Prol´ egom` enes pour une d´ efinition de l’interm´ edialit´ e ` a l’´ epoque co

Prol´ egom` enes pour une d´ efinition de l’interm´ edialit´ e ` a l’´ epoque contemporaine R´ emy Besson To cite this version: R´ emy Besson. Prol´ egom` enes pour une d´ efinition de l’interm´ edialit´ e ` a l’´ epoque contemporaine. 2014. <hal-01012325v2> HAL Id: hal-01012325 https://hal-univ-tlse2.archives-ouvertes.fr/hal-01012325v2 Submitted on 1 Jul 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. PROLEGOMENES POUR UNE DEFINITION DE L’INTERMEDIALITE A L’EPOQUE CONTEMPORAINE Table des matières : UN AXE DE PERTINENCE ....................................................................................... 1 LA COPRESENCE ...................................................................................................... 7 LES TRANSFERTS ................................................................................................... 14 L’EMERGENCE ....................................................................................................... 18 LE MILIEU ................................................................................................................ 21 INDEX ......................................................................................................................... 25 Rémy Besson, avril 2014 Laboratoire Commun RiMeC, programme ANR LLA-CREATIS, Université de Toulouse / Europa Organisation Responsables scientifiques : Monique Martinez et Laurent Morillon 2 UN AXE DE PERTINENCE À l’origine, c’est-à-dire au milieu des années 1990, la volonté de théoriser la notion d’intermédialité naît d’un désir de considérer les relations entre les médias comme un objet d’étude à part entière1. Éric Méchoulan explique : Le préfixe inter vise à mettre en évidence un rapport inaperçu ou occulté, ou, plus encore, à soutenir l’idée que la relation est par principe première : là où la pensée classique voit généralement des objets isolés qu’elle met ensuite en relation, la pensée contemporaine insiste sur le fait que les objets sont avant tout des nœuds de relations, des mouvements de relation assez ralentis pour paraître immobiles2. L’intérêt des chercheurs s’inscrivant dans cette perspective est alors moins porté sur le contenu d’une forme de création strictement circonscrite3, que sur ce qui se joue entre les éléments qui la composent ou entre les différents types de production avec lesquels elle s’articule. L’intermédialité n’est donc pas pensée comme une propriété relative à un objet, mais comme correspondant à un changement de perspective de la part du chercheur/de celui qui observe le monde4. Au départ, il y a donc un enjeu épistémologique. En effet, la création de ce concept constitue une réponse stratégique5 à l’hyperspécialisation des disciplines dans le domaine des humanités. À la fin du vingtième siècle, la « spécialité » d’un chercheur se définit généralement par le choix d’un médium, d’une période, d’un style et d’une aire géographique. 1 En prenant comme point de départ le milieu des années 1990, nous précisons ici dès le départ, que ce sont les évolutions contemporaines de la notion d’intermédialité et son actualité que nous allons questionner par la suite. Une archéologie de la notion aurait pu nous mener à d’autres résultats. 2 « Intermédialités : le temps des illusions perdues », Intermédialités, n° 1 : naître, 2003. 3 Par l’étude du contenu d’une forme de création strictement circonscrite, nous faisons principalement référence aux études sémiologiques et à une certaine tendance de l’histoire de l’art pour l’art. 4 Il n’est pas possible de dire qu’un film, une série télévisée ou un site internet est (ontologiquement) intermédial. Il est, par contre, envisageable de concevoir/d’analyser une production culturelle en adoptant une approche intermédiale. Ce dernier point fait débat au sein de la communauté scientifique puisque certains chercheurs tentent eux de définir des propriétés intermédiales propres à des formes particulières. 5 On emprunte cette expression au vocabulaire foucaldien portant sur la notion de dispositif. Cela signifie que la définition de l’intermédialité à la fin des années 1990 s’inscrit dans une volonté de transformer le champ des humanités alors en crise. On renvoie ici à « Le jeu », Dits et Écrits, tome 3 : 1976-1979, Paris, Gallimard, 1994. Le dispositif est « un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même, c'est le réseau qu'on peut établir entre ces éléments. (...) par dispositif, j'entends une sorte -disons -de formation, qui, à un moment historique donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante. » En ligne, URL : http://1libertaire.free.fr/MFoucault158.html 3 L’appellation donnée aux départements universitaires, l’intitulé des chaires de recherche et jusqu’à la définition des sujets de thèses, sont symptomatiques d’une telle tendance à une segmentation. Jürgen E. Muller explique : dans l’histoire de la culture occidentale, il est convenu depuis des siècles de regarder les œuvres d’art et les textes médiatiques comme des phénomènes isolés, qui doivent être analysés séparément6. L’approche intermédiale postule que ces manières de faire – si elles sont parfois nécessaires – conduisent bien souvent à manquer une grande partie de la complexité de l’environnement culturel et social dans lequel nous évoluons7. Il ne s’agit pas de tout compliquer, mais de faire un pas de côté. Celui-ci nécessite d’être capable d’analyser plusieurs types de médias (les spécificités propres à chacun d’entre eux devant être prises en compte) et de mener une démarche pluridisciplinaire (en effet, pour étudier ces relations, plusieurs points de vue sont à adopter). La notion d’intermédialité constitue aussi une réponse stratégique à la très grande centralité occupée par l’analyse du contenu des textes écrits. Au départ, il s’agissait, entre autres choses, de renouveler les méthodologies mises en place dans les départements d’étude littéraire et de littérature comparée. L’intermédialité visait ainsi à reformuler les enjeux des approches intertextuelles. Si le vocable « texte » entendu dans un sens élargi peut renvoyer à un film, à un son, à une représentation théâtrale ou à une image, son usage est considéré comme symptomatique d’une forme de biais dans l’analyse. L’usage du terme média est alors préféré, car il permet d’insister sur la nécessité de porter une attention plus grande aux caractéristiques techniques* et à la matérialité* de productions culturelles étudiées. Il s’agit ainsi d’accorder une égale importance au contenu de l’artefact analysé – production de sens – et à la manière dont celui-ci est mis en forme sur un support donné* – production de présence8. 6 Jurgen E. Müller, « L’intermédialité, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives théoriques et pratiques à l’exemple de la vision de la télévision », Cinémas : revue d’études cinématographiques/Cinémas : Journal of Film Studies, vol. 10, n° 2-3, 2000, p. 109. 7 En faisant usage du terme complexe, on renvoie à la cybernétique et à la systémique en général, et au travail d’Edgar Morin en particulier, La Méthode (6 volumes), coffret des 6 volumes en 2 tomes, Paris, Le Seuil, 2008 et en particulier au tome 3, La Connaissance de la connaissance, Paris, Le Seuil, 1992 [1ère éd. 1986]. 8 En effet, il arrive souvent qu’une forte focalisation sur le contenu de la forme mène à ce que le support et les conditions de la mise en partage soient oubliés. Sur ce point, lire Hans Ulrich Gumbrecht, « Why Intermediality – if at all ? », Intermédialités, n. 2 : raconter, 2003, p. 173-178. 4 L’intermédialité s’inscrit ainsi dans un déplacement historiographique courant sur l’ensemble du vingtième siècle. Celui-ci a vu l’étude des relations entre les textes (intertextualité9*), puis entre les discours (interdiscursivité10*), remplacer une approche centrée sur le texte, avant que n’arrive donc l’ère intermédiale. Cette tendance voit progressivement une attention portée sur le support médiatique, se substituer à un regard principalement centré sur les relations entre les textes. L’intermatérialité*, dont l’étude est en germe au début du vingt-et-unième siècle, notamment à Berne, constitue un nouveau déplacement du texte à la matérialité11. Les termes suivis du signe * correspondent aux soixante notions clefs listées dans l’index. Ce texte a été rédigé afin de faire ressortir l’importance de ces notions pour comprendre ce qu’est l’intermédialité. Cette dernière notion est complémentaire de celle d’intermédialité, Thomas Strassle12 expliquant : « [qu’il] ne veut plus interroger uniquement la matérialité spécifique des médias artistiques, mais aussi leur intermatérialité – autrement dit les modes possibles d’interaction, de transfert et d’interférence de différents matériaux dans les médias artistiques13. 9 Cette approche revient à penser le texte (qui peut être un film, un site, etc.), comme le lieu où se manifeste la présence d’autres textes. Il peut s’agir de références explicites, sous la forme d’appropriations ou de citations, tout comme d’éléments qui dépassent l’intentionnalité de celui qui a conçu le texte. Il y a une différence avec l’intermédialité telle que définie ci-dessus, car dans ce cas, c’est le texte qui reste au centre de l’analyse. Il est difficile de résumer ici les enjeux de l’intextualité. On peut cependant se référer à la célèbre phrase de Julia Kristeva, « tout texte se construit comme une mosaïque de citations ; tout texte est absorption et transformation uploads/s3/ besson-prolegomenes-pour-une-definition-de-l-x27-intermedialite.pdf

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