‐pain…) et une sur l’art. Ne traiter que de la question de l’art (de l’artiste) était sans doute plus pertinent. I -‐ L’inutilité de l’art II -‐ Un désir proprement humain III -‐ Nous avons plus que jamais besoin d’art I -‐ L’inutilité de l’art Dans une première partie, on peut souligner l’apparente inutilité de l’art (l’artiste ayant d’ailleurs gagné sa liberté de création en se distinguant peu à peu du simple artisan) parce qu’il semble davantage relever du jeu (« L’art est le dimanche de la vie » Hegel), du désir (de création, de contemplation, d’expérience esthétique), de ce qui est étranger au processus vital, à la différence des produits de consommation et objets d’usage, pour reprendre la distinction d’Hannah Arendt dans La crise de la culture, après avoir même peut-‐être envisagé l’art comme ce qui nous détourne de nos besoins (Platon et sa condamnation de l’art comme simulacre qui nous détourne de la vérité, art comme dépense futile de temps et de moyens.). II -‐ Un désir proprement humain On pouvait peut-‐être dans une seconde partie s’interroger sur la nature de ce désir (capricieux, superflu ou essentiel ?) et sur la nature des besoins de l’homme (en tant qu’être pensant, sensible et charnel ou seulement être vivant ?). On pouvait alors insister sur le désir de produire quelque chose qui nous survive, qui nous confirme par son existence notre existence en tant qu’esprit capable de modifier la matière selon son idée, comme le souligne Hegel avec une sorte de cogito pratique. Ces désirs auxquels l’art peut répondre découlent donc du fait que nous sommes conscients et donc s’imposent comme nécessaires. C’était aussi l’occasion d’associer cette transformation de la nature à la culture, qui nous définit aussi en tant qu’homme. On pouvait peut-‐être ajouter que l’art est le prolongement de la faculté du langage quand celui-‐ci trouve ses limites, encore un propre de l’homme. Il était donc possible de souligner que l’homme et l’art sont dans un rapport essentiel et non pas accidentel. III -‐ Nous avons plus que jamais besoin d’art La troisième partie pouvait venir renforcer la précédente en montrant avec Hannah Arendt ou Adorno, que nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de l’art. Car : -‐ L’art inutilitaire est utile car il souligne les limites du tout utilitaire. « La fonction de l’art dans un monde purement fonctionnel est son absence de fonction. » Adorno (1903-‐1969) -‐ L’œuvre d’art ou l’art qui ne peut être réduit(e) à une explication rationnelle est utile car il ou elle montre que tout ne peut pas être objet de calcul et d’une représentation rationnelle, d’où limites de la science et de la technique. -‐ L’art permet d’avoir un autre rapport aux choses et au monde, de rompre avec le rapport technico-‐ scientifique au monde : en revenant à un rapport sensible au monde (« monde habitable ») à travers les œuvres de l’artiste-‐voyant, si on suit Merleau-‐Ponty, ou en ayant un rapport esthétique originel, désintéressé aux choses. Voir les choses comme on voit une œuvre d’art, c’est-‐à-‐dire sans intérêt, sans être intéressé (puisqu’elles ne servent à rien, en dehors du processus vital), c’est voir les choses pour elles-‐ mêmes, pour leur forme, pour leur apparaître et pour leur beauté. Voir la beauté des choses, c’est cesser de vouloir expliquer, rationaliser, réduire à une explication = libre jeu des facultés et fin de l’empire de l’entendement qui fait qu’on réfléchit sans cesse en cherchant des causes, des lois, du général… Trouver beau, c’est contempler en cessant de chercher le pourquoi du comment, à vouloir tout expliquer, trouver une raison. Mais on pouvait aussi proposer une autre issue à la réflexion : peut-‐être que la technique qui au départ n’était qu’un moyen, est devenue une fin en soi et s’est détournée de son but initial, et que toute activité activité étant devenue un travail, l’art ne peut plus être vu que comme un « jeu » , un « amusement » (futile) et que « la société de consommation » induit « une attitude de consommation » qui « entraîne la ruine de tout ce à quoi elle touche », et empêche tout autre rapport au monde. C’est l’inquiétude d’Hannah Arendt. Bac 2019 Washington Épreuve de philosophie Série S Sujet 2 : La raison suffit-‐elle à connaître le réel ? La raison c’est par définition la faculté de connaître, « de discerner de le vrai du faux » (méthodiquement, logiquement, par le calcul et le discours : la raison c’est Ratio et Logos). Elle est opposée traditionnellement à l’affectivité, à la sensibilité, à la passion mais aussi à l’intuition (« le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » Pascal), à l’imagination et même à l’expérience (connaissance purement théorique). Connaître, c’est penser et dire ce qui est, c’est entrer en adéquation avec ce qui est. Le réel, c’est d’abord ce qui est concrètement (res : la chose), ce qui peut être objet d’une expérience (possible ou impossible) et donc d’une connaissance et le réel, c’est aussi ce qu’on peut opposer au fictif, à l’imaginaire. Il ne s’agissait pas de se demander si la raison peut être source d’une connaissance du réel, mais si elle est une source suffisante de connaissance, la source de LA connaissance. On pouvait alors s’interroger : -‐ soit sur la nature de la connaissance du réel. Est-‐ce la raison seule qui peut conduire à cette connaissance ou est-‐ce plutôt l’expérience et l’expérience peut-‐elle se passer de la raison ? -‐ soit sur la nature du réel. Est-‐il réductible à une approche rationnelle malgré l’apparente efficacité de celle-‐ci en science ? L’approche rationnelle épuise-‐t-‐elle le réel ou faut-‐il la compléter par une approche sensible ? On pouvait penser à ce que la science et l’art apportent de différent mais de complémentaire dans notre rapport au monde, mais aussi à la différence entre les sciences de la matière et de la nature et les sciences humaines (le réel englobant tout ce qui est). -‐ soit sur la nature de la connaissance possible du réel. uploads/s3/ bas-s-wahington-philo-corrige.pdf
Documents similaires










-
26
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 23, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 1.5379MB