12 LA LETTRE • Mai-Juin 2011 INTRODUCTION La Commission SIGMA de la 3AF, créée

12 LA LETTRE • Mai-Juin 2011 INTRODUCTION La Commission SIGMA de la 3AF, créée en mai 2008 et présentée pu- bliquement en octobre 2008, est dédiée à l’étude des PAN (Phénomènes Aéros- patiaux Non identifiés). Dans le cadre de ses activités sur le recueil et l’étude d’observations de ces phénomènes, quatre de ses membres ont recueilli le témoignage de Jean-Pierre Morin, an- cien membre de la Direction du Cnes (Centre National d’Études Spatiales) concernant l’observation d’un PAN (pour son auteur, il s’agit plus précisé- ment d’un objet volant ou OVNI) effec- tuée le 16 janvier 1967 à Hammaguir (coordonnées 30° 52’ 22” latitude Nord, 3° 03’ 10” Longitude Ouest) à 21h envi- ron (heure locale). Après le témoignage de Jean Kisling, pilote de chasse, confronté à un PAN en 1947 (voir LA LETTRE 3AF N° 5- 2008), voici donc le témoignage d’un spécialiste de l’Espace, responsable à l’époque de la récupération de la pointe scientifique lancée par une fusée Véro- nique en 1967. Le texte de Jean-Pierre Morin, écrit en novembre 2009 et repro- duit ci-après est conforme en tout point à son témoignage oral recueilli ce 18 fé- vrier dans les locaux de Novespace à Paris. Nous l’avons publié de préférence à la retranscription de son témoignage oral qui, lui, a fait l’objet d’une discus- sion, au cours de laquelle le témoin a été amené à préciser un certain nombre d’éléments d’appréciation qui ont ainsi pu être affinés. LES CIRCONSTANCES DE L’OBSERVATION Le phénomène a été observé par huit témoins, quatre à courte dis- tance (moins de 300 m) et les quatre mêmes plus quatre autres à moyenne distance (plus de 1500 m). Les huit témoins circulent dans deux véhicules Citroën 2 CV iden- tiques. Dans le premier véhicule ont pris place Jean-Pierre Morin (JPM, conduc- teur) et MM. Andrieu, Lapierre et Mer- cier, agents de la Division Fusées-sondes du Cnes. Dans le deuxième véhicule: Maurice Viton (conducteur), Georges Courtès, M. Cruvelier et un quatrième passager, Guy Monnet (sans certitude), astronomes du Laboratoire d’Astrono- mie Spatiale (LAS) de Marseille. Ce 16 janvier est la veille du lancement d’une fusée Véronique 61M (FU 145 b) prévue le 17 janvier 1967 pour une expérience de lumière zodia- cale, avec une pointe scientifique du LAS avec pointeur ACS et caméra UV, dont le responsable est Georges Cour- tès. Le compartiment de récupération de Space General Corporation (SGC) a été acheté aux États-Unis par Jean-Pierre Morin qui l’a mis en œuvre avec deux agents techniques. SIGMA « Janvier 1967 - Un OVNI survole Hammaguir ». Le phénomène a été observé par huit témoins, quatre à courte distance (moins de 300 m) et les quatre mêmes plus quatre autres à moyenne distance (plus de 1 500 m). Les huit témoins circulent dans deux véhicules Citroën 2 CV identiques. Dans le premier véhicule ont pris place Jean-Pierre Morin (JPM, conducteur) et MM. Andrieu, Lapierre et Mercier, agents de la Division Fusées-sondes du Cnes. Dans le deuxième véhicule : Maurice Viton (conducteur), Georges Courtès, M. Cruvelier et un quatrième passager, Guy Monnet (sans certitude), astronomes du Laboratoire d’Astronomie Spatiale (LAS) de Marseille. Le témoignage de Jean-Pierre Morin Jean-Pierre Morin (au centre), 14 mois après l'observation, lors du premier lancement du Centre Spatial Guyanais, le 9 avril 1968 13 LA LETTRE • Mai-Juin 2011 L A V I E D E S C O M M I S S I O N S T E C H N I Q U E S Le programme des opérations a pris du retard. Ce n’est qu’après le coucher du soleil que l’équipe de JPM accède à la passerelle du portique pour placer les allumeurs pyrotechniques qui déclencheront en vol la séparation de la pointe et du propulseur et configurer pour le vol le compartiment SGC. L’opé- ration dure une vingtaine de minutes en- viron. Les intervenants quittent la passerelle du portique, relayés par l’équipe du LAS qui doit, à son tour, mettre la pointe scientifique en condition de vol. Ils passent par leur « shelter-la- boratoire », rangent leurs outils et, comme il se fait tard, montent dans leur 2 CV pour aller dîner, espérant que le mess de la Base-Vie ne soit pas fermé. LE RÉCIT DE JEAN-PIERRE MORIN «Je quitte la Base Blandine avec mes trois passagers par la (seule) route orientée vers l’Est. Il fait nuit noire. Sans Lune. Je traverse la Base Bacchus, base de lancement des Bélier, Centaure et autres Dragon, inactivée et non éclai- rée. Deux minutes plus tard, j’oblique vers le Nord, en direction de l’aéroport d’Hammaguir, lui aussi sans lumière. Peu avant l’aéroport, j’oblique à droite vers l’Est sur une route parallèle à la piste d’aviation. À bord du véhicule, la discussion est animée: ce lancement est la répétition du lancement du 11 janvier qui avait donné lieu à des incidents tech- niques: ouverture intempestive d’une porte pendant l’ascension atmosphé- rique, mauvaise ouverture du parachute principal conduisant à un atterrissage brutal, résultats scientifiques partiels. Demain, il nous faut faire un sans-faute! C’est alors que Mercier, à ma droite, ap- pelle mon attention sur une lumière dans le ciel, basse sur l’horizon, qui se situe légèrement à droite de la route. On dirait un phare d’atterrissage d’un avion qui se pose: rien de surprenant quand on longe une piste d’atterrissage, même si celle-ci est éteinte. Pourtant, l’aéronef dont le « phare » grossit, devrait traverser notre route mais s’obstine à rester sur notre droite. Pilote moi-même, ayant volé sur beaucoup d’avions dont des Mirage, je me dis que le pilote fait un « vent-ar- rière » pour atterrir contre le vent. Bi- zarre: sur le portique, nous avions remarqué qu’il n’y avait pas le moindre souffle de vent. Soudain, les événements se précipitent: le moteur de ma 2 CV ho- quette. Je pense à une panne d’essence mais ma jauge est au trois-quarts pleine. Puis le moteur s’arrête sans que j’aie touché à la clé de contact. Je freine et arrête la 2 CV. Tous quatre, nous jaillis- sons de la voiture, dont les codes restent allumés. Nos regards se portent vers l’objet qui vient à notre rencontre. L’absence totale de bruit est le premier élément frappant: dans le dé- sert, on entend une mouche à un kilo- mètre; cette absence de bruit implique donc que l’aéronef, qui se dirige vers nous, n’est pas un avion mais plutôt un ballon. La nuit est sans Lune, sans nuages. À l’œil nu, on voit des dizaines de milliers d’étoiles; ceux qui sont allés de nuit dans le désert, où l’humidité est inférieure à quarante pour cent, savent à quel point il est difficile de trouver une direction du ciel sans étoile scintillante. Tout aéronef qui se déplace dans un tel ciel occulte les étoiles, son contour apparent s’y dessine ainsi que son fuse- lage. Au fur et à mesure qu’il s’ap- proche, l’objet prend l’allure d’un dirigeable, une sorte de Zeppelin. Son site, situé à 2° au début de l’observation, évolue de plus en plus rapidement jusqu’à atteindre 45° au moment où il passe devant nous; cela veut simple- ment dire que son altitude de croisière est du même ordre de grandeur que la distance qui nous sépare de sa trace horizontale. Le « dirigeable » est devant nous. Sa longueur est de l’ordre de quatre diamètres apparents lunaires, sa hauteur Jean- Pierre Morin est né à Veynes (Hautes Alpes) le 5 juin 1938. Diplômé de l'Ecole Centrale Paris (1962), pilote élémentaire de réserve (PER, 1963), il est affecté à la section Mirage III du CEAM de Mont-de-Marsan et effectue de nombreux vols en Mirage IIIB biplace. En 1964, il entre à la division « Fusées-Sondes » du Cnes où il est chargé successivement des fusées à propulsion liquide (Véronique AGI , puis 61, puis Vesta), des modules de récupération par parachute Sud-Aviation, puis Space General(USA), puis Latécoère. De 1965 à 1967, il participe à de nombreux lancements de fusées à Hammaguir ; en novembre 1966 notamment, deux fusées à poudre Titus filment une éclipse solaire au dessus de l'Argentine et en mars 1967, les guenons Martine et Pierrette sont récupérées vivantes, grâce à un nouveau système de récupération par aérofreins Latécoère. En 1968, Jean-Pierre Morin entre à la Direction des Programmes du Cnes (Directeur André Lebeau), chargé de suivre l’évolution des programmes de lanceurs en France (Diamant), en Europe (Europa II et III) et dans le monde (USA,URSS). Le 9 avril 1968, il participe au premier lancement de fusée au Centre Spatial Guyanais (avec récupération de la pointe en mer). En février 1972, il est nommé pendant trois mois membre du groupe LIIIS, dont le projet sera adopté par l’Europe Spatiale le 31 juillet 1973 et sera rebaptisé Ariane. Il est muté en septembre 1973 au Centre Spatial Guyanais comme Chef de Division Adjoint des Opérations puis comme Chef de la Division Méthodes-Développement, créée en 1976 pour mettre en conformité le CSG (Centre Spatial Guyanais) avec les exigences du programme Ariane : Planification, Assurance et Contrôle de Qualité, Renouvellement des équipements trop anciens. uploads/S4/ ct-sigma-ovni-sur-hammaguir-jan-67-jpm-la-lettre-3af-n-5-2011.pdf

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  • Publié le Dec 31, 2022
  • Catégorie Law / Droit
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