Dossiers pédagogiques/Collections du Musée Un mouvement, une période ART CON L'

Dossiers pédagogiques/Collections du Musée Un mouvement, une période ART CON L'ART CONCEPTUEL : " CE QUI PERMET À L'ART D'ÊTRE ART " LES ARTISTES ET LEURS ŒUVRES Sol LeWitt, 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of a Cross, 1966-1969 Robert Morris, Card File, 1962 Joseph Kosuth, One and Three Chairs, 1965 Stanley Brouwn, Trois Pas = 2587mm, 1973 Art & Language, Singing Man, 1976 Lawrence Weiner, Stones + Stones. 2 + 2 = 4, 1987 TEXTE DE RÉFÉRENCE CHRONOLOGIE BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Ce dossier s’inscrit dans une série Un mouvement, une période, qui sera régulièrement augmentée dans cette partie du site. - Ces dossiers sont réalisés autour d’une sélection d’œuvres des principaux mouvements ou tendances représentés dans les collections du Musée national d’art moderne. - S’adressant en particulier aux enseignants ou aux responsables de groupe, ils ont pour objectif de proposer des points de repères et une base de travail pour faciliter l'approche et la compréhension de la création au 20e siècle, ou pour préparer une visite au Musée*. Chacun de ces dossiers comporte : - une présentation générale permettant de définir et de situer le mouvement dans un contexte historique, géographique et esthétique, - une sélection des œuvres des collections du Musée les plus représentatives, traitées par fiches comportant une notice d’œuvre, une reproduction et une biographie de l’artiste, - un ou plusieurs textes de référence apportant en complément une approche théorique, - une chronologie, - une bibliographie sélective. *À NOTER Les collections du Musée comportent 59 000 œuvres. Régulièrement, le Musée renouvelle les œuvres présentées dans ses espaces situés aux 4e et 5e niveaux du Centre Pompidou. Les dossiers pédagogiques sont réalisés en lien avec ces accrochages. Pour en savoir plus sur les collections du Musée : www.centrepompidou.fr/musee L'ART CONCEPTUEL : "CE QUI PERMET À L'ART D'ÊTRE ART" L’Art conceptuel n’est pas un mouvement structuré, ni même une tendance univoque. Il concerne plutôt des artistes qui ont pour première exigence d'analyser ce qui permet à l’art d’être art, analyse qui elle-même se conduit selon deux grandes orientations. D’une part, avec un artiste comme Sol LeWitt, suivi de Dan Graham, l’Art conceptuel reçoit une acception large, fondée sur l’affirmation de la primauté de l’idée sur la réalisation. En conséquence, tout un pan de l’histoire de l’art peut être qualifié de "conceptuel", depuis le 15e siècle avec l'appartenance de la peinture aux arts libéraux où le travail de l'esprit tient la plus grande part : l'art est "cosa mentale" avait écrit Léonard de Vinci. En somme, tout artiste qui privilégie le "disegno", la conception par le biais du dessin, participe de l’Art conceptuel. Pour Sol LeWitt, tout le cheminement intellectuel du projet (gribouillis, esquisses, dessins, repentirs, modèles, études, pensées, conversations) a plus de valeur que l'objet présenté. "La couleur, la surface, et la forme ne font qu'accentuer les aspects physiques de l'œuvre. Tout ce qui attire l'attention sur le physique d'une œuvre nuit à la compréhension." (Artforum, été 1967). D’autre part, une acception restreinte de l'Art conceptuel est circonscrite par Joseph Kosuth ou le groupe d’origine anglaise Art & Language à travers la revue du même nom. Il s’agit de limiter le travail de l’artiste à la production de définitions de l’art, de répondre à la question "Qu’est-ce que l’art ?" par les moyens de la logique (Cf. texte de référence de Kosuth). A de la primauté de l’idée, se substitue ici celle de l’exigence tautologique : définir l’art et rien que l’art sans se contredire. Le but de cette restriction de l’activité artistique est de refuser toute visée métaphysique, jugée comme incertaine, pour n’évoluer que dans le domaine du fini, assurément viable. Outre Joseph Kosuth et Art & Language, de nombreux artistes ont contribué à cette recherche, notamment Robert Barry, On Kawara, Lawrence Weiner aux Etats-Unis, Victor Burgin en Grande-Bretagne, Bernar Venet et Daniel Buren en France, et ont assuré son développement international. En résumé, la divergence des deux interprétations dépend de ce que l’on entend par "conceptuel" : l’idée ou la tautologie. Cependant, si cette distinction peut sembler subtile, on ne peut en négliger les implications : à travers l’opposition des deux orientations de l’Art conceptuel, c’est le choix de l’infini ou du fini qui est en jeu. Bien que remettant en cause l’objet et sa production, l'Art conceptuel n'a cependant jamais pu se passer de réalisations formelles qui se matérialisent le plus souvent par la photographie ou l'édition de livres et de catalogues, mais aussi de diagrammes, de schémas, de plans, de fichiers et d'installations diverses. La spécificité de l'Art conceptuel est parfois difficile à cerner tant par la diversité des démarches artistiques que par l'ampleur de son influence sur différentes tendances contemporaines qui prouve sa vitalité. LES ARTISTES ET LEURS ŒUVRES La plupart de ces textes sont extraits ou rédigés à partir des ouvrages La Collection, Musée national d’art moderne, Ed. du Centre Pompidou, Paris, 1987, et La Collection, Acquisitions, 1986-1996, Ed. du Centre Pompidou, Paris, 1996. SOL LEWITT Hartford, Connecticut, 1928 Sol LeWitt, 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of a Cross, 1966-1969 (Pièce en cinq unités (cubes ouverts) en forme de croix) Acier peint (laque émaillée) 160 x 450 x 450 cm © Adagp, Paris 2007, Paris 2005 Cette œuvre, emblématique de la sculpture de Sol LeWitt, illustre un principe de construction des formes qu’il met en place à partir de 1965. Ses sculptures deviennent des structures modulaires : des constructions qui répètent et ordonnent une même unité en suivant des principes de progression géométrique. 5 Part Piece (Open Cubes) in Form of a Cross, comme l’énonce son titre, se compose de cinq cubes évidés émergeant d’un plan en croix. Plus précisément, quatre cubes disposés en croix font apparaître un cinquième élément central et virtuel, formé par les arêtes des autres cubes. Cette œuvre hérite de l’expérience acquise par Sol LeWitt auprès des artistes de l’Art minimal : les formes sont posées à même le sol pour remettre en cause l’usage du socle dans la sculpture classique ; elles sont peintes en blanc, afin d’éliminer toute qualité de représentation et d’expression. Mais elle applique un postulat énoncé par Sol LeWitt tour à tour en 1967 et 1969 dans ses deux grands textes "Paragraphs on conceptual Art" et "Sentences on conceptual Art" : l’œuvre n’est que l’illustration d’une idée. Ni ses détails matériels, ni ses limites dans l’espace, n’ont d’importance. En droit, elle pourrait se développer à l’infini. Avec ce parti pris théorique, Sol LeWitt quitte l’Art minimal pour l’Art conceptuel. Grâce à la prédominance de l’idée, "l’art devient la machine qui fabrique l’art". Biographie Après des études d’art, Sol LeWitt travaille comme graphiste auprès de l’architecte I. M. Pei. De cette expérience, il retient d’idée de la supériorité d’un projet sur sa réalisation. Il élabore ses premières œuvres autour de 1962, des tableaux en relief où se mêlent des mots et des formes géométriques. Sa première exposition personnelle a lieu à New York en 1965, année de l’apparition de ses structures modulaires. Il expose alors avec les artistes de l’Art minimal, notamment à la célèbre exposition collective du Jewish Museum de New York, Primary Structures, en 1966. A partir de 1967, il rompt avec l’Art minimal en qualifiant son travail de "conceptuel". Il s’oriente vers la création d’œuvres qui se réduisent de plus en plus à des modèles, voire de simples textes indiquant les opérations à effectuer pour leur réalisation. Il conçoit ainsi à partir de 1968 des Wall Drawings, fresques à composer par la répétition d’un motif géométrique en couleurs primaires. Quant à l’authentification de ses œuvres, Sol LeWitt utilise des certificats, ouvrant la voie par ce système à d’autres artistes comme Daniel Buren ou Lawrence Weiner. Plus récemment, ses Wall Drawings réintroduisent un espace illusionniste, des couleurs plus subtiles, et une technique graphique plus complexe. Ses dernières œuvres réconcilient la sculpture et le dessin par la création d’ensembles conçus in situ, où des Wall Drawings multicolores font écho à de grands solides blancs et irréguliers. Sol LeWitt au musée Guggenheim ROBERT MORRIS Kansas City, 1931 Robert Morris, Card File, 1962 (Fichier) Tiroir de fichier métallique, monté sur planche de bois, fiches cartonnées 68,5 x 27 x 4 cm © Adagp, Paris 2007, Paris 2005 Card File (en français tout simplement fichier) répond au projet d’une œuvre entièrement tautologique, qui n’est constituée que de sa propre histoire : rien qu’une série de fiches, alignées dans un classeur de type Cardex, regroupant par ordre alphabétique les données constitutives de l’œuvre. A "Décision", on peut lire la liste des premières fiches et la date de leur choix ; à "Erreurs" le recensement des fautes d’orthographe contenues dans les autres fiches ; à "Titre" le titre ; à "Signature" la signature de Morris, etc, la plupart des fiches renvoyant l'une à l’autre. Ce jeu virtuellement infini est arrêté par décision arbitraire au 31 décembre 1962, comme l’indique la fiche "Travail". Card File anticipe le mouvement de l’Art conceptuel qui s’efforce, dans les années 60 et 70, d’appliquer aux arts visuels un modèle issu de la uploads/s3/l-x27-art-conceptuel.pdf

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