AGADIR 2 9 F é v r i e r 1 9 6 0 Histoire et leçons d'une catastrophe COMPOSÉ E

AGADIR 2 9 F é v r i e r 1 9 6 0 Histoire et leçons d'une catastrophe COMPOSÉ EN BODONI, CORPS DIX, PAR ACHARD ET FILS, ET TIRÉ SUR LES PRESSES DE G. CHOLET, MARSEILLE, SUR PAPIER OFFSET MI-LISSÉ AFNOR VII, 90 GRAMMES. IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE MILLE EXEMPLAIRES, NUMÉROTÉS DE 1 A 1.000, CONSTITUANT L'ÉDITION ORIGINALE. EXEMPLAIRE COPYRIGHT 1967 - BY WILLY C. CAPPE ÉDITEUR - MARSEILLE TOUS DROITS DE TRADUCTION ET D'ADAPTATION RÉSERVÉS POUR TOUS PAYS. LA PRÉSENTATION ET LA MISE EN PAGE SONT DE L'AUTEUR. LES DESSINS A LA PLUME SONT DE FRANCE PERSEVAL. LES PHOTOGRAPHIES SONT DE JEAN MANUEL ET LANDRY GAUTIER, LÉON KAOULI, ALBERT BOTTI, DE LA MARINE NATIONALE ET X... TOUS DROITS RÉSERVÉS. P R É F A C E Lorsque, dans la nuit du 29 février au 1 mars 1960, un séisme détruisit une grande partie de la ville d'Aga- dir, en entraînant la mort de plusieurs milliers d'habitants, l'auteur de ce livre s'y trouvait. Témoin de scènes et de situations dramatiques, d'actes de dévouement et d'élans de solidarité magnifiques, il a entrepris la rédac- tion de l'histoire de cette catastrophe en se basant sur des textes officiels, des comptes rendus dignes de foi, en ne citant que des faits contrôlés ; il a voulu se tenir constamment dans une stricte objectivité et, sans aucun doute, il a atteint le but qu'il s'était fixé. En ville, le séisme détruisit la majorité des habita- tions, sous les décombres desquelles ont été enfouis des morts, des blessés et des vivants, dont une grande partie des autorités civiles, de la gendarmerie, de la police et de l'armée royale. Par contre, sur la base aéronautique navale fran- çaise, située à six kilomètres du centre d'Agadir, malgré de graves dégâts la plupart des immeubles ont résisté, en particulier les casernements du personnel. Quelques minutes après le drame les marins et soldats français, indemnes, disposant de matériels intacts, ont pu se précipiter à l'aide des sinistrés. Ainsi, pendant de longues heures, ils furent à peu près seuls, par la force des choses, en mesure de porter secours à la population ; et ce secours, ils le fournirent avec une volonté, une résistance admirables et une foi extraor- dinaire dans la réussite des travaux herculéens qu'ils entreprenaient pour retirer des ruines les vivants et les blessés. Une autre circonstance allait permettre à la Marine française de développer encore son action. L'escadre de la Méditerranée était en mer, effectuant des exercices au large des côtes marocaines. Aussitôt que le gouver- nement français fut informé, par la Marine, de l'impor- tance de la catastrophe, il donna l'ordre à l'amiral, commandant l'escadre, de se diriger vers Agadir et d'apporter aux sinistrés toute l'aide possible. Et ce fut un secours d'une valeur considérable qui arriva, par mer, dès le lendemain : médecins et infirmiers pour les soins aux blessés ; marins pour la recherche des victi- mes dans les ruines ; porte-avions et escorteurs pour des transports de matériel et de personnel de Casablanca à Agadir ; vivres pour la nourriture des rescapés. Par la suite, les opérations de sauvetage se déve- loppèrent encore. Aux moyens que le gouvernement marocain rassembla le 1 mars et renforça au cours des jours suivants s'ajoutèrent ceux que plusieurs pays étrangers envoyèrent sur place, en particulier des avions de transport, du personnel et du matériel sanitaires, des engins de travaux publics. L'ampleur de la catas- trophe suscita un immense et réconfortant élan de solidarité. Je suis certain que le très beau livre de W. Cappe sera lu avec un grand intérêt et beaucoup d'émotion, en particulier par tous ceux qui ont vécu de drame, et qui seront reconnaissants à l'auteur de leur avoir donné l'occasion d'un retour dans le passé. M.G.V. Cher Monsieur, Vous avez bien voulu, en me faisant part de votre intention de publier prochainement un ouvrage sur ce qui s'est passé à Agadir le 29 février 1960, me demander quelques lignes à titre de préliminaire. Je ne puis parler de votre livre, n'en ayant pas eu le texte entre les mains, mais je pense que tous ceux qui ont vécu ces heures tragiques seront, comme je le suis moi-même, sensibles à votre propos. Pour ma part, je voudrais inscrire en tête de la place que vous avez bien voulu me réserver un hommage profondément attristé à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans cette catastrophe et dont l'absence pèse et pèsera toujours au cœur de leurs proches. Le second témoignage que je voudrais porter ici est celui de la reconnaissance envers tous les sauveteurs, dont le généreux dévouement s'est exercé jour et nuit dans des conditions toujours difficiles et souvent périlleuses. On ne sera pas surpris si je fais, à ce sujet, une mention particulière de l'action de nos marins et de la sollicitude dont ils ont entouré les morts comme les vivants. Ma pensée va enfin vers ceux qui ont survécu, frappés dans leur chair ou dans leurs affections les plus tendres, privés de leurs ressources et de leur toit, et qui sont unis aujourd'hui dans le souvenir comme ils le furent dans l'épreuve. René JEUDY, ancien Consul général de France à Agadir. Ce livre a été rédigé en partie grâce aux indications et aux documents fournis par le capitaine de vaisseau Thorette, qui a apporté lui-même les corrections et précisions nécessaires afin de donner une relation aussi exacte que possible des événements, en particulier de ceux où la Base Aéronavale était directement impliquée. Edité grâce à l'aide de nombreux rescapés, amis et anciens d'Agadir. Qu'ils en soient tous remerciés. Le souk de Talbordj en 1950 ± I DE LA LEGENDE A L'HISTOIRE Dans le nord-ouest de l'Afrique, au sud d'un pays appelé autrefois Berbérie, se trouve une baie très vaste limitée au nord par le cap Ghir, au sud par le cap Juby. Entre ces deux points, en ligne droite, près de trois cents kilomètres. Proche du cap Ghir, à la partie la plus profonde de cette baie et bien abritée des lames puissantes de l'Atlantique, se trouve une rade. Une plage de sable fin s'étalant sur plusieurs kilomètres la borde. Depuis des temps immémoriaux, les navigateurs devaient repérer ce point exceptionnellement hospitalier d'une côte sauvage et désertique qui était, et demeure encore de nos jours, le dernier mouillage sûr avant Port-Etienne. Dans les escarpements rocheux de la côte, tout près du cap Ghir, sur le sol de nombreuses grottes, on trouve encore des multitudes de pierres aux formes curieuses qui attestent que l'homme a occupé ces régions à l'époque de la pierre taillée. Comme partout, ce qui fut peut-être de l'histoire devint légende. Et une légende encore vivace en pays berbère raconte qu'un géant colossal nommé Atlas régnait alors sur ce pays et sur d'autres géants, qui en constituaient alors la population. Mais à cette époque, cette partie de la terre d'Afrique était encore réunie à l'Europe. Elle s'étendait aussi bien loin vers l'ouest où l'Océan l'a remplacée depuis. Atlas et les géants avaient engagé une guerre contre le dieu « Joupiter » qui n'était qu'un faux dieu. Ses armées écrasèrent les géants et les précipitèrent dans la mer ; quant à Atlas, il fut condamné à supporter le ciel sur ses épaules. Atlas était le gardien farouche d'un merveilleux jardin où poussaient des pommes d'or et que ses filles, les Hespérides, entretenaient. Et un Grec nommé Erkoulé, dit la légende marocaine, vint tenter de les lui ravir, et, grâce à Gorgone, changera le géant en pierre. Certes, il ne s'agit là que d'une simple transposition d'un chapitre de la mythologie grecque, qu'il est néanmoins curieux de retrouver ici. Mais, dit la légende, un jour viendra où le géant cessera d'être une montagne et reprendra sa forme primitive et alors « que l'on tremble car sa vengeance s'exercera sur toute la race des hommes ». Après la légende, vient l'Histoire. Il est possible que le Carthaginois Hannon, au cours du vaste périple qu'il fit sur les côtes d'Afrique au V siècle av. J.-C., ait jeté l'ancre dans la rade qui se creuse au fond de cette baie. Mais ce n'est qu'au XVI siècle de notre ère que l'Histoire prend forme. En 1505, un capitaine portugais, Juan Lopez de Segura, cherchant un point d'eau sur cette côte hostile, en trouve un au fond de cette rade. Une source y coule. Le mot portugais « fonte », qui veut dire fontaine, restera à jamais attaché à ce point qui s'appelle encore Founti. Les Portugais s'installent. Et ils créent là, de toute pièce, un comptoir, qu'ils appellent « Santa-Cruz du cap de Ghé », en français « Sainte-Croix du cap Ghir ». Mais les Portugais ne se contentent pas de prendre de l'eau. Ils explorent l'arrière-pays. Dans la vallée d'un fleuve, le Souss, qui aboutit à cette baie, il découvrent de riches cultures. Les Portugais imposent leur loi aux Berbères avec une violence inouïe. Mais aux massacres des conquistadors les Berbères répondent par d'autres violences et chassent uploads/S4/ agadir-willy-cappe-29-fev-1960.pdf

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  • Publié le Mai 04, 2022
  • Catégorie Law / Droit
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