Corrigé de l'étude critique de document : « Justice et histoire du génocide Tut

Corrigé de l'étude critique de document : « Justice et histoire du génocide Tutsi ». Le document proposé est un texte extrait de l'ouvrage d'Ornella Rovetta, Un génocide au tribunal. Le Rwanda et la justice internationale, publié aux éditions Belin en 2019. Il est ici question des difficultés à rendre la justice dans des sociétés ayant connues des crimes de masse à travers l'exemple du génocide rwandais qui a eu lieu du du mois d'Avril au mois de juillet 1994 et durant lequel 800 000 Tutsi seront victimes des Hutu dans un affrontement interethnique sans précédent. Cet événement exceptionnel va nécessiter, dans un souci de rapidité et d’efficacité la mise en place d'une justice à deux niveaux. Un tribunal international pour le Rwanda (TPIR) et au niveau local, des tribunaux Gacaca car victimes et bourreaux vivent dans les mêmes lieux. Aussi, dans ce contexte très particulier, justice et mémoire ont contribué à la construction de l'histoire. En quoi la justice et la mémoire, dans leur approche du génocide rwandais ont-elles contribué à la construction de l'histoire de l'événement ? I. La justice et le génocide des Tutsi : une justice locale et internationale. Comme il est dit dans le document, ce procès pour génocide est l'occasion de « prouver que la justice pénale internationale peut fonctionner ». En effet, il s'agit du deuxième tribunal de ce type crée par l'ONU après les procès de Nuremberg en 1945 avec pour mission d'intervenir sur la scène internationale car les principaux responsables du génocide ont fui vers l’étranger, en France notamment, de nombreuses arrestations et jugements ont lieu alors hors du Rwanda, et les planificateurs inculpés de génocide sont déférés devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Les tribunaux Gacaca sont quant à eux les juridictions locales de ces procès pour génocide. Ainsi 12 000 tribunaux gacaca sont créés en renfort de la justice pénale rwandaise débordée. Les tribunaux gacaca (2005-2012), composés de citoyens choisis et formés sont chargés d’auditionner et de juger publiquement des personnes soupçonnées d’avoir causé des atteintes graves aux personnes ou aux biens. Les aveux publics devaient favoriser l’accès à la vérité pour les survivants; les suspects qui collaboraient pleinement avec le tribunal pouvaient espérer une réduction et un aménagement de leur peine. Cette articulation d'une justice internationale et locale s'explique par la nécessité de rendre rapidement la justice pour pacifier ces sociétés et réparer le pays. Le rôle de la justice internationale est de ne pas laisser les principaux responsables impunis, les tribunaux locaux, grâce à leurs connaissances plus fines des contextes et des acteurs locaux, sont les mieux à même de juger les responsabilités des simples citoyens lorsqu’ils ont participé à ces événements. II. Histoire, mémoire et justice : différences et complémentarités. Durant ces procès on apprend que les juges et le « historiens travaillent sur la même matière première : des témoignages sur le passé[...] ». En effet, durant ces procès, justice, mémoire et histoire ont été intimement liées dans leur volonté d'expliquer l’événement tragique. Cependant, la justice se prononce ici avant les travaux historiques (« ce récit judiciaire qui fait autorité en amont »). Le récit historique quant à lui résulte de méthodes rigoureuses comme l'analyse de sources variées, le regard critique sur les témoignages dans un souci permanent de neutralité. On voit bien ici que « la mise en archive », c'est-à-dire le classement et la conservation de documents importants, a été réalisée durant les procès offrant la même méthode de travail au juge et à l'historien. Or, l'histoire est une reconstruction savante des événements du passé qui nécessite une mise à distance, un temps de recul comme l'explique le document en affirmant « Souvent l'historien se penche sur les faits après le juge et le jugement ». Dans le cas présent, la justice permet de construire la mémoire car ces tribunaux essaient de rendre compréhensible des événements qui, par leur brutalité, sont impossibles à accepter et sont l’occasion de redonner une légitimité et une dignité aux victimes, d’entendre leurs douleurs, leurs difficultés à vivre. Cela permet à la mémoire de ces différents groupes sociaux de se construire et de s’apaiser, ce qui est indispensable à la pacification des relations sociales. La justice permet enfin de contribuer à la construction de l'histoire car L’historien peut obtenir de précieuses informations sur le déroulement des faits et sur l’élaboration du processus de violence, notamment en écoutant les témoins qui décrivent ce qu’ils ont vécu ou en regroupant les informations issues des enquêtes. Ces témoignages sont ainsi une source importante qui permet de comprendre le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda. Ce document, à travers les procès du génocide au Rwanda qui ont achevé leur travail en 2015, présente comment à deux échelons distincts, les justices internationale et locale ont œuvré à un travail mémoriel qui lui même à contribué à la construction de l'histoire. Cependant cette nécessité de rendre la justice dans un temps relativement court pour permettre au pays de se reconstruire n'empêche t-elle pas l'historien d'appréhender l'événement dans sa pleine complexité ? uploads/S4/ corrige-analyse-de-document-tle-hggsp-justice-et-histoire-du-genocide-tutsi.pdf

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  • Publié le Apv 06, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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