FICHE DE LECTURE ¤ Psychologie sociale, sous la direction de Serge MOSCOVICI ¤
FICHE DE LECTURE ¤ Psychologie sociale, sous la direction de Serge MOSCOVICI ¤ Première partie : Influence et changements d'attitudes I/ Conformité et obéissance – La conformité a lieu lorsqu'un individu modifie son comportement ou son attitude afin de le mettre mieux en harmonie avec le comportement ou l'attitude d'un groupe. – L'obéissance a lieu lorsqu'un individu modifie son comportement afin de se soumettre aux ordres directs d'une autorité légitime. Exemple : expérience de Milgram, 1974. A/ Conformité – Accord public (soumission) : changement manifeste du comportement de l'individu qui se rapproche de la position du groupe. Exemple ; si l'individu s'opposait au droit à l'avortement, apprenait que le groupe prônait le droit à l'avortement et publiquement emboîtait le pas au groupe, cet individu ferait preuve de soumission. – Accord privé (acceptation) : changement d'attitude latent de l'individu qui se rapproche de la position du groupe. Exemple : si l'opinion sur le plan privé d'une personne envers le droit à l'avortement devenait plus favorable après que la personne a pris connaissance de l'opinion du groupe, cette personne ferait preuve d'acceptation. Différence entre accord privé/public : conséquence sur le comportement de l'individu lorsque la pression du groupe (un individu perçoit qu'un groupe est en désaccord avec sa position) disparaît. L'individu soumit accepte en public mais s'oppose dans le privé ; l'individu qui accepte, accepte l'opinion publiquement mais aussi dans le privé. Tout comme il existe différentes formes de conformité, il existe différentes formes de non- conformité. Les deux plus importantes de ces formes sont l'indépendance et l'anticonformisme. – Indépendance : une personne perçoit une pression sociale, mais ne réagit à celle-ci ni sur le plan public ni sur le plan privé. Ainsi un individu indépendant tient bon lorsqu'il est confronté au désaccord. – Anticonformisme : un individu perçoit une pression sociale et réagit en s'en écartant sur le plan public, sur le plan privé, ou sur tous les deux. Ainsi un anticonformiste confronté au désaccord adopte une position plus extrême que celle qu'il avait au début. En réalité, l'anticonformiste est tout aussi sensible à la pression sociale que le conformiste, mais il manifeste son sentiment en se déplaçant vers la position inverse. – Influence informative : lorsque les gens sont dans l'incertitude au sujet de la validité de leurs croyances, et croient que le jugement du groupe a plus de chances d'être correct que le leur, ils se conformeront souvent pour réduire l'incertitude. Ce faisant, il manifesteront ce que Deutsch et Gerard (1955) ont appelé une influence informative, que l'on suppose, qui en général implique à la fois une soumission publique et une acceptation en privé. – Influence normative : la conformité peut avoir un autre but latent qui est le désir de recevoir l'approbation d'autres membres du groupe. Lorsque les gens souhaitent augmenter au maximum leur position sociale dans le groupe et croient que les autres membres réagiront plus favorablement à la conformité qu'à la déviance, ils se conforment souvent pour gagner l'approbation (et éviter la désapprobation). Ce faisant, ils témoignent de ce que Deutsch et Gerard (1955) ont appelé une influence normative, que l'on suppose, qui en général implique une soumission publique mais non une acceptation en privé. Les personnes qui dévient du consensus du groupe s'attendent à être évaluées de façon négative et à être rejetées du groupe. De nombreuses études montrent que les membres d'un groupe éprouvent de l'aversion et rejettent les personnes qui dévient du consensus de groupe. Plusieurs études montrent que les gens se conforment plus à un groupe attrayant qu'à un groupe qui ne l'est pas. Les gens se conforment plus aux groupes attrayants, parce qu'ils se préoccupent plus des récompenses et des punitions qu'ils pourraient recevoir de la part de personnes qui leur plaisent que de celles qu'ils recevraient de la part de personnes qui leur déplaisent. (Nous avons plus de chances de nous conformer à un intragroupe qu'à un hors-groupe, parce qu'il nous importe davantage de recevoir l'approbation de l'intragroupe et aussi parce que nous croyons que la position de l'intragroupe est probablement plus correcte [influence informative] ). L'analyse de Deutsch et Gerard portant sur l'influence informative et normative suppose que les individus se conforment à un groupe parce qu'ils dépendent de ce groupe soit pour être informés de la réalité, soit parce qu'ils en attendent des récompenses sociales. Cette position a été contestée par Serge Moscovici qui soutient qu'il est préférable d'interpréter la conformité en tant que forme de négociation entre l'individu et le groupe, laquelle naît d'un conflit quant à la manière de définir la réalité. Une des conditions nécessaires pour qu'il y ait conformité est l'existence d'une « norme d'objectivité » qui stipule qu'il existe une seule réponse correcte à la question considérée. Ensuite, il est nécessaire que le groupe soit « nomique », c'est-à-dire qu'il possède une position fortement intériorisée et cherche activement à affirmer cette position. Enfin, il faut que l'individu soit « anomique », c'est-à-dire dépourvu de position fortement intériorisée. La fonction de la conformité, selon Moscovici, est de réduire le conflit par l'élimination de la déviance. La conformité reflète ainsi la soumission en public plutôt que l'acceptation en privé. Un récent examen d'ensemble laisse entendre que les majorités ont effectivement plus d'influence au niveau public qu'au niveau privé. Il est utile de mettre la conformité en parallèle avec une autre forme d'influence ; cette forme d'influence, que Moscovici appelle normalisation, implique une influence réciproque de la part des membres du groupe. Ceci veut dire que les individus font des compromis en se rapprochant mutuellement des positions des autres, évitant ainsi le conflit. La normalisation se produit lorsqu'il n'y a pas de réponse correcte nette et lorsque les membres du groupe ont une compétence égale, le même statut social, emploient le même style de comportement et sont relativement peu engagés envers leur position. (Moscovici avance aussi une troisième forme d'influence, l'innovation, qui implique que la majorité se déplace dans la direction de la minorité). Bond et Smith (1996) : les chercheurs ont mesuré la relation entre l'individualisme- collectivisme des pays et l'extension de la conformité dont font preuve les habitants dans la tâche de comparaison des lignes d'Asch. L'individualisme est une orientation culturelle qui souligne l'indépendance, l'autonomie et la confiance en soi. Le collectivisme est une orientation culturelle qui souligne l'interdépendance, la coopération et l'harmonie sociale. Les pays inclus dans l'étude étaient : l'Allemagne, la Belgique, le Brésil, le Canada, les États-Unis, les îles Fidji, la France, le Ghana, la Grande-Bretagne, la Hollande, Hong Kong, le Japon, le Koweit, le Liban, le Portugal, le Zaïre et le Zimbabwe. Bond et Smith ont trouvé que les valeurs culturelles étaient effectivement en rapport avec la conformité, les gens vivant dans des cultures collectivistes présentaient de plus hauts niveaux de conformité que ceux vivant dans des cultures individualistes. Il est plausible que les collectivistes fassent preuve de plus de conformité que les individualistes, parce qu'ils attachent plus d'importance aux buts de la collectivité, et parce qu'ils se préoccupent davantage de la façon dont d'autres personnes considèrent leur comportement et en sont affectées. B/ Obéissance La proximité physique de la victime influe sur le taux d'obéissance. En reprenant l'expérience de Milgram, on a obtenu les résultats suivants : – 65% : c'est le taux d'obéissance pour les sujets totalement obéissants (ceux qui vont jusqu'à plus de 450 V) qui doivent infliger un choc électrique à la personne qui se trouve dans la pièce voisine. – 40% : c'est le taux d'obéissance pour les sujets totalement obéissants qui doivent infliger un choc électrique à la personne qui se trouve dans la même pièce qu'eux. – 30% : c'est le taux d'obéissance pour les sujets totalement obéissants qui doivent infliger un choc électrique en maintenant de force la main de la personne sur la plaque électrique. Il y a donc des preuves de moindre obéissance lorsque l'élève se rapproche du professeur. En évaluant comment les caractères d'une autorité (l'expérimentateur) affectent l'obéissance, Milgram a testé plusieurs variables. Il a trouvé, par exemple, que l'autorité physiquement présente produit plus d'obéissance (65%) qu'une autorité donnant ses ordres par téléphone (21%), ce qui montre l'importance de la proximité de l'autorité par rapport au professeur (tout comme celle de l'élève). Dans une autre expérience, Milgram a trouvé que même une autorité « immorale » était obéie par une proportion considérable de sujets. Ici, l'élève consentait à participer seulement si l'expérimentateur promettait de mettre fin à l'étude à la demande de l'élève. L'expérimentateur agréait cette demande mais par la suite refusait de le libérer quand il le lui demandait. Même lorsque l'expérimentateur violait sa promesse, 40% des sujets ont témoigné d'une obéissance totale. Milgram a établi la différence entre deux états psychologiques : l'état d'autonomie et l'état de subordination. Les gens qui se trouvent dans le premier se considèrent comme des individus, se sentent personnellement responsables de leurs actes, et se guident sur leur propre conscience pour savoir si leur comportement est correct. En revanche, les personnes en état de subordination se considèrent comme appartenant à une structure uploads/s3/ psychologie-sociale-sous-la-direction-de-serge-moscovici.pdf
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- Publié le Jul 12, 2022
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