Exemple : un industriel français, importateur de cuivre et fabricant de câbles

Exemple : un industriel français, importateur de cuivre et fabricant de câbles et systèmes de câblages pour une clientèle mondiale Dans cet exemple, nous supposerons que les prix au comptant et à terme ont une évolution parallèle (dans la réalité il existe toujours un décalage minime, mais cette hypothèse ne nuit en rien à la valeur de l’exemple). De même, nous supposerons que les transactions à terme concernent des contrats dont les spécifications correspondent exactement à celles des marchandises négociées au comptant. Le décalage de temps entre la prise de commande ferme et la livraison implique, pour notre industriel, une prise de risque sur le prix de revient des produits livrés. En effet, dans l’intervalle, les prix du cuivre et autres matières auront pu être modifiés à la hausse. Description du mécanisme dans le cas de l’augmentation de prix Nous sommes en période t. L’industriel a calculé son prix de vente sur une base d’un prix de matière première de 100 sur la période t+3. Or, à cette époque le prix au comptant de la matière première ressort à 130. Dans cette situation, l’in- dustriel réalise une moins value de 30, ce qui augmente d’autant son prix de revient (et donc diminue sa marge brute). Pour y faire face, l’industriel peut acheter en t un contrat pour le terme t+3, au prix de 105 (le prix à terme est en général supérieur au prix comptant à une certaine date) qu’il revendra 135 en t+3, faisant donc à cette date une plus value de 30. Les plus et moins values s’équilibrent ainsi pour neutraliser la hausse des prix. Du point de vue de la tactique achats, notre industriel peut aussi faire des stocks en prévision, auquel cas le besoin en fonds de roulement de l’entreprise augmente et donc le coût total de la marchandise achetée également. Du point de vue de la tactique de vente, il peut également prévoir une clause de révision du prix de vente pour répercuter tout ou partie de l’augmentation du prix des matières premières. La réalité ressort souvent comme un mix au moment de la Les cinq classes de risques inhérents aux achats et à la supply chain 51 uh1.scholarvox.com:FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:328799791:450 négociation des contrats commerciaux, sachant que chaque type d’action permet en fait de limiter les risques. Dans le cas de la diminution des prix, et si tant est qu’il l’ait prévue, notre indus- triel se serait contenté de faire en t+3 un achat sur le marché au comptant et aurait ainsi réalisé une plus value. Mais, pour limiter les risques, il aura acheté en t un contrat à échéance t+3, qu’il aura revendu en t+3 en supportant une moins value. Là encore l’opération se sera traduite par un résultat équilibré. Si dans les deux exemples on prenait l’hypothèse plus réaliste d’une évolution non strictement parallèle entre les prix à terme et au comptant, les deux situa- tions se seraient soldées par une légère moins value nette. On peut considérer alors que cette légère moins value nette est le prix à payer pour limiter les risques. C’est la « prime de risque ». Cela dit, les acheteurs ne sont pas toujours obligés d’effectuer de telles opéra- tions sur les marchés à terme. En effet, leur souci majeur provient des fluctua- tions de prix des matières premières qu’ils utilisent ou de semi ouvrés eux- mêmes dérivés de matières premières spéculatives, et donc souvent à cours fluctuants à la vente. Comment traiter les risques de prix sur les marchés de matières premières pour un fabricant d’engrais ? Cet industriel utilise deux types de contrats : • Les contrats moyen terme de 6 mois à 1 an (ex : avec les miniers). Pour ces contrats, il n’y a pas de référence de marché sur le prix, chaque client paye un prix différent. Ce contrat donne quand même une visibilité sur le prix (engage- ment du fournisseur) et permet sur 6 à 12 mois de faire face à une campagne de production. C’est le fournisseur qui devra donc gérer le risque encouru par les opérations d’arbitrage : le risque est déplacé chez le fournisseur, auprès de qui il convient de s’assurer qu’il le gère correctement… Par contre, le risque pour l’entreprise demeure sur le volume, le taux de change (tout est payé en dollars dans ce cas) et la négociation. • Les contrats spot pour lesquels les prix sont connus, les matières premières sont identifiées au niveau mondial sur la base de cahiers des charges géné- 52 Fonction achats : contrôle interne et gestion des risques uh1.scholarvox.com:FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:328799791:450 raux. Le marché se structure autour de grands traders qui achètent des volumes, influencent les prix et assurent la liquidité du marché (c’est-à-dire un nombre suffisamment élevé de transactions commerciales). Ils assurent le prépaiement des matières et assument donc le risque de défaillance des acteurs. Les prix sont transparents et connus de tous selon une fréquence hebdomadaire. Exemple d’un Groupe français d’électroménager : gestion des risques sur matières premières Dans le cadre de son activité, ce Groupe est exposé aux variations des cours des matières premières, et notamment de certains métaux (aluminium, inox). Afin de se prémunir contre les évolutions défavorables des prix de marché qui peuvent affecter sensiblement ses coûts d’approvisionnement, ce Groupe a mis en œuvre des contrats fermes auprès des fournisseurs ainsi que des opérations de couverture financière qui permettent de lisser l’impact des fluctuations des cours de l’aluminium dans le temps. En 2006 et 2007, la tendance inflationniste observée depuis août 2005 s’est pour- suivie et sensiblement accentuée ; ce Groupe a dû faire face à la hausse continue des prix de plusieurs matières importantes dans son processus industriel : l’alumi- nium (+ 15 % en moyenne), l’inox (+ 7 % en moyenne), le cuivre (+ 30 %), les matières plastiques, pour citer les principales. Les hausses des prix de vente des produits appliquées par le Groupe n’ont pas toujours pu compenser en totalité l’augmentation des coûts de revient due à l’inflation des matières premières. Ces matières ont un poids variable dans les achats globaux de ce Groupe : l’alu- minium a représenté en 2006 un peu plus de 16 % des achats directs destinés à la fabrication (en hausse par rapport aux 12 % moyens des dernières années) ; les matières plastiques, pour leur part, ont représenté 5,9 % des achats et les aciers 6 %. Dans ce contexte, l’augmentation des prix des matières a donc eu un impact défavorable sur l’indice d’achat du Groupe. La détérioration de l’indice reste limitée, ce Groupe ayant poursuivi une politique active de couverture et ayant réussi à réaliser de nouveaux gains sur d’autres achats, comme par exemple sur les aciers au carbone, les produits chimiques, les pièces métalli- ques, les composants électroniques, le verre et les emballages. Les cinq classes de risques inhérents aux achats et à la supply chain 53 uh1.scholarvox.com:FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:328799791:450 Utilisation des marchés structurés Aux États-Unis, le CME (Chicago Mercantile Exchange pour les matières premières) et le CBOT (Chicago Board of Trade pour le grain) viennent de fusionner. Ces marchés proposent des instruments tels que les futures1 (achat ou vente de contrats à terme) selon des échéances et des conditions standardi- sées (ex : sur le blé), ainsi que des options (call ou put) sur futures. Le jeu des options sur contrat à terme permet aux entreprises de couvrir leurs risques, selon les diverses prévisions qu’elles font de leur business d’une part et des hypo- thèses d’évolution de cours d’autre part. Mais attention, faute de liquidité, certains compartiments de marché n’offrent pas de possibilité de couverture à terme (exemple : l’urée2). En Europe, il n’y a pas de marché structuré disponible pour les composés chimi- ques. De fait, les positions sur contrats à terme se prennent de gré à gré entre deux contre parties. Les contrats sont généralement portés par des banques sous la forme de swap3 : comme dans le cas de marchés structurés, ces contrats ne sont que financiers. Au dénouement (c’est-à-dire à terme), il s’agira pour chacune des parties de liquider sa position par le règlement de la différence des prix des contrats. Cependant, il existe deux types de problèmes : • Les compartiments de marchés étant étroits, on peut considérer que, du fait du faible nombre d’intervenants, la majorité de ceux-ci auront la même idée, au même instant, de l’évolution des cours du marché. Cela entraîne donc une insuffisance en terme de contreparties, et donc une insuffisance de liquidité du marché. Rappelons qu’un marché à terme fonctionne comme un jeu à somme nulle, où une position n’a de raison d’exister que parce qu’il existe la position 54 Fonction achats : contrôle interne et gestion des risques 1. Un future ou contrat à terme en français, est un engagement ferme d’acheter ou de vendre une quantité convenue d’un actif à un prix convenu et à une date future convenue (ou terme convenu). Les uploads/Finance/ 2 3 .pdf

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  • Publié le Jul 16, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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