89 Revue africaine de management - African management review ISSN : 2509-0097 V

89 Revue africaine de management - African management review ISSN : 2509-0097 VOL.5 (1) 2020 (PP.89-109) http://revues.imist.ma/?journal=RAM Modes de financement à long terme et croissance des pme camerounaises Ngongang Dagobert a, ZOURMBA Thaddée b a HDR, Enseignant-Chercheur, FSEG, Université de Ngaoundéré, CAMEROUN b , Doctorant, FSEG, Université de Ngaoundéré, CAMEROUN Résumé La décision de financement est l’une des principales décisions financières de l’entreprise. Cette décision regorge de multiples sources de financement parmi lesquelles les entreprises en général et en particulier les Petites et Moyennes Entreprises (PME) peuvent faire un choix pour leurs besoins financiers. Ces sources sont soit d’origine interne comme l’autofinancement, la cession d’élément d’actif immobilisé, etc. ; soit d’origine externe comme l’augmentation du capital en nature ou en numéraire, le capital-risque, l’endettement (bancaire ou par crédit-bail). De même, parlant de la croissance, celle-ci peut être interne ou externe comme elle peut être réelle ou durable. Les données recueillies auprès de 74 PME camerounaises montrent que les financements par fonds propres demeurent leurs principales sources de financement, mais ces derniers peuvent se révéler comme un obstacle pour le financement de leur croissance. Ainsi, chacun de ces modes de financement peut avoir une influence considérable sur la croissance de ces structures qu’il convient d’analyser. C’est donc dans cette optique que s’inscrit notre recherche qui vise à identifier ces différents modes et à analyser la relation qui existe entre ces modes de financement et la croissance de ces PME. Mots clés : mode de financement, fonds propres, endettement, croissance et PME. Abstract The financing decision is one of the main financial decisions of the company. This decision is replete with multiple sources of funding that companies in general, and Small and Medium Enterprises (SMEs) can choose for their financial needs. These sources are either of internal origin such as self-financing, disposal of fixed assets, etc.; or of external origin such as the increase of capital in kind or in cash, venture capital, the indebtedness (bank or leasing). Likewise, talking about growth; it can be internal or external as it can be real or lasting. Data collected from 74 Cameroonian SMEs show that equity financing remains their main source of financing, but it may be a barrier to financing their growth. Thus, each of these modes of financing can have a considerable influence on the growth of these structures that should be analyzed. It is therefore in this optic fits our research that aims to identify these different modes and to analyze the relationship between these modes of financing and the growth of these SMEs. Keys words : financing method, own funds, indebtedness, growth and SME. N.DAGOBERT et T.ZOURMBA -REVUE AFRICAINE DE MANAGEMENT- VOL.5 (1) 2020 (PP89-109) 90 1. Introduction Les problématiques relatives à la création, à la croissance, au financement et à l'activité des Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont d'un intérêt crucial et de plus en plus grandissant à l'échelle internationale. En effet, cette forme d'organisation d'entreprises (PME) est incontestablement la plus répandue dans le monde avec un taux qui dépasse 90 % de l'ensemble des entreprises opérant dans les quatre coins de la planète. La sollicitude accordée à cette structure provient aussi du fait que les PME contribuent de manière substantielle au développement de l'emploi, à la création des richesses et par, voie de conséquence, à la stabilité et au bien-être social. Dans le cas particulier du Cameroun, la définition officielle de PME / PMI découle de la Loi n°2015 /010 du 16 juillet 2015 modifiant et complétant certaines dispositions de la Loi n°2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des PME. Ce texte propose des critères permettant de classer les entreprises dans les catégories TPE, PE et ME. Selon ces critères, rentrent dans la catégorie PME, les entreprises ayant un effectif permanent entre 21 et 100 individus et dont le chiffre d’affaires annuel hors taxe est supérieur à 250 millions et n’excède pas trois milliards de FCFA. Cette catégorie d’entreprises représente aujourd’hui, selon les statistiques fournies par l’Institut National de Statistique (INS), plus de 90 % du tissu économique national camerounais, pour une participation dans le PIB évaluée à 34 %. De même, selon le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA), celles-ci occupent officiellement 95 % du tissu économique et participent à hauteur de 36 % au PIB. La théorie financière identifie plusieurs variables susceptibles d'expliquer les choix de financement des entreprises : la taille, la rentabilité, la tangibilité de l'actif ainsi que les opportunités de croissance sont des déterminants de ces choix qui apparaissent récurrents dans la majorité des études empiriques (Bourdieu et Colin-Sedillot, 1993 ; Rajan et Zingales, 1995 ; Croquet et Heldenbergh (2008) ; etc.). Cependant, d'autres facteurs permettent aussi de comprendre la manière dont les entreprises établissent leurs choix de financement : la disponibilité des sources de financement. Cela nous amène donc à nous demander quels sont les modes de financement à long terme auxquels les entreprises et plus spécifiquement les PME font recours pour financer leurs besoins de croissance, quelle est la spécificité recherchée dans la croissance par les entreprises ? Quelle peut être leur influence sur la croissance de ces PME ? Pour répondre à cette question, l’étude menée auprès de 74 PME camerounaises nous permettra d’apporter des éléments de réponses à ces précédentes interrogations. L’objectif principal du présent travail est d’analyser l’impact des différentes sources de financement à long terme sur la croissance des PME camerounaises. Ainsi, pour mieux éclaircir notre travail, il sera question de présenter d’abord le cadre de réflexion, c’est-à-dire la revue de la littérature sur le financement des entreprises, la croissance ainsi que la relation qui existe entre les deux concepts, ensuite la méthodologie adoptée et enfin les résultats de la recherche visée. 2. Cadre de réflexion La littérature à la fois théorique et empirique est abondante sur la problématique de financement des PME et leur croissance. Premièrement, plusieurs auteurs se sont penchés sur N.DAGOBERT et T.ZOURMBA -REVUE AFRICAINE DE MANAGEMENT- VOL.5 (1) 2020 (PP89-109) 91 les raisons de diversité des modes de financement des PME. 2.1. Revue de la littérature sur le financement des entreprises Selon le lexique d’économie (Dalloz, 7ème édition, 2002), l’on peut assimiler le financement comme étant « la méthode nécessaire à toute acquisition d’actif, car il en permet le paiement ~ ». D’une manière générale, le financement est la mise à la disposition de capitaux au profit de l’entreprise pour la couverture de ses besoins financiers. Par financement, il faut également entendre l’ensemble des ressources financières, tant internes qu’externes, à disposition d’une entreprise (société, indépendant) et lui conférant les moyens d’action nécessaires pour réaliser son activité. Les principales évolutions du raisonnement financier mettant en évidence les modifications de perspective et la complexification croissante de la théorie sont diverses. II est toujours délicat et injuste de distinguer les principales étapes de développement d’un champ de recherche. Cinq contributions cependant nous semblent essentielles dans la structuration de la pensée financière en matière de la finance d’entreprise : celles de Modigliani et Miller en 1958, de Sharpe et Lintner vers le milieu des années 60, de Black et Scholes en 1973, de Jensen et Meckling en 1976 et de Myers et Majluf en 1984. On distingue en conséquence la finance académique avant 1958, la période ouverte avec les travaux de Modigliani et Miller qui resituent la stratégie financière dans le cadre du marché des capitaux, l’évaluation du prix du risque par Sharpe et Lintner, la mise en évidence du caractère optionnel des décisions financières due à Black et Scholes, la prise en compte des conflits entre agents due à Jensen et Meckling, et la politique financière comme résultante des problèmes posés par les asymétries d’information, illustrée notamment par Myers et Majluf. De plus, plusieurs théories ont été développées en ce qui concerne le financement des entreprises. Il s’agit notamment de l’apport de l’économie d’information, de la théorie d’agence, de la théorie du signal et de la Pecking Order Theory (POT). La littérature financière s’accorde sur le fait que le financement des entreprises et notamment des PME se caractérise principalement par un accès limité aux différentes sources de fonds en raison de leur « opacité » (Ang, 1991 ; Ndjanyou, 2007 ; Sime, 2002 ; Mbouombouo, 2005 ; Njaya et Ngongang, 2005). De même, les résultats des travaux d’Africa practise (2005) révèlent que les difficultés d’accès au financement sont le premier obstacle au développement des PME d’Afrique Subsaharienne, ce qui d’ailleurs relègue les problèmes de corruption, de déficience des infrastructures ou bien de fiscalités abusives au second plan. Ils estiment en outre que 80 % à 90 % des PME connaissent des contraintes de financement importantes. La revue des grandes problématiques présentes dans la littérature consacrée au financement des PME fait notamment ressortir trois types de questions relatives au besoin de capitaux propres des PME en croissance. Le premier type de question traite du niveau de croissance soutenable en fonction des ressources financières internes. Il s’agit d’apprécier l’aptitude d’une entreprise à autofinancer les besoins induits par la croissance. Le uploads/Finance/ 1-pb 1 .pdf

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  • Publié le Jui 02, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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