DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉRIC NEHR BOUTON D’OR 19 SEPTEMBRE . . . 22 NOVEMBRE 2015 !
DOSSIER PÉDAGOGIQUE ÉRIC NEHR BOUTON D’OR 19 SEPTEMBRE . . . 22 NOVEMBRE 2015 ! 2! SOMMAIRE I. Découvrir l’exposition a. Présentation de l’exposition b. Eric Nehr, qui es-tu ? II. Approfondir l’exposition : pistes de travail et références artistiques a. Portrait(s) b. Beauté, norme, différence c. « Ecrire avec la lumière » d. Une approche plastique de la photographie e. Lecture d’œuvre : Kimi III. Offre pédagogique en lien avec l’exposition « Bouton d’or » a. Les visites b. Les ateliers c. L’artothèque du CRP d. Mise à disposition d’outils pédagogiques e. Une question ou une idée de projet ? IV. Bibliographie V. Informations pratiques ….......…………………………………………………………………………………………………………………….. Ce dossier pédagogique a été rédigé par Bernard Dhennin, professeur d’Arts Plastiques détaché au CRP et Anaïs Perrin, chargée de développement, avec l’aimable collaboration d’Eric Nehr. Il a été élaboré à l’occasion de l'exposition « Bouton d’or » consacrée au photographe Eric Nehr et présentée au CRP du samedi 19 septembre au dimanche 22 novembre 2015. Il est destiné aux enseignants du primaire et du secondaire et plus largement, à toute personne désireuse de préparer une visite avec un groupe. Il a pour but de vous accompagner dans la découverte et l’exploitation pédagogique de l’exposition avec vos élèves, en proposant notamment la mise en perspective de la démarche de l’artiste dans l’Histoire des Arts ou encore des clefs de lecture des œuvres présentées. Photographie de couverture : Kimi, 2015, Tirage jet d’encre, 30 x 42 cm (avec cadre), Courtesy de l’artiste © Eric Nehr ! 3! I. DECOUVRIR L’EXPOSITION a. Présentation de l’exposition Cela me vient en observant ceci : que nous sommes encore à peindre les hommes sur fond d’or, comme tous les premiers primitifs. Ils se tiennent devant l’indéterminé. Parfois de l’or, parfois du gris. Dans la lumière parfois, et souvent avec, derrière eux, une insondable obscurité.1 Eric Nehr développe depuis la fin des années 90 une recherche photographique autour du portrait, explorant la notion d’altérité et de beauté dans nos sociétés. Il choisit pour cela des modèles de femmes et d’hommes présentant des particularités physiques qu’il photographie en studio sur fonds colorés en buste. Il les révèle dans leur singularité à travers un travail précis sur la lumière et sur la couleur nous amenant ainsi à porter un regard différent sur ses modèles. Il y a dans l’œuvre photographique de cet artiste une dimension fortement picturale, et l’histoire de l’art irrigue ses différentes séries de portraits, notamment l’art de la Renaissance et ses maîtres anciens qu’il a longuement observés et admirés. Depuis quelques années maintenant, il photographie des personnes souffrant d’albinisme, maladie héréditaire caractérisée par un déficit de production de mélanine qui rend leur vision très déficiente et les rend photophobes2. Ces personnes vivent le plus souvent à l’abri de la lumière et des regards, mais Eric Nehr à travers la photographie va à l’encontre de leur maladie en les replaçant dans la lumière. Ainsi pour l’exposition au CRP, il présentera deux séries de portraits de personnes albinos réalisés dans différents pays d’Europe, mais aussi en Amérique du Sud, au Panama et en Afrique au Cameroun où elles subissent des violences. Une première série d’images sous forme de collages au mur sur papier très fin est présentée dans la galerie principale. Ce sont des compositions présentant des visages d’adultes et d’enfants albinos africains et indiens notamment, qu’il a rencontrés lors de ses voyages dans ces pays. Ces séries de têtes alignées et déployées sur le mur rappellent les fresques « grotesques »3 où certains visages ont des expressions très marquées : le rire, la tristesse, qui semblent presque exagérées nous faisant basculer souvent dans la bizarrerie. Mais une très grande fragilité se dégage bientôt de cette série à l’image de la finesse du papier et de leur vulnérabilité physique, ces visages émergent délicatement du mur, restaurés dans leur humanité, apaisés, réparés par la seconde peau que constitue le papier. L’artiste a travaillé ces compositions avec différentes lumières, jouant sur ses variations et créant ainsi différents rendus : du portrait à peine esquissé à des portraits plus incarnés avec un jeu d’ombres portées. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 1 Rainer Maria Rilke, Notes sur la mélodie des choses, Editions : allia, Paris, 2008, page 11. 2 De phôtos, « lumière » et phobos, « peur », en grec ancien. Personne qui craint la lumière. 3 Grotesque : ornement (dessin, peinture ou sculpture) des monuments antiques mis au jour en Italie par les fouilles de la Renaissance et représentant des sujets fantastiques, des compositions capricieuses figurant des personnages, des animaux, des plantes étranges. Par extension, cela désigne un dessin, peinture ou sculpture représentant des formes, des personnages bizarres (source : CNRTL, Centre national de ressources textuelles et lexicales) ! 4! Une série de portraits photographiques présentée sous cadre dans la seconde salle fait écho à cette série sur papier. Il s’agit de tirages sous-exposés très noirs dits miroirs qui apparaissent comme des monochromes où l’image ne se donne pas d’emblée mais devant laquelle il faut se mouvoir pour la visualiser. L’artiste a souhaité à travers ce traitement particulier redonner à ses modèles leur couleur noire qui aurait dû être la leur s’ils ne souffraient pas de cette maladie et ainsi gommer ce déterminisme. Il souhaite également créer les conditions d’une rencontre parfois douloureuse pour le spectateur, l’interpeller en le renvoyant à lui-même dans la perception de ces visages qui portent les marques du temps, celui accéléré de la maladie, agissant alors comme des « memento mori » : En dressant des monochromes sombres sur des papiers ultra-brillants je place le spectateur devant un miroir déformant. Son regard se cogne contre sa propre image occidentale tandis que les contours du portrait fortement altérés se perdent. Un peu à la manière du spectateur gêné par la vitre de protection d’un tableau nous cherchons un angle, celui qui nous permettra de nous soumettre au portrait, à son immersion. Eric Nehr En exposant voire surexposant ces personnes à la lumière qui constitue leur malédiction, l’artiste capte leur hypersensibilité et leur fragilité sur la pellicule et révèle à la manière du processus photographique, une image qui les abstrait un instant de leurs souffrances et de leur quotidien très difficile en particulier en Afrique. Mais il ne s’agit pas pour Eric Nehr de témoigner sur un mode documentaire de la réalité souvent dure qui est celle de ces personnes, d’enregistrer leur état de souffrance et de nous le restituer dans sa brutalité objective, mais ici de rendre ses modèles présents au monde en transcendant leur handicap dans une approche artistique et esthétique. Reste le visage de cette jeune femme qui apparaît dans toute sa grâce et sa puissance visuelle, comme une énigme sur fond d’or à la manière des fonds renaissants : « Bouton d’or » donnant son nom à l’exposition. Eric Nehr nous parle ici de l’universalité de la beauté et de l’irréductibilité de l’être. Muriel Enjalran, directrice du CRP/ Centre régional de la photographie Nord – Pas-de-Calais ! 5! Quelques œuvres visibles dans l’exposition 1 2 3 4 5 6 ! 6! 1. Carmelle, Océane et Oscarine, 2010 tirage jet d’encre sur papier japonais gampi, 70,5 x 49,5 cm Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr 2. Blandine #2, 2010 tirage jet d’encre sur papier baryté encadré sous Marie-Louise, 49,5 x 45 cm (avec cadre) édition 1/3 + 2 EA Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr 3. Mathurin #1, 2010 C-Print sur papier ultra brillant contrecollé sur aluminium, 76,5 x 61,5 cm (avec cadre) édition 1/3 + 2 EA Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr 4. Victoria #1, 2010 C-Print sur papier ultra brillant contrecollé sur aluminium, 66,5 x 66,5 cm (avec cadre) édition 1/3 + 2 EA Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr 5. Johana, 2010 tirage jet d’encre sur papier baryté encadré sous Marie-Louise, 35 x 35 cm (avec cadre) édition 1/3 + 2 EA Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr 6. Simon, Mathurin et Dominique, 2010 tirage jet d’encre sur papier japonais gampi, 49,5 x 80 cm Courtesy de l’artiste, © Eric Nehr b. Eric Nehr, qui es-tu ? Eric a accepté de répondre à quelques unes de nos questions : Comment es-tu arrivé à la photographie ? Pourquoi ce choix ? Très tôt, j’ai eu la chance de suivre un enseignement secondaire artistique à l’Institut Saint-Luc à Tournai, en Belgique1. Je me souviens notamment du jour où j’ai découvert le retable de l’Agneau mystique de Van Eyck à Gand, ce fut un choc ! A l’époque, la photographie était plutôt tournée vers le noir et blanc. Quelqu’un comme Eggleston2, très reconnu aujourd’hui, n’était pas enseigné. Pourquoi avoir choisi de travailler le portrait ? Je me souviens d’un portrait anonyme découvert au Louvre, celui du roi Jean II le Bon3. Ce n’est pas que ce soit mon portrait préféré mais il incarne pour moi un réel mystère : un roi sans couronne, de profil… C’est assez nouveau au 14ème siècle ! !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 1 Cet institut a la particularité de proposer des formations artistiques complètes et spécialisées dès l’âge uploads/s3/guide-pedagogique-crp-eric-nehr.pdf
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- Publié le Aoû 30, 2021
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