Aymeric ALIAS Docteur en Droit privé Avocat au Barreau d’Aix-en-Provence Chargé
Aymeric ALIAS Docteur en Droit privé Avocat au Barreau d’Aix-en-Provence Chargé de travaux dirigés en Droit privé à l’Université d’Aix-Marseille M É T H O D O L O G I E Des mémoires, rapports de recherche et de stage Pour les étudiants de Licence, Master et École des avocats. 2021 — 2022 2 Présenter le droit sous forme de règles est une commodité d’exposition, une recette pédagogique ; mais « l’étude du droit n’a pas pour but de procurer des jouissances intellectuelles ». Si Cicéron souhaite que « le droit soit réduit en science » (reducere jus in artem, c’est-à-dire un corps de connaissances systématiquement ordonnées), c’est pour en simplifier l’étude des avocats. « L’étude du droit n’a pas pour but de procurer aux professeurs des jouissances intellectuelles ». (C. Atias, Philosophie du droit, PUF, Thémis droit, 3ème éd., 2012, n° 45, p. 185 ; M. Villey, Leçons d’histoire de la philosophie du droit, Paris, Dalloz, « Philosophie du droit », 1962, n. 50, p. 83) De peur que notre espèce n’en vînt à périr tout entière, Zeus avait envoyé Hermès apporter à l’humanité la Vergogne et la Justice, pour constituer l’ordre des cités et les liens d’amitié qui rassemblent les hommes. « Hermès demande alors à Zeus de quelle façon il doit faire don aux hommes de la Justice et de la Vergogne : Dois-je les répartir de la manière dont les arts l’ont été ? Leur répartition a été opérée comme suit : un seul homme qui possède l’art de la médecine suffit pour un grand nombre de profanes, et il en est de même pour les autres artisans. Dois-je répartir ainsi la Justice et la Vergogne entre les hommes, ou dois-je les répartir entre tous ? Zeus répondit : Répartis-les entre tous, et que tous y prennent part ; car il ne pourrait y avoir de cités, si seul un petit nombre d’hommes y prenaient part, comme c’est le cas pour les autres arts ; et instaure en mon nom la loi suivante : qu’on mette à mort, comme un fléau de la cité, celui qui se montre incapable de prendre part à la Vergogne et à la Justice ». (Platon, Protagoras, env. 431 anv. J.-C., 322c à 322d, traduct. de F. Ildefonse, GF Flammarion, Paris, 1997, pp. 87 s.) 3 SOMMAIRE POINT PRÉLIMINAIRE / QUELQUES INFORMATIONS PRÉALABLES 1 / LA PREMIÈRE DE COUVERTURE 2 / LA PAGE DE REMERCIEMENTS 3 / LE SOMMAIRE 4 / LA LISTE DES ABRÉVIATIONS 5 / L’INTRODUCTION 6 / LE PLAN ET SES DÉVELOPPEMENTS 7 / LA CONCLUSION 8 / LA BIBLIOGRAPHIE 9 / LA TABLE DES MATIÈRES 10 / LES ANNEXES 4 POINT PRÉLIMINAIRE / QUELQUES REMARQUES PRÉALABLES Fabuleuse expérience celle consistant à élaborer un ouvrage en droit, qu’il soit de recherche ou le fruit d’un stage dans une structure professionnelle. Si vous prenez à cœur cet exercice, sans nul doute le plus passionnant et formateur dans votre cursus, vous aurez tout d’abord le plaisir de vous y découvrir certes des aptitudes, mais aussi des défauts et traits de votre personnalité que vous ignoriez probablement. Comment ? En y livrant un combat de plume contre vos carences de jeune rédacteur. Fermés à toute forme d’aspiration à une certaine intelligence, de culture académique ou de réflexion, certains réticents tenteront de vous faire faire le choix de la facilité et de la médiocrité, de vous faire croire que le rapport de stage notamment dispense son auteur de toute réflexion théorique sur le droit et les rapports qu’il entretient avec les professions, réduisant cet exercice à celui de la tenue d’un simple journal inerte, décrivant la structure d’accueil et le quotidien du stagiaire, jour après jour. C’est absurde. Ne faites jamais le deuil de l’intelligence et de la réflexion, plus fondamentalement des questionnements et du raisonnement, lorsque l’institution académique vous met à l’épreuve, plus généralement lorsque les sciences humaines et les lettres vous appellent. Ne vous y trompez pas, vous serez jugés sur vos qualités intellectuelles, que votre ouvrage soit aux fins de rendre compte d’un stage ou des fruits d’une recherche. Et un jury de soutenance de rapport de stage ne vous blâmera jamais d’avoir proposé une réflexion. Aussi, que trouverez-vous, à titre personnel, dans une telle expérience ? Pour l’essentiel et afin de ne pas m’étendre abusivement, je répondrais sommairement au moins deux bienfaits : - Tout d’abord, une certaine approche de la liberté. Dans le travail de rédaction, notamment au service du droit, que l’on soit en recherche ou en stage, un territoire immense nous y est offert pour y exprimer nos points de vue, nos interrogations, nos tourments, nos critiques, nos suggestions. Tout exprimer avec les exigences que chacun est libre de s’y imposer, entre autres le sens des responsabilités scientifiques, le respect de l’examinateur, la vigueur d’un positionnement, la rigueur d’une démonstration, le souci du respect de certaines formes, etc. Tout y exprimer, que nos propos soient en accord avec une certaine vogue sociologique, politique ou académique dominante, ou qu’ils rappellent à quelques traditions plus marginales ou oubliées, ou qu’ils soient encore absolument à contre-courant, voire insolites – avec la mesure et la prudence, qualités chères au juriste, qu’il convient d’observer quand il est temps d’oser. - L’humilité et la discrétion. Elles commencent chez le rédacteur par l’interdiction, traditionnelle en droit, de la première personne grammaticale : je est proscrit. Le chercheur, que chacun de ses mots trahit dans ses écrits, s’efforce néanmoins de disparaître de son œuvre, au profit de sa prospection pour le droit. Par suite, il est accablé par le poids de ses propres imperfections, auquel le soumet le travail d’écriture. Des idées lui paraissent belles ; il leur donne des mots ; voilà qu’elles sont imparfaites, poisseuses, car sans intérêt particulier ou peu joliment exprimées. Ce peut être le vertige de certaines réflexions qui, à l’état d’intuitions encore approximatives, se montrent pleines de promesses et dégénèrent néanmoins en banalités indicibles lorsqu’elles trouvent les mots. Enfin, une certaine frustration peut naître d’un travail qui ne sera jamais achevé : il est dit qu’on ne finit jamais un mémoire ou une thèse ; on l’arrête. Comprenez bien, l’idée est que, pour les plus exigeants d’entre vous, aussitôt le point final de votre conclusion posé, de nouvelles idées tendant au développement ou à la modification de certains paragraphes de votre œuvre vous assailliront. Tout ceci, entre autres, dans le travail de rédaction d’un rapport, est une leçon d’humilité. 1. Munissez-vous d’un journal et de pochettes Pour le rapport de stage comme pour le rapport de recherche, conseil pratique, il peut être commode de se munir d’un cahier journal dans lequel vous répertorierez toutes vos idées du moment, tout ce que vous avez réalisé, vécu, pensé en lien avec votre ouvrage. Ce journal est d’autant plus précieux que nos idées du moment, jaillissements spontanés de nos esprits capables de tout, peuvent conduire à de merveilleuses compositions, alors que nos mémoires peuvent parfois se montrer si poreuses et ingrates. De même, répertoriez au sein d’autant de pochettes qu’il sera nécessaire, l’ensemble des documents (recherches bibliographiques, actes accomplis et anonymisés, etc.) que vous aurez soin de photocopier, pour les besoins de votre rapport. 2. Soyez aussi organisé dans le monde matériel qu’immatériel C’est une recommandation organisationnelle, logistique, un conseil de papi bienveillant que je vous adresse : dès le début de votre stage ou de vos recherches pour le rapport de recherche, ouvrez dans votre ordinateur un dossier que vous nommerez de la façon que vous entendez, pour désigner votre ouvrage. Vous y créerez en son sein autant de sous-dossiers qu’il est nécessaire à votre organisation. Dans le dossier ou sous-dossier destiné à accueillir votre rapport rédigé, vous enregistrerez chaque jour où vous écrirez, une nouvelle version de votre rapport, en ayant soin de ne pas effacer la précédente. Vous aurez ainsi, dans ledit sous-dossier, une liste de fichiers appelés (par ex.) : rapport version 1, rapport version 2, rapport version 3, etc., jusqu’à ce que vous parveniez à la version finalisée, avant conversion en format PDF et impression pour reliure. De cette façon, vous pourrez, en cas de regret quant à un développement rédactionnel que vous auriez supprimé, au sein des nouvelles versions, aller chercher ce dernier dans une version précédente de votre rapport. 3. Soyez scientifiquement rigoureux dans vos interrogations et vos démonstrations ; ayez une plume littéraire pour les transmettre Votre français, son orthographe, sa grammaire et sa syntaxe, doivent être irréprochables — j’excepte les coquilles, pardonnables si elles demeurent marginales. 5 Ayez du vocabulaire, renouvelez-le, enrichissez-le et utilisez-le, de sorte que votre ouvrage fasse apparaître le moins de tics de langage possibles et soit le plus agréable à lire. Ayez un mode lexical soutenu ; ne soyez jamais familier — et évitez le langage formel creux des spécialistes des présentations Power Point qui, en réunion d’entreprise ou d’administration, commencent toutes leurs prises de paroles par « bon », « donc », « alors » ou « bon donc alors » ou par « en effet uploads/S4/ methodologie-des-rapports-de-stage-et-memoires.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 13, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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