Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3

Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 358 Les déterminants de la rentabilité des banques : analyse empirique dans le contexte marocain The determinants of bank profitability: empirical analysis in the Moroccan context CHAYOUA Ali Docteur en Sciences Economiques et Gestion Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Université Mohamed Premier d’Oujda Chayouaali1@gmail.com MOUSSATEN Soufiane Enseignent chercheur Faculté des Sciences Aїn-Chock Université Hassan II de Casablanca moussaten.ump@gmail.com Date de soumission : 30/03/2022 Date d’acceptation : 12/04/2022 Pour citer cet article : CHAYOUA. A & MOUSSATEN. S. (2022) « Les déterminants de la rentabilité des banques : analyse empirique dans le contexte marocain », Revue Française d’Economie et de Gestion « Volume 3 : Numéro 3 » pp :358 – 403. Author(s) agree that this article remain permanently open access under the terms of the Creative Commons Attribution License 4.0 International License Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 359 Résumé La rentabilité est devenue un objectif stratégique pour banques beaucoup plus important que d’autres facteurs de compétitivité. L’identification des déterminants de la rentabilité constitue, ainsi, un enjeu important qui permettra aux banques de bien définir des stratégies et des politiques susceptibles d’améliorer leur performance. Notre recherche s’insère dans cet objectif et se propose d’identifier, d’un point de vue empirique, les facteurs qui influencent significativement la rentabilité des banques marocaines en se basant sur un échantillon composé de sept banques marocaines observées sur la période 2006-2018. Les résultats de notre étude montrent l’existence d’une relation positive entre la rentabilité des banques marocaines et les facteurs suivants : les fonds propres, les crédits bancaires, les charges d’exploitation générales, la taille de la banque, l’inflation et la capitalisation boursière. Ils suggèrent également que le risque de crédit, la liquidité, la taille du secteur bancaire et la concentration bancaire affectent négativement la rentabilité des banques marocaines. Enfin, notre étude montre que la croissance économique n’a pas d’effet significatif sur la rentabilité des banques marocaines. Mots-clés : « Rentabilité des banques; Facteurs managériaux ou organisationnels; Facteurs macro-financiers; Facteurs macro-économiques; Développement financier et institutionnel » Abstract Profitability has become a strategic objective for banks much more important than other factors of competitiveness. Identifying the determinants of profitability is therefore an important issue that will allow banks to clearly define strategies and policies likely to improve their performance. Our research falls within this objective and proposes to identify, from an empirical point of view, the factors which significantly influence the profitability of Moroccan banks based on a sample composed of seven Moroccan banks observed over the period 2006- 2018. The results of our study show the existence of a positive relationship between the profitability of Moroccan banks and the following factors: equity, bank loans, general operating expenses, bank size, inflation and market capitalization. They also suggest that credit risk, liquidity, the size of the banking sector and banking concentration negatively affect the profitability of Moroccan banks. Finally, our study shows that economic growth has no significant effect on the profitability of Moroccan banks. Keywords : « Bank profitability; Managerial or organizational factors; Macro-financial factors; Macro-economic factors; Financial and institutional development » Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 360 Introduction Le nouvel environnement bancaire a renforcé les exigences de rentabilité auxquelles les banques sont soumises. Les banques ont réagi à cette évolution pour maintenir leur niveau de rentabilité en cherchant d’autres sources de revenus et de gains de productivité. Dans ce contexte, la rentabilité est devenue un objectif stratégique des banques beaucoup plus important que d’autres facteurs de compétitivité tels que la croissance du total-bilan ou de la part de marché. Les banques doivent ainsi s’adapter, se réorganiser et mettre en place de leviers d’actions plus efficaces et des stratégies permettant de renforcer leur rentabilité. Toutefois, le défi de préserver la rentabilité nécessite une connaissance approfondie de ses déterminants. Les banques doivent, ainsi, s’interroger sur les déterminants de leur rentabilité. L’identification des déterminants de la rentabilité devient un enjeu important qui permettra aux banques de bien définir des stratégies et des politiques susceptibles d’améliorer leur performance. La question portant sur les déterminants de la rentabilité des banques n’est pas résolue dans la littérature théorique et empirique. Les recherches portant sur ce sujet ont abouti à des résultats mitigés et parfois contradictoires. Notre recherche s’insère dans cette problématique et se propose d’identifier, d’un point de vue empirique, les facteurs qui influencent significativement la rentabilité des banques marocaines. Elle consiste en une démarche empirique cherchant à étudier les relations existantes entre la rentabilité des banques marocaines et ses différents déterminants. Nous cherchons à répondre à la question suivante : Quels sont les principaux déterminants de la rentabilité des banques marocaines ? Dans un premier point, nous présenterons une brève revue de littérature sur les déterminants de la rentabilité des banques. Ensuite, nous exposerons notre étude empirique traitant ces déterminants dans le contexte marocain. 1. Une brève revue de littérature La littérature regroupe les déterminants de la rentabilité des banques en deux grandes catégories, à savoir : les facteurs internes et les facteurs externes. Les déterminants internes sont des facteurs représentant les caractéristiques spécifiques et internes des banques et sont principalement liés à la gestion. Ils sont qualifiés de déterminants organisationnels ou managériaux de la rentabilité. Les déterminants externes sont des facteurs qui ne sont pas sous le contrôle des banques et qui reflètent l’environnement financier, économique et réglementaire dans lequel les banques exercent leurs activités. Ils correspondent généralement Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 361 aux facteurs macro-financiers, facteurs macro-économiques, facteurs de développement financier, facteurs institutionnels, facteurs réglementaires et de supervision bancaire. Toutefois, la littérature se diverge de façon significative sur l’impact de certains facteurs tandis que l’effet de d’autres facteurs trouve une certaine unanimité et consensus entre les économistes. Les résultats conclus sont identiques pour certains facteurs et contradictoires pour d’autres. Cette discordance est justifiée, selon Demirgüc-Kunt & Huizinga (1999), par la pluralité et à la divergence des environnements économiques et légaux, des marchés financiers et des statuts des banques. 1.1. Impact des facteurs managériaux ou organisationnels sur la rentabilité des banques La littérature portant sur les déterminants managériaux ou organisationnels de la rentabilité des banques est abondante. Toutefois, elle se diverge sur l’impact de certains facteurs sur la rentabilité. Ces facteurs sont principalement : les fonds propres, la liquidité bancaire, l’octroi des crédits, le risque de crédit, les charges d’exploitation bancaire et la taille de la banque. ❖ Les fonds propres La théorie économique et les études empiriques se divergent sur l’impact des capitaux propres sur la rentabilité des banques. La théorie économique suggère une relation négative entre la rentabilité des banques et leurs capitaux propres. Empiriquement, la relation entre la capitalisation des banques et leur rentabilité a fait l’objet de nombreuses études dont les résultats sont mitigés. Certaines études montrent une relation négative entre la rentabilité des banques et le niveau de leurs capitaux propres et corroborent, ainsi, les prédictions de la théorie économique. Selon cette littérature, les ratios prudentiels de capital sont considérés comme nuisibles à la rentabilité des banques. Ozili (2017) montre qu’un seuil plus élevé de capital réglementaire a un effet négatif sur la rentabilité des banques. Toutefois, et contrairement à la théorie économique, plusieurs études montrent une relation positive entre la rentabilité des banques et leurs capitaux propres et suggèrent que les capitaux propres améliorent la rentabilité (Bourke, 1989 ; Molyneux & Thornton, 1992 ; Demirgüc- Kunt & Huizinga, 2000 ; Goddard & al., 2004 ; Maghyrech & Shammout, 2004 ; Berger, 1995 ; Clementina & Isu, 2013 ; Kosmidou & Pasiouras, 2007 ; Rodean & Balteş, 2016 ; Agoraki & Tsamis, 2017 ; Liu & Wilson, 2010 ; Athanasoglou & al., 2006 ; Bouheni, 2013 ; Abreu & Mendes, 2002 ; Acharya & al., 2006 ; Allen & Rai, 1996 ; Anghbazo, 1997 ; Bitar Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 3 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 362 & al., 2018). Ces travaux ont mis en évidence l’effet positif des fonds propres sur la rentabilité des banques. Kosmidou (2008) a constaté que la profitabilité est positivement associée à des banques bien capitalisées. Cette meilleure capitalisation des banques permet, selon Hoarau (2013), de réduire la dépendance au financement par la dette et de constituer un matelas de sécurité pour absorber les pertes. De plus, Berger (1995) a expliqué que les banques les bien capitalisées peuvent accéder aux fonds à de meilleures conditions. Dans ce sens, Demirgüc-Kunt & Huizinga (1999) et Guru & al. (2002) précisent que les banques qui se financent largement par des dépôts sont moins profitables par rapport aux banques qui utilisent leurs fonds uploads/Finance/ 633-texte-de-l-x27-article-1904-1-10-20220417.pdf

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  • Publié le Jui 03, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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