● Dans une déclaration reprise par le quotidien Waqt El Djazaïr dans sa livrais

● Dans une déclaration reprise par le quotidien Waqt El Djazaïr dans sa livraison du 1er novembre 2011, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, accusait l’historien Mohammed Harbi d’avoir «accaparé des archives de Krim Belkacem» ● Dans un entretien, M. Harbi revient sur cette affaire en apportant une réponse ferme aux allégations du ministre de l’Intérieur ● L’éminent historien apporte en outre un précieux éclairage sur la question des archives et insiste sur la nécessité de mettre l’histoire à l’abri des manipulations politiques. PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 3 janvier 2012 El Watan ÉDITION DU CENTRE N° 6447 - Vingt-deuxième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1€. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com LIRE EN PAGE 9 ■ SYRIE L’échec annoncé de la Ligue arabe UN CONVOYEUR ARRÊTÉ PAR LA GENDARMERIE À TLEMCEN PHOTO : H. LYES / ARCHIVES ■ La proportion de mobilisation des ressources par le biais de l’impôt IRG- salaires n’a aucun impact dangereux sur les fi nances publiques, notamment dans le contexte actuel où les réserves de changes sont suffi santes pour pallier immédiatement tout imprévu ou manque. ■ Une saisie record de résine de cannabis en provenance du Maroc, dissimulée dans un camion semi-remorque estimée à cinq tonnes a été effectuée dans la soirée de dimanche par les éléments de la Gendarmerie nationale. «Pour que Nezzar et ses acolytes soient jugés» Suite à la publication d’une pétition soutenant l’ex- ministre de la Défense nationale, des Algériens demandent à la justice suisse de poursuivre les procédures contre Nezzar. LIRE EN PAGE 8 Accusé par Ould Kablia d’avoir confi squé des archives de Krim Belkacem, Mohammed Harbi répond «Nos gouvernants disent n’importe quoi…» SES RECETTES JUGÉES PRÉPONDÉRANTES PAR LE GOUVERNEMENT BAISSER L’IRG-SALAIRES, C’EST TOUT À FAIT FAISABLE ! PÉTITION LIRE L’ARTICLE DE AKLI REZOUALI EN PAGE 5 LIRE L’ARTICLE DE C. BERRIAH EN PAGE 28 CINQ TONNES DE KIF SAISIES À SOUAHLIA LIRE L’INTERVIEW RÉALISÉ PAR MUSTAPHA BENFODIL EN PAGE 2 DESSIN : SAÂD El Watan - Mardi 3 janvier 2012 - 2 I N T E R V I E W ACCUSÉ PAR OULD KABLIA D’AVOIR CONFISQUÉ DES ARCHIVES DE KRIM BELKACEM, MOHAMMED HARBI RÉPOND : «Nos gouvernants disent n’importe quoi…» Propos recueillis par Mustapha Benfodil Selon le quotidien Waqt El Dja- zaïr, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, vous aurait accusé d’avoir accaparé des archives de Krim Belkacem dont, rappelle-t-on, vous étiez le chef de cabinet au mo- ment où il était ministre des Forces armées au sein du GPRA. Quelle réaction cela vous inspire ? J’ai attendu un démenti du ministre de l’Intérieur avant de m’exprimer sur les propos qui lui sont attribués. Le démenti n’est pas venu. Chacun sait que nos gouvernants ont, à quelques exceptions près, tété au biberon de l’impunité. Cela ne les gêne pas de dire n’importe quoi au mépris des faits. Le ministère des Forces armées, dont Krim Belkacem était le chef, n’était pas la caverne d’Ali Baba qu’imagine le ministre de l’Intérieur après coup. Le cabinet civil, dont j’étais le directeur, avait ses propres locaux et nous ne disposions pas d’ar- chives. Nous étions deux au cabinet, le lieutenant Ferhat et moi-même. Nous n’appartenions pas, non plus, au clan dont Krim était le chef. En dépit de sa centralisation au niveau du GPRA et l’existence d’une bureaucratie seg- mentée, l’appareil du FLN était loin de correspondre à la constitution d’in- térêts publics. La distribution du pou- voir s’opérait entre des chefferies qui n’ont cessé, surtout après le CNRA d’août 1957, de contrarier le processus d’étatisation et de gouverner en mani- pulant l’information à leur seul profit. Le huis clos sur les archives et le culte du secret étaient des armes destinées à instaurer un pouvoir incontrôlé. Tous ceux qui se sentaient responsables devant le pays, et non devant de nou- veaux maîtres, s’informaient comme ils le pouvaient dans un environne- ment où le recrutement des élites ne répondait ni à la capacité sociale, ni à la capacité technique, ni au mérite. Quel patriote, soucieux de l’avenir du pays, oserait nous le reprocher ? Les critères de sélection du personnel sont ceux de la loyauté personnelle, de l’appartenance à une cour servile, de la soumission dénuée de sens critique. Ne parvenaient au sommet de la py- ramide que des exécutants obéissants et autoritaires, d’où cette sélection à rebours, responsable de la «médio- crisation» progressive de ce qu’on appelle, à tort, la classe politique. Une classe où chaque niveau s’édifie sur la manipulation du niveau inférieur. N’est-ce pas manipuler les commis de l’Etat, les commissaires de police que de leur faire croire que j’ai accaparé les archives de Krim ? Dans quel but ? Les préparer à un procès en sorcellerie ? Leur inculquer une doctrine où les non-conformistes sont définis comme l’ennemi intérieur ?! La publication, vingt ans après de leur première parution, des Archives de la Révolution algérienne, trou- blerait-elle autant le sommeil de nos gouvernants ?! La maison Dahlab a réédité, ré- cemment, un de vos ouvrages les plus importants, Les archives de la Révolution algérienne. Comme vous le précisez d’emblée, le livre est composé dans sa quasi-totalité de documents inédits. Comment avez- vous réussi à réunir tous ces docu- ments ? Mon intérêt pour les archives vient de loin. Dès 1950, alors que j’étais encore lycéen, j’ai commencé à col- lecter toutes sortes de documents : tracts clandestins, discours de leaders politiques, publications du Mouve- ment national dans toutes ses compo- santes. C’est un travail mené sous la pression de l’événement et des grands débats politico-historiques sur l’in- terprétation de l’histoire algérienne : processus de formation de la nation algérienne, réflexions sur la culture. Mon père a voué au feu, en mon absence, les documents accumulés après l’arrestation de mon frère ca- det, Mahmoud, en décembre 1955. J’en ai reconstitué une partie, mais c’est une perte irréparable. L ’ensemble des documents qui nous initiaient en tant que militants MTLD aux débats pakistanais sur la nature de la nation dans une société musulmane, sur ses fondements, etc. n’ont pu être retrou- vés. L ’histoire du nationalisme n’a jamais été monolithique, même avec le FLN. La place de l’échelon régional dans la politique nationale a suscité, très tôt, ma curiosité. J’ai cherché, au moment des controverses sur la créa- tion de l’Ugema à m’informer sur ce sujet. Mon regretté ami Smaïn Mana m’a appris qu’en 1949, ses amis, dont Mabrouk Belhocine, ont rédigé une brochure à cet effet. J’ai fait la connaissance de Mabrouk Belhocine en 1956. Cette brochure intitulée L ’Algérie libre vivra, signée de Idir El Wa- tani, était en sa possession. Il me l’a confiée. En 1959, j’en ai parlé à Tunis à un ancien dirigeant du MTLD, Mus- tapha Ferroukhi. Je lui ai prêté cette brochure. Nommé ambassadeur en Chine en 1960, il périt dans un acci- dent d’avion en rejoignant son poste à Pékin. Le document s’est perdu. Mabrouk Belhocine l’a retrouvé dans les années quatre-vingt chez Embarek Djilani, membre du comité central du MTLD. J’ai publié, en 1987, cette bro- chure censurée, à la fois par le colo- nialisme et par la direction du MTLD, dans la revue Sou’al que j’ai créée en 1981 à Paris. Les situations les plus propices à l’acquisition des documents sont cel- les de crises : scission du MTLD, lut- tes entre factions dirigeantes du FLN en 1959, implosions du FLN en 1962, etc. Ce sont des moments où ceux d’en haut lèvent le secret pour s’assurer l’appui de ceux d’en bas et débaucher les clientèles de leurs adversaires. Parfois, les secrets qu’on nous cache figuraient dans les publications de l’ennemi. C’est le cas, par exemple, des controverses sur le Congrès de la Soummam, évoquées, documents à l’appui, en 1957, dans la Revue mili- taire d’informations ou dans le quo- tidien Le Figaro. Mais il était de bon ton de faire passer leurs révélations pour de la propagande, ce qui laissait sceptiques les plus naïfs. La problématique de l’accès des historiens aux archives revient avec insistance dès qu’il est question de lever le voile sur certaines séquences de la guerre de Libération nationa- le. D’aucuns regrettent par exemple que l’accès aux archives présentes en Algérie soit difficile, y compris aux chercheurs. Avez-vous, à titre personnel, rencontré des entraves dans ce sens ? A titre personnel, non. Je ne suis rentré en Algérie qu’en 1990, après 17 ans d’exil forcé. A cette date, mes travaux pionniers étaient déjà publiés sans recours aux archives d’Etat. Mais les travaux de mes collègues qui les ont utilisées, à l’exception de ceux du regretté Mohamed Teguia, d’un acteur donc, ne m’ont pas appris grand-chose, ce qui signifie que leur accès pose problème. J’ai par contre eu à constater le triste état de la Bi- bliothèque nationale. J’étais intéressé par le journal des débats de l’Assem- blée constituante en 1962-1963 et les publications parues de juin 1965 à janvier 1966. Amine Zaoui, alors directeur de la Bibliothèque nationale, m’avait confié aux bons soins uploads/Finance/ 20120103.pdf

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  • Publié le Oct 06, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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