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Article sélectionné dans la matinale du 28/09/2016 Découvrir l’application (http://ad.apsalar.com/api/v1/ad? re=0&st=359392885034&h=5bf9bea2436da250146b6e585542f4e74c75620e) Hergé, du château de Moulinsart au Grand Palais LE MONDE | 29.09.2016 à 06h37 • Mis à jour le 29.09.2016 à 14h07 | Par Frédéric Potet (/journaliste/frederic-potet/) Nick Rodwell, le patron de Moulinsart, la société anonyme chargée de l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé, se souviendra longtemps de l’année 2016. En mai, le club de football qu’il supporte depuis toujours, Leicester City, a remporté pour la première fois de son histoire le championnat d’Angleterre, prenant en défaut tous les bookmakers du pays. Tout aussi sensationnel est l’« exploit » que M. Rodwell voit aujourd’hui se concrétiser sous ses yeux : l’entrée du créateur de Tintin au Grand Palais à Paris, où s’est ouverte, pour quatre mois, mercredi 28 septembre, une exposition tout simplement appelée « Hergé ». Lire l’analyse : Sur les traces de la ligne claire, mais à l’envers (/bande- dessinee/article/2016/09/29/exposition-herge-sur-les-traces-de-la-ligne-claire-mais-a-l-envers_5005204_4420272.html) Si celle-ci devrait marquer d’une pierre blanche le long chemin emprunté par la bande dessinée vers la reconnaissance artistique, les spécialistes feront remarquer que ce n’est pas la première fois que le 9e art investit le monument de l’avenue Winston-Churchill dans le 8e arrondissement de Paris. En 1986, Hugo Pratt – le créateur de Corto Maltese – y fut célébré dans le cadre d’une « Saison vénitienne » organisée par le Centre national des arts plastiques et la Maison des cultures du monde. Lire l’enquête : Au musée, la BD en ébullition (/culture/article/2016/04/16/au-musee-la-bd-en- ebullition_4903323_3246.html) Trente ans plus tard, l’exposition Hergé est proposée au même endroit par la Réunion des musées nationaux (RMN), placée sous la tutelle du ministère de la culture. C’est elle qui est venue à Moulinsart, et non l’inverse, comme le raconte son commissaire général, Jérôme Neutres : « Les premiers contacts remontent à fin 2010. L’idée, à l’époque, était de faire coïncider une exposition avec la sortie du film de Steven Spielberg et Peter Jackson [Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, 2011]. Nous nous sommes finalement ravisés en craignant que cela fasse beaucoup. » FOCALISÉE SUR HERGÉ, ET NON SUR TINTIN, LA DÉAMBULATION SE DÉFINIT COMME UNE PLONGÉE DANS LE PROCESSUS CRÉATIF D’UN ARTISTE « COMPLET » Moulinsart avait en fait déjà commencé à travailler de son côté sur une rétrospective Hergé à Paris, mais dans un lieu plus modeste en taille : le Musée Guimet, consacré aux arts asiatiques. Dire non au Grand Palais fut impossible. L’occasion de revenir par la « grande porte » dans un haut lieu symbolique de la capitale était surtout trop belle. En 2006, l’intégralité des planches originales du Lotus bleu (1936) avait en effet été exposée au Centre Beaubourg, non pas au sein des galeries du Musée national d’art moderne situées dans les étages, mais dans le forum du rez-de-chaussée – un lieu de passage peu adapté à un accrochage. Lire le récit : Hergé fait les beaux jours des enchères (/economie/article/2016/05/02/herge-fait-les- beaux-jours-des-encheres_4911961_3234.html) Ce qui est nouveau ici – outre le fait que l’entrée est payante (13 euros) alors qu’elle était gratuite à Beaubourg –, c’est le propos même de l’exposition. Focalisée sur Hergé, et non sur Tintin, la déambulation se définit comme une plongée dans le processus créatif d’un artiste « complet », qui débuta dans l’affiche publicitaire, s’essaya à la peinture, se passionna pour les civilisations non occidentales et inventa une esthétique universellement identifiée. Cette approche monographique a beau coïncider avec la vocation du Grand Palais, elle fut loin de recueillir tous les suffrages au sein de la RMN à ses débuts, certains conservateurs préférant le montage d’une installation plus « ludique ». Lire l’éclairage : Hergé, peintre en catimini (/arts/article/2016/06/15/herge-peintre-en- catimini_4950695_1655012.html) Vue d’ensemble d’une des salles de l’exposition Hergé au Grand Palais à Paris, jusqu’au 15 janvier 2017. RMN-GRAND PALAIS/DIDIER PLOWY /HERGÉ-MOULINSART « Sortir de notre ghetto » « Il y a eu discussion, c’est vrai. Il fut notamment évoqué la création d’un événement festif au moment de Noël autour de Tintin. Ce genre de débat est normal et légitime dans une institution comme la nôtre », souligne Jérôme Neutres. « Le Grand Palais a voulu mettre en avant Tintin afin de communiquer plus facilement sur l’exposition. Nous nous y sommes opposés. Voir des food trucks proposer des frites au milieu des originaux ne correspond pas vraiment à notre esprit », préfère en rire Nick Rodwell. L’orientation « artistique » finalement adoptée pouvait d’autant moins échapper à Moulinsart que la très grande majorité des pièces proposées appartiennent au Musée Hergé de Louvain-la-Neuve (Belgique). Seule une poignée d’originaux de dessinateurs ayant influencé Hergé à ses débuts (Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan, George McManus…) vient de collections extérieures, ainsi qu’une statuette péruvienne empruntée aux Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles que l’on voit dans L’Oreille cassée (1937). Moulinsart aurait aimé que figure également Carré noir sur fond blanc (1915), célèbre toile de Kasimir Malevitch à laquelle le jeune Hergé fait allusion dans Tintin au pays des Soviets (1930). Le prêt ne put se réaliser. Les visiteurs n’en tiendront pas rigueur aux organisateurs, tant le parcours du Grand Palais abonde de pièces qui soulignent la modernité du père de Tintin. Alors que le Musée Hergé inauguré en 2009 peine toujours à décoller (80 000 visiteurs par an), l’événement parisien s’inscrit dans une stratégie plus globale : « Le pape ne demande pas aux catholiques de venir au Vatican, c’est lui qui va à eux. Nous devons sortir de notre ghetto, aller davantage vers l’international », assène Nick Rodwell. Lire le récit : « Tintin et le Thermozéro », l’œuvre inachevée d’Hergé (/bande- dessinee/article/2015/07/17/tintin-et-le-thermozero-l-uvre-inachevee-d-herge_4687087_4420272.html) Vue d’ensemble d’une des salles de l’exposition Hergé au Grand Palais à Paris, jusqu’au 15 janvier 2017. RMN-GRAND PALAIS/DIDIER PLOWY /HERGÉ-MOULINSART Un très « gros coup » attendu début 2017 Il y a un an, l’homme d’affaires britannique est allé rencontrer Peter Jackson chez lui, en Nouvelle- Zélande, afin de savoir s’il envisageait toujours de faire un deuxième Tintin en motion capture (technique utilisée pour la 3D). Le réalisateur et producteur lui a dit oui, mais sans lui préciser de date ni d’ailleurs le titre des albums qui seraient adaptés. Moulinsart est plus à son aise, en revanche, dans l’édition de livres consacrés à Hergé. Le récent dégel des relations avec Casterman, éditeur historique des Aventures de Tintin, s’est traduit par la sortie commune de plusieurs ouvrages d’exégèse remarqués. Un très « gros coup » est attendu début 2017 avec la parution d’une version colorisée de Tintin au pays des Soviets, (/culture/article/2016/09/22/tintin-et-le-retour-colorise-des-soviets-en-librairie_5001956_3246.html) la seule aventure du reporter à la houppe à être restée en noir et blanc (Le Monde du 24 septembre). L’album sortira le 11 janvier, quatre jours avant la fin de l’exposition au Grand Palais. Il sera alors temps de faire le bilan. En cas de succès, « Hergé » pourrait ensuite tourner à l’étranger. Deux grandes institutions culturelles, dont une outre-Atlantique, ont déjà formulé des demandes en ce sens. Lire le compte-rendu : « Tintin au pays des Soviets », l’album mal aimé d’Hergé, prend des couleurs (/culture/article/2016/09/22/tintin-et-le-retour-colorise-des-soviets-en-librairie_5001956_3246.html) Vue d’ensemble d’une des salles de l’exposition Hergé au Grand Palais à Paris, jusqu’au 15 janvier 2017. © RMN- GRAND PALAIS/PHOTO DIDIER PLOWY, 2016 © HERGÉ-MOULINSART « Hergé », Grand Palais, Paris 8e, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 20 heures (jusqu’à 22 heures le mercredi), jusqu’au 15 janvier 2017. Tarifs de 9 € à 13 €. www.grandpalais.fr (http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/herge) uploads/s3/ herge-du-cha-teau-de-moulinsart-au-grand-palais.pdf

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