1 Bulletin du Centre Islamique de Genève N° 24, mai 2003, trois numéros par an.

1 Bulletin du Centre Islamique de Genève N° 24, mai 2003, trois numéros par an. Adresse : 104, rue des Eaux-Vives 1207 Genève. Email : cig@geneva-link.ch Site Internet : http://www.cige.org Le droit chemin en Islam Guide-nous dans le droit chemin Le droit chemin, c’est celui qui est parfaitement tracé et ne comprend aucune déviation. C’est généralement la vérité contenue dans le message de l’Islam. La tradition donne cependant à l’expression « droit chemin » des sens plus spécifiques. At-Tabarî les énumère dans son commentaire : « D’après ‘Aliyy Ibn Abî Tâlib, le Prophète ( ) mentionna le Coran et dit : “Il est le droit chemin.” » D’après Jâbir Ibn ‘ Abdi-Llâh : « Guide-nous dans le chemin droit : c’est l’Islam, et il est plus vaste que ce qui se trouve entre le ciel et la terre. » D’après ‘Abd-Allâh Ibn ‘Abbâs, ce chemin « est la religion de Dieu qui ne comprend aucune tortuosité. » D’après Ibn Al-Hanafiyya : « C’est la religion de Dieu, en dehors de laquelle aucune autre n’est acceptée. »1 Mujâhid a dit : « Guide-nous dans le droit chemin : dans la vérité. » Ibn Kathîr ajoute : « Ce sens est plus général et il ne contredit pas les explications précédentes. »2 Un hadîth considéré comme authentique nous aide à mieux saisir le sens du « droit chemin » : D’après An-Nawâs Ibn Sam‘ân, le Messager de Dieu ( ) a dit : « Dieu donne en parabole un chemin droit. Des deux côtés de ce chemin, il y a deux murs comprenant des portes ouvertes. Ces portes sont couvertes de rideaux. À l’entrée du chemin, un héraut s’écrie : “Ô gens ! Entrez tous dans le chemin, et ne déviez point !” Un autre héraut appelle du haut du chemin. Lorsque l’homme veut ouvrir quelque chose de l’une de ces portes, il lui dit : “Pauvre de toi ! N’ouvre pas ! -Car si tu ouvres, tu entres-.” Le chemin, c’est l’Islam. Les deux murs sont les limites (les lois) de Dieu. Les portes ouvertes sont Ses interdictions. Le héraut qui appelle à l’entrée du chemin, c’est le Livre de Dieu (le Coran) ; et le héraut qui appelle du haut du chemin, c’est le 1. A t - T abarî, Jâmi‘ al-bayân, I, pp. 76-75. 2. Ibn Kathîr, Tafsîr, I, p. 27. 2 sermonneur de Dieu dans le cœur de tout musulman. »3 Ce chemin est une voie médiane qui rejette la négligence et l’exagération. « L’homme, comme le dit Hassan Al-Bannâ, a besoin d’être guidé dans ce droit chemin pour chaque parole, pour chaque action, pour chaque pensée et chaque idée qui lui viennent à l’esprit. Car, à tous ces niveaux, il se trouve entre la négligence et l’exagération, et chacune de ces attitudes lui est nuisible. Ce qui lui est toujours utile et profitable, c’est la ligne médiane, c’est-à-dire le droit chemin vers lequel nous demandons à être guidé par Dieu, qu’Il soit béni et exalté, au moyen de ce verset. »4 Demander à Dieu d’être guidé sur le droit chemin ne signifie pas que l’on est égaré, mais que l’on espère de Dieu qu’Il nous maintienne dans la foi musulmane et nous préserve de toutes formes de déviations. Ce chemin de droiture et de rectitude, au niveau religieux, consiste en le message transmis par le Prophète ( ), sans rien y ajouter, sans rien en retrancher, sans rien en transformer. Il est évoqué en ce sens dans le Coran : « Dis : Voici ma voie. J’appelle (les gens) à Dieu. En toute clairvoyance, moi et ceux qui me suivent. Gloire à Dieu ! Je ne suis point du nombre des associateurs. » Coran 12/108 « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc ; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie. » Coran 6/153 « Et, en vérité, tu guides vers un chemin droit, le chemin de Dieu à qui appartient ce qui est 3. Rapporté par A h mad, At-Tirmidhî, An-Nasâ’î, avec une chaîne de transmission authentique. 4. Hassan Al-Bannâ, Maqâsid al-Qur’ân, p. 53. dans les cieux et ce qui est sur la terre. Oui, c’est vers Dieu que s’acheminent toutes choses. » Coran 42/52-53 L’imâm Hassan Al-Bannâ affirmait en substance que l’être humain dispose de quatre outils de connaissance en fonction de ses aptitudes naturelles et de son développement. Il y a d’abord l’intuition naturelle donnée à l’enfant dès sa naissance. D’instinct, il se tourne vers le sein de sa mère, de façon quasi mécanique, sans réflexion. Il y a ensuite les sens qui se développent avec l’âge : l’ouïe, la vue, le goût, l’odorat et le toucher. L’usage des sens donne souvent lieu à des erreurs d’appréciation. Il y a troisièmement la raison avec ses différents instruments : la perception intellectuelle, la pensée, l’imagination, la mémoire… Elle est au fondement de tout jugement et c’est lorsqu’il en dispose librement que l’homme est jugé responsable. Elle corrige les erreurs des sens et elle permet de saisir la vérité contenue dans le monde sensible et le monde intelligible. Il y a enfin la religion et l’orientation divine contenues dans la Révélation apportée par les Messagers et les Prophètes. Or, l’homme peut s’égarer complètement dans l’usage de ces quatre facultés, sans rien en retirer. Il peut voir sa perception sensible ou ses facultés intellectuelles diminuer. Il peut s’écarter de la religion par ignorance. C’est pourquoi Dieu nous a enseigné cette invocation : « Guide-nous dans le droit chemin. » En préservant nos facultés de toute forme d’égarement, et en faisant qu’en toute chose, nous nous en tenions à la ligne médiane.5 Hani Ramadan, extrait du Commentaire de la sourate AL-FÂTIHA, éditions Tawhid, Lyon 2002 5. Hassan Al-Bannâ, Maqâsid al-Qur’ân, pp. 54-55. 3 L'humanisme de la Prophétie Une grande famille humaine Le concept islamique de Dieu, considéré comme le Créateur, le Nourricier, le Soutien de tous les peuples et de toutes les nations, ainsi que l’universalité du ministère du Prophète Muhammad, ont brisé les barrières raciales et géographiques qui séparaient les hommes et ont fait de l'humanité une grande famille. Au sein de l'Islam, les hommes formaient une seule gerbe humaine. Enfants de même père Adam, ils étaient membres d'une même famille. Un Arabe n'était en rien supérieur à un non-Arabe, pas plus qu'un non- Arabe n'était supérieur à un Arabe. L'honneur était à la mesure du mérite. Le Prophète ( ) déclarait solennellement : « Ô hommes, en vérité, Dieu vous a lavés de la souillure de l'ignorance et de l'orgueil. Il n'y a que deux classes parmi les hommes : ceux qui sont justes, qui craignent Dieu et trouvent grâce à Ses yeux et ceux qui sont mauvais, pécheurs, et ne méritent pas Sa grâce. »6 Le conseil qu'il donna à Abû Dharr, est typique de son enseignement : « Prends garde, tu n'es ni plus grand ni supérieur à quiconque, sauf bien sûr si tu le dépasses en vertu. » De même, cette affirmation qu'il répétait chaque jour devant son Créateur à la prière du soir : « J'affirme que tous les hommes sont frères. »7 Il condamnait sévèrement tout ce qui tendait à diviser l'humanité en factions ou en groupes. Il disait : « Celui qui vit dans la discorde n'est pas des nôtres. Celui qui meurt dans la discorde n'est pas des nôtres. Celui qui sème la discorde n'est pas des nôtres. »8 Un jour, sur un champ de bataille, un Muhâjir ayant frappé un Ansâr, celui-ci s'écria : « À moi, Ansârs ! » Suivant son exemple, le Muhâjir s'écria : « À moi, Muhâjirs ! » Le Prophète ( ) les reprit aussitôt : « Laissez là ces slogans de parti, ils sont abjects. »9 Le Prophète ( ) avait aboli les anciennes notions de tribu et de parenté qui exigeaient de chacun qu'il défende son frère, fut-il l'oppresseur ou l'opprimé. 6 Rapporté par Ibn Abî H âtim. 7 Rapporté par Abû Dâwûd. 8 Idem. La discorde dont le motif est « l’esprit de clan ». 9 Rapporté par Bukhârî. D'après lui, « aider un parent dans une cause injuste, c'est vouloir retenir par la queue un chameau qui veut se jeter dans un puits ».10 Il avait réussi à établir une véritable société sans classes où tous, qu'ils soient grands ou humbles, riches ou pauvres, que leur peau soit blanche ou colorée, étaient unis en une seule fraternité. Tous s'entraidaient de bon cœur et ne faisaient qu'un devant l'adversité. Dieu avait confié aux hommes leurs épouses pour qu'ils les protègent. Elles avaient des droits sur leurs maris et ceux-ci avaient des droits sur elles. Responsabilité sociale Les musulmans possédaient au plus haut point le sens de leurs responsabilités. Leurs esprits avaient mûri, et ils se sentaient responsables de leurs familles, de leur profession, de leur foi et de la société humaine tout entière. Ils étaient les soutiens de la vérité et n'agissaient jamais sans s'être consultés ; c'est de tout leur cœur uploads/S4/ bulletin-24.pdf

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  • Publié le Jul 17, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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