Volume ! 3 : 2 (2004) Sonorités Hip-Hop .......................................
Volume ! 3 : 2 (2004) Sonorités Hip-Hop ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Gérôme Guibert et Emmanuel Parent Introduction Introduction. Sonorités du hip-hop Logiques globales et hexagonales ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Gérôme Guibert et Emmanuel Parent, « Introduction. Sonorités du hip-hop », Volume ! [En ligne], 3 : 2 | 2004, mis en ligne le 15 octobre 2006, consulté le 12 octobre 2012. URL : http://volume.revues.org/1864 Éditeur : Editions Seteun http://volume.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://volume.revues.org/1864 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. Editions Seteun 5 Volume ! 2004-2 Après les tags, les graffs, les block parties, la breakdance et le smurf ainsi que l’affirma- tion du DJ (Dee-Jay) et du MC (Master of Ceremony) au cœur des sound sys- tems, la culture hip-hop s’est cristallisée aux États-Unis au tournant des années 1980, d’abord comme nouveau moyen d’expression de la communauté noire. Musicalement, le hip-hop se structure autour de deux composantes originales. D’abord le rap, technique vocale des MCs, qui se propage sur le funk des radios et des clubs et qui se fait entendre sur les premiers hit-singles du style 1. Ensuite, la citation musicale, la boucle réalisée sur les platines des DJs puis — suivant le tournant électronique en musique du début des années 1980 qui voit le synthétiseur, la boîte à rythme et la technique MIDI se généraliser au détriment des instruments électriques — par le sampleur 2. Cette nouvelle période donne notamment naissance à l’électro- funk 3, avant que le ralentissement généralisé du tempo dans la musique hip-hop new-school du tournant des années 1990 ne voit le producteur devenir en tant que musicien-technicien le réfé- rent musical du hip-hop (Guibert, 2004) ; dans ce nouveau contexte où le sampleur est roi, la pla- tine (élément sonore historique du hip-hop) se « surajoute » soit comme source supplémentaire de citations musicales, soit pour le scratch, technique originale qui permet de réintroduire virtuosité et dextérité du geste dans ce style. Sonorités du hip-hop Logiques globales et hexagonales par Gérôme Guibert et Emmanuel Parent Prés entation 6 Volume ! 2004-2 Gérôme Guibert, Emmanuel Parent Considéré dans un premier temps comme un épiphénomène ou comme une mode éphémère, le hip-hop, dont les compositions sont de plus en plus nombreuses au sein des classements de vente black music 4 à mesure que les années 1980 se déroulent, est bientôt appréhendé comme le moyen d’expression contemporain de la communauté « africaine-américaine 5 » puis dans le monde, comme celui de minorités culturelles. Les recherches sur la culture hip-hop, ses manifestations, ses constituantes, se développent autour de points de vue divers, parfois antagonistes. Ainsi, T. Rose (1994) souligne son ancrage dans le contexte américain de luttes réelles et symboliques entre Blancs et Noirs. P . Gilroy (1993) le réintroduit dans l’histoire singulière d’une culture africaine-américaine qui débute avec le com- merce triangulaire et l’esclavage. D. Toop (1984, 1991) pointe quant à lui les aspects originaux de cette nouvelle expression musicale tandis que R. Shusterman (1991) cherche, dans une perspective pragmatiste, à mettre en évidence la pertinence artistique de ses textes et modes opératoires musi- caux. Dans le même temps, l’aspect industriel et commercial du rap n’est pas passé sous silence (Potter, 1995). 1. « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang (Sugarhill records) sorti en 1979, est aussi un succès en France. Il entre en 1980 dans les cinquante meilleures ventes de 45 tours (source SNEP). Utilisant la musique du « Good Times » du groupe disco/Funk Chic, il est considéré comme un morceau de Funk et intègre le réseau des discothèques. 2. D’ailleurs, pour Neil Rodgers et Bernard Ewards du groupe Chic : « C’est une des raisons pour lesquelles nous nous sommes séparés en 1983. La technologie a remplacé les instruments et les musiciens comme nous sont devenus obso- lètes. […] nous jouons notre musique live. Pas d’ordinateurs, pas de séquenceurs. […] Nous avons notre truc, nous le faisons au mieux. », KMETYK Tanis, « Boîte à freak (interview Chic) », Les Inrockuptibles, n° 35, avril-mai 1992, p. 88. 3. Le premier succès de ce nouveau style est le « Planet Rock » de Africa Bambaataa (1982), entièrement synthétique, qui contient une citation explicite au morceau « Trans Europe Express » de Kraftwek, groupe précurseur allemand issu de la scène Krautrock de la première moitié des années 1970 qui est un des premiers à n’utiliser que des instruments électroniques et qui influencera également les premiers disques de new-wave et de house-music. 4. Dès les années 1920, le Billboard — publication qui répertorie les ventes de disques aux États-Unis — dispose d’un classement spécifique aux musiques destinées à la communauté noire (« africaine-américaine »), suivant en cela les « series » proposées par les maisons de disques. Au cours du xxe siècle, ce classement prend plusieurs noms. Ainsi, aux termes Colored et Race records des années 1920 succèdent le terme R&B à compter de 1949, puis Soul et Black music au début des années 1980. 5. Comme le rappelle K. Stapleton (1998 : 222) : « Rap veteran Chuck D of Public Enemy has been widely quoted as calling rap music the “Black man’s CNN”. » 7 Volume ! 2004-2 Présentation « What do you think about hip-hop ? » Écrits français Si les débats entre auteurs anglo-saxons sont alors féconds, les recherches françaises, qui prennent forme dans la seconde partie des années 1990, sont ignorées en dehors du monde francophone parce que non traduites. Un phénomène structurel typique de la recherche en sciences sociales des trente dernières années où l’Anglais est devenu la langue de l’échange international mais où les universitaires français, réticents et critiques, perpétuent à débattre en Français dans une sorte de conceptualisation parallèle. Ce manque de confrontation, cette problématique du « franchisse- ment de l’Atlantique », est plusieurs fois mise en évidence dans ce numéro, tant en ce qui concerne le hip-hop que les discussions qu’il a pu générer. Il est à cet égard intéressant d’observer que — tout comme la recherche française ne discute réellement que des ouvrages traduits dans notre langue — les anglophones n’utilisent les travaux français qu’à travers le prisme fortement réduit des quel- ques articles des chercheurs de notre pays disponibles dans leur langue, élaborant la plupart du temps leur propre analyse du hip-hop hexagonal. Jusqu’à la publication en 2002 de Black, Blanc, Beur. Rap Music and Hip-hop Culture in the Francophone World, l’état des recherches françaises n’était vu, dans le monde non francophone des études sur les popular music, qu’à travers des anglophones exerçant leurs études en France (Huq, 2001) ou des Français exilés enseignant les French Studies (Prévos, 1996 ; Lebrun, 2003) auxquels s’ajoutaient quelques passeurs comme les Québécois bilingues (Chamberland, 2002). En tous les cas, le hip-hop hexagonal paraissait intéressant parce que particulièrement développé : dès le milieu des années 1980, ses premières structurations apparaissaient déjà. En effet, après la première tournée hip-hop montée via les réseaux d’Actuel et dont les connexions devaient aboutir au show télévisuel présenté par Sydney sur TF1 (« H.i.p-h.o.p », 1984) et aux émissions sur Radio Nova — dont celle de Dee Nasty (Guibert, 2004 : 277) —, la culture hip-hop s’était implantée en France par la danse, puis le tag et le graff et, enfin, par les premiers disques de rap 6. Le succès commercial de ces enregistrements ira alors grandissant jusqu’à la fin des années 1990 (avant une chute des ventes du créneau musical à compter de 2000). Les ventes d’album des artistes français allaient bientôt dépasser celles des américains à partir du milieu des années 1990. 6. On peut citer la compilation Rapattitude (Label Noire/Virgin, 1989) qui intègre des morceaux de NTM, Assassin ou Dee Nasty. D’autre part, pour une histoire du rap français, on pourra consulter Bocquet & Pierre-Adolphe, 1997. 8 Volume ! 2004-2 Gérôme Guibert, Emmanuel Parent Si l’on excepte l’article de Bachmann & Basier sur le smurf (1985), les premières études univer- sitaires sur le hip-hop effectuées dans notre pays proviennent des écrits de Georges Lapassade, ethnologue africaniste ayant travaillé sur la transe au cours des années 1970. Il faut d’ailleurs noter qu’il joua lui-même un rôle dans le développement du hip-hop en accueillant des activistes du mouvement dans son université (Paris VIII), notamment sur la radio libre Fmr ou lors d’ateliers et de festivals qu’il organisa sur uploads/s3/ volume-1864-3-2-sonorites-du-hip-hop-logiques-globales-et-hexagonales.pdf
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- Publié le Jul 28, 2022
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