Algérie 2017 www.africaneconomicoutlook.org Tarik BENBAHMED / t.benbahmed@afdb.

Algérie 2017 www.africaneconomicoutlook.org Tarik BENBAHMED / t.benbahmed@afdb.org Hervé LOHOUES / h.lohoues@afdb.org Algérie 2 Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2017 Algérie • En 2016, la croissance du PIB réel a atteint 3.5 % au lieu de 3.8 % l’année précédente, principalement à cause des prix bas du pétrole. • En juillet 2016, le gouvernement a adopté un nouveau plan de croissance économique (2016-30) axé sur le secteur privé et sur une stratégie triennale de stabilisation du budget. • L’industrie, hors secteurs pétrolier et gazier, ne représente plus que 5.0 % du PIB en 2016, contre 35 % à la fin des années 80, aussi les autorités envisagent une ­ ré-industrialisation de l’Algérie. Vue d’ensemble Les performances économiques de l’Algérie continuent d’être affectées par la baisse des cours du pétrole, passés de 99 dollars américains (USD) en moyenne en 2014 à 53 USD en 2015, puis 45 USD en 2016. Couplé à une forte appréciation du dollar, ce choc externe s’est traduit, tout comme en 2015, par un creusement des déficits budgétaire et extérieur. L’impact sur le secteur réel reste cependant limité. En effet, en 2016, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est établie à 3.5 %, contre 3.8 % en 2015. Cette évolution fait suite à la reprise qui se confirme dans le secteur des hydrocarbures, grâce à une progression des activités de production, de raffinage et de liquéfaction. L’inflation est repartie à la hausse pour s’établir à 6.4 % en 2016, contre 4.8 % en 2015, après deux années consécutives de baisse en 2013 et 2014. Cette poussée inflationniste résulte de l’augmentation des prix des biens manufacturés (+9.9 %) et des services (+7.4 %). Elle s’explique notamment par l’impact des restrictions aux importations, la hausse de 30 % des prix du carburant en 2016, de même que les hausses attendues en 2017 de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Les finances publiques sont marquées par l’érosion de plus de 60 % des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), dont le niveau plancher légal de 740 milliards de dinars algériens (DZD) sera levé dès 2017. Le FRR a servi entre autres à financer le déficit du budget général. Ce dernier, pour l’année 2016, s’est établi à 13 % du PIB, après un niveau record de 15 % en 2015. Au niveau de la position extérieure, la balance courante a enregistré un déficit de 14 % du PIB en 2016, contre 17 % en 2015, tandis que les réserves officielles de change ont baissé de 20 % pour s’établir à 114 milliards USD à fin 2016. Cette évolution s’explique surtout par le déficit commercial de 11 % du PIB en 2016 et 8.0 % en 2015, année durant laquelle le solde de la balance commerciale est devenu négatif pour la première fois en 16 ans, autre conséquence directe de la chute des prix du pétrole. L’Algérie s’est désindustrialisée au cours des trois dernières décennies. En effet, en 2015, l’industrie manufacturière hors hydrocarbures ne représentait plus que 5 % du PIB contre 35 % à la fin des années 80. En termes de valeur ajoutée, le secteur privé domine les branches suivantes : cuirs et chaussures (90 %), textile (87 %) ; agroalimentaire (87 %) ; chimie, caoutchouc et plastiques (78 %) y compris les produits pharmaceutiques) ; et matériaux de construction (52 %). L’Algérie compte près de 2.7 millions d’entrepreneurs privés dont 16 % opèrent dans l’industrie. Au fil des ans, l’entrepreneur algérien est devenu un partenaire incontournable des pouvoirs publics, qui le consultent dans la cadre de la Tripartite, un forum national où sont débattues les grandes orientations et décisions du gouvernement. Algérie 3 Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2017 Graphique 1. Taux de croissance du PIB réel -2 0 2 4 6 8 10 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016(e) 2017(p) 2018(p) Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique du Nord (%) Afrique (%) % Source : BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; prévisions (p). Tableau 1. Indicateurs macroéconomiques 2015 2016(e) 2017(p) 2018(p) Croissance du PIB réel 3.8 3.5 3.9 3.7 Croissance du PIB réel par habitant 2.0 1.7 2.1 1.9 Inflation 4.8 6.4 4.0 4.0 Solde budgétaire (% PIB) -15.3 -13.2 -6.4 -3.7 Compte courant (% PIB) -16.0 -13.5 -7.7 -4.3 Source : Données des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p). Développements récents et perspectives L’année 2016 a été marquée par la ratification en mars d’une nouvelle Constitution, qui limite désormais à deux le nombre de mandats présidentiels successifs de cinq ans. La loi fondamentale vise également à promouvoir la justice sociale, encourager une économie diversifiée, améliorer le climat des affaires et lutter contre la corruption. Au plan économique, compte tenu de la forte dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures, l’année 2016 a enregistré une poursuite des effets de la baisse de cours du pétrole. Tout comme en 2015, l’impact de ce choc externe s’est traduit par un creusement des déficits budgétaire et extérieur, son incidence sur le secteur réel restant limitée. La croissance en volume du produit intérieur brut (PIB) s’est établie à 3.5 % en 2016 contre 3.8 % en 2015, suite au rebond de la production des hydrocarbures depuis 2015 (+0.4 %), après neuf années consécutives de baisse. Ce rebond se confirme en 2016, avec une hausse exceptionnelle de 7.7 % au troisième trimestre, en raison du démarrage de nouveaux champs pétroliers dans le nord-est du pays et de la progression des activités de raffinage et de liquéfaction. Le secteur hors hydrocarbures a crû de 3.3 %, marquant pour la première fois en 20 ans une croissance inférieure à celle du PIB global. En matière de finances publiques, les comptes de l’État ont été affectés par la baisse de plus de 60 % des ressources du FRR, une importante épargne budgétaire mise en place en 2000. Tiré Algérie 4 Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2017 des surplus de recettes pétrolières, il a servi entre autres à financer le déficit du budget général. Toutefois, avec une valeur passée de 13 % à 5 % du PIB entre 2015 et 2016, le FRR pourrait ne plus être en mesure, dès 2017, de financer le déficit budgétaire. Celui-ci s’est établi à 13 % en 2016, après le record de 15 % enregistré en 2015. Concernant le secteur extérieur, la balance commerciale a affiché un déficit de 11 % du PIB, contre 8 % en 2015, année durant laquelle son solde est devenu négatif pour la première fois en 16 ans. Le taux de couverture des importations (29 % du PIB) par les exportations (18 % du PIB) s’est établi à 63 %, en légère baisse par rapport à 2015 (74 %), et encore plus loin de l’équilibre (109 %) de 2014. La balance courante a enregistré, en définitive, un déficit de 14 % du PIB en 2016, contre 16 % en 2015, tandis que les réserves officielles de change ont baissé de 20 % pour s’établir à 114 milliards USD à fin 2016. Suite à la contraction des dépôts bancaires en 2015, en raison de la chute des prix du pétrole, la Banque d’Algérie avait eu recours au refinancement des banques pour redynamiser le marché monétaire interbancaire, une première depuis 14 ans. Ainsi, la Banque centrale a émis une instruction (n° 06-2016 du 1er septembre 2016) en vue de mieux préciser le fonctionnement des opérations d’open market afin de permettre leur mise en application effective. La Banque d’Algérie prévoit, à ce titre, quatre types d’opérations : i) les opérations principales de refinancement (OPR) ; ii) les opérations de refinancement à plus long terme (ORLT) ; iii) les opérations de réglage fin, sans fréquence ni maturité déterminées ; et iv) les opérations structurelles. La Banque d’Algérie a complété cette instruction par l’introduction d’un mécanisme de facilité permanente qui consiste en des apports de liquidités de 24 heures en contrepartie de mise en pension de titres. En définitive, en 2016 la Banque d’Algérie aura mis en œuvre tous les instruments conventionnels d’une banque centrale de manière à permettre aux banques commerciales de développer leur capacité de crédit. Le taux d’inflation est à la hausse à 6.4 % en 2016 et poursuit son augmentation entamée en 2015 (4.8 %), après deux années consécutives de baisse en 2013 (3.3 %) et 2014 (2.9 %), au lendemain du pic de 2012 (8.9 %). Cette progression est imputable à l’augmentation des prix des biens manufacturés (+9.9 %) et des services (+7.3 %) qui à eux seuls constituent près de 60 % de l’indice des prix. Elle s’explique aussi par la hausse des prix de 30 % du carburant en 2016 et un phénomène d’anticipation de hausse des prix en 2017, lié à l’augmentation attendue de la TVA. Le chômage s’est établi en septembre 2016 à 10.5 % au niveau national, avec un taux de 8.1 % pour les hommes et 20 % pour les femmes. Les jeunes (16-24 ans) uploads/Finance/ aeo-2017-13-fr.pdf

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  • Publié le Aoû 08, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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