Le Jardin Du même auteur Aux éditions Théâtrales dans la collection « traits d’
Le Jardin Du même auteur Aux éditions Théâtrales dans la collection « traits d’union » Bulbus, traduction Henri Christophe, 2008 dans la collection « répertoire contemporain » Anges (La blessure, le cœur et les pensées), traduction Jörn Cambreleng, 2009 Mousson, traduction Henri Christophe, suivi de Tristesse animal noir, traduction Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti, 2011 Étoiles, traduction Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti, suivi de Mon cœur si jeune si fou, traduction Henri Christophe, 2013 Chez d’autres éditeurs Sens (courte pièce pour la comédie), traduction Silvia Berutti-Ronelt en collaboration avec Jean-Claude Berutti, Lansman Éditeur, 2007 Schwarzes Tier Traurigkeit – Tristesse animal noir (édition bilingue), traduction Silvia Berutti-Ronelt en collaboration avec Jean-Claude Berutti, Presses universitaires du Mirail - Théâtre de la Digue, collection « Nouvelles scènes », 2009 Anja Hilling Le Jardin Traduit de l’allemand par Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti der Garten © 2011, Anja Hilling, Berlin. © 2015, éditions Théâtrales, 20, rue Voltaire, 93100 Montreuil, pour la traduction française. ISBN : 978-2-84260-675-6 • ISSN : 1760-2947 Photo de couverture : © Manon Tézier. Selon les articles L. 122-4, L. 122-5-2 et 3 du Code de la propriété intellectuelle, pour tout projet de représentation ou pour tout autre utilisation publique du texte Le Jardin, une demande d’autorisation devra être déposée auprès de l’agence Althéa pour l’autrice (althea@editionstheatrales.fr ou +33 (0)1 56 93 36 78) et de la SACD pour les traducteurs. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du CFC (Centre français d’exploitation du droit de copie). La collection « Répertoire contemporain » vise à découvrir les écrivains d’aujourd’hui et de demain qui façonnent le terreau littéraire du théâtre et à les accompagner. Pour proposer des textes à lire et à jouer. Direction éditoriale : Pierre Banos et Jean-Pierre Engelbach. « L’Émeute, tempêtant vainement à ma vitre, Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » Baudelaire, Les Fleurs du mal Les gens ne sont pas des constantes, ils se comportent seulement comme si c’était le cas, ils vivent aujourd’hui quelque part à proximité, même époque, même siècle, même pays, même folie, ils résident dans la zone grasse, bien trop avisés pour le bonheur. Ils sont chez eux dans le cerveau, habitués à trouver toutes choses merdiques. Leur regard s’arrête à des millimètres avant que quelque chose d’authentique n’advienne, et ils pressent hors de leur cerveau la connaissance comme une sève. Ils sont plus ou moins trentenaires, s’en sortent. Quand ils ont froid, ils posent leurs ordinateurs portables directe- ment sur leurs genoux, quand ils se réveillent la nuit, ils en démontent le disque dur, et quand ils débloquent, ils épinglent le plan de table de leur cérémonie funèbre sur leur tableau aide-mémoire. Leur malheur est un animal d’un autre temps, plus grand qu’eux et pas facile à saisir. Ils comptent les heures, aiment l’alcool, la tristesse et les moments d’approbation, sont obsédés d’eux-mêmes et rêvent d’un autre qui les reconnaisse, mais ne les délivre pas. Ils craignent le zénith du corps, la profondeur des lignes, la brillance du cuir chevelu, les examens de dépistage et les photos encore plus dures, ils ont peur de la fin, désirent un contact immortel et une pensée énoncée par des lèvres étrangères cognant dans leurs veines, aussi inespérée et directe que la morsure d’un rat. Mais leur langage est indirect, familier et bouché par l’espoir merdique de pouvoir recommencer à zéro : antonia Journaliste musicale sam embers Rock star martin Étudiant, petit ami d’Antonia edith Coiffeuse, amie d’Antonia henriette Éditrice, chef d’Antonia phillip et sven Collègues d’Antonia wolfgang et georg Agents de police Le jardin est différent, un enfant, riche et négligé, aménagé par les hommes et créé pour proliférer jusqu’à les recouvrir, ici poussent des couleurs qui n’ont rien à voir avec l’eau, le désir ou l’engrais, des feuilles qui se dressent plus haut qu’un torse de femme. Il y a ici des fleurs pareilles à l’œil qui se fige face à la divinité. Les fleurs, elles végètent ici et partout, leur luminosité n’est liée à aucun lieu, leur beauté n’est pas un dilemme personnel et leur mort pas un drame. Elles pressent leurs corps à travers des échafaudages de métal, laissent jaillir leur lumière au travers de dalles de goudron, s’épanouissent, peu de temps, de manière spectaculaire, dans une répétition infinie, échangent l’oxygène dans des lieux étouffants, des bureaux, des goulots de bouteille, des salles de concert. Elles inondent de leur sève tout cerveau humain en plein épanouissement. Ce ne sont que des fleurs, leur parfum reste inégalable, leur clémence limitée. Le jardin n’est qu’un lieu fortuit, en voici quelques exemples pris au hasard : darjeeling red Une vivace, à vocation recouvrante, elle se déchaîne habilement depuis sa base grâce à l’étalage rapide d’une natte d’épis pourpres impossibles à freiner. mont blanc et silver cup Deux lavatera trimestris, elles fleurissent fra- cassées telle de la porcelaine, absorbent tout avec un charme simple, juste un peu arrogant, l’une dans un blanc rêche, l’autre dans un rose lumineux. alba Une rudbeckie, aimant absolu pour insectes, étalant, sur une tige d’un mètre de hauteur, ses éventails blanc crème dans une corolle rayon- nante à tonalité bavaroise. helen campbell Une fleur araignée aux étamines saillantes, blanche, large, un peu ivre et avide de lumière. s. arnott Un dahlia gorgé d’orange, pousse vif et jaillit, sec. Il aspire au soleil et craint tout ce qui est humide, terre, limaces, mains. corky Une liliacée, contrairement à sa nature crain- tive, elle fleurit en forme de trompette, un épanouissement démultiplié, jaune clair, de tous les instants, étonnant, jusqu’à ce que la journée tire à sa fin. Alors la peur est vaincue et la vie sensationnelle de ce lys appartient au passé. bicolor et newry blue Deux aconits, à port érigé, l’un bleu-blanc, l’autre bleu lilas, leurs fleurs ont la forme de casques, assez toxiques, mais délicats en com- munication, et leur feuillage brille d’un vert sombre. beauty of livermere Un pavot d’orient rouge feu, beauté décorative, racines sauvages, dessin sombre au milieu de la fleur, cils argentés sur ses feuilles lobées. new dawn et sympathie Deux rosiers grimpants, « climbing », remplis de rose et de rouge, au parfum puissant et d’une hauteur qui dépasse du double la taille humaine. 9 L’explosion du jardin au cœur des gens n’est pas un hasard, on peut l’interpréter comme une simple réaction physique, mouvement sismique entre le monde et l’âme en attente depuis un certain temps, mouvement déclenché par un contact apparemment impossible. Deux foutues âmes éloignées l’une de l’autre, une rock star et une critique de concert. Leur étreinte, une plaisanterie de la nature assoiffée fêtant son come-back dans les débris d’une poitrine humaine. Tout est possible, et la patience se fane. helen campbell.– Une quoi. mont blanc.– Une critique alba.– Langue suante. Peau à l’abandon. darjeeling red.– Proximité tabou Du spectacle de l’âme. alba.– Bataille de la beauté Sous l’esprit blasé. helen campbell.– Connais pas. darjeeling red.– Son talent particulier reculer d’un pas Au moment de l’enthousiasme. Pour exprimer le cri des autres par les mots. helen campbell.– Pourquoi. alba.– C’est son job. mont blanc.– Mais ensuite elle a oublié. Le pas essentiel. Dans le studio de ses pensées. Elle est restée accrochée. Au jardin de l’euphorie. helen campbell.– Ici. darjeeling red.– Exactement ici. alba.– Fucking flowers. anja Hilling mont blanc.– Cette femme fait ce qu’elle peut. Réfléchit avec précision. Pense à voix haute. Besoin de mots qui brûlent dans le froid Pour un monde que nul ne peut supporter. darjeeling red.– Mais les mots sont sauvages quand ils approchent Esprits sportifs sans attaches Éternels chasseurs Ils ouvrent le ciel des pensées Pour l’envol de l’âme. alba.– Quel tour de force dément D’arracher la racine d’un arbre centenaire Avec une combinaison de lettres. helen campbell.– Drôle. darjeeling red.– Oui. Si l’on pense que tout s’éteint Lorsque la racine paraît Et qu’on pige enfin ce qu’on est vraiment. mont blanc.– Pollen dans la lumière. Qui. A la finitude du corps. Et avec lui des pensées Se rassemblent une dernière fois dans ce jardin décadent. alba.– Qui explose enfin Et sans y mettre les formes déchire le cœur avec tendresse. helen campbell.– Cause de décès. alba.– Trop d’enthousiasme. helen campbell.– Et. A-t-elle au moins réussi. Comme critique. darjeeling red.– Es-tu complètement desséchée. Cette femme a écrit des lignes Plus acerbes Que l’œillade d’une anémone À la fin de la nuit. 11 Acte I : Mort 1. Attendre que la fête commence Extrait d’une critique de concert Hier. Amis de l’Art rock. Ce n’est pas moi qui suis retournée à la nature. La nature est retournée vers moi. Le ciel était couvert Au-dessus des intervalles de triton de la Wuhlheide Où Sam Embers s’est installé pour un come-back glacial. On a joué de la harpe. Voilà ce que je vous dis pour l’instant. Jusqu’au déliement endogène d’un lys royal Peint sur le mur en laser froid Mourant d’un déphasage sphérique du ukulélé Au-dessus des têtes du public. Des anges voletaient dans mes nerfs En plein mois d’août Sur les uploads/S4/ hilling-jardin-extraits-55f6cec04fe5f 1 .pdf
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- Publié le Nov 10, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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