Carnets d’expédition botanique Voyages entre arts et sciences Sandrine de Borma

Carnets d’expédition botanique Voyages entre arts et sciences Sandrine de Borman Jardin botanique Meise 2017 Extraits du catalogue de l'exposition 2 « Il y a encore tant à découvrir ici même, sur terre. Ecoutez les brins de sagesse retrouvés dans ces carnets. Tout ce qu’il vous faut, c’est une bonne préparation, de bons compagnons et bien sûr un bon crayon. Perdez-vous. Vous trouverez peut-être ce que vous cherchez. »  * Huw Lewis-Jones et Kari Herbert * Les références des citations et des illustrations se trouvent en fin de carnet. Exploratrice inlassable de nos relations avec le végé­ tal, Sandrine de Borman nous embarque dans une nouvelle exposition-expédition, clôturant ainsi une année en résidence au Jardin botanique par un voyage entre arts et sciences, au départ de carnets et traces d’expédi­ tions botaniques, proches et lointaines, passées ou contemporaines. Expéditions et botanistes récolteurs du XVIIIe au XXIe siècle, en Afrique ou en Amérique, comme à Bruxelles ou sur la côte belge, carnets, herbiers et autres traces de leurs périples, sont évoqués d’un point de vue ori­ ginal au travers notamment des richesses du Jardin botanique et avec la collaboration de ses chercheurs, mais aussi de rencontres avec d’autres scientifiques, artistes et écrivains belges et étrangers. Le carnet d’expédition est exploré sous toutes ses formes et décliné par l’artiste dans des cheminements nouveaux, qui nous incitent à porter un autre regard sur le monde des plantes et le travail du botaniste. Le carnet-catalogue sous nos yeux, à la fois carnet de terrain, livre de bord de l’artiste et catalogue de l’exposition, conserve la trace de ces itinéraires, récoltes, rencontres et témoignages. Régine Fabri, février 2017 5 PREMIERE ETAPE Circumnavigations naturalistes 18 Jeanne Barret, paysanne circumnavigatrice 20 Le vasculum ou boîte d’herborisation : équipement emblé­ matique du botaniste-collecteur au XIXe siècle par Régine Fabri 22 De « nobles cœurs »… bien avisés, les naturalistes- collecteurs du XIXe siècle, par Denis Diagre 26 Louis Van Houtte, lyrique aventurier « « 30 Jean Linden, roi des Orchidées « « 32 Botanistes-collecteurs contemporains 34 Théodore Monod, le fou du désert 36 Aline Raynal-Roques, passionnée des marais 38 Frieda Billiet, en mission au Paraguay 44 Filip Verloove, spécialiste des adventices 46 DEUXIEME ETAPE Carnets et traces d’expéditions botaniques proches ou lointaines, anciennes ou actuelles Expédition Lemaire au Katanga, Congo, 1898-1900 MRAC 54 Léon Dardenne, peintre de l’expédition Lemaire MRAC 56 Expédition Congo River, 2010 par Christine Cocquyt 58 Excursions en Forêt de Soignes, 1906 - 2016 par Joséphine Schouteden-Wéry et Anne Versailles 62 Excursions botaniques à Bruxelles de Paul Duvigneaud par Sarah Tibaux 68 Expéditions au secours de joyaux botaniques menacés d’extinction en Wallonie, 2013-2020 par Sandrine Godefroid 70 Mission en Antarctique, 2016 par Damien Ertz et Bart Van de Vijver 72 Les botanistes-explorateurs du XVIIIe siècle à nos jours 16 TROISIEME ETAPE Déclinaisons sur le contenu des carnets 74 Impressions végétales 76 L’impression végétale : une technique originale au service de la botanique par Nicole Hanquart 78 Carnet de voyage par impression végétale 80 Swing d’une feuille qui fait impression par Tanguy de Foy 82 Récits et notes 84 Carnets de terrain par Nicole Hanquart 86 Deuxième promenade de Jean-Jacques Rousseau 88 Sur les pas de l’herborisation de Rousseau 90 Illustrations et dessins 92 Expéditions sur la canopée et carnets de dessins de Francis Hallé 94 L’irremplaçable outil de pensée par Donatien Garnier 98 Carte-herbier-récit avec Jane Hyslop 102 Photos et blog 104 Jean Massart, botaniste photographe par Nicole Hanquart 106 Blog Rwanda Fungi par Franck Hidvégi 108 Cartes 110 Cartothèque du JBM par Régine Fabri 112 Alfred Cogniaux et son carnet d’herborisation autour de Chimay par Denis Diagre 114 De la découverte d’un carnet de terrain à la création d’une carte numérique par Sébastien Carbonnelle 116 De la carte papier au GPS par Franck Hidvégi 118 Herbiers 120 Pluralité d’herbiers 122 Herbiers-carnets, traces historiques par Nicole Hanquart 124 Herbier de Félicien Rops par Philippe Martin 130 Voyage Botanique par Paul den Hollander 132 L’herbier, entre carnet de terrain et publication par Petra De Block 134 Herbier de la lagune vénitienne d’herman de vries 136 Herbier des insignifiants vénitiens par Roxanne Lajoie 138 PREMIERE ETAPE Les botanistes-explorateurs du XVIIIe siècle à nos jours 15 L’expédition botanique au sens de voyage de cueillette à des fins alimentaires, médicinales, tinctoriales… re­ monte à la nuit des temps. L’expédition botanique au sens d’exploration scien­ tifique de la flore d’une région s’est développée da­ vantage après l’époque des grandes découvertes, dès la moitié du XVIIIe siècle. Les grandes expéditions d’abord naturalistes sillonnèrent le monde, ramenant en Europe des milliers d’échantillons, de dessins de plantes et de récits de voyages, échos d’aventures les plus extraordinaires les unes que les autres. À cette époque et depuis des siècles déjà, règne le souci de classifier genres et espèces végétales, d’abord de nos régions, et, grâce aux expéditions lointaines, des contrées exotiques. En 1778, Lamarck publie la première Flore française, tandis qu’en 1805 Humboldt et Bonpland publient leur Essai sur la géographie des plantes. Des centaines de milliers de planches d’her­ bier, de graines et de plantes vivantes, vont donner du travail dans tous les muséums des puissances euro­ péennes et américaines. Dans nos régions, au cours du XIXe siècle, l’expédi­ tion botanique pour herboriser entre amis devient une activité à la mode. La preuve en est le vasculum ou boîte d’herborisation présente dans la littérature, les illustrations, les catalogues de jouets… Depuis la jeune Belgique aussi, des expéditions spé­ cifiquement botaniques parcourent le monde dans un XIXe siècle bourgeois avide de plantes tropicales. Malgré souvent une bonne dose de trivialité, le naturaliste­ collecteur devient un héros. Finalement, cette étape de notre voyage nous amènera à côtoyer des botanistes contemporain(e)s dans leurs missions botaniques pour des institutions reconnues. 16 Jeanne Barret, paysanne circumnavigatrice (1740-1807) Tôt orpheline, la paysanne bourguignonne Jeanne Barret entre au service du naturaliste Philibert de Commerson qui en fait sa maîtresse et son assistante en botanique. Commerson embarque comme naturaliste pour accompagner Bougainville dans son voyage autour du monde en 1766. À son côté, Jean, un valet au teint frais de 26 ans, qui n’est autre que Jeanne, contournant ainsi une ordon­ nance interdisant la présence de femmes à bord. Jeanne collectera avec Commerson de nombreux spécimens dont le bougainvillier, nommé ainsi en l’honneur du chef de l’escadre. L’équipage découvre que le valet est une fille, mais Bougainville les laisse continuer le voyage. Le couple débarque à l’actuelle île Maurice, pour herboriser plus longuement. Commerson y meurt en 1773, Jeanne a 32 ans. Elle se marie avec un officier et rentre en France, bouclant ainsi le tour du monde, avec les récoltes botaniques de Commerson destinées au Jardin du roi, soit 30 caisses contenant quelque 5000 espèces, dont 3000 sont décrites comme nouvelles. Le Roi Louis XVI lui attribuera une rente pour son travail botanique exceptionnel. « Comment reconnaître une femme dans cet infatigable Baret, botaniste déjà fort exercé que nous avons vu suivre son maître dans toutes ses herborisations et porter même, dans ses marches pénibles, les provisions de bouche, les armes et les cahiers de plantes avec un courage et une force qui lui ont valu le surnom de bête de somme ? » Quelques jours plus tard : « J’ai vérifié à bord de L’Étoile un fait assez sin­ gulier. Depuis quelque temps, il courait le bruit dans les deux navires que le domestique de Monsieur de Com­ merson était une fille. Plusieurs indices avaient fait naître et accréditaient le soupçon. Elle m’a avoué, les larmes aux yeux, qu’elle avait trompé son maître en se présentant à lui sous des habits d’homme à Rochefort au moment de son embarquement. Elle savait, qu’en embar­ quant, il était question de faire le tour du monde, et ce voyage avait piqué sa curiosité. Elle sera la seule de son sexe et j’admire sa résolution, d’autant qu’elle s’est toujours conduite avec la plus scrupuleuse sa­ gesse. La Cour, je crois, lui pardonnera l’infraction aux ordonnances. L’exemple ne saurait être contagieux » Journal de Louis-Antoine de Bougainville, mai 1768 « Bientôt, au loin, de grands arbres aux larges têtes, aux branches placées à angles droits, aux troncs dont la blan­ cheur tranchait vivement avec les objets environnants, aux immenses feuilles lobées, dont le revers argenté fesait [sic] l’effet d’énormes fleurs blanches, agitées par le vent, attirèrent mon attention ; et je reconnus bien vîte [sic] les Cecropia palmata et peltata. Là, avait existé une forêt primitive, qui, maintenant défrichée, s’est vue remplacée par ces Cecropia, des Solanées arborescentes, des Croton, des Vernonia, etc. Sur des troncs énormes, encore couchés sur le sol, j’admirai une foule d’Orchi­ dées, d’Aroïdées, de Pipéracées, etc. Nombre de Mélasto­ macées, de Myrtacées, des Composées, des Papilionacées, etc., étaient encore debout. […] Hélas ! j’ai appris plus tard que les vandales de colons avaient détruit par le feu toute cette brillante végétation, et que toute la belle forêt, qui ceignait, comme d’un diadême [sic], le sommet de la vaste montagne, avait été convertie en charbon. » Jean Linden, uploads/s3/ catalogue-extraits-expo-carnets-d-x27-expedition-botanique-voyage-entre-arts-et-sciences 1 .pdf

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