Fouillée, Alfred (1838-1912). Le Moralisme de Kant et l'amoralisme contemporain
Fouillée, Alfred (1838-1912). Le Moralisme de Kant et l'amoralisme contemporain, par Alfred Fouillée. 1905. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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IHUMOTHÊQUK \" '^Uti> 1)K 1MIILUSOPI1IK CONTEMPORAIN!* ISME DE KANT KT .ISME CONTEMPORAIN PAR ALFRED FOUILLÉE PARIS FÉLIX ALGAN, ÉDITEUR ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIERE ET C'« ÎOS, BOULEVAKUSAl.NT-CïtlMAIX, I08 igo5 US MORALISME DE KANT ET L'AMORALISME CONTEMPORAIN LE MttAIISME DE KANT ET L AMORALISME CONTEMPORAIN PAR ALFRED FOUILLÉE PARIS FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BA1LLIÈRE ET C" I0 8, BOULEVARDSAINT-GEKMAIN, 108 igo5 PRÉFACE I LK PROBLEMECONTEMPORAIN* Depuis le moment où fut publiée la Critique des sys- tèmes de morale contemporains, la situation morale est devenue beaucoup plus grave et plus aiguë ; je ne parle pas seulement au point de vue pratique, mais surtout au point de vue théorique. De nos jours, plus encore qu'il y a une trentaine d'années, c'est la morale même qui est en cause, soit en tant que réelle, soit en tant i\\\\itilc et nécessaire. J'ai lu avec le plus grand soin, pour m'éclaircr sur ces hautes questions, ce que mes contemporains ont écrit dans les sens les plus divers et les plus contradic- toires. J'ai essayé de me faire en quelque sorte une opinion sur toutes les opinions. Faut-il le dire ? J'ai trouvé dans le domaine moral un tel désarroi d'idées et de passions, un tel conllit de partis pris également extrêmes, une telle absence de méthode vraiment scientifique, même chez ceux qui se réclament de la « Science », qu'il m'a paru indispensable de mettre en lumière ce qu'on pourrait appeler la sophistique morale contemporaine, avant de rechercher les éléments de vérité qui me semblent pouvoir s'unir en une synthèse compréhensive. Dans cette forêt inextricable, selva os- cttra, il faut se livrer a un travail d'orientation préalable pour découvrir, tant bien que mal, son chemin propre. Ceux qui consentiront à entreprendre l'examen VI PREFACE des théories en lutte reconnaîtront que les plus im- portantes se ramènent aux deux camps ennemis du moralisme et de l'amoralisme. Par moralisme, j'entends la doctrine qui fait reposer la morale sur elle-même et lui confère ainsi, avec l'indépendance, la« primauté ». Non seulement la morale existe et est nécessaire, mais encore elle subsiste par soi, norme spéciale de la pratique, sans dépendre ni des sciences positives, dont le domaine est autre, ni de la philosophie spéculative, qui demeure, prétend-on, hypothétique en ses principes et qui, en ses dernières conclusions, dépend elle-même de la morale. Telle est la conception de l'école kantienne, encore si vivante et si influente. Pour le moralisme, science et philosop/iie théorique ne pouvant fonder la mo- rale, celle-ci est un ensemble de croyances pratiques qui reposent sur le principe original du devoir, seul doué d'une certitude propre et indépendante. La morale est la religion en son germe, la religion dans les limites de la raison, mais toute prête à franchir ces limites au profit de la foi transcendante. Ce dogmatisme moral et religieux est au fond de ce que Kant a présenté comme une « critique de la raison pratique ». L'examen détaillé de cette prétendue « cri- tique » aurait surchargé outre mesure le livre que je prépare sur la morale des idées-forces; peut-être au- rait-il fatigué ou détourné l'attention du lecteur. J'ai donc pensé qu'il valait mieux examiner à part le mora- lisme, en prenant Kant pour type du genre. En face du moralisme s'est dressé d'abord le réa- lisme positiviste. C'est Auguste Comte qui en a établi les bases, bien qu'il ait fait une part énorme et à l'intelligence et au « coeur ». Mais, l'intelligence, dans sa doctrine, est comme découronnée de ses idées les plus hautes, ramenée à un empirisme terre à terre. Le coeur, d'autre part, est réduit a un altruisme instinc- tif, d'autant plus fort qu'il cherche moins à s'expliquer lui-même à lui-même. La partie intellectualiste et senti- mentale du comtisme devait être bientôt jetée par-dessus bord. Nous voyons de nos jours la sociologie aboutir à un réalisme pur, esclave des faits et de l'histoire des faits. La « science des moeurs » se substitue à la théorie du bien idéal. Si Stirncr, Nietzsche et ses disciples sont PREFACE Vil l'extrême gauche de l'amoralisme, le vrai centre en est constitué par beaucoup de sociologues contemporains, soit .oeialistes, soit libertaires ou anarchistes, qui rem- placent la morale par la sociologie de leur choix. C'est encore contre le kantisme que s'élèvent les adorateurs contemporains du plaisir ou de la force, les partisans de l'hédonisme ou du volontarisme « déployant sa puissance ». Tous nient la nécessité de la morale proprement dite; parfois môme ils la prétendent nuisible au développement de l'espèce homme ou de l'espèce surhomme. Ainsi parlait Zarathoustra. Nietzsche — qui se trouvera de nouveau sur mon chemin — a un grand mérite aux yeux ou critique. Alors que tant de partisans de l'amoralisme n'aperçoi- vent pas les conséquences de leur doctrine ou, s'ils les aperçoivent, s'efforcent de les dissimuler, Nietzsche les exprime sans ménagement, met les points sur les i, prononce le mot que les autres taisent. C'est un type 'est un « exemplaire ». A ce titre il m'a paru digne d'être étudié; je ne craindrai pas de revenir sur certaines de ses doctrines que je n'ai pu approfondir ailleurs. N'est-il pas un miroir de nos consciences affo- lées, miroir sentant qui souffre de ce qu'il reflète et où toutes les images finissent par se brouiller dans la folie? Nous devons tous nous estimer heureux de ne pas tom- ber comme lui dans ce que la médecine appelle la para- lysie générale. Si d'ailleurs nous n'aboutissons pas à la paralysie de l'intelligence, nous aboutissons trop souvent à celle de la volonté. Les uns s'agitent comme des dé- ments, les autres restent inertes commodes impuissants. Ni l'agitation ni l'inertie ne sont l'énergie du vouloir. On voit quelle antithèse violente trouble et divise les esprits à notre époque. D'une part, le vieux règne de la loiy de l'autre, le vieux règne de la nature. Il semble que tout le bien soit d'un côté, tout le mal de l'autre : la loi ou la grâce seules empêchent la naturo humaine d'être une nature exclusivement animale, étran- gère à toute moralité. Kant lui-même n'est guère sorti de cette antithèse, qui devient chez lui une véritable antinomie. Ceux de nos contemporains que dégoûte le réalisme brutal de la jouissance ou celui de la puis- sance se rejettent avec Kant sur la loi vide du devoir, VIII PRÉFACE qu'ils remplissent ensuite avec la croyance et la foi, le plus souvent avec la foi religieuse. Ils en revien- nent à l'antique adage: — Sans religion positive, l'homme n'est plus qu'un animal de proie qui, au lieu d'ongles, de cornes, de glandes à venin et autres instru- ments d'attaque ou de défense, possède une intelligence plus affilée que les griffes du tigre, plus venimeuse que les crochets de la vipère. Lutte pour la vie, lutte pour la puissance, lutte pour la uploads/S4/ alfred-fouillee-le-moralisme-de-kant-et-l-x27-amoralisme-contemporain.pdf
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- Publié le Aoû 18, 2022
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