A près l’euphorie suscitée par un prix du baril de pétrole caraco- lant au-delà
A près l’euphorie suscitée par un prix du baril de pétrole caraco- lant au-delà des 100 dollars, l’heure est, en cette fin d’année 2014, à la prudence extrême. Contre toute attente, le gouver- nement termine l’exercice avec des ambitions re- vues à la baisse. Finies les folies dépensières pour lesquelles l’État s’est habitué depuis au moins une décennie. Place désormais à l’austérité. Il a fal- lu que les cours du Brent dégringolent subitement de quelques dizaines de dollars sur le marché in- ternational pour que l’inquiétude envahisse l’Exécutif. La programmation en urgence d’un Conseil des ministres restreint sous la présiden- ce du Premier magistrat du pays et les mesures qui en ont découlé résument clairement tout le sérieux et l’intérêt accordés par les décideurs à cet- te nouvelle donne sur la scène socioéconomique du pays. Si les premières décisions prises lors de cette ré- union, telles que le report de certains projets et le gel des recrutements dans la Fonction pu- blique… s’avèrent logiques et la réaction du gou- vernement somme toute légitime, il n’en demeu- re pas moins que pareil comportement dénote d’un manque d’anticipation de la part des gou- vernants. Ce sont des dispositions à la fois de conjoncture et de… conjecture. Ce qui prouve encore une fois le caractère rentier que continue de traîner l’économie algérienne. Ce énième épisode de l’histoire politico-écono- mique de l’Algérie révèle une fois de plus la vul- nérabilité de l’économie, trop dépendante des hy- drocarbures, face aux chocs pétroliers ou à une quelconque perturbation du système mondial. Même si l’Algérie passera l’hiver au chaud grâ- ce aux amortisseurs dont elle dispose notamment son désendettement extérieur, ses réserves de changes et son Fonds de régulation des recettes, cette dégringolade des prix de l’or noir doit, ce- pendant, servir de leçon, voire d’alerte pour que l’Exécutif se défasse de cette politique écono- mique, fondée sur les seuls revenus pétroliers. La problématique posée concerne ainsi le choix par l’Algérie d’un modèle économique plus effi- cient mais surtout plus résilient face aux méfaits des différentes crises qui surgiront à l’avenir. La solution est toute simple : extirper et libérer l’éco- nomie nationale du “joug” des hydrocarbures. Jusque-là, notre pays s’est contenté de dépenser les recettes pétrolières pour satisfaire ses besoins. Abstraction faite de la réponse à la demande lo- cale en termes d’alimentation et d’équipements pour la réalisation d’infrastructures publiques, via les importations qui avoisineront les 60 milliards de dollars à fin 2014, qu’a-t-on fait des entrées en devises engrangées à partir du pétrole et du gaz exportés ? Les revenus pétroliers et gaziers n’ont servi, in fine, qu’à remplir davantage le matelas en devises et à renflouer le Fonds de régulation des recettes dont dispose l’Algérie. Pis, l’Exécu- tif s’enorgueillit de la résilience de l’économie na- tionale contre les effets de la crise et des capaci- tés financières pour assurer 4 années d’importa- tions. L’heure de l’après-pétrole a sonné… En fait, peut-on considérer de telles réserves com- me un exploit ou qualifier cela d’acte de bonne gouvernance ? Non, diront les observateurs les plus avertis. En plus, quelle sera la marge de ma- nœuvre dont disposera l’Algérie une fois ces quatre années passées ? Or, il serait plus judicieux d’exploiter tout cet argent pour développer une économie plutôt productive et indépendante du secteur pétrolier. La politique économique que doit définir l’Algé- rie aura pour fondement l’entreprise algérienne, publique, privée, nationale et étrangère créatri- ce de valeur ajoutée et non pas l’État comme seul investisseur et promoteur de projets structurants d’envergure… L’État devra désormais changer son fusil d’épaule. Il devra substituer sa concep- tion de gestionnaire par celle de régulateur. Une telle stratégie passe impérativement par l’émergence d’une industrie qui servira de levier pour une croissance véritable et durable. Or, for- ce est de constater que le secteur industriel repré- sente moins de 5% du produit intérieur brut (PIB). Et sur ces 5%, environ 95% étant des PMI- PME peu enclines au management stratégique. La superficie économique globale est composée à 83% de petits commerces et services tandis que la sphère informelle s’adjuge plus de 50% de la surface économique totale. Les 630 milliards de dollars de la dépense publique, évaluée entre les années 2000 et 2013, pour les budgets de fonc- tionnement et d’équipements, devraient porter le taux de croissance moyen annuel à 9%, voire 10%. Ça n’a, malheureusement, pas été le cas ! Il est grand temps, disent les experts, pour que l’Al- gérie se penche sérieusement sur le cas de sa pro- duction. Il est plus qu’impératif que des segments entiers de produits soient l’œuvre de fabricants locaux à qui l’on doit offrir tous les moyens et l’ensemble des conditions requises pour l’exer- cice de leurs différents métiers. Cette idée devrait être appliquée dans les divers secteurs d’activité, notamment l’agriculture et le tourisme, grâce auxquels notre pays se prépare- ra pour l’après-pétrole. À l’unanimité, les écono- mistes préconisent des réformes institution- nelles et microéconomiques qui accusent un re- tard flagrant d’autant plus que le cadre macroé- conomique, jugé relativement positif en ce mo- ment, reste éphémère. Il est question de la réfor- me de l’État, de la justice, de l’école et du systè- me financier qui devient un préalable à la relan- ce de l’investissement productif national et étranger. Il faut passer d’un système rentier à un autre qui produit de la richesse tout en tenant compte, dans cette transition, des acquis sociaux qui, une fois préservés, engendreront l’adhésion de la population dans toute stratégie à mettre en œuvre dans le futur. BADREDDINE KHRIS Dimanche 28 décembre 2014 2 LIBERTE L’actualité en question Yahia/Liberté MESURES D’AUSTÉRITÉ POUR FAIRE FACE À LA CHUTE DES PRIX DU PÉTROLE Une stratégie conjoncturelle ou de long terme ? Le gouvernement termine l’exercice 2014 avec des ambitions revues à la baisse. Publicité HADJ NACER AFFIRME QUE LA DÉPRÉCIATION DE LA MONNAIE NATIONALE VA SE POURSUIVRE “Le dinar s’appuie seulement sur le sous-sol” L a chute du dinar algérien va se poursuivre. Après la sortie, ces derniers mois, d’éco- nomistes pour alerter sur la courbe des- cendante de la valeur de la monnaie nationale, c’est au tour de Abderrahmane Hadj Nacer, qui a occupé le poste de gouverneur de la Banque d’Algérie de 1989 à 1992, de livrer le verdict sui- vant : “Le dinar ne s’arrêtera pas de se déprécier”. Dans une interview au journal électronique TSA et publiée hier, ce dernier a mis en éviden- ce le lien entre la santé de la monnaie et la ques- tion de “la confiance” ou la nécessité d’“une for- me de légitimation populaire”. Selon M. Hadj Nacer, l’Algérie, qui a besoin d’in- vestir dans sa monnaie et qui doit convertir à l’étranger “les dinars excédentaires en or, en de- vises ou en pierres”, n’a toujours pas réglé ses “trois problèmes”. Notre pays, a-t-il déclaré, est confronté au manque de “confiance entre la po- pulation et les dirigeants”, mais aussi entre “le res- te du monde et l’Algérie”. Il a, en outre, insisté sur le fait que la valeur de la monnaie “se base sur des éléments tangibles”, alors que le dinar algérien, lui, s’appuie seulement sur “le sous-sol”, dont le prix des hydrocarbures “n’est pas déterminé par l’Algérie mais à l’étranger”. L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie a en- fin évoqué la dépendance “totale” de notre pays vis-à-vis de l’étranger, en affirmant que “tout ce dont on a besoin vient de l’étranger, donc la mon- naie ne représente rien et n’a pas d’ancrage dans une économie réelle”. L’interviewé conviendra, néanmoins, que la chute de la valeur du dinar “est une bonne nouvelle” d’un point de vue techno- cratique. “Historiquement, il y a une corrélation, en Algérie, entre le prix du pétrole et les équilibres du pouvoir. À chaque fois que l’on assiste à une telle crise, on a vu un rééquilibrage de la balan- ce en faveur de la technostructure, alliée au peuple”, a-t-il indiqué, laissant entendre que le pouvoir est aujourd’hui dans l’obligation de “né- gocier” et d’introduire “les réformes les plus in- téressantes pour le pays”, qui rencontreront l’adhésion de la population. Ce qui ne l’empêchera pas d’observer qu’avec un régime qui “tire toute sa légitimité de l’interna- tional, alors que celui-ci exerce des pressions” et un pouvoir qui “est dans une logique de soumis- sion”, l’Algérie, “même avec des réserves”, n’au- ra “plus le temps” de mener ses réformes. Plus loin, ce dernier s’est exprimé sur l’“inquiétude” des dirigeants devant l’état des lieux. “Cette fois- ci, ce qui est intéressant, c’est que le pouvoir se rend compte que la machine administrative qui faisait fonctionner le pays en période de crise est morte. Les générations appelées à gérer le pays ne sont pas assez formées, en l’absence de transmission de savoir, de techniques et d’expérience”, a-t-il re- levé. À la question de savoir si la convertibilité du di- nar pose problème, M. Hadj Nacer a rappelé que dès 1990, la Banque d’Algérie “a prévu l’inves- tissement de la convertibilité du dinar (…), en même temps que l’investissement à uploads/Finance/ 6-6804-f7dd0542-pdf.pdf
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- Publié le Jui 26, 2022
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