Exposition 20 octobre 2017 › 25 février 2018 IMAGE : MALICK SIDIBÉ, MADEMOISELL

Exposition 20 octobre 2017 › 25 février 2018 IMAGE : MALICK SIDIBÉ, MADEMOISELLE KADIATOU TOURÉ AVEC MES VERRES FUMÉS, 1969. COURTESY GALERIE MAGNIN-A, PARIS. © MALICK SIDIBÉ. GRAPHISME © AGNÈS DAHAN STUDIO 261, boulevard Raspail 75014 Paris fondation.cartier.com Beaux Arts I 3 L es Français qui, pendant les Journées européennes du patrimoine, en septembre dernier, ont visité le palais de l’Élysée, ont sans doute constaté combien l’ancien hôtel particulier semblait d’un autre âge avec ses boiseries, ses tapisseries, ses dorures, ses tapis… Une décoration quasi oppressante dont la modernité est absente et qui donne le sentiment que le temps s’est arrêté, au mieux, au XIXe siècle. Dans l’histoire de la Ve République, on le sait, seuls le Président Georges Pompidou et son épouse Claude eurent l’audace de faire entrer le design et l’art contemporain à l’Élysée en demandant au designer français Pierre Paulin (1927-2009) d’en réaménager les appartements privés (de 1969 à 1973). Des quatre pièces réalisées, ne demeure que la salle à manger dotée d’un étonnant plafond en polyester moulé, tiges et billes de verre… Valéry Giscard d’Estaing ayant décidé de revenir au lustre du passé après son accession à la présidence en 1974. Bonne nouvelle : depuis plusieurs semaines, Brigitte Macron s’emploie à marcher dans les pas des Pompidou. D’abord en dépoussiérant littéralement le palais avec le retrait des tapisseries, qui n’avaient été ni lavées ni restaurées depuis les années 1950, et celui des tentures de la salle des fêtes pour y laisser pénétrer la lumière. Surtout, l’épouse du président de la République projette de réintégrer le design et l’art contemporain à l’Élysée. Elle a ainsi visité le Fonds national d’art contemporain et le Mobilier national pour y emprunter des œuvres. De même, elle s’est rendue à la manufacture de Sèvres pour envisager un nouveau service de vaisselle destiné aux dîners officiels, tout comme à la manufacture des Gobelins pour des tapisseries d’artistes contemporains. Ensuite, dans le fameux salon d’angle occupé auparavant par le principal conseiller du Président, et qu’Emmanuel Macron utilise désormais pour travailler, la Marianne du street artist américain Shepard Fairey (l’auteur du portrait d’Obama pendant sa campagne présidentielle de 2008) a été accrochée. Espérons qu’en dépit des critiques inévitables que ces changements susciteront de la part de la France conservatrice, le couple Macron continuera à revivifier l’Élysée d’un parfum de modernité. Car le palais de la République est le meilleur ambassadeur de notre culture et de nos créateurs. Gageons, de plus, que l’art contemporain soit un excellent aiguillon pour tenir en éveil nos dirigeants et éviter qu’ils ne se transforment en belles endormies dans un palais isolé du quotidien des Français. Et pourquoi ne pas conseiller au Président, comme Pompidou – encore ! – l’avait fait avant lui, de demander aux ministres d’aller au moins une fois par semaine se confronter à la création dans les musées, galeries et salles de spectacle ? Enfin de l’art contemporain et du design à l’Élysée ! L’ÉDITO de Fabrice Bousteau Beaux Arts I 5 SOMMAIRE N°401 NOVEMBRE 8 Vu Arrêt sur images 16 L’essentiel de l’actualité en France Une tour Montparnasse plus verte et plus transparente 18 L’Institut suédois rayonne à nouveau 20 Ils ont dit 22 Sur la planète 24 Le Cap inaugure le plus grand musée d’art contemporain d’Afrique 26 Architecture Chipperfield & Kretz, le duo qui fait bouger les lignes 28 Vertiges de la tour 32 Design L’objet culte : l’esprit d’escalier 34 Les collections collector entrent dans le décor 36 Dégradé de douceurs 40 Spectacle et musique Théo Mercier et le théâtre des collectionneurs 42 Cinéma Une fable sublimement belle 44 Essais, romans et livres d’art Notre sélection du mois 46 La recette d’art d’Alain Passard Un croque aux huîtres baroque 48 Philo Ce que les médias ont fait de nous 50 Revue de médias Gauguin en martyr au paradis 52 La chronique de Nicolas Bourriaud Le coup de poing grec raté de la Documenta 54 ÉVÉNEMENT CHRONIQUES Une Fiac en forme olympique ! EN COUVERTURE Dessin de Camille Henrot réalisé pour Beaux Arts Magazine 2017, encre sur papier, 41 x 30 cm. >>> Sarah Morris Metropolis 2017, peinture laquée sur toile, 90 x 90 cm. Beaux Arts I 7 SOMMAIRE N°401 NOVEMBRE 198 Ils font l’actu Manuel Rabaté, l’opiniâtre directeur du Louvre Abu Dhabi 200 Les acteurs du marché La tribune de François-Joseph Graf 202 Tendance ¡ Viva Cuba ! 204 Conseils d’achat 3 figures de l’art contemporain cubain 206 La cote de l’art Des tikis à tous prix 208 3 ventes très en vue 210 Adjugé ! 212 Akaa et autres foires 218 Calendrier des expositions 226 La visite en BD de François Olislaeger 102 Analyse d’œuvre Les visions de Paolo Uccello 112 L’histoire du mois Marina Abramović, la performance d’une vie 120 Bienalsur à Buenos Aires L’art sud-américain en ébullition 128 Entretien avec Glenn Lowry «Le MoMA est un laboratoire de l’art en temps réel» 136 Exposition XXL Camille Henrot à l’assaut du Palais de Tokyo 144 Paris Photo & Co. Toutes les dernières tendances 154 Biennale d’architecture à Orléans Guy Rottier, architecte solaire et grand élucubrateur GRANDS FORMATS 161 L’actualité des musées et centres d’art 162 Quoi de neuf en novembre ? 164 Trois raisons d’aller visiter le Cneai à Pantin 166 Les expositions en France 174 Temps forts en Europe 178 Galeries Nos cinq solo shows préférés 186 Week-end arty Bordeaux, où les idées coulent à flots GUIDE DES EXPOSITIONS 197 MARCHÉ & POLITIQUE CULTURELLE Brad Wilson Mandrill #1 2014, tirage pigmentaire Archival sur papier Hahnenuhle Fine Art Baryta, 50 x 74 cm. À voir à Paris Photo. >>> 8 I Beaux Arts par Marie Darrieussecq Les fantômes ne vont pas qu’en drap blanc. Si, en Écosse ou dans les pays blafards, le fantôme traîne sa misère sous de pâles linceuls, en Polynésie il se pare de couleurs et d’hibiscus. Sous le somptueux drapé se cachent peut-être des tongs… Gilles Barbier, l’un des plus grands artistes contemporains, est né au Vanuatu – je l’apprends en associant son nom et «chemise hawaïenne» sur un moteur de recherche. La tong est d’ailleurs souvent sa signature. Il en met aux pieds de ses clones et autres héros fatigués. La vue de ses créatures déclenche d’abord le rire, un rire nerveux. Ainsi sa maison de retraite pour superhéros. Mais c’est un artiste de la mélancolie. Les paradis sont dans l’œil des cyclones. Le niveau de la mer monte. Les îles disparaissent, sous la mer turquoise affluent les spectres. Les cocasses fantômes du plasticien sont des monuments funéraires : plus ils sont colorés, plus le corail blanchit. Les couleurs des fantômes Gilles Barbier Hawaiian Ghost # 6, 2017 VU L E PA R F U M L A F O R C E D E S O R I G I N E S 10 I Beaux Arts par Alice Fournier Quel virus informatique a bien pu piquer cette jeune femme aux cheveux bleus pour qu’elle se retrouve ainsi floue et hachurée ? Adepte de néons, prismes, trames et autres effets d’optique expérimentaux, la photographe française Axelle Manfrini a pris l’habitude de tourmenter l’image trop lisse de ses modèles pour y insuffler un léger vent d’étrangeté. Que ce soit à l’occasion de portraits d’artistes ou de séries de mode avec des mannequins, la manipulation des couleurs et des lumières est son terrain de jeu. Dans Glitch Please, elle s’associe avec l’ingénieur informatique Lionel Flandrin, qui extrait le code informatique de l’image afin d’y introduire délibérément un bug. À la fois sous contrôle et imprévisibles, ses scripts jouent le rôle du grain de sable qui s’introduit dans les rouages des pixels afin d’y semer la confusion. Les dysfonctionnements font vibrer l’image et transforment ce qui pourrait être une anomalie accidentelle en composition baroque et pop. Face de pixel Axelle Manfrini Glitch Please 2016 www.axellemanfrini.com VU 12 I Beaux Arts par Auguste Schwarcz Sous la nef du Grand Palais aussi, les feuilles tombent… Notamment sur le stand de Pace Gallery où sera exposé, durant la Fiac, ce bonsaï fleuri de deux mètres de haut. Déjà réputé pour ses toiles inspirées par la profusion de détails des maîtres anciens (notamment Jérôme Bosch, Pieter Brueghel l’Ancien ou Carlo Crivelli), l’artiste indo-britannique Raqib Shaw (né en 1974), passé par l’école Central Saint Martins de Londres, transpose à la sculpture cette même minutie descriptive. Au point de donner à ce bronze, pourtant monumental, une impression de légèreté quasi onirique. Dans ce Jardin des délices revisité, Shaw met en scène des figures d’hommes- chimères à tête d’animal sauvage. Qui s’observent, se menacent puis s’affrontent dans une atmosphère aussi lunaire qu’érotique. Un univers étrange, fantaisiste et hédoniste, allégorie des désirs et de la paranoïa de l’artiste. Paranoïa paradisiaque Raqib Shaw Moon Howlers… [détail], 2009-2013 VU 16 I Beaux Arts L’ESSENTIEL FRANCE Une tour Montparnasse plus verte et transparente n Les lauréats ont coiffé au poteau des pointures comme les Américains de Studio Gang, le Néerlandais Rem Koolhaas (OMA) ou Dominique Perrault. Nouvelle AOM, un groupement de trois agences parisiennes (Chartier Dalix, Franklin uploads/s3/ beaux-arts-magazine-401-nov-2017.pdf

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