1 Les facteurs déterminants de l’efficience bancaire: Cas des banques commercia
1 Les facteurs déterminants de l’efficience bancaire: Cas des banques commerciales tunisiennes Imen LAHYANI Nesrine BEN SALAH Doctorante à la Faculté des Sciences Doctorante à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax Economiques et de Gestion de Sfax Imen.lahyani@yahoo.fr bsalahns@hotmail.com Tél : 21575816 Tél : 22631792 Younes BOUJELBENE Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax Université de Sfax, Tunisie Résumé : Cet article se propose d’étudier les déterminants de l’efficience des banques commerciales tunisiennes tout au long de la période 1989-2006 en utilisant la méthode des frontières stochastiques. Nous nous concentrerons particulièrement sur les effets de chacune des variables d’intermédiation, de taille, d’accessibilité aux services bancaires et de concentration sur l’efficience. Nos résultats suggèrent un effet négatif de la variable d’intermédiation et d’accessibilité aux services bancaires sur l’efficience des banques commerciales tunisiennes. Les variables de taille et de concentration présentent en revanche, un coefficient positif et statistiquement significatif. Cette relation positive entre la concentration et l’efficience semble être le résultat d’un management supérieur par les banques et d’une efficacité élevée dans le processus de production, orienté beaucoup plus vers le financement des micro-entreprises. Les banques tunisiennes semblent déployer des efforts importants dans la sélection de leurs emprunteurs et de la qualité de leurs portefeuilles de prêts comme le recommandent les programmes de modernisation et de restructuration du système bancaire tunisien. Mots clés : efficience, frontières stochastiques, banques tunisiennes Classification JEL: G21, G32, D21 Abstract : This article investigates the main determinants of tunisian bank efficiency over the period 1989-2006 using a stochastic cost frontier. Our focus concen the effect of the intermediation ratio, the size, the accessibility to bank services and the concentration on bank efficiency. Our main results suggest a negatif effect of the intermediation ratio and the number of branches on the efficiency of tunisian commercial banks. The size and the concentration present however, a positif and significative coefficient. This positive relation between concentration and efficiency may be the result of a superior managementof the banks and higher efficacity in the production process, oriented to the financing of micro firms. Tunisian banks seem display big efforts in the selection of their borrower and the quality of their loan portfolio, as recommanded by the program of modernization and restructuring of the tunisian banking system. Key words : Efficiency, stocastic frontier, tunisian banks JEL Classification: G21, G32, D21 2 INTRODUCTION : Au cours des dernières décennies, l’environnement bancaire tunisien a connu de nombreuses mutations et des programmes de restructuration et de modernisation dont l’objectif était de permettre aux banques tunisiennes de consolider leurs assises financières, d’assainir leurs portefeuilles de créances non performantes, et d’accroître leurs niveaux d’efficience afin de s’aligner avec les exigences d’un paysage financier de plus en plus libéralisé. Dans les faits, ces changements ont démontré des différences entre banques dans leurs processus d’ajustement, se matérialisant dans leurs niveaux d’efficience et de productivité. A cet effet, plusieurs travaux de recherches ont tenté de mesurer l’efficience coût et profit des banques tunisiennes en utilisant différentes méthodes paramétriques et non paramétriques. Chaffai et Dietsch (1998) ont été les premiers à avoir mesuré les scores d’efficience des banques tunisiennes au cours de la période (1989-2000). Ils ont trouvé que les scores d’efficience technique des banques commerciales tunisiennes se sont détériorés de 1989 à 1993 puis ils se sont améliorés au cours des années suivantes, soit de 1994 à 2000. Au contraire, Cook et al. (2000) ont démontré, en utilisant les méthodes DEA, que l’efficience du système financier tunisien a resté relativement stable au cours de la période de libéralisation. Les reformes semblent être moins fructueuses dans le rapprochement des différences d’efficience entre les banques publiques, de propriété domestique et les banques privées, de propriété étrangère qui continuent à réaliser les niveaux d’efficience les plus élevés. Dans le même sillage, Chichti et Karray (2006) ont examiné l’efficience des banques commerciales au cours de la période récente de déréglementation (1999-2002). En utilisant la méthode DEA et l’indice de changement de productivité globale de Malmquist, ils ont démontré une tendance croissante des niveaux d’efficience d’une année à l’autre. En différenciant les banques selon la taille de leurs actifs, ils ont trouvé que les grandes banques sont plus efficientes que les petites banques. Les sources d’inefficience semblent toute fois, être différentes pour les deux classes de banques. En effet, pour les grandes banques, les sources d’inefficience sont d’origine allocative plutôt que technique. En revanche, les inefficiences des petites banques s’expliquent plutôt par des inefficiences d’échelle. 3 Partant de ce cadre d’analyse, nous avons tenté d’expliquer les différences observées dans les niveaux d’efficience des banques commerciales tunisiennes en considérant les effets d’autres variables outre la variable Taille. Notre démarche est la suivante : Nous essayerons dans une première étape, de mesurer en utilisant la méthode des frontières stochastiques, les scores d’efficiences des banques commerciales tunisiennes au cours de la période 1989-2006. Nous passerons dans une deuxième étape, à expliquer les origines de ces différences d’efficience entre les banques tunisiennes, en se concentrant particulièrement sur les effets de certaines variables internes aux banques en l’occurrence les variables d’intermédiation, de taille, d’accessibilité aux services bancaires et de concentration. Le choix de ces variables est motivé par deux raisons : d’une part, nous avons retenu un ensemble de déterminants qui semblent mieux caractériser le système bancaire tunisien et dont les données sont disponibles tout au long de la période d’étude. D’autre part et compte tenu des mutations de l’environnement bancaire national, la recherche sur les déterminants de l’efficience s’avère d’une grande importance. Cela permet de déterminer les facteurs sur les quels les banques tunisiennes peuvent agir pour accroître leurs niveaux d’efficience et suivre les exigences d’un environnement de plus en plus concurrentiel. L’article sera donc organisé comme suit : Dans une première section, nous passerons en revue les principales études empiriques sur les déterminants de l’efficience bancaire. Dans une deuxième section, nous décrivons les hypothèses et la méthodologie de recherche adoptée. Enfin, seront présentés les résultats et leurs interprétations. 1. Les déterminants de l’efficience bancaire : une revue de la littérature : Les travaux de recherches analysant les déterminants de l’efficience bancaire sont assez nombreux. Les premières études ont été celles de Miller et Noulas (1996), Dietsch et Lozano-Vivas (2000), Grigorian et Manole (2002), et Christopoulos et al. (2002), ayant tenté d’étudier les effets des variables environnementales sur l’efficience bancaire. Des études plus récentes de Halkos et al. (2004), Hauner (2005), Fries et Taci (2005), Hahn (2005), Drake et al. (2006), Havrylchyk (2006), Bos et Kool (2006), Pasiouras (2008), Sufian (2008), ont considéré le cas d’autres variables internes aux banques et spécifiques au marché, pouvant expliquer les différences d’efficience entre banques, à coté des variables environnementales. 4 Dietsch et Lozano-Vivas (2000) ont comparé l’efficience coût des banques françaises et espagnoles au cours de la période 1988-1992. En utilisant les méthodes DFA, ils ont reporté que les banques françaises sont plus efficientes que les banques espagnoles, avec des niveaux d’efficience moyenne respectivement de 88% et 75% tout au long de la période d’étude. Afin d’expliquer les origines de ces différences d’efficience dans les deux pays, ils ont considéré l’effet d’un ensemble de variables environnementales (macro économiques, de structure et règlementaires et d’accessibilité aux services bancaires). S’agissant des variables macro économiques, les résultats montrent une relation positive entre la densité de la population et l’efficience coût. En effet, l’offre de services bancaires dans des espaces de densité de population faible pourrait générer des coûts bancaires élevés et par la même empêcher les banques d’accroître leurs niveaux d’efficience. Une relation positive a été également, reportée entre le revenu par habitant et l’efficience. Les banques qui opèrent dans des pays où le ratio de revenu par habitant est élevé auraient tendance à réaliser des niveaux élevés d’efficience. Cependant, une relation négative a été trouvée entre la densité de la demande et l’efficience. Considérant les variables de structure et réglementaires, Dietsch et vivas (2000) montrent une relation positive entre la concentration et l’efficience. Ce résultat peut s’expliquer soit par un management supérieur soit par une efficience élevée dans le processus de production. Dans ce cas, une concentration élevée serait associée à des coûts faibles et à des niveaux d’efficience élevés. Les variables de capital et d’intermédiation affichent en revanche, des coefficients négatifs. Aussi élevé est le ratio capital et d’intermédiation aussi élevé serait les coûts de l’industrie bancaire. Enfin, l’accessibilité aux services bancaires mesurée par le nombre de branches/km2 présente un coefficient négatif ; cela signifie qu’un nombre élevé de succursales conduit à des niveaux faibles d’efficience. Hao, Hunter et Young (1999) ont examiné l’efficience productive d’un échantillon de banques coréennes privées après le programme de déréglementation initié par le gouvernement au début de 1980, soit de 1985 à 1995. En considérant un ensemble de variables économiques, structurelles et financières, ils ont démontré que les banques larges, avec des réseaux de branches installés dans tout le pays profitent mieux des mesures de libéralisation et réalisent les niveaux d’efficience les plus élevés. Ces effets étaient toutefois contrebalancés, lorsque ces banques uploads/Finance/ 20-lahyani-ben-salah-boujelbene.pdf
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- Publié le Mai 30, 2022
- Catégorie Business / Finance
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