PRÉCIS DE L'AFFAIRE DREYFUS J;>U M:ME AUTEUR ET A LA M1J:ME LIBRAIRI-E JosEPH
PRÉCIS DE L'AFFAIRE DREYFUS J;>U M:ME AUTEUR ET A LA M1J:ME LIBRAIRI-E JosEPH ,REINACH HISTORIEN, avec une préface de CHARLES MAURRAS. Un volume in-8°. 6AMBETTA ET LA DÉFENSE NATIONALE (1870-1871). Un volume in-8°. HENRI DUTRAIT·CROZON PRÉCIS DE L'AFFAIRE DREYFUS AVEC UN RÉPERTOIRE ANALYTIQUE Scribantur hœc in generatione altera, P9. 101 [BEBR. 102}, V. 19, ÉDITION DÉFINITIVE PARIS NOU VELLE LIBR AIRIE NATIONALE 3, PLACE DU PANTHÉON, 3 1924 JUSTIFICATION DES ÉDITIONS ET TIRAGES La première édition a été faite à 3.614 exemplaires au format in-18 cavalier en l'anné11 1909. L'édition définitive, corrigée et augmentée, a été tirée à 6.2?74 exem plaires, savoir : 6 exemplaires sur Japon impérial numérotés de I à VI. 18 exemplaire11 sur Hollande de van Gelder Zonen numérotés de VII à XXIV. 100 exemplaires sur vélin pur fil des papeteries Lafuma, numérotés de XXV à CXXIV .. 5.000 exemplaires sur vélin teinté des papeteries Navarre numérotés de 1 à 5.000. 150 exemplaires sur vélin teinté des papeteries Navarre, hors commerce, réservês à la Presse. LE PRÉSENT EXEMPLAIRE APPARTIENT A L'ÉDITION DÉFINITIVE N!I 02,237 Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays. PRÉCIS DE L'AFFAIRE DREYFUS PREMIÈRE PARTIE LE PROCÈS DE 1894 1. - L'ESPIONNAGE. - LE BUREAU DES RENSEIGNEMENTS B IEN avant l'arrestation de Dreyfus, on avait eù la preuve officielle que les attachés militaires allemand et italien s'occupaient personnellement d'espionnage. Le 30 août 1890, un archiviste de la section technique de l'ar tillerie, nommé Boutonnet, avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir livré des documents à l'Allemagne. A la vé rité, l'ambassadeur d'Allemagne, M. de Münster, avait donné sa parole d'honneur que Boutonnet n'était en relations avec aucun agent de l'ambassade, mais les aveux du coupable montrèrent la valeur de ce démenti diplomatique 1. M. de Münster promit alors que les attachés militaires allemands s'abstiendraient à l'avenir de tout trafic avec les officiers ou les employés français 2• Cependant, en 1892, un nommé Grei ner, du ministère de la marine, fut surpris porteur de docu· ments confidentiels, au moment où il entrait à l'ambassade des Etats-Unis. Greiner fut condamné,le 6 septembre 1892, à vingt ans de travaux forcés et on eut la preuve que l'atta- I. Rennes, I, 83, gén. Mercier, 590, M. Gribelin; 2• Rev., I, 592, M. Hano taux. - 2. 2• Rell., I, 592, M. Hanotaux ; Reinach, I, 30 ; Rist. sommaire de l'All. Dreyfus, par R. L. ᓙ-, 9. 6 PRÉCIS DE L'AFFAIRE DREYFUS ché allemand était en rapports avec le traître par l'intermé diaire de l'attaché américain, le capitaine Borup 1. Toutefois, le ministère de la guerre luttait contre cet espion nage. Une annexe du 2e bureau de l'état-major de l'armée, désignée officiellement sous le nom de cc section de statistique», dénommée aussi parfois« bureau des renseignements», s'occu· pait spécialemel).t du contre-espionnage. Le chef de la section de statistique, en 1894, était le lieutenant-colonel Sandherr, assisté du commandant Cordier, du commandant Henry, des capitaines Matton et Lauth et de l'archiviste Gribelin 2• Le colonel Sandherr entretenait des agents à l'étranger, mais, de plus, il avait des « agents doubles », c'est-à-dire des agents jouant le rôle d'espions et chargés de transmettre aux attachés militaires de faux renseignements. Ces agents com muniquaient à la section de statistique les questionnaires qu'ils recevaient des attachés militaires et la section de statis tique leur fournissait des réponses, mi-exactes, mi-erronées, ou dilatoires, mais dûment contrôlées par les services compé tents de l'état-major, de telle sorte qu'aucune information préjudiciable à la défense nationale ne pût être fournie 3• En outre, à l'ambassade d'Allemagne, une femme de mé nage, Mme Bastian, celle qu'on a appelée« la voie ordinaire», recueillait les papiers que l'attaché militaire jetaitau rebut, et les faisait parvenir, dans un« cornet», au bureau des ren seignements. A l'origine, Mme Bastian remettait ses cornets à l'agent Brücker ; celui-ci ayant été« brûlé», fin 1893, après l'affaire de la femme\Millescamps 4 (condamnée le 3 janvier 1894), Mme Bastian entra directement en relations avec les officiers: ce fut d'abord le capitaine Rollin qui reçut les papiers et ensuite, après son départ du service, son successeur, le commandant Henry 6• Le commandant Henry triait ies pa piers, reconstituait ceux qui étaient écrits en français et don nait au capitaine Lauth ceux qui étaient écrits· en langue étrangère. Les papiers, une fois reconstitués, étaient remis au chef de service 6• l. Cass., I, 54, gén. Roget ; Rennes, I, 539, gén. Gonse, 590, M. Gribe lin. - 2. Cass., I, 239, gén. Gonse; 2• Rev., II, 47, comm. Lauth. - 3. Rennes, l, 85, gén. Mercier, II, 509, lieut-col. Cordier; 2• Rev., II, 46 et 47, comm. Lauth. - 4. Rennes, II, 501, lieut.-col. Cordier ; 2• Rev., I, 306, Brücker. - 5. Rennes, II, 529, comm. Lauth.-.6. Cass., I, 297, lieut.-col. Cordier ; Aff. Picquart, 271, gén. Roget. LE PR0CÈS DE 'f894 7 On suivait donc de très près les agistiements des attachés militaires et lorsque, en décembre 1893, le général Mercier prit possession du ministère, le colonel Sandherr le mit au. courant de la situation, lui rendant compte qu' « un vaste système d'espionnage était organisé contre nous» par l'atta ché militaire allemand Schwarzkoppen, puissamment secondé par l'attaché italien Panizzardi 1. Le général Mercier se fit remettre une lettre caractéristique, dite « des forts de la Meuse », qui avait été saisie par la voje ordinaire et qui était adressée, de Berlin, par Schwarzkop pen à son intérimaire à Paris. Le général Mercier porta la lettre au président du conseil, ministre des affaires étrangères, M. Casimir-Périer, en le priant de faire, à l'occasion, des repré sentations aux ambassadeurs 2• Dans le courant de 1894, les renseignements se précisèrent et firent connaître que les attachés militaires avaient à leur solde un officier du ministère. La <c voie ordinaire » livra successivement : Un télégramme du 25 décembre 1893, adressé par l'état major allemand à Schwarzkoppen, ainsi conçu : « choses aucun signe d'état-major », et le brouillon de la réponse de Sehwarzkoppen, du commencement de 1894 : << doute, preuve, lettre de service, etc. », dans laquelle Schwarzkoppen disait que lui aussi avait eu des doutes sur l'origine des documents, mais qu'il allait se faire présenter, ou s'était fait présenter, la lettre de service de son correspondant, ajoutant : « qu'il vaut mieux n'avoir aucune relation avec les corps de troupe, que les documents n'ont d'importance qu'autant qu'ils provien nent du ministère » ; Une lettre de janvier 1894, dite« lettre Davignon», adres sée par Panizzardi à Schwarzkoppen et dans laquelle il est question d'un « ami » qu'a Schwarzkoppen au ministère, au bureau du colonel Davignon ; Une lettre de mars 1894, de Panizzardi à Schwarzkoppen, où il dit avoir reçu des choses intéressantes de leur correspon rlant 3; Une lettre d'avril 1894, dite « ce canaille de D. », où 1 est question de la livraison de plans directeurs. 1. Rennes, I, 75, 76, gén. Mercier. - 2. Ibid., 78, d0• - 3. Cette lettre a été connue depuis sous le nom de pièce 371. -s PRÉCIS DE L•AFFAIRE DREYFUS En outre, l'attaché miJitaire espagnol, le marquis de Val Carlos, qui était en relations avec Schwarzkoppen et Paniz zardi, avertissait, en mars et avril, un agent civil du bureau des.renseignements, nommé Guénée, « qu'il y avait un loup· dans la bergerie», et, en juin, le commandant Henry qu'un oflicier du 2e bureau, ou ayant appartenu au 2e bureau, ren seignait Schwarzkoppen et Panizzardi 1• L'agent Guénée rendit compte au service des renseignements des confidences de M. de Val Carlos dans deux rapports des 28 mars et 6 avril 1894 2• Ces renseignements si précis déterminèrent à organiser une surveillance sur les officiers 3; Elle n'amena aucun résultat. 2. - LE BORDEREAU LES PREMIÈRES RECHERCHES.ৎ- LES SOUPÇONS SUR DREYFUS Dans la deuxième moitié de septembre, la voie ordinaire remit au commandant Henry un cornet qui contenait le bordereau et cinq autres lettres datées des 4, 21, 25, 26 août et 2 septembre 1894 4• Le colonel Sandherr reçut du comman dant Henry le bordereau reconstitué et le montra au capi taine Lauth, au capitaine Matton et à M. Gribelin 5• Le bordereau annonçait la livraison de quatre notes et du \projet de manuel de tir de l'artillerie de campagne : « il tra .duisait la vie même de l'état-major pendant les mois de juillet et d'août» 8• TEXTE DU BORDEREAU Sans nouvelles m'indiquant que vous désirez me voir, je vous adresse cependant, Monsieur, quelques renseignements intéres sants : 1. Rennes, 1, 80 à 85, gén. Mercier. (On trouvera là le texte des quatre pièces mentionnées plus haut). - 2. 2• Rev., Chambres réunies, I, 40, rap. Moras. - 3. Rennes, 1, 86, gén. Mercier; Cass., I, 59, 60, gén. Roget. - 4-. Rennes, 1, 86, gén. Mercier; 2• Rev., I, 878, M. Wattinne, II, 319, note du col. du Paty prodajte au procès Zola. - 5. Rennes, 1, 593. M. Gri belin, 608, comm. Lauth; 2• Rev., 1, 240, comm. uploads/S4/dutrait-crozon-henri-ps-delebecque-fre-de-ric-amp-larpent-georges-pre-cis-de-l-x27-affaire-dreyfus.pdf
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- Publié le Oct 23, 2021
- Catégorie Law / Droit
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