1 L’échec scolaire est une maltraitance Un dossier de la Ligue des Droits de l’

1 L’échec scolaire est une maltraitance Un dossier de la Ligue des Droits de l’Enfant Hunderenveld 705 – 1082 Bruxelles Le cancre – Harold Copping (1863-1932) 2 Un Etat de Droit ne peut tolérer que l’on maltraite les plus fragiles, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants. Nous sommes conscients à quel point le débat que nous lançons touchera la sensibilité des citoyens. Certains y verront une élucubration de doux rêveurs, voire d’idéalistes inconscients ; d’autres s’y trouveront reconnus dans la souffrance qu’ils ont vécue ou que vivent leurs enfants au quotidien. Pour d’autres, enfin, ce sera une souffrance sans nom. Comment pouvoir accepter de s’entendre dire avoir maltraité ses élèves pendant des années – parfois une carrière complète – alors qu’on est convaincu d’avoir agi pour leur bien en les faisant redoubler. Qu’ils nous en excusent. Nous sommes convaincus qu’ils ont réellement agi dans ce qu’ils croyaient être l’intérêt de leurs élèves et nous comprenons cette réelle souffrance. L’objectif de ce dossier n’est pas de pointer le doigt sur qui que ce soit, mais sur des pratiques qui ne sont en rien pédagogiques et qui sont contre-productives. L’intérêt des enfants doit guider les actions des professionnels de l’éducation. Les études scientifiques sont sans appel : l’échec scolaire ne sert à rien, est contreproductif et met les élèves en grande souffrance psychologique. Il serait plus performant, pour eux, de les laisser progresser dans la classe supérieure. Cette vérité scientifique, pourtant, ne date pas d’hier1. Les premières recherches en la matière datent de près d’un siècle. L’échec scolaire est une institution en Belgique. Mais également en France ou aux Etats-Unis, qui sont nos référents culturels2. Pourtant, il est des pays ou celui-ci est banni, précisément parce qu’il est maltraitance. Ces systèmes scolaires qui ne pratiquent pas l’échec scolaire sont, par ailleurs, nettement plus performants et cartonnent dans les enquêtes internationales alors que nous nous traînons lamentablement en queue de peloton. Pourtant, nous ne demandons pas à arriver en tête. Une école équitable, qui ne maltraiterait pas ses élèves, qui les porterait vers l’égalité des acquis, nous conviendrait déjà3. Tout simplement parce qu’elle serait démocratique. Aujourd’hui l’Ecole est une institution faite par des adultes… pour des adultes. L’enfant y est toléré pour autant qu’il entre dans la norme établie, le moule établi par l’institution, et qu’il ne s’y fasse pas remarquer par des difficultés d’apprentissage. Ce dossier a pour objectif de rappeler combien cette pratique d’un autre âge est contraire à l’intérêt même des élèves en difficultés et que d’autres pratiques professionnelles doivent être mises en place. Il est important qu’on ne puisse plus dire « je ne savais pas ». Entre maltraitance et intérêt supérieur des élèves, chacun d’entre nous, aujourd’hui, se doit de choisir. Jean-Pierre Coenen – Enseignant et Président de la Ligue des Droits de l’Enfant 1 Par exemple « Peut-on lutter contre l’échec scolaire – Crahay 1996 » disponible, sur commande, dans toutes les bonnes librairies ou, plus récemment « Redoubler à l’école ? Recommencer n’est pas jouer – LE SOIR 30 juin 2007 ». Voir aussi sur Internet les nombreuses occurrences sur le terme « redoublement ». 2 Les feuilletons et films que nous voyons à la télé ou au cinéma et qui ont pour cadre l’Ecole abordent l’échec scolaire comme une fatalité. Nous sommes imprégnés de cette « idéologie ». Si nous avions la chance de regarder plus de fils finlandais ou coréens, nous serions conscientisés depuis longtemps qu’il s’agit avant tout d’un dysfonctionnement de l’Institution scolaire. 3 Pourtant, cela la ferait inévitablement progresser dans le classement international. 3 Table des matières Table des matières 3 Droit à l’éducation et Droit à la protection contre les mauvais traitements 4 Résumé 6 1. Qu’est-ce que l’échec scolaire ? 7 2. Etat de l’échec scolaire en Communauté française 8 3. Qu’est-ce que la maltraitance 9 4. En quoi le redoublement et l’orientation précoce relèvent-ils de la maltraitance ? 10 Annexes Annexe 1. Le redoublement n’a aucun effet correcteur. 15 Annexe 2. Le redoublement n’améliore pas les notes scolaires des élèves. 22 Annexe 3. Redoublement et décrochage scolaire. 25 Annexe 4. Effets psychologiques du redoublement. 27 Annexe 5. Les élèves non-redoublants ont une image négative des 29 élèves qui subissent le redoublement. Annexe 6. Les élèves issus des milieux les plus populaires 30 sont les premières victimes de l’échec scolaire. Annexe 6. L’échec scolaire ne sert que l’école. 32 Annexe 7. Tous les élèves sont doués pour l’étude. 36 Ligue des Droits de l’Enfant ASBL Hunderenveld 705 – 1080 Bruxelles 4 L’Education est un Droit La Ligue des Droits de l’Enfant est une association sans but lucratif qui s’est donné pour objectifs de défendre les droits de l’enfant tels que définis par la Convention internationale des droits de l’Enfant (CIDE) adoptée à l’ONU le 20 novembre 1989. La Ligue des Droits de l’Enfant a donc pour mission de combattre toutes les injustices dont peuvent souffrir des enfants. Dans le cadre de la problématique de l’échec scolaire, l’association se réfère aux articles 28 et 29 de la CIDE qui traitent du droit à l’éducation, et à l’article 19 qui traite de la maltraitance. Article 28 traitant de l’éducation 1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances: a) Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ; b) Ils encouragent l'organisation de différentes formes d'enseignement secondaire, tant général que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées telles que l'instauration de la gratuité de l'enseignement et l'offre d'une aide financière en cas de besoin ; c) Ils assurent à tous l'accès à l'enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés ; d) Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l'information et l'orientation scolaires et professionnelles ; e) Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la réduction des taux d'abandon scolaire. 2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant être humain et conformément à la présente Convention. 3. Les États parties favorisent et encouragent la coopération internationale dans le domaine de l'éducation, en vue notamment de contribuer à éliminer l'ignorance et l'analphabétisme dans le monde et de faciliter l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux méthodes d'enseignement modernes. À cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement. Article 29 traitant des objectifs de l’éducation 1. Les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à : a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et des ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ; b) Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ; c) Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ; d) Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous 5 les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone ; e) Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel. 2. Aucune disposition du présent article ou de l'article 28 ne sera interprétée d'une manière qui porte atteinte à la liberté des personnes physiques ou morales de créer et de diriger des établissements d'enseignement, à condition que les principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que l'éducation dispensée dans ces établissements soit conforme aux normes minimales que l'État aura prescrites. Article 19 traitant de la protection contre les mauvais traitements 1. Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toutes formes de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié. 2. Ces mesures de protection comprendront, selon qu'il conviendra, des procédures efficaces pour l'établissement de programmes sociaux visant à fournir l'appui nécessaire à l'enfant et à ceux à qui il est confié, ainsi que pour d'autres formes de prévention, et aux fins d'identification, de rapport, de renvoi, d'enquête, de traitement et de suivi pour les cas de mauvais traitements de l'enfant décrits ci-dessus, et comprendre également, selon qu'il conviendra, des procédures d'intervention judiciaire. 6 Résumé Le redoublement et l’orientation précoce en Communauté française de Belgique sont uploads/S4/ echec-scolaire-et-maltraitance.pdf

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  • Publié le Jan 05, 2022
  • Catégorie Law / Droit
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