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• LE BULLETIN DE L’OBSERVATOIRE ÉCONOMIQUE DE LA DÉFENSE (SGA/DAF/OED) • > ÉTUDES < 100ÈME ECODEF : OÙ EN EST-ON EN ÉCONOMIE DE LA DÉFENSE ? Le champ de l’économie de défense est vaste, comme en témoigne la multitude des thèmes abordés dans le double volume de référence Handbook of Defense Economics : conflits, terrorisme, course à l’armement, alliances militaires, marchés de défense, croissance économique, dépenses publiques de défense, commerce, etc. Le bulletin Ecodef reflète une partie de ce champ. Il rend compte de l’expertise des économistes de l’observatoire économique de la défense (OED) au profit du ministère des Armées. Il présente l’avantage de regarder des thèmes d’intérêt sur longue période (le bulletin Ecodef existe depuis 1999) et témoigne des évolutions aussi bien dans l’approche scientifique des questions abordées que dans les résultats obtenus. Parmi les thèmes abordés par les 99 précédents Ecodef, quatre apparaissent centraux et récurrents : la base industrielle et technologique de défense, l’innovation technologique militaire, la place de la défense nationale dans les régions et l’analyse des dépenses publiques de défense. LA BASE INDUSTRIELLE ET TECHNOLOGIQUE DE DÉFENSE : L’EXPÉRIENCE FRANÇAISE A sa création en 1999, l’OED a défini un axe d’analyse relatif aux industries de défense, qui s’imposait (Chaix, Ecodef n° 1, 1999) par la nécessité de suivre l’évolution de l’emploi dans un contexte marqué par un important mouvement de concentration industrielle. L’OED continue de suivre les entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD) afin d’éclairer sur leur place dans l’économie, leurs forces, leurs faiblesses et leurs spécificités. Un suivi aussi minutieux des entreprises en lien avec la défense apparaît comme une expérience inédite car elle n’est pas réalisée dans les principaux autres pays en matière de défense (Oudot et Moura, 2016). Identification des spécificités de la BITD L’accès à des informations sur les entreprises en provenance de la statistique publique de plus en plus complètes et de plus en plus précises (en lien avec l’Insee, le ministère de la recherche, la Banque de France, les Douanes et droits indirects, etc.) a permis d’améliorer le suivi de la BITD. Il en ressort que les entreprises travaillant dans la défense et surtout, celles produisant des systèmes d’armes, possèdent des spécificités. • En matière d’innovation, Belin, Cavaco et Guille (Ecodef n° 50, 2008) montrent que les PME innovantes de défense coopèrent plus que les PME non-défense avec les donneurs d’ordre et les organismes de recherche et qu’elles bénéficient de davantage de financements publics à l’innovation. En contrepartie, cette dépendance plus marquée aux marchés publics confère aux entreprises de la BITD une fragilité financière caractérisée par la faiblesse de leurs capitaux propres (Belin et Guille, Ecodef n°42, 2006). Pour Moura (Ecodef n° 72, 2015), le fait qu’elles soient concernées par l’innovation est un des facteurs de leur forte présence dans les pôles de compétitivité. • Dans le domaine énergétique, Dolignon (Ecodef n° 83, 2016) constate que les établissements des entreprises de la BITD sont moins énergivores que les autres, du fait qu’ils utilisent principalement du gaz et de l’électricité. • Analysant leurs relations avec les marchés financiers, Capelle-Blancard et Couderc (Ecodef n° 44, 2006) montrent que les entreprises d’armement sont évaluées par les investisseurs sur les mêmes bases que les entreprises traditionnelles. Cependant, un poids plus important est accordé aux évènements macroéconomiques et une forte part de la variabilité des titres reste non expliquée. Ils corroborent en partie seulement l’appréciation de Mérindol (Ecodef n° 20, 2002) qui voyait les aléas politiques concernant le développement des marchés d’armement comme le principal élément de jugement sur la capacité des entreprises d’armement à créer de la valeur actionnariale. Cathy DOLIGNON Chargée d’études économiques à l’Observatoire Économique de la Défense. Sylvain MOURA Chargé d’études économiques à l’Observatoire Économique de la Défense. L’Observatoire Économique de la Défense diffuse EcoDef par messagerie électronique (format pdf). Si vous êtes intéressé par cette formule, veuillez adresser un courriel à : daf.oed.fct@intradef.gouv.fr Découvrez toutes les publications du secrétariat général pour l’administration sur : Internet : www.defense.gouv.fr/sga Intranet : www.sga.defense.gouv.fr # 100 NOVEMBRE 2017 1999-2017 NUMÉRO 100 • Moura et Oudot (Ecodef n° 68, 2014) et Montalban et Oudot (Ecodef n° 92, 2017) constatent que les entreprises de la BITD connaissent une croissance régulière de leurs exportations ces dernières années, ce qui confère un taux de couverture positif à la balance commerciale française en matière de matériels de guerre. Évolution des méthodes et fiabilisation des statistiques Le travail de comparaison est possible grâce à l’identification des entreprises qui composent la BITD. Or, cet exercice est délicat, comme le souligne Dunne (1995). Il n’existe pas de secteur d’activité regroupant ces entreprises dans les nomenclatures statistiques d’activité officielles (la nomenclature d’activités et de produits françaises notamment). De plus, ces entreprises sont difficilement reconnaissables à leur seule activité militaire (elles sont souvent duales, c’est-à-dire qu’elles produisent à la fois pour des marchés militaires et civils) et, enfin, la frontière des activités militaires est sujette à débat (un fournisseur de carburant pour les avions de chasse relève- t-il de la BITD ?). Deux méthodes sont alors utilisées pour contourner ces difficultés. La première méthode est suivie par Hartley (2007). Elle consiste à aborder la BITD de manière indirecte, en décrivant son environnement et en exhibant des données agrégées, en particulier sur la politique industrielle nationale en matière d’armement. Dans sa lignée, Moura (Ecodef n° 61, 2012) caractérise la BITD espagnole via l’évolution de la politique nationale de défense (niveau des budgets militaires, accords internationaux technologiques et commerciaux en matière d’armes, types d’acquisitions). La seconde approche vise à construire un répertoire des entreprises composant la BITD. Il est plus coûteux en termes de complexité et de temps. Médina (Ecodef n° 14, 2001) puis Daffix (Ecodef n° 32, 2004) proposent le répertoire Sandie (Statistiques Annuelles sur la Défense, son Industrie et ses Entreprises), construit et mis à jour par l’OED. Dans sa première version, il est constitué de sources diverses (marchés publics, bases de données de la DGA, enquêtes publiques). Au total, il comporte 12 695 entreprises, certaines d’entre elles appartenant au cœur « armement » constitué des entreprises qui sont impliquées directement dans la fabrication des systèmes d’armes (il s’agit de la sous-population des entreprises de la BITD qui sont en lien avec la DGA). Cette première version, avancée essentielle dans la connaissance des entreprises opérant dans la défense, souffrait de faiblesses : disparition de fichiers sources en provenance de la DGA, absence de chiffre d’affaires militaire, absence de mise à jour des données. La deuxième version de Sandie pallie à ces inconvénients. Moura et Raton (Ecodef n° 55, 2011) utilisent de nouvelles sources de données pérennes pour réactualiser la base Sandie (notamment Chorus-Défense, qui retrace les paiements du ministère des Armées à ses fournisseurs). Puis Moura (Ecodef n° 58, 2012) et enfin Oudot et Moura (2016) stabilisent la méthode. Désormais, le répertoire de la BITD est mis à jour annuellement et un chiffre d’affaires militaire est estimé pour chaque unité légale la composant (au nombre de 2 300 environ pour un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 22 milliards d’euros). Cette seconde version du répertoire Sandie réaffirme quelques caractéristiques fortes de la BITD : concentration des marchés d’armement (Moura, Ecodef n° 65, 2013) et importance de la dualité (Moura, Ecodef n° 66, 2014). Les orientations futures du répertoire de la BITD Le répertoire Sandie constitue un outil intéressant pour comprendre les logiques industrielles des entreprises d’armement. Le suivi de sa sous-population BITD met en évidence l’apport significatif du ministère des armées français, car l’équivalent d’un tel répertoire n’existe dans aucun autre pays. Aussi l’expérience de l’OED dans l’identification de la BITD peut-elle être mise à profit pour construire des répertoires de la BITD dans d’autres pays. Cette connaissance des industries d’armement aux niveaux nationaux contribuera à définir les contours de la BITD européenne, expression aujourd’hui couramment utilisée mais qui cache une connaissance lacunaire des entreprises la composant. Sur le plan analytique, l’avenir du répertoire de la BITD s’oriente dans deux directions. Premièrement, le chiffre d’affaires militaire des entreprises doit être fiabilisé. Il est aujourd’hui estimé statistiquement et souffre certainement d’imprécisions. Le recueil de cette information par le biais d’une enquête statistique auprès des entreprises de la BITD, répondant directement sur le niveau de leur chiffre d’affaires militaires, est une voie à l’étude par l’OED. Cette fiabilisation effectuée, le répertoire BITD pourrait servir à l’alimentation d’un compte satellite de la défense rénové (Ecodef n° 43). Ce compte, qui retrace l’importance économique de la défense dans l’économie, contiendrait un volet sur la valeur ajoutée militaire des entreprises qui peut être déduite du répertoire BITD. Enfin, Serfati (2014) observe que les entreprises de défense connaissent une croissance de leur activité liée à la sécurité. La dernière université d’été de la défense (Toulon, 4-5 septembre 2017) a d’ailleurs rassemblé les acteurs privés et publics du monde de la défense autour d’une session consacrée à la BITDS (Sécurité). Après la dualité civilo-militaire, la dualité militaro-sécuritaire constitue certainement un nouveau champ de recherches important sur la BITD. L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE MILITAIRE : UN ENJEU STRATÉGIQUE MAIS uploads/S4/ economia-de-la-defensa-frances-ecodef.pdf

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  • Publié le Jan 16, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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