163 37 / 2016 / 2 ÉTUDES L’équivalence fonctionnelle – une stratégie pour la tr
163 37 / 2016 / 2 ÉTUDES L’équivalence fonctionnelle – une stratégie pour la traduction juridique ? The Functional Equivalence – a Strategy for Legal Translation? Zuzana Honová [Zuzana.Honova@osu.cz] Ostravská univerzita v Ostravě, République tchèque Résumé L’article traite la problématique de l’équivalence dans le domaine de la traduction juridique. Il mentionne différents types d’équivalence parmi lesquels, aussi, l’équivalence fonctionnelle, se demandant si, juste- ment, l’équivalence fonctionnelle est une solution traductologique convenable pour les textes juridiques. L’attention est particulièrement prêtée à l’équivalence des termes juridiques pour lesquels il est difficile, en regard des différences considérables existant parmi différents systèmes juridiques, et donc également parmi leurs systèmes notionnels, de trouver un équivalent correspondant et satisfaisant dans le système du droit cible. L’article vise à présenter quelques stratégies traductologiques auxquelles il est possible de recourir, selon la situation concrète, dans la traduction juridique, même si, parfois, le résultat obtenu est loin d’être une solution idéale. Mots clés Traduction juridique ; terme juridique ; système juridique ; équivalence ; équivalence fonctionnelle ; équi- valence des termes ; traduction littérale ; traduction descriptive ; transcription Abstract The article deals with the issue of equivalence in legal translations. It mentions various types of equi- valence, in particular the functional equivalence. It explores whether and in what cases the functional equivalence is a suitable translation solution for legal texts. It focuses particularly on the issue of the equi- valence of legal terms whose adequate and satisfying equivalents in the target language and in the target legal system are often very difficult to find because of considerable differences existing among particular legal and therefore conceptual systems. Yet the article tries to present a few translation strategies which can be used in legal translations when taking a specific situation into account, although, in legal transla- tions, unequivocal guidelines are difficult to find. Keywords Legal translation; legal term; legal system; equivalence; functional equivalence; equivalence of terms; lite- ral translation; descriptive translation; transcription REÇU 2015–8-31 ; ACCEPTÉ 2016–04–29 études romanes de Brno 37 / 2016 / 2 DOI: 10.5817/ERB2016-2-13 164 Zuzana Honová L’équivalence fonctionnelle – une stratégie pour la traduction juridique ? 37 / 2016 / 2 ÉTUDES Introduction De nombreux linguistes et théoriciens de la traduction ont déjà signalé les problèmes qu’entraî- ne le découpage différent de la réalité extralinguistique et, par conséquent, les problèmes d’éta- blir des équivalences à quelque niveau que ce soit. Les difficultés qui en résultent se manifestent, en général, dans n’importe quel type de traduction, littéraire ou spécialisée. Néanmoins, dans le cadre de la traduction juridique, elles sont encore plus évidentes et, de plus, à la différence des autres types de traduction, peuvent produire des conséquences extralinguistiques sérieuses, voire fatales, d’où la responsabilité élevée du traducteur juridique. En premier lieu, il nous semble pertinent de constater, en accord avec certains jurilinguistes, qu’il ne faut pas considérer la traduction juridique comme une traduction tout à fait particu- lière1 dans le sens que, comme tout autre type de traduction, son objectif est de reformuler le texte source afin d’obtenir le texte cible. Pour atteindre cet objectif, le traducteur de textes juri- diques se sert exactement des mêmes méthodes, utilisant les mêmes mécanismes et stratégies traductives et se heurte aux mêmes problèmes traductologiques que dans le cas de la traduction d’un texte littéraire ou d’un texte spécialisé relevant de n’importe quel domaine de spécialité. Pourtant, la traduction juridique a ses spécificités qui la distinguent nettement de la traduction des autres types de textes spécialisés et qui résultent des spécificités du langage juridique même, car, comme le précise Glanert, « le langage juridique présente des traits spécifiques qui en font un discours distinct non seulement par rapport à la langue courante, mais aussi relativement à d’autres langages de spécialité » (2011 : 163). La principale difficulté est liée au fait que tout texte juridique se réfère toujours à un système juridique concret qui est le résultat d’une évolution historique et, par conséquent, peut se diffé- rencier considérablement des autres systèmes juridiques qui ont subi une évolution différente. Le droit étant un phénomène social, le système juridique de la langue source est étroitement lié à la réalité socioculturelle du pays en question qui, souvent, ne correspond pas parfaitement à la réalité socioculturelle à laquelle se réfère le système juridique de la langue cible. À cet égard, Gé- mar (2003 : 232) précise que « le droit est un des domaines les plus chargés de culture qui soient. Il remonte aux sources de la civilisation, de chaque langue et de la culture qu’elle porte ».2 Étant donné cet état de choses, il est évident que le but d’atteindre un degré d’équivalence sa- tisfaisant entre le texte juridique source et le texte juridique cible se révèle extrêmement délicat. Une des principales tâches à accomplir par le traducteur juridique consiste donc à retrouver un juste équilibre en ce qui concerne l’équivalence entre le texte source et le texte cible. Cet article se donne pour objectif de présenter certaines stratégies à employer dans le but d’atteindre un degré satisfaisant d’équivalence dans la traduction juridique, nous demandant, 1 Voir par exemple Gémar (1998 : 8) qui affirme que : « techniquement, lorsqu’il traduit un texte juridique, le tra- ducteur ne met pas en śuvre des mécanismes foncièrement différents de ceux que requiert l’opération traduisante en générale ». De même, d’après Koutsivis (1991 : 148), « la traduction juridique n’est pas une « traduction à part ». Comme toute traduction elle constitue une tentative de réponse au défi de reformuler dans une autre langue un texte donné ». Enfin, Glanert (2011 : 185), à son tour, précise : « Le traducteur juridique affronte des difficultés traductologiques qui ne se distinguent pas foncièrement de celles que connaissent les traducteurs intervenant dans d’autres champs du savoir, tels les études religieuses, la philosophie ou la littérature ». 2 Gémar (2003 : 232) parle de la « charge historique et culturelle » des notions et des institutions que le droit véhicule. 165 Zuzana Honová L’équivalence fonctionnelle – une stratégie pour la traduction juridique ? 37 / 2016 / 2 ÉTUDES en même temps, si l’équivalence fonctionnelle est toujours une stratégie appropriée pour ce type de traduction. Notion d’équivalence en général Tout d’abord, il nous semble pertinent de s’arrêter à la notion d’équivalence même, car elle n’est pas vue d’une façon univoque par les linguistes et les traductologues. À ce sujet, nous sommes tout à fait d’accord avec Raková (2013 : 62) qui constate, à propos de l’équivalence, que « une fluctuation terminologique est malheureusement typique de la traductologie en général, puis- que les mêmes termes ont des acceptions différentes selon les écoles traductologiques ». N’ayant pas l’intention d’entrer en détail ni d’analyser différentes théories traductologiques, nous nous limitons à rappeler que la recherche d’un rapport satisfaisant entre l’original et sa traduction ac- compagne l’activité traduisante depuis ses débuts. Néanmoins, dans le cadre de la traductologie en tant que discipline moderne, il convient de rappeler que les premières mentions de l’équiva- lence au niveau théorique remontent au tournant des années 1950 et 1960, lorsque Nida évoque cette notion, distinguant concrètement l’équivalence formelle (approche sourcière, orientée vers le texte source) et l’équivalence dynamique (approche cibliste, basée sur le principe du même effet communicationnel de l’original et de la traduction pour le destinataire).3 À peu près à la même époque, Vinay et Darbelnet présentent leur classification des procédés de traduction, parmi lesquels ils mentionnent, entre autres, l’équivalence.4 Plus tard, les théories traductologiques traitant de l’équivalence se multiplient de sorte que, jusqu’à présent, nous pouvons rencontrer bien d’autres approches théoriques, parmi lesquelles il convient de rappeler, entre autres, l’équivalence linguistique, sémantique, stylistique, textuelle, pragmatique et, enfin, l’équivalence fonctionnelle. C’est avant tout cette dernière qui a fait cou- ler beaucoup d’encre, ayant, évidemment, ses tenants et ses opposants. Parmi les traductologues tchèques, nous tenons à mentionner Kufnerová (2009 : 29) qui considère l’équivalence fonction- nelle comme un « rapport optimal entre l’original et le texte traduit ».5 La théorie de la traduc- tion fonctionnelle, élaborée par Vermeer et Reiss dans les années 1970, souligne la fonction du texte cible parce que, dans sa situation de réception, le texte doit toujours produire un effet, un résultat. D’après les théoriciens allemands, le traducteur devrait déterminer la fonction du texte et, ensuite, choisir la méthode de la traduction selon le skopos recherché, d’où une autonomie assez élevée du traducteur. Reiss (2009 : 144) distingue nettement l’équivalence de l’adéquation, définissant l’équivalence comme égalité de valeur, « la relation entre deux produits, à savoir le 3 Cf. Hrdlička (2014 : 15–16). 4 La Stylistique comparée de l’anglais et du français a paru en 1958. Il est à remarquer que la conception d’équivalence de Vinay et Darbelnet, considérée par les auteurs comme procédé de traduction par lequel on rend compte de la même situation que dans l’original, en ayant recours à une rédaction entièrement différente (proverbes, phraséologismes, etc.), est justement critiquée par plusieurs traductologues contemporains, étant, dans l’état des recherches traductologiques actuelles, difficilement acceptable. 5 À noter que, chez nous, les uploads/S4/ dialnet-lequivalencefonctionnelle.pdf
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- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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